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3.75/5 (sur 16 notes)

Nationalité : Allemagne
Né(e) à : Würzburg , 1960
Biographie :

Krystyna Kuhn est historienne, journaliste et productrice pour la radio et la télévision.

Elle est l'auteur d'une dizaine de romans, essentiellement des thrillers.

Krystyna Kuhn vit avec son mari et sa fille près de Francfort-sur-le-Main.

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Bibliographie de Krystyna Kuhn   (3)Voir plus

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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Le hangar à bateaux se trouvait dans une petite crique et avait un aspect délabré. Il était clair que personne ne s’en occupait plus depuis des années. Le toit en bois tout comme les murs étaient pleins de grosses fissures. La peinture verte s’écaillait sur le mur extérieur qui était en partie recouvert de graffitis sauvages. Au-dessus de la porte d’entrée, dont les carreaux étaient fêlés, était inscrit en grandes lettres rouges : We are the champions. Il y avait partout sur le gazon des emballages de chips, des bouteilles vides, des bouteilles dégoulinantes de cire froide et d’anciens pots de confiture. Bref, tout était à l’abandon, ce qui faisait de ce lieu un refuge idéal pour les étudiants qui voulaient fuir le contrôle de l’université, le stress du quotidien.
Même si tout sentait le déclin, quelqu’un s’était donné du mal pour préparer la fête. En travers de la véranda, on avait suspendu des cordes auxquelles pendaient des lampions. On avait aussi ouvert une piste de danse à cet endroit. Quand Julia et les autres arrivèrent, les étudiants s’y déchaînaient déjà, serrés les uns aux autres.
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Sa main droite cherchait un creux dans la roche en surplomb. Elle pouvait faire deux tentatives, peut-être même une seule. Sinon, ses forces l’abandonneraient et, sans puissance dans les bras et les doigts, elle serait perdue. Heureusement que le geste de sa main gauche fut efficace, car, aujourd’hui, elle n’arrivait pas à se libérer la tête. Peut-être était-ce dû au fait que la fac était en pleins préparatifs pour la visite de la gouverneure générale qui, dans le cadre d’une campagne pour la formation universitaire, visitait toutes les universités d’élite.

Les parents de la plupart des étudiants des premières années y étaient attendus et, mon Dieu, était-ce étonnant qu’elle pense aux siens ? On ne peut pas simplement effacer de sa mémoire des mots comme « maman » et « papa ». Même quand ils ne méritent pas du tout d’être appelés ainsi.

Katie avait trouvé une faille, mais son index droit y sentit une minuscule pierre qui la déstabilisa et, l’espace d’un instant, elle eut le sentiment de flancher. Elle tendit la jambe gauche vers le côté et trouva d’emblée l’arête sur laquelle il lui fallait s’appuyer pour évoluer vers le haut. Elle se concentra, une secousse traversa son corps, et elle tendit la main droite vers le haut. Mais elle sentit immédiatement que sa première tentative allait échouer.

De la sueur perla sur son front quand elle retira sa jambe. Sa main droite retrouva sa position précédente. Elle appuya un instant son corps contre la falaise froide.

Putain ! Au diable les chats qui grimpent sur les falaises avec une assurance de somnambule ! Elle jura à voix basse. Que lui arrivait-il aujourd’hui ? Si la prochaine tentative échouait elle aussi, elle y passerait. Elle sentait déjà ses doigts trembler de manière suspecte. Quand, une bonne heure avant, elle s’était faufilée hors de la fac, un silence de mort régnait encore dans l’appartement qu’elle partageait avec trois autres étudiantes : Debbie, Rose et Julia. Elle ne manquerait à personne, sauf peut-être à Julia. Les autres s’étaient habituées à ce qu’elle vive sa vie et ne s’intéresse pas beaucoup à ses camarades. De toute façon, la plupart des conversations tournaient autour des cours, des crédits, des notes, des professeurs.

D’autre part, personne ne se douterait qu’elle se trouvait dans la zone interdite. Pas après les événements qui étaient survenus trois mois auparavant, la nuit d’horreur, comme Debbie l’appelait.

Comme si Katie allait se laisser intimider par quelques panneaux de tôle et renoncer à escalader cette falaise. Non, elle vivante, Katie West n’accepterait jamais une frontière que d’autres lui imposeraient. Pas par le directeur, M. Walden, pas par ses professeurs et encore moins par son père.

Elle tourna la tête vers la droite, où le Fantôme, désormais illuminé par le clair soleil matinal, s’élevait au-dessus du lac Miroir.

