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Citations de Kettly Mars (35)


Kettly Mars
Encore un peu
il nous faudra haïr ou aimer plus encore
dans l’absolu mépris du milieu.

Encore un peu la nuit livrera son dernier combat
et nous devrons affronter notre peur de guérir.

Encore un peu naîtront l’aube et l’évidence
le jour se fera lumière et la lumière blessure.
Nous aurons beau fermer les yeux
le feu dévorera la nuit sous nos paupières.

Encore un peu
il nous faudra haïr
ou aimer plus encore.
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Kettly Mars
Les femmes et les hommes partout dans le monde attendent tous quelque chose. La guérison pour les malades, la fin de semaine pour les travailleurs, du boulot pour les chômeurs, les grandes vacances pour les écoliers, le retour de Jésus pour les chrétiens, du pain pour les affamés, de la came pour les camés, l'inspiration pour les poètes, le pouvoir et toujours plus de pouvoir pour les politiques, encore plus de millions pour les millionnaires, du sang pour les vampires, l'amour tendre ou dévorant pour les esseulés. La liste est infiniment longue. Tout le monde espère toujours quelque chose au point d'en oublier que l'instant présent est celui qu'ils attendaient l'année passée, la semaine dernière ou même hier. Que chaque soleil est un cadeau qu'aucune fortune ne peut acheter. Que chaque soleil est un tourment sans nom pour ceux qui souffrent dans leur corps ou dans leur âme et appellent la délivrance de l'obscurité ultime. Ils en oublient d'être heureux, d'être juste dans ce moment présent, encore debout, encore lucides et désireux. Bien sûr, on peut se consoler en pensant à l'immortalité ou à l'éternité, mais elles commencent bien un jour, peut-être aujourd'hui, dans cet instant.
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Kettly Mars
Loué soit le cauchemar qui nous révèle que nous pouvons créer l'enfer. Loué soit l'Ange dont l'oeil rouge traverse illusion et réalité pour que l'oeuvre de l'ombre s'accomplisse. Louée soit l'enfant que les serviteurs de Lucifer ont marquée de trois gouttes de sang et dont la naissance viendra nourrir la mort. Louée sois-tu, créature première rejetée dans le désert par ta propre sœur car ta main ne flanchera pas pour immoler l'agneau. Le sang coulera le jour de ta naissance pour nourrir les ténèbres...
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Ne dis pas que des mots, ne fais pas que des gestes. Tout ce décor qui m'entoure n'est que de la mise en scène si je ne crois pas au pouvoir de Dieu. Je peux vite tomber dans la superstition, l'idolâtrie. Il m'est facile de dévier et d'abuser de la confiance des gens par intérêt. Dieu n'a point besoin de mise en scène, c'est nous, faibles humains, qui avons besoin de repères pour nous ancrer.
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Ce n’est pas sans raison que je garde toute cette volaille autour de moi, Voisine,que je les nourris. Je n’y touche jamais. Je ne tue que les bêtes que je fais acheter au marché. Ces animaux que tu vois là sont comme des paratonnerres. Quand la mort, le malheur, la déveine et les mauvais esprits visitent un lieu, ils restent un premier temps à l’affût, retirés dans les recoins des demeures, attendant de pénétrer l’intimité des chrétiens-vivants.
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~ Dieu soit loué ! Je ne sais ni lire ni écrire. » Et Solange part de cet éclat de rire qui ébranle ses seins énormes. « À quoi lui a servi de tant savoir ? Il ne faut pas trop lire de livres, c’est inquiétant pour les autres. » Je me tais devant autant d’ignorance heureuse mais ne trouve pas encore la force de partir.
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De temps en temps la révolution dévore l'un de ses fils, semant le trouble et la confusion dans le cercle des proches. Alors les autres doivent asseoir leur allégeance par encore plus de cruauté. On rivalise de zèle sanguinaire, on trahit ses amis. Les diatribes à la radio annonçaient les couleurs.
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Nous développons à notre insu un seuil de tolérance qui s'adapte aux étapes de notre descente aux enfers. L'enfer devient familier. On apprend à le gérer.
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Pour Papa Doc, le chef suprême de la république des nègres libres, toute reconnaissance est lâcheté. Il le rappelait à qui voulait l'entendre. La gratitude n'est qu'une faiblesse parce qu'on en veut toujours à celui qui nous soulage d'une misère où nous n'aurions pas dû nous retrouver au prime abord et pour laquelle ce bon prochain devait sûrement compter une part de responsabilité. Pourquoi d'ailleurs nous aiderait-il, si ce n'était pour se soulager du sentiment de culpabilité qui lui collait à la peau? Le principe duvaliériste de survie est de mordre la main de qui vous secourt, de lui manger tout le bras même, s'il le faut.
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La nuit est vivante, elle a une chair, un souffle, ses odeurs intimes, et des millions d'yeux.
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Oui, je connais Canaan. J'y suis allé plusieurs fois même. C'est un autre monde, là-bas, Tatsumi, un pays perdu aux frontières de la soif. On y trouve des estropiés, des vieillards à la limite de la déshydratation, des adolescents qui tuent pour du crack, des gens qui prient à longueur de journée, des escrocs qui revendent la terre spoliée. On vend des enfants à Canaan… le corps des petites filles… pour une bouchée de pain. Est-ce qu'on te l'a dit, ça ? Tu as bien traversé l'océan pour le voir, non ? Ton papier, il va faire sensation, n'est-ce pas ?
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Emmanuela ne saurait dire comment, mais elle a le sentiment d'un déplacement subtil dans l'ordre physique des choses, comme si chaque objet autour d'elle bougeait, se déplaçait ou penchait juste un peu, un centimètre ou deux, lui enlevant le sentiment de sécurité que lui prodigue le fait de savoir chaque chose strictement à la place qu'elle lui a assignée. Une illusion dérangeante. Le surmenage, peut-être.
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Kettly Mars
La mer au seuil de la chambre…


