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Citations de Kinga Wyrzykowska (23)


Putain, grogne Paul, nous sommes une famille, nous sommes là pour nous épauler .regardez tout ce qui menace autour de nous. Si tu ne comprends pas ça, Antoine, tu dégages. Si t' as pas envie de faire partie de notre cellule, notre cellule familiale, soudée et saine . exactement, saine . parce que le monde
est malade et que nous développons des anticorps pour lutter. Tu es ivre, Paul, on en reparle demain. Je vais aller me coucher. Mais alors tu retires, Antoine tu retires. Je retire, Samuel, et je vais me coucher.
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Clothilde attendra le lendemain pour répondre. Là, elle trouve ça bizarre, inadéquate, hors sujet pour le moment, cul nu, elle n'aspire qu'à hacher d'un geste expert oignons, échalotes, carottes tomates, ail, ciboulette, persil et coriandre, tout ce qui tombe sous sa main salie, et cuisiner encore, cuisiner
toujours, n'être plus qu'une machine, un appareil électroménager qui pèse, coupe, broie, malaxe, mélange, cuit, casse. Un Thermomix rempli et bruyant, qui ne pense à rien.
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Depuis la naissance de Théo, elle ne désire personne . tout s'est relâché là-dedans. Elle n'a aucune envie que le sexe de son mari erre en elle sans aucun endroit où s'accrocher. Un satellite perdu dans l'espace. Le vide infini de son bassin la terrifie.
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Samuel est en train d’annoncer son mariage. Regarde la tête de ta mère.
Isabella pâlit sous l’effet de la surprise. Samuel aurait pu le lui dire en privé. Elle observe le couple. À quarante-deux ans, son fils a la beauté du diable. Il ressemble à Gregory Peck. En plus mat, et les cheveux bouclés, un Gregory Peck méditerranéen. La silhouette fine, élégante et virile de Claude. Monika ne démérite pas non plus. Une créature, dans son genre scandinave un peu froid. Un peu triste. Pas la sensualité italienne mais si ça convient à Samuel… Isabella devra s’en accommoder. Que peut-elle faire d’autre ?
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(Les premières pages du livre)
Imaginez, vous avez du temps à tuer. Une vacance.
Échine courbée, doigt sur l’écran du portable, yeux légèrement plissés, vous vérifiez vos mails, la météo, passez en revue les messages qui s’empilent dans vos conversations actives, jetez un œil au cours de la Bourse alors que vous n’avez placé d’argent nulle part, ouvrez Le Monde, Leboncoin, un jeu de poker en ligne et Instagram. Les minutes passent, l’ennui pas : vous cédez à l’appel d’une news qui promet un rebondissement insensé dans l’affaire Dupont de Ligonnès, et puis finalement rien. Déçu·e, vous sautez par la première fenêtre surgissante pour découvrir que Britney Spears a dorénavant les cheveux bleus.
Vous scrollez la vie des autres, sans émotion, anesthésié·e. Vous balayez les chiens écrasés avec distance, clic après clic.
Tant de chair et pas un os à ronger. Rien qui croustille.
Vous devriez vous arrêter, ranger la machine, prendre un bon roman, parler à votre voisin, lever le nez. Vous n’y arrivez pas. La déception vous affame. Le vagabondage vous rend vorace.
Tout à coup, alors que vous alliez déposer les armes, à la fois gavé·e et vide, quelque chose se met à vibrer à l’intérieur. L’excitation monte, et, avec elle, la vie. Vous ne l’auriez pas parié en entamant cet article de seconde zone, au titre peu engageant, « Les reclus d’Yerville », dans un journal régional. L’histoire d’une famille de Franciliens bon chic bon genre, originaires de Paris et proche banlieue (sans autre précision), qui, depuis plusieurs mois, ne sort plus de sa résidence secondaire normande. Le journaliste profite de l’affaire pour promouvoir la région, vante le bocage dans toute sa splendeur, la situation du village à quelques encablures de la gare d’Yvetot, en surplomb de la campagne, la mer en trente minutes – une aubaine pour relancer le marché immobilier du pays de Caux. Dessert son enthousiasme la photographie qui accompagne l’article : une maison de maître, imposante et lugubre, aux volets fermés, et sa légende tragi-comique – Le Clos (ça ne s’invente pas), devenu la prison volontaire des Simart-Duteil. Vous apprenez qu’ils sont dix, de tous âges, de la grand-mère aux petits-enfants, leurs courses sont livrées devant la grille d’entrée sous vidéosurveillance, les séquestrés les récupèrent à la tombée de la nuit. On rapporte les propos stupéfaits de l’épicière, les Simart-Duteil étaient tout ce qu’il y a de plus normal, ouvert même, ils recevaient beaucoup surtout depuis la mort du patriarche, un grand monsieur. Elle se souvient de voitures garées en file devant chez eux, de baptêmes, de mariages, d’anniversaires, et vous, chaque fois que vous lisez « Simart-Duteil », vous vous troublez. Ça vous parle.