Son prochain objectif.

Son cœur se mit à battre plus vite, d’excitation et de hâte.

Oui, cette idée lui semblait être la bonne.

Pour la seconde fois, la main de Katie farfouilla sur la falaise froide, humidifiée par la rosée, à la recherche de la minuscule fente au-dessus d’elle, jusqu’à ce qu’elle trouve la faille récalcitrante et s’y agrippe. Elle tendit sa jambe gauche.

Concentre-toi, Katie !

Plus qu’un mètre. Un seul petit mètre. Qui lui demandait tant d’efforts.

Les chats ont sept vies. Tant de risques joués sur une seule carte. Si elle parvenait au bout de la falaise, là-haut, elle se sentirait libre. Et elle surmonterait ce jour comme elle avait surmonté les 100 derniers jours dans la vallée. Pour Katie, il n’était pas envisageable d’abandonner. Cela aussi, elle le devait à Sébastien.

Plus haut, les prises étaient de plus en plus éloignées. Elle agita un bras, puis l’autre, et saisit le magnésium sur sa hanche. Sa jambe gauche sembla presque s’enfoncer dans la paroi, tandis qu’elle s’en dégageait de toutes ses forces.

Tout doux, Katie. Du calme.

La tentative suivante fut la bonne. Elle répéta les mouvements dans sa tête. C’était sa trajectoire. Elle connaissait tous les détails et lui avait même donné elle-même son nom : Rêve noir.

Elle n’avait trouvé aucun indice montrant que quelqu’un avait escaladé cette paroi avant elle. Pas de crochet, pas de voie tracée dans la falaise, aucune trace.

Et quand tu auras réussi à grimper tout en haut sans sécurité, à t’être hissée à la force de ton seul corps, tu te sentiras bien. Tellement bien !

En silence, elle fit le décompte des secondes à partir de 10, pour à 3, 2, 1 prendre une profonde inspiration. Son corps se tendit, s’aligna, et voilà qu’elle était suspendue au-dessus de la roche sur laquelle elle se tenait encore il y a un instant.

Oui !

Cette falaise était sa falaise. Ce matin était son matin. Ce jour était son jour. Et personne ne pourrait le lui prendre, surtout pas son père. Pas lui. Précisément pas lui. George West, son père, s’était un jour tenu face à elle avec cette lettre dans sa main : « Je ne savais pas que tu avais postulé pour ce collège. »

Katie s’était contentée de hausser les épaules et de répondre avec impertinence : « C’est ma décision.

— Tu veux donc aller au Canada ? »

Au Canada ? Jamais, auparavant, Katie n’aurait pu avoir cette idée. Mais l’histoire avec Sébastien ne datait que de quelques semaines. Il avait été son premier amoureux. Son premier et le seul, et elle aurait tout donné pour qu’il soit encore en vie.

« Pourquoi pas le Canada ? Tu as quelque chose contre ? Tu préférerais que j’aille à l’Université de Georgetown ?

— En aucun cas. C’est déjà bien assez qu’on voie ta photo dans tous les journaux.

— Précisément. Alors, pourquoi aurais-tu besoin de moi en live et en couleurs ? »

Et sa mère ? Elle avait tiré cette mine totalement dépourvue d’émotions propre aux Chung. L’expression de leur visage s’était, au fil des nombreuses générations, figée génétiquement et s’était inscrite définitivement dans leurs chromosomes. Pourtant, les jours précédant le départ de Katie, elle avait été étrangement agitée, errant dans l’immense appartement, les mains constamment occupées à pousser des chaises, à ouvrir et à fermer des tiroirs, à redresser des coussins. Presque comme si le départ de sa fille la plongeait dans la panique.

Mais ensuite, elle n’avait même pas levé la main pour lui faire ses adieux. Et la phrase typique que toutes les mères disent à leur fille de 18 ans partant commencer une nouvelle vie à 3000 kilomètres de distance ne lui était même pas venue aux lèvres.

« Appelle-moi. »

Une décharge électrique avait traversé le cœur de Katie. Certes, du point de vue biologique, c’est autre chose qui s’était produit, mais c’est exactement l’effet que cela lui avait fait. Ce moment minuscule, extrêmement court, durant lequel l’organe le plus important de l’homme, celui qui le maintient en vie, perd le rythme. Et cela, simplement à cause de ce vieux souvenir. Merde !

De toute façon, pour ses parents, elle était comme morte !

Non, Katie, il faut inverser cette manière de penser. Ce sont eux qui sont morts pour toi.

