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Critiques de Kumota Haruko (58)
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La Grande Traversée

Le cadeau d'un dictionnaire japonais, par son oncle à son entrée au collège, allume la passion d'Araki pour ces ouvrages. Passion devenue profession, il édite des dictionnaires pendant trente-sept ans chez l'éditeur Genbu Shobô. Mais désormais voulant prendre sa retraite pour soigner sa femme malade, il se cherche un successeur pour Daitokai, c'est-à -dire La Grande Traversée, le nom choisi pour le nouveau projet ambitieux du plus grand dictionnaire de tout les temps. L'élu sera Majimé ( sérieux en japonais ), un grand jeune homme timide, très particulier, amoureux des mots, passionné de lecture. C'est un perfectionniste, et si l'on recherche la perfection à tout prix, un dictionnaire ne sera jamais publié. Il nécessite beaucoup de temps et d'argent. Majimé relèvera-t-il le défi de ce projet titanesque alors qu'un autre défi avec le mot « amour », qu'il rencontre en la personne de la petite-fille de sa logeuse, entre en jeu ?



Un livre léger, vaporeux où les mots sont rois, mais hermétiques, aux milles sens cachés, où attraper le sens correcte pour exprimer notre ressenti relève aussi du défi. Une mer de mots,surtout que c'est du japonais, une langue où même le mode d'écriture du même mot en change le sens, devient un défi aussi bien pour les personnages que pour nous lectrices et lecteurs.

Un roman étrange aux personnages insolites ("les gens qui rédigent des dictionnaires sont un peu en dehors du monde" dit la femme de Majimé), qui sont étonnamment sincères et francs envers eux-mêmes et les autres dans une société pourtant très fermée où l'on exprime rarement ses sentiments et dont chacun est à la poursuite d'un défi !



Je vous invite à cette Grande Traversée passionnante et vous " souhaite une longue et heureuse navigation sur ce splendide bateau ", phénomène éditorial au Japon, où il s'est vendu à 1 300 000 exemplaires. Un livre interessant pour tous les amoureux des mots, de la cuisine et de la Littérature japonaise avec en prime une lettre d'amour très particulière, commentée !

Une fois le livre terminé, vous n'aurez qu'une envie, trouver un dictionnaire et d'y chercher de suite la définition de mots tout simples comme "homme", "femme" et "amour".......



" Les hommes ont inventé les mots pour avoir un lien avec les morts, et avec les générations à venir ".





*Je déconseille sa lecture sur tablette , car l'édition Kindle sur Amazon est terrrible.

Les mots sont accolés ( deux ou trois si non plus) dans l'intégralité du texte, un vrai défi de lecture ! Je suis curieuse de savoir comment une maison d'édition comme Actes Sud ait pu survoler une telle erreur, que je leur ai déjà signalés.

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La Grande Traversée

"On la lirait avec plaisir même si elle nous racontait le bottin" dit on parfois...



Et si elle nous racontait le dictionnaire?



C'est ce que fait avec brio, avec humour, avec finesse, avec délicatesse,  bref avec talent Shion Miura, auteure japonaise à succès dont seule La Grande Traversée a été jusqu'ici traduite en français, par Sophie Refle, dans une traduction aussi  habile que subtile .



Les deux langues n'ont pas les mêmes variations  sémantiques, ni les mêmes expressions idiomatiques, aussi  est-ce un vrai tour de force , à la hauteur de l'inventivité de l'auteure, puisqu'il s'agit de nous raconter les mots.



Car Shion Miura nous raconte le dictionnaire!



Ou plutôt La Grande Traversée, la  merveilleuse épopée , le voyage au long cours que constituent l'élaboration, la rédaction et l'édition d'un dictionnaire.



Elle dit la quête des mots,  la confrontation des sens , la recherche du mot juste, objectif, clair, pour expliquer la sémantique d'un mot, parfois  galvaudé ,sans le restreindre, sans le trahir, sans en exclure les acceptions nouvelles, sans oublier son histoire, son cheminement, son compagnonnage...



Elle dit le travail d'équipe, les talents particuliers et les énergies conjuguées, la compétence, l'exigence, la ténacité,  le charisme, l'inlassable patience,  la minutie, la méthode,  l'abnégation, le don de soi... 

 

Elle dit le temps qui passe, les rides, les cheveux blancs, la maladie, la mort, tandis que vogue le navire sur la mer des mots!



Mais tout ceci serait bien savant et sans doute bien ennuyeux si , avec une joie malicieuse,  Shion Miura n'incarnait tous ces talents dans des individualités distinctes, toutes un peu monomaniaques, toutes un peu foutraques - car il faut être un peu fou pour passer plus de quinze ans sur un unique livre,  fût-ce un dictionnaire naviguant sur la mer infinie des mots.



Pour naviguer sur la mer des mots, il faut un équipage! 



Modeste et maladroit , inadapté au réel, incapable d'écrire une lettre d'amour compréhensible -ce qui nous vaut un épilogue aussi  savoureux que désopilant !- mais d'une patience inépuisable, d'une grande exigence intellectuelle et d'une complète sincérité , Magimé est le chef d' équipage de cette croisière lexicologique.



 Il oeuvre sous l'oeil d'Akira , le secrétaire de rédaction, qui l'a choisi avec discernement pour diriger cette longue quête, et du professeur Matsumoto,  conseiller de la maison d'édition Genbu Shobõ, qui lui fait confiance , de madame Sasaki, discrete et efficace.



Majimé est successivement aidé par Nishioka, le bateleur aux évidentes qualités relationnelles,  puis par Kishibé, la méticuleuse ordonnatrice des cinq jeux d'épreuves du dictionnaire.