De quoi ? D’où ?
Un des fils a eu son heure de gloire, est-il mentionné, mais son nom de vedette, Pol Sim, ne vous évoque rien. Vous le googlez. Sa tête non plus. Froid, froid, froid. Vous revenez à l’article, aux Simart-Duteil, un picotement de nouveau, un frémissement nostalgique, vous pourriez le jurer. La génération médiane, trois enfants nés dans les années soixante-dix, est la vôtre. L’un d’entre eux a peut-être fréquenté la même classe que vous. Vous tapez « Simart-Duteil » dans le moteur de recherche, vous trouvez un ou deux avis de décès, un arbre généalogique qui ne correspond pas, et des liens comme autant d’impasses, dont plusieurs vers le site d’une clinique de chirurgie esthétique. Vous proposez « famille enfermée dans sa maison + Normandie » à la sagacité de Google, qui choisit d’ignorer le dernier mot et de vous servir des femmes et des enfants séquestrés à la pelle, surtout en Hollande ou en Autriche. Vous apprenez que Natascha Kampusch est devenue l’heureuse propriétaire de son ancienne geôle. Vous suivez la sortie de l’enfer du petit peuple de la cave, jouet de l’ogre Josef Fritzl. Vous vous égarez sur les traces des reclus de Monflanquin, cloîtrés pendant huit ans dans leur château près de Bergerac. Des gens bien qui avaient mis leur intelligence en jachère. Vous achoppez là-dessus. Sur la jachère, sur les gens bien. Vous n’écoutez plus. L’expression du journaliste tourne en boucle. Vous chauffez. Vous y êtes presque.
Et soudain, ça vous revient : des murs surmontés de tessons de bouteilles qui ceignent une bâtisse imposante, son toit pointu, aux tuiles orange, une girouette, de la végétation luxuriante et surtout, comme dans les contes, une tourelle. En somme, une fantaisie architecturale un peu floue, tels les lieux rêvés ou souvenus, qu’une promenade sur Street View ne rendra pas plus nette. Elle confirme néanmoins que la maison en pierre tranche avec le reste du cadre urbain, enduit de crépi : elle est exceptionnelle.
Vous êtes à Créteil, le Vieux Créteil, dans la zone résidentielle : des pavillons Bouygues au jardin carré, quelques résidences fleuries et leur court de tennis, des immeubles HLM à taille humaine, dont le vôtre à l’époque, beige, avec parking à l’entrée, rue de Bonne. Une rue que vous descendiez jusqu’à celle de l’Espérance pour vous rendre à l’école, quinze minutes à pied, un peu moins en passant par la rue du Cap. Et, sur votre chemin, la maison à la tourelle, dont s’ouvrait tous les matins, à huit heures quinze précises, le portail électrifié, pour laisser sortir dans une berline chic une fillette de huit ans qui ne vous ressemblait pas. Parfois, vous aperceviez ses frères, habillés comme elle en bleu marine. Un ado, un peu gros, et l’autre, tout juste collégien, pensiez-vous, l’air grave et les traits parfaits. Ils allaient à l’école privée, en voiture donc. Avec leur père, tiré à quatre épingles, qui devait sentir l’eau de Cologne et la lessive propre. Parfois, c’était leur mère, une beauté à l’allure d’actrice de cinéma. Et ils se sont gravés à jamais dans votre imaginaire d’enfant né·e ailleurs pour y former une catégorie à part, qui nourrissait tous vos fantasmes : celle des « gens bien ». Vous les appeliez comme ça : « les gens bien de la rue du Cap ». Alors que vous connaissiez leur nom, inscrit sur une boîte aux lettres au style anglais. Un patronyme si français à votre oreille, enfoui au fond de votre mémoire qui émerge à cet instant, intact et toujours aussi chic : Simart-Duteil (car, oui, c’était eux).
Et vous vous rappelez le prénom de la fillette, Clothilde, et que l’un de ses frères (le beau) avait joué dans une pub Benco (comment l’aviez-vous su ?) que vous retrouvez en ligne.
Les Simart-Duteil, un horizon inatteignable, une énigme depuis toujours, désormais à portée de main. Tout ce que vous avez voulu connaître, toucher, enfermé dans une résidence secondaire à Yerville. Et leurs vies d’avant, traçables. Ici et là. Il suffit de glaner.
Imaginez, il y a de quoi frissonner.