L’espace d’un instant, elle se sentit malade comme un chien. Elle se trouvait toujours dans l’escarpement, les jambes écartées. Elle serra les dents et sentit que ses doigts trempés de sueur glissaient. Ses genoux tremblaient. Est-ce que le fait de penser à ses parents – cette décharge électrique – l’avait déconcentrée ? Nom de Dieu, elle savait bien, pourtant, que cela pouvait lui coûter la vie.

Mais elle comprit ensuite qu’autre chose l’avait effrayée. Et, une seconde après, elle l’entendit.

Chute de pierres !

Qui lui fonçaient droit dessus !

Ses doigts s’agrippèrent aux failles de la paroi. Ses pieds y collaient ; elle n’osait pas lâcher ne serait-ce qu’une seule main. Une pierre siffla à son oreille. Instinctivement, elle tendit la tête.

Son casque ! Elle l’avait oublié dans sa chambre, purement et simplement oublié.

Elle jeta un regard par-delà la paroi. Le soleil matinal, avec sa lumière claire, dessinait une ombre sur la falaise. Le soleil matinal. Pendant un fragment de seconde, il jeta un éclair dans les yeux de Katie.

Sa tête heurta la falaise.
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La route.

L’avenir.

Tel un affreux serpent donnant la chair de poule qui rampe sans que personne ne sache où il se dirige.

Tout à coup, le baratin de Robert sur les mondes parallèles ne parut plus si absurde à Julia.

« Fais attention à lui, lui avait répété sa mère plus d’une fois. Fais attention à ton frère. Il n’est pas fait pour ce monde."
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C’est ce que maman avait l’habitude de dire en quittant la maison. Et, en effet, tout de suite après avoir quitté Fields – un patelin oublié de Dieu dans les Rocheuses –, Julia avait eu l’impression que quelqu’un avait éteint la lumière du soleil.

Elle regarda sur le côté, à travers la vitre poussiéreuse. On ne pouvait voir qu’un petit morceau de la route qui serpentait devant eux : l’asphalte gris et mouillé brillait sous la faible lumière des phares de la voiture. Les silhouettes des sapins qui bordaient la route des deux côtés se dessinaient dans le ciel.

Julia n’avait jamais vu d’arbres aussi hauts. Leurs cimes s’élevaient d’un air menaçant dans le ciel sombre et ne laissaient voir qu’un minuscule aperçu des étoiles. C’était un comité d’accueil inquiétant, qui semblait n’être là que pour protéger la vallée contre les visiteurs importuns.

Des visiteurs comme Julia ?

Ou alors protégeaient-ils la vallée contre les rapaces tournoyant au-dessus des arbres, prêts à s’acharner les uns contre les autres, ou même à se précipiter sur leur voiture qui venait semer le trouble sur leur territoire jusqu’alors paisible ?

Les phares de la voiture éclairèrent rapidement un panneau sur le bord de la route. Attention, chutes de pierres !

Tout de suite après, la forêt s’illumina à leur gauche. Un rocher abrupt s’élevait et masqua pour un moment la vue de la route se perdant dans le lointain. On aurait dit qu’ils fonçaient tout droit dans ce mur se dressant face à eux. La Land Rover prit un tournant. Juste après la falaise, elle traversa un pont surplombant un ravin.

Le corps de Julia se colla au siège pendant que la voiture cahotait sur ce sol vacillant, apparemment fait de planches de bois. Devant elle, la tête de Robert se heurta à l’appuie-tête du siège passager. Le frère de Julia ne se réveilla pas pour autant.

Zut, elle avait des fourmis dans la jambe ; oui, elle avait l’impression que sa jambe était morte. Elle la remua pour vérifier et buta contre quelque chose de mou. Un gigantesque chien noir la fixait. Même dans l’obscurité, elle arrivait à deviner son regard agressif. Il s’appelait Ike, et Ike grognait doucement.

« Désolée », lui murmura-t-elle pour le calmer.
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Dans les montagnes du Canada, au bord d'un grand lac, se trouve un lieu totalement isolé : une prestigieuse école pour adolescents surdoués. La fête pour la rentrée manque de se transformer en tragédie lorsque Robert, un nouvel étudiant, plonge soudain dans l'eau glacée. Sauvé de justesse, il affirme avoir aperçu une jeune fille se noyer. Mais Robert est le seul à avoir été témoin de cette scène, et personne ne manque à l'appel.