La mer au seuil de la chambre
abandonne algues et conques.
Il n’est barque qui n’accoste
aux marches d’une alcôve,
ni bateau qui ne livre ses gréement
au havre d’une épaule.
La mer dans la chambre,
son soleil dans une main,
mouille aux sables de quatre murs
À l’heure où se meurt l’écume
commence l’odyssée d’un lit,
toutes voiles déployées
sur nos marées intérieures.
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Kettly Mars
Derrière la porte…


Derrière la porte
Douce sentinelle, tu veilles
sur les ombres de la chambre.
Ce soir mes rêves partent
vers le nord. Vers la mer.
Douce bougie, douce
flamme, sous tes larmes de lumière
bois, pierre, cuivre et verre
enveloppés d’or silencieux
baignent dans le même mystère.
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Kettly Mars
Chuchotements…


Extrait 3

entre deux soleils
refaire tous les chemins
traverser tes pôles
en passant par ton milieu
m’enfouir dans ton extrême

je t’aperçois
entre deux battements de cils
étendard au vent
dans la poussière des piaffements
les hennissements de ton sang
je te fais de grands signes
le vent ramène nos histoires parallèles
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Kettly Mars
Chuchotements…


Extrait 2

même les carreaux ont eu froid
sur le sol que martelaient nos pas
entre deux battements de sang
dorment des frissons

ce qui meurt
renaît à chaque instant
l’éternité est le silence
entre deux battements de vie
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Kettly Mars
Chuchotements…


Extrait 1

Chuchotements

je n’ai rien à vous dire
voulez-vous m’aimer?

je n’ai rien à vous dire
et si on se faisait plaisir?
caresses au crépuscule
gémissements de brise
extases musquées
et si on s’aimait d’amours fulgurantes?
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Kettly Mars
Tu n’arrêtes pas de t’en aller …


Tu n’arrêtes pas de t’en aller,
le crépuscule endormi dans le sillon de ta nuque.
Ton corps habite une destination incessante.
Tu te surprends toi-même à chercher un seuil
sur la face des pierres que tes pas soulèvent.
Ta soif est ensorcelée par le gémissement des sources.
Tu n’en finis pas de partir,
d’être ailleurs, d’être nulle part,
emmenant avec toi le secret de tes cils,
le partage de ton souffle,
tes mains qui m’ont frôlée,
tes mains qui ne savent pas
pourquoi tu t’en vas tout le temps
en laissant sur ma peau leurs ombres fidèles.
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Kettly Mars
Ma main et la pierre…


Ma main et la pierre,
sage rébellion de particules
tenant dans ma paume.
J’ai fait mienne sa réalité
grise, lourde et ovale.
Pierre millénaire
jusqu’en son cri
elle ne se prétend autre chose
qu’un défi à l’oubli.
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Kettly Mars
Je te dirai ma chambre…


Je te dirai ma chambre,
mon nom d’herbe et de paille,
le poids de mes cheveux sur l’oreiller,
la brise entre les mailles du rideau.

Je t’offrirai la coupe de mes mains
pour que tu boives le lait de l’été.
Je te dirai la naissance du verbe
dans l’impatience des draps.

Je te dirai aussi mon lit
où se consume sans trêve le poème,
la nuque des draps immolés,
la chair des mots, leur lutte
pour mêler sang et chanson.

J’entre dans cette chambre
comme on va au bûcher,
je fonds dans sa fiévreuse blessure,
j’existe par sa lumière suspendue
au plafond qui se dérobe.
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