1.
D’abord Paul.
Alias Pol Sim, le plus populaire des Simart-Duteil, avec sept cent soixante-quinze mille occurrences sur Google. Il s’agite sur l’écran dans différentes émissions de Thierry Ardisson (site de l’INA), veste en similicuir collée à son torse nu, jouant la provoc, rires à sa gauche, rires à sa droite, tout le monde en parle, tout le monde applaudit, et plus tard, vieilli d’une quinzaine d’années, seul contre tous sur sa chaîne YouTube (Pol’pot), portant beau en costard cravate. Plus classique, crâne impeccablement chauve – lustré – et toujours en verve, à bas le politiquement correct ! Entre les deux, pas grand-chose, quelques articles poussifs, deux ou trois interviews dans des magazines de seconde zone qui fleurent bon le zèle d’un attaché de presse et des tags d’ordre privé sur les murs des autres.
Il a décidé que cette année serait celle de son come-back: il en rêve, quelque temps qu’il trépigne en observant tous ceux qui émergent grâce à une vidéo merdique, qu’il cherche l’idée qui fera mouche, le concept qui tue. Et le bon moment. Tout se joue sur le timing. Et les relations.
Sans le réseau, on n’est rien.
C’est pourquoi Paul sourit (intérieurement) en franchissant la grille du Lagardère Paris Racing, ancien Racing Club de France, dont il a toujours scrupuleusement payé l’adhésion même en période de vaches maigres, même quand chaque silhouette croisée dans les allées du parc lui rappelait qu’il ne connaissait plus personne, qu’on l’avait oublié, qu’il n’était plus rien. Il ne boude pas son plaisir : après deux mois à l’affût, il a décroché le Graal, un rendez-vous pour un double avec Hugo de Saint-Mars. Énorme.
C’est arrivé la veille en salle de muscu. Entre deux allers-retours sur son rameur, Paul a échangé quelques blagues avec son voisin, sa cible number one, le grand manitou de la presse néo-réac qui, on ne va pas se mentir, est la seule à tirer son épingle du jeu. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour rivaliser avec la ligne de notre cher président ? a-t-il lancé, goguenard. Je ne l’ai pas attendu, celui-là, pour tester le régime Dukan, a rétorqué Saint-Mars en accélérant imperceptiblement ses mouvements. Confidence pour confidence, moi je ne l’ai pas attendu du tout, a renchéri Paul. Et je ne l’attends toujours pas. Merci pour ce moment et bon vent ! Saint-Mars a ri. Gagné. À la fin de sa session, il s’est tourné vers Paul : je vous connais, non ? C’est quoi votre nom déjà ? Pol Sim. Oui, c’est ça… Pol Sim… On peut se tutoyer, non ? Pardi, entre collègues ! Pol, tu joues au tennis ? Le partenaire de Saint-Mars était blessé, Paul pourrait le remplacer. Le lendemain matin, un petit double avec deux copains très fréquentables.
Voilà une affaire rondement menée. Le rendez-vous est fixé à dix heures cinquante-cinq devant le court numéro sept.
Paul arrive largement en avance pour enchaîner les trente longueurs auxquelles il aime s’astreindre. Il lui reste même du temps pour une orange pressée au Bar Anglais. Il fait défiler les infos du jour sur son iPhone. Pendant la nuit, il a lu Le Suicide français – Saint-Mars est un intime de Zemmour. Il s’est fait une liste de bons mots qu’il trouvait implacables il y a encore une heure mais, à présent, il doute de tout, craint de ne p
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Il faut confire, tous ensemble à l'intérieur, ça fait partie du jeu.
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Souvent, celui qui découvre le pot aux roses, descelle le placard aux cadavres, soulève les draps incestueux, confesse avoir éprouvé, en dehors de la stupeur prévisible, une délivrance, la confirmation du fait qu’il n’était pas fou, que tout ce qu’il pressentait, imaginait — savait — était bel et bien, un jour, advenu.
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Vous ne savez plus.Vous avez l'impression de perdre la tête. Est-ce que c'est la maison des Simart-Duteil? demandez-vous encore.Alors ,très lentement ,en articulant avec excès on vous répond que non,ce n'est pas comme ça que s'appellent les propriétaires actuels ou passés d'ailleurs,puisque ,comme on vous l'a expliqué ,la demeure n'a appartenu qu'à une seule et même famille..
Le réel se fissure.Le monde chancelle.
Et avant que vous ne raccrochiez ,hagard.e ,on vous previent: il y a une liste longue comme le bras de clients qui souhaitent visiter.Alors si la maison suscite votre curiosité, ne tardez pas.Un bien pareil ,ça en fait rêver plus d'un.( Page 317).
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La première opération est prévue à neuf heures.Samuel arrive deux heures plus tôt dans la clinique vide.Il n'a pas dormi de la nuit.A six heures ,après avoir donné le biberon à Théodore ,il ne s'est pas recouché : inutile .Il a posé le nourrisson à côté de Monika,chuchoté qu'il avait sorti leur fils du berceau ,tremblant qu'elle se réveille. Enfant,des que son père partait ,il se glissait auprès de sa mère, leur secret à tous les deux,il ne fallait pas que Paul ni surtout Clothilde,la plus petite,l'apprennent --Les enfants Simart-Duteil avaient interdiction d'entrer dans la chambre parentale ,à moins d' y être conviés ou convoqués.Le respect de l'intimité des adultes était une loi familiale à laquelle Samuel avait dérogé jusqu'à son adolescence tardive,la tête enfouie dans la poitrine de sa mère, parfois -- il y repense avec un plaisir coupable--un de ses tétons à portée de sa bouche .S'en rendait-elle compte? Il se le demande encore.( Page 157).
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0.

