Lecture:
David Henry est un Médecin qui aide son prochain. Il a une jeune épouse aimante et ils vont avoir leur premier enfant. Mais cet enfant s'avère être des jumeaux qui naissent en plein milieu d'une tempête de neige , leur mère accouchée par leur père et par son assistante, une infirmière du nom de Caroline. Si le premier bébé, un garçon, est en pleine forme malgré ces conditions difficiles, le second, une petite fille, est trisomique.
Et là le bon Docteur revoit son enfance misérable, revit la douleur traumatisante du décès de sa jeune soeur qui était atteinte d'une maladie du coeur. Pour épargner sa femme, il demande donc à son assistante d'expédier la petite dans une institution spécialisée et assure à son épouse que l'enfant était mort-né. L'infirmière s'éloigne donc, mais finit par garder l'enfant et l'élever elle-même, loin.
On suit donc deux histoires en parallèle : celle de la Famille du Dr Henry qui a tout pour être heureuse :amour, réussite, santé et celle de Caroline et de la petite Phoebe qui partent dans la précarité, la clandestinité en devant affronter un lourd handicap.
Dès le début du roman, l'auteur sait transmettre dans ses mots une énorme tension. On sent l'Amour profond que se porte le couple Henry, on sent le désespoir du Dr et l'on comprend les motivations de son geste (même si on ne les partage pas). On sait aussi qu'un inéluctable drame est en train de se passer.
En parallèle, on voit les difficultés rencontrées par Caroline et Phoebe la "Mongolienne", les montagnes d'incompréhension qu'elles doivent affronter et leur solitude. (Aïe , me dis je , pas de misérabilisme, par pitié, mais jamais l'auteur n'y tombe, au contraire).
Ces deux histoires se déroulent, petit à petit, par touches impressionnistes comme tombées au hasard d'un album photo, parfois tangentes, parfois aux antipodes.
Et insidieusement, sans que l'on ne s'en aperçoive, la perspective change, des petits bouts de vernis tombent:
La famille du Dr Henry se trouve minée par ce mensonge qui enfle démesurément jusqu'à devenir un mur entre le père et la mère et entre le père et son fils. Malgré toutes leurs bonnes intentions et leurs bons sentiments, il se pavent lentement un enfer d'incommunicabilité , de solitude en communauté et de colère vénéneuse et rentrée. De leur côté Caroline et Phoebe vivent un combat constant mais simple et le bonheur vient petit à petit combler les manques et aider à franchir les obstacles.
Avis:
Un très bon bouquin. L'auteur excelle a restituer des sentiments, à nous rendre palpables des ambiances qui sont toutes contraires à ce que les faits et gestes laissent croire. Il y a dans ce livre par moments des tensions insupportables mais il laisse à la fin ce petit sourire de satisfaction.
Je ne pense pas que Kim Edards connaisse ce proverbe Auvergnat que j'aime , mais il l'illustre parfaitement: "Ce que tu offres fleurit, ce que tu gardes pourrit".
Ma Note : 17/20
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