Seule sa soeur Julia le croit et fait des recherches pour en avoir le coeur net. Elle veut aussi éviter que quelqu'un s'intéresse d'un peu trop près à leur passé et à leurs secrets. Dans cet étrange lieu coupé du monde, les apparences sont trompeuses et tout le monde semble dissimuler quelque chose. Derrière les hauts murs, le danger est partout...
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Il était presque 7 h du matin.

Aucun réveil n’avait été nécessaire pour tirer Katie de son sommeil agité et du rêve qui s’était répété – c’est en tout cas ce qui lui avait semblé – toute la nuit, comme si quelqu’un avait enclenché la touche Repeat. Elle avait ouvert les yeux précisément au moment où les premières lueurs de l’aube donnaient à la chaîne de montagnes enneigée du Fantôme un aspect irréel.

Katie se cramponna du bout des doigts au bord de la falaise, juste sous la saillie qui séparait la paroi rocheuse de 30 mètres en deux. C’était la partie la plus difficile, d’autant que la fraîcheur de la nuit avait rendu la roche glissante et froide. Au moins, elle pouvait se tenir debout sur le palier sous la saillie.

Il lui était impossible, pourtant, de revenir en arrière. Katie avait si bien appris à connaître cette route qu’elle pouvait grimper en solo, sans câbles de sécurité, simplement avec des sachets de magnésium et ces formidables chaussures d’escalade qu’elle avait achetées à Fields. Et c’est ce qui rendait tout cela très excitant. De se retrouver seule face à la falaise. Car ce n’est qu’ainsi qu’elle pouvait continuer de regarder vers l’avant. Même si la moindre erreur pouvait entraîner une chute mortelle.

Ce qu’elle faisait, c’était pour Sébastien. Elle entraînait son corps, son esprit, son courage. Pour être sûre, si elle en arrivait à nouveau là, de faire le nécessaire.
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Quelque part, une roche se détacha de la falaise, frappa, au cours de sa chute, plusieurs fois contre la paroi, et le bruit sourd de l’impact fut répété encore longtemps par l’écho, bien après que le morceau de falaise eut touché la surface lisse du lac Miroir et disparu dans les profondeurs. Katie ne se laissa pas distraire. Elle continua de se mouvoir avec son assurance coutumière. On aurait pu la comparer à un chat. Si elle avait pu croire en la réincarnation, si elle avait eu le choix, les chats se seraient sans doute trouvés tout en haut de sa liste. Simplement, pas un chat domestique, mais plutôt un genre de léopard.

Environ 25 mètres en dessous d’elle, le lac du glacier couvrait presque toute la surface de la vallée. Dans la lumière du soleil matinal, qui était en train de surgir de derrière les bâtiments clairs de la fac de Grace sur la rive orientale, les ombres qui se reflétaient sur la surface de l’eau ressemblaient à des êtres vivants.

Il n’y avait aucun vent, et Katie se dit que ce serait encore une de ces journées chaudes d’automne, comme celles qui se suivaient depuis une bonne semaine. Après un été très pluvieux, aucun des étudiants de Grace ne croyait que là-haut, à presque 2000 mètres d’altitude, le soleil brillerait encore. Les derniers jours avaient été très chauds, et Katie craignait que cela ne dure pas.
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Ils semblaient plus loin que jamais d’être arrivés.

Entre-temps, ils avaient laissé les falaises derrière eux. La forêt s’était à nouveau refermée sur eux comme un géant vivant. La route continuait de monter à pic – Julia le sentait très bien – et, pendant un moment elle s’imagina ce qui se passerait si le moteur gémissant rendait l’âme, ici, au milieu de nulle part.

Est-ce que les films d’horreur ne commençaient pas toujours comme ça ?

Julia sentit les poils de ses bras se dresser.
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Elle avait toujours l’impression que ce n’était qu’un rêve. Peut-être tout ça se passait-il en réalité dans un des mondes parallèles dont Robert parlait sans arrêt ? Le regard de son frère paraissait toujours ailleurs derrière les bords ronds de ses lunettes, achetées au marché aux puces et qui lui donnaient un air si sérieux qu’on aurait dit le plus jeune Prix Nobel de tous les temps : Robert Frost, spécialiste international des apparitions extraterrestres.
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À 200 mètres d’altitude, Julia fut tirée de son demi-sommeil par le crissement des freins. Le 4 x 4 plein à craquer semblait pousser de véritables gémissements à chaque nouveau virage. Ce n’était pas étonnant. Il y avait déjà plus d’une heure que la Land Rover s’efforçait de gravir les lacets abrupts de la route. Et il était clair qu’elle n’était plus toute jeune.

Le dernier qui part éteint la lumière !
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