Imaginez,vous avez dû temps à tuer.Une vacance.
Échine courbée ,doigt sur l'ecran du portable ,yeux légèrement plissés,vous vérifiez vos mails,la météo, passez en revue les messages qui s'empilent dans vos conversations actives ,jetez un oeil au cours de la bourse alors que vous n'avez placé d'argent nulle part ouvrez " Le Monde" ,Leboncoin, un jeu de poker en ligne et Instagram .
Les minutes passent,l'ennui pas: vous cédez à l'appel d'une news qui promet un rebondissement insensé dans l'affaire Dupont de Ligonnès, et finalement rien.Deçu.e vous sautez par la première fenêtre surgissant pour déouvrir que Brytney Spears a dorénavant les cheveux bleus.( Page 9).
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De vraies autruches. Malgré l'évidence, ils ne voient pas, ne croient pas, la tête enfoncée dans le sable, ils creusent un trou où s'enterrer vivants. Son frère et sa sœur. Vivants et cons. Pas un pour rattraper l'autre. Paul est atterré par la puissance du déni. Ils sont emblématiques d'ailleurs, entre parenthèses, de notre société abêtie, léthargique, qui a mis son intelligence en jachère pour se contenter de faux-semblants, de vérités idéologiques, qui refuse de regarder la réalité telle qu'elle est.


