Keith Richards

"Cétait maman. Elle m'attifait, elle me nourrissait. Elle n'arretait pas de me recoiffer ou de rectifier mon col devant tout le monde. Humiliant. Mais c'était maman. Ce n'est que plus tard que je me suis rendu compte qu'elle était aussi ma camarade. Elle savait me faire rire. Il y avait de la musique tout le temps. Elle me manque terriblement."

Andrew avait opéré une transformation étonnante dans mon existence. Je n’avais jamais pensé écrire des chansons. Il m’a forcé à apprendre le métier et ça m’a permis de me dire : « Ouais, je touche ma bille. » Et cet autre monde s’est ouvert à moi, parce que je n’étais plus un simple interprète, ou un gars qui essaye de jouer comme machin. Je ne dépendais plus de la création de quelqu’un d’autre. Je m’exprimais par moi-même, j’écrivais ma propre musique. J’avais été frappé par la foudre.

Quand la chorale a été terminée pour moi, j’ai perdu tout intérêt pour l’école. Le dessin technique, la physique, les maths ? Barbant, parce que malgré tous leurs efforts je n’y comprenais que dalle et je ne voyais pas pourquoi j’aurais dû. Avec un revolver sur la tempe, au pain, à l’eau et au fouet, j’aurais peut-être pigé, mais quelque chose en moi me disait que ça ne me servirait à rien et que si tu voulais vraiment apprendre ça devait venir de toi, de toi seul.

Être enfant unique, ça oblige à s’inventer un univers à soi. Pour commencer, on vit avec deux adultes, de sorte qu’on passe des pans entiers de son enfance à entendre quasi exclusivement des conversations de grands. Et après avoir écouté tous ces problèmes d’assurances et de loyer, je n’avais personne vers qui me tourner. Enfin, n’importe quel fils ou fille unique vous racontera la même chose : on ne peut pas se rabattre sur un frère ou une sœur, on se fait des amis dehors, oui, mais les jeux s’arrêtent quand le soleil se couche. Du coup, sans frère ni sœur, ni même de cousin sous la main – ma famille était immense mais personne n’habitait dans le coin –, la grande question était de trouver des potes. À cet âge, ça devient une préoccupation majeure, vitale

C’est l’un des trucs fabuleux de la composition de chansons : ce n’est pas une expérience intellectuelle. On peut évidemment avoir à se servir de son cerveau ici et là mais, au fond, c’est surtout la capacité à saisir des moments.

Bien avant qu’il n’y ait un groupe, il y a eu un petit garçon, un jeune Keith Richards, qui a été initié aux joies de la musique par son grand-père adoré, Theodore Augustus Dupree, affectueusement surnommé Gus…

Un jour Gus m’entendit jouer Malagueña et hocha la tête. Puis il dit cette phrase

que je n’oublierai jamais : “Je crois que tu tiens le bon bout.”

Au départ, le peintre a une toile. L'écrivain a une feuille de papier. Le musicien, lui, a le silence.

j'ai jamais eu de problèmes avec les drogues, seulement avec les flics.

DDdans mon enfance, il y avait du brouillard pendant presque tout l'hiver et les chiens te guidaient quand tu devais marcher trois ou quatre bornes pour rentrer chez toi. Brusquement, le bon vieux Fido surgissait de la purée de pois, un bandeau sur un oeil, et tu savais que tu étais sur le bon chemin. Parfois, le fog était tellement dense qu'on ne voyait pas le bout de son nez, mais le vieux Fido marchait à tes côtés, puis il te confiait à un labrador, et ainsi de suite. Les animaux traînaient dehors, ce qui n'est plus le cas . Sans l'aide de mes amis les chiens, je me serais perdu plein de fois, et je serais mort.

Ce qu'on recherche, c'est le point où les sons se fondent dans la pulsation rythmique tandis que tout le reste se distord et trouve sa place. Si chaque élément est séparé, ça devient insipide.Le but, c'est la puissance sans le volume, une sorte de pouvoir intérieur, une façon d'assembler tout ce que produisent les musiciens dans le studio et d'en faire une sonorité unique. Donc, on ne parle pas de deux guitares, d'une basse, d'un piano et d'une batterie ici, mais d'un seul élément. Pas cinq, mais un. On devient les créateurs d'une seule force. - p277

