- Prête-moi ta peau de faucon, demanda Loki.
Frigg hocha la tête en souriant, et sa servante sortit le plumage pour en entourer les épaules de Loki.
- Le problème, dit loki en dardant sur Frigg un regard avide, c'est que les choses qu'on obtient si facilement valent rarement la peine d'être obtenues...
J'aimerais bien savoir comment on fait les livres - comment on traite la peau: je sais qu'il faut l'écharner, la sécher, puis la polir avec de la pierre ponce et de la craie. J'aimerais aussi savoir avec quelles plantes sont fabriquées les différentes couleurs d'encre. Oliver m'a dit qu'il demandera à mon père s'il pourrait m'emmener visiter le prieuré de Wenlock. Il dit que là-bas il y a une salle spéciale où deux moines et deux novices travaillent jour après jour à recopier la Bible et puis d'autres livres aussi.
"C'est une tâche ardue! m'a-t-il dit. Très ardue...
- Quelquefois, la main avec laquelle j'écris me fait mal...
- Alors prie donc pour les copistes! Le poignet leur fait mal, le coude leur fait mal, le cou leur fait mal, et le dos! Leurs yeux larmoient et leur vue se brouille. Mais ne t'y trompe pas! Chaque mot écrit ainsi à la gloire de Dieu est pareil à un coup de marteau sur la tête du diable."

Le joueur de flûte de Hamelin
Le joueur de flûte porta alors l'instrument à ses lèvres, et il en avait à peine tiré trois notes que déjà se fit entendre un son lointain, pareil au bruissement du vent dans les hautes cimes des arbres. Mais ce bruissement devint bientôt frémissement tambourinement, et alors des dizaines et des dizaines d'enfants déboulèrent en trombe sur la place du marché. Gambadant, cabriolant, criant et jouant à qui mieux mieux, ils s’agglutinèrent autour du joueur du flûte, impatient d'entrer dans la danse.
Il y avait des garçons. Il y avait des filles. Des frères, des demi-frères, des sœurs, des demi-sœurs. Il y avait des minuscules bambins qui venaient de faire leurs premiers pas. Et enfin, en bon dernier, un jeune garçon au visage rond comme la pleine lune, qui avait la jambe droite estropiée.
Alors le joueur de flûte quitta la place du marché, jouant sans s'arrêter, ne fut-ce qu'un instant. Bondissant, tapant dans leurs mains, marquant la cadence, jacassant comme des pies, les enfants de hamelin lui emboitèrent le pas. Leurs sabots cloutés claquaient sur les pavés de ruelles.
(...)
Le joueur de flûte au manteau bigarré fit faire à la petite troupe tout le tour de Hamelin, puis, sous les yeux du bourgmestre et de tous les conseillers frappés d'effroi, il les mena ainsi jusqu'à la rivière.
Une fois parvenu sur la berge, le joueur de flûte, au lieu de continuer tout droit devant lui, emprunta le sentier qui longeait la Weser, et tous les enfants les suivirent, toujours dansants. Laissant derrière eux la bonne ville de Hamelin, ils traversèrent les prairies de juillet et arrivèrent ainsi au pied de la colline de Koppelberg, que le soleil inondait de ses rayons.
Le versant était raide, le sentier abrupt. Mais au moment précis où il semblait que le joueur de flûte et les enfants ne pourraient poursuivre leur ascension, une porte s'ouvrit toute grande au flanc de la colline. Le joueur de flûte s'arrêtera pas. Oh que non ! Avec un léger sourire fugace, il pénétra dans l'antre béat sans un instant d'hésitation, et tous les enfants de Hamelin lui emboitèrent le pas.
(...)
Les hommes et les femmes de Hamelin pleurèrent leurs fils et leurs filles. Ils nommèrent le sentier qui longe la rivière rue du Joueur de flûte. Ils firent graver l'histoire dans la pierre. Ils la représentèrent sur un vitrail.
Le temps passa.
Quand viendras-tu nous voir à Verdon? m'a-t-elle demandé en partant. Tu peux venir à cheval jusqu'au manoir, avec Lady Judith.
-Je demanderai à Lord Stephen s'il veut bien.
-Moi je vais lui dire que je veux que tu viennes me voir, a-t-elle répliqué. Dis, Arthur, tu sais, ce que tu écris...
-Oui eh bien?
-Ce que tu écris quand tu écris ce que tu veux...
-Oui, et alors?
-Tu écriras sur moi, dis ?
Lorsque nous embarquerons et que nous ferons voile vers le sud à bord de notre galère, quand la proue fendra les vagues, ma plume planera un instant en l'air, puis elle fondra sur la page comme un faucon, et son grincement sera pareil aux criailleries et aux lamentations des mouettes.
Elle m'a embrassé !
Non, il ne faut pas que je commence par la fin. Si tout le monde procédait de la sorte, l'univers entier ne tarderait pas à être sens dessus dessous ! On mangerait le dessert avant le plat de résistance, et on serait sage avant même d'avoir poussé le premier cri.
Parrain la Mort
- Ce que c'est que nous ... soupira Stepan d'un ton résigné. Puis soudain, arborant un large sourire, il fit un pas en avant, et passa ses bras autour des épaules de la mort.
- Quelques jours de plus, quelques jours de moins... plaida-t-il. Quelle importance entre amis ?
A cet instant, la Mort écartant les pans de son ample cape couleur cendre, enveloppant doucement Stepan dans les plis du vêtement.
Perséphone, le retour à la lumière.
Là où s'empourprent les cistes et brillent les tulipes sauvages, là où frémissent les peupliers et où les oliviers gris argenté lancèrent le sol de leurs griffes, là où les raisins d'un mauve embrumé se gonflent d'un suc sucré, là où mûrissent les épis de blé et d'orge - c'est sur ces terres aussi que résidaient la douce Déméter et sa fille Perséphone.
Les versets de la Bible qu'Olivier me fait lire sont souvent fort fastidieux, et sa façon de parler ne l'est pas moins. Il lui faut deux fois plus de mots qu'à tout un chacun pour dire la même chose et, à l'en croire, il sait tout. Malgré tout, je trouve beaucoup de plaisir à ces leçons que je prends avec lui.
- Tu dois garder cette pierre pour toi tout seul, a poursuivi Merlin en souriant avec bonté, jusqu'au jour où tu découvriras la nature de son pouvoir. Jusqu'au jour où tu comprendras ce qu'elle représente. Sinon, elle ne te sera pas d'une grande utilité. Allons, viens... redescendons dans le monde terrestre !