Tu leur craches dessus et ils lèvent les yeux au ciel pour vérifier s'il pleut. Samuel, encore, c'était attendu. Pas touche au Padre, l'idole, saint Claude, au-dessus de tout soupçon. Mais que Clothilde réagisse avec autant de résistance, et, soyons franc, de bêtise, il ne comprend pas. Ce n'est pas le genre de papa, elle dit. Ni d'aller baiser ailleurs. Ni de déroger à ses responsabilites. Paul a plaqué ses fantasmes sur une photo, voilà tout. Ça t'arrange que papa apparaisse aux yeux de tous comme un salaud.
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Rien de tel que la peur pour se sentir vivant.
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Il faut se méfier en chirurgie, comme sur la route : c’est en empruntant le même chemin, celui de tous les jours, qu’on se plante.
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Vous scrollez la vie des autres, sans émotion, anesthésié·e. Vous balayez les chiens écrasés avec distance, clic après clic.
Tant de chair et pas un os à ronger. Rien qui croustille.
Vous devriez vous arrêter, ranger la machine, prendre un bon roman, parler à votre voisin, lever le nez. Vous n’y arrivez pas. La déception vous affame. Le vagabondage vous rend vorace.
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Ils sont emblématiques d'ailleurs, entre parenthèses, de notre société abêtie, léthargique, qui a mis son intelligence en jachère pour se contenter de faux semblants, de vérités idéologiques, qui refusent de regarder la vérité telle qu'elle est. Tu leur craches dessus et il lèvent les yeux au ciel pour vérifier s'il pleut.
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Vous scrollez la vie des autres, sans émotion, anesthésié-e. Vous balayez les chiens écrasés avec distance, clic après clic. Tant de chair et pas un os à ronger. Rien qui croustille. Vous devriez vous arrêter, ranger la machine, prendre un bon roman, parlez à votre voisin, lever le nez.
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Les Simart-Duteil, un horizon inatteignable, une énigme depuis toujours, désormais à portée de main. Tout ce que vous avez voulu connaître, toucher, enfermé dans une résidence secondaire à Yerville. Et leurs vies d’avant, traçables. Ici, et là. Il suffit de glaner.
Imaginez, il y a de quoi frissonner.
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Se peut-il ?

C’est grotesque.

25 octobre 1988. Personne ne se souciait de l’aîné des Simart-Duteil, évaporé du jour au lendemain. Au moment du clic, le petit oiseau va sortir, Paul tâpinait surement au bois de Boulogne, et pompait un pauvre type dans sa bagnole de merde pour cinquante francs tout ronds. Dans l’indifférence générale. Tandis qu’à des milliers de kilomètres, sur un canapé moyen-oriental kitsch, dégueulasse, l’homme-son père – c’est grotesque et irréversible -, qui n’a jamais cherché son fils, s’ébahissait d’un autre, tout entier tendu vers lui. Plein de tendresse. Dans sa main gauche, celle à la montre, une Dunhill éteinte, probablement achetée en Franche par Clothilde ou Samuel (il envoyait toujours ses enfants lui chercher des cigarettes), tandis que de la droite il berce, affectueusement, un enfant dont on ignore si c’est une fille ou un garçon. Un enfant langé de blanc et blotti dans le coude paternel.

Dans le coude de.

Malgré l’hébétude sur son visage, malgré son ravissement insupportable, malgré le geste protecteur, enveloppant – un geste que Paul ne lui connaît pas, d’amour -, ça ne peut être que lui, son père, Claude Simart-Duteil.

Au dos de la photo, quelques mots, au crayon à papier : Ma Chadia et Feras, Damas, automne 88.
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Aurélien observait celui qui se tenait face à lui et qui lui apparaissait chétif, vieux. Sa peau habillait une absence. Il avait cette silhouette évanescente, de virgule, dont on ne saurait dire vers quoi elle tend. Hier ou demain ? Sa disparition ou une existence nouvelle ?
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Deux fossettes creusent les joues de la doyenne. Elle est mignonne, songe Antoine. Avec l'âge, c'est drôle comme l'enfance affleure, bordée de rides.
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