Le problème, c'est qu'il y a toujours un million de raisons différentes pour commencer à en prendre. C'est peut-être lié au fait de bosser sur scêne. Tu atteins de tels niveaux d'énergie et d'adrénaline que tu as besoin d'une sorte d'antidote. J'ai cru que pour moi c'était l'héro. Pourquoi t'infliger ça alors? Je n'ai jamasi particulièrement apprécié d'être devenu une star. La dope me permettait de me comporter plus facilement en public, mais c'était aiussi vrai pour l'alcool. Ce n'est sans doute pas toute la réponse, mais je crois que je me camais en partie pour ne pas être un e pop star. Il y avait tout un aspect qui me déplaisait vraiment : le blabla. C'était difficile, pour moi, et je réagissais mieux quand j'étais sous héro. Mick lui a choisi la flatterie, ce qui était en réalité très similaire à la dope. Et puis j'étais avec ma meuf, Anita, qui était aussi insatiable que moi. Je crois que nous voulions simplement explorere la voie de sdrogues. Au début, on avait l'intention de faire juste quelques petits tours de piste, mais on a fini par y aller à fond

Si je mentionne mon pote saxophoniste Bobby, c'est que la demoiselle d'honneur de Bianca était l'adorable Nathalie Delon, sur le point de divorcer d'Alain Delon et que Bobby s'est pris pour elle d'une passion aussi intense que dangereuse. Le couple Delon avait été au centre d'un scandale qui atteignait le milieu de la politique, notamment le Premier ministre français Georges Pompidou et sa femme, aussi bien que que le milieu tout court, de Marseille à Paris. Le garde du corps ypugoslave de Delon, avec qui Nathalie avait eu une brêve aventure, s'était fait buter et son corps avait été retrouvé dans une décharge de banlieue. Personne n'a jamais été arrêté. Delon avait plaqué Nathalie pour la comédienne Mireille Darc C'était une affaire compliquée et très dangereuse. Derrière tout ça s'agitaient de puissantes figures du milieu marseillais, à deux pas de là, ainsi qu'une bade de truands yougoslaves. De toute évidence il y avait beaucoup de haine et de rancoeur dans l'air, le tout doublé de coups tordus politiques à foison. Nathalie avait découvert un jour qiu'on avait devissé les roues de sa voiture. Ce n'était peut-être pas le meilleur moment pour devenir son amoureux.

Il n'y a pas grand chose à dire sur l'acide, à part que c'est vraiment un trip. On s'aventuirait dans un espace incertain et inconnu. En 1967-1968, les choses bougeaiant très vite, il y avait beaucoup de confusion et d'expérimentation. Le truxc le plus dingue dont je me souvienne sous acide, c'est un vol d'oiseaux-des oiseaux, des nuées d'oiseaux de paradis que je regardais passer et repasser devant mes yeux, sauf qu'ils n'étaient pas là. En fait, c'était des feuilles d'un arbre agitées par le vent. On étatit sur un chemin de campagne, tout était très vert et je pouvais presque voir chaque battement d'ailes individuel. C'était décomposé au point que j'aurais pu dire : "Hé moi aussi je oeux!" C'est pour ça que ça ne m'étonne pas que des gars sautent par la fenêtre de temps à autre : parce que tu as l'impression d'avoir compris d'un coup comment oin fait. Il aurait fallu une demi-heure à iun de mes piseaux pour traverser mon champ de vision, incroyables battements d'ailes, et je pouvais voir la moindre plume. Ils me regardeent tous comme s'ils me disaient : "Allez toi, aussi essaie!" Merde il y a certaines choses que je ne peux pas faire.

Il n'était pas souvent là, mais quand il se pointait, c'était miraculeux. Quand il revenait à la vie, il était incroyable. Il pouvait ramasser n'importe quel instrument qui traînait par là et en tirer quelque chose. La sitar sur "Paint it black", la marinha sur "Under my thumb". Mais après le fils de pute disparaissait pendant cinq jours et il fallait finir le disque. On a programmé des séances : où est Brian? Introuvable, et quand on mettait enfin la main sur lui, il était dans un état lamentable.

Une chanson doit venir du cœur. Je ne réfléchissais pas. Je prenais la guitare ou je me mettais au piano et je laissais venir les idées. Et il me venait toujours quelque chose. Et si ça ne venait pas, je jouais les chansons de quelqu'un d'autre. Je n'ai jamais connu de moment où je me suis dit : "Maintenant je vais écrire une chanson."

On me demande souvent : "Pourquoi tu ne t'arrêtes pas ?" Je prendrai ma retraite quand j'aurai cassé ma pipe. Je crois qu'ils ne calculent pas vraiment ce que la musique représente pour moi. Je ne fais pas ça pour l'argent, ni pour vous. Je fais ça pour moi.

Il n'y a rien de mal à la monotonie. On doit tous vivre avec.

Peu après cette période d'expérimentation, les magnétos à cassette ont été équipés d'un limiteur qui t'empêchait de saturer l'enregistrement. Toujours la même chose : des que tu t'éclates avec un truc, on te met un cadenas dessus.

j'ai jamais eu de problemes avec les drogues, seulement avec les flics.