Une petite équipe où chacun va trouver, en chemin,  son domaine d'excellence, sa vérité humaine- et où tous vont découvrir la passion commune qui les unit dans une même quête, la quête infinie des mots. 



Petits moments gourmands et sensuels dans le restaurant de la belle Kaguya , fille de la lune et de  la  poésie,  tendresse ironique et tendre de la douce Rémi pour son galéjeur de Nishioka,  semaines de "stage infernal" à la poursuite des mots oubliés tandis que sèche le petit linge des forçats du dictionnaire,  entre les livres anciens et les notes de synthèse.



Conversations passionnées (et passionnantes ) sur le sens ou la définition d'un mot, explication d'un usage incongru, d'une étymologie oubliée, valeurs comparées des exemples, finesse et "tombé"  du papier , beauté des caractères, souci de la mise en page...



L'amoureux/euse des livres qui découvre La Grande Traversée se régale,  sourit,  relit, s'attache,  s'embarque à son tour ....sur la mer infinie des mots.



Délicieux voyage plein de sel, de sens et de saveurs.



Une découverte!

Merci à Booky et Anne, mes poissons-pilotes!
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La Grande Traversée

Voilà donc un drôle de livre, un livre qui trame la genèse d'un autre livre. Et pas n'importe quel livre : un DICTIONNAIRE. Non, non, n'aie pas peur... Ce gros truc souvent austère, qui pèse autant qu'une haltère quand on est gamin, à la couverture souvent déchirée, qui se passe de père en fils, et traverse quelques générations avant de finir sa triste vie dans le rôle ô combien pratique de caleur d'armoire lorsque le pied de celle-ci est cassé.



Mais pour prétendre à intégrer la rédaction d'un tel ouvrage, il faut cette qualité première : être amoureux ! Amoureux des mots, amoureux de la vie. Avec cette curiosité pour chaque sens caché qui nous embarque de mot en mot dans un flot d'émotions allant de la simple vaguelette venue lécher vos doigts de pied, jusqu'au tsunami qui emportera tout sur son passage, votre coeur et votre âme.



Parce qu'entre les définitions, les mots et les sens, entre deux idéogrammes, il y a ces lignes de vie et de coeur qui filent au-delà du temps. Il faut de la patience pour accoucher d'un dictionnaire, de la confiance et du silence. Comme pour trouver l'amour parfait, l'évidence.



Ce roman m'a sincèrement ému. Passionné au début, devant cette envie et ce mystère des mots, la découverte de Majimé, cet étonnant jeune homme solitaire. Puis j'ai ressenti un mélange de peur et de tristesse quand j'ai perçu qu'à tout moment ce projet pouvait s'abandonner aussi facilement que lorsqu'on tourne une page de son livre, ou de sa vie. Enfin, ma vue s'est brouillée de ces gouttelettes d'eau salée venue de la profondeur d'un océan, quand je découvre la beauté de tels moments. L'amour, cette grande traversée de la vie, en solitaire, en duo avec harmonie, ou en équipe symbiotique, procure de grandes émotions. Écrire aussi. Et lire, également. Écrire, lire, aimer. Que demander de plus à la vie. J'en connais qui dirait boire une bonne bière ou un bon whisky. Je te l'accorde... Parce qu'il est aussi souvent question de saké dans ce roman. Ces apéros de fin de journée resserrent les liens entre les âmes, ou en créent de nouveaux. Voilà pourquoi ce roman m'a profondément bouleversé, moi qui aime tant naviguer entre les flots des pages et des spiritueux.
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La Grande Traversée

Repéré depuis sa parution...tant je trouvais le sujet de ce roman japonais, attractif et original : la "construction" d'un nouveau dictionnaire...et puis, et puis...mes dispersions boulimiques m'ont retardée dans mes élans !



Une vraie pépite que cette lecture; la fiction est habilement menée, nous offrant les étapes, et intervenants dans l'élaboration et édition d'un très grand dictionnaire, ce long travail jamais achevé qui est celui du "Lexicographe"....et ceci autour de la personnalité centrale de notre "Lexicographe", Majimé...



Araki, près de la retraite doit choisir un successeur pour assumer la responsabilité de la rédaction d'un grand dictionnaire, pouvant faire aussi office d'encyclopédie !!Lui-même a oeuvré toute sa carrière dans ce domaine.Ce nouveau défi se nommera "La Grande traversée"...

Il embauche Majimé, jeune employé d'une maison d'édition, diplômé

brillant, en linguistique, cependant aussi maladroit, excentrique dans ses rapports aux autres qu'habile et habité par l'étude des mots....



"Il s'était réfugié dans les livres parce qu'il en souffrait. Quand il lisait, son manque de don pour la conversation n'avait aucune importance. Celle qu'il menait avec les livres était profonde et lui procurait du bien-être. (...) Grâce à ce goût pour la lecture, il avait été un très bon élève. Son intérêt pour les mots, qui permettent d'exprimer les sentiments, l'avait conduit à faire des études de linguistique. bien qu'il ait emmagasiné beaucoup de connaissances sur les mots, son aptitude à communiquer n'avait pas progressé." (p. 41)



Le récit est habile, vivant , nous montrant en détails le travail complexe des lexicographes , l'importance cruciale du choix des mots, de leur précision : véhicule de la pensée, des émotions, des mentalités reflets d'une société donnée...en même temps la narration nous offre une belle histoire amoureuse, entre notre lexicographe maladroit et une jeune femme,Kishibé, elle passionnée de cuisine !! Ils se marieront et sauront respecter les "passions professionnelles" de chacun...



Majimé, même avec son caractère original, décalé, aura le talent, la pugnacité et ...finalement agira en bonne entente et coordination avec l'ensemble de son équipe, durant quinze longues années......qui verra enfin publiée cette" Grande Traversée" soignée, travaillée avec exigence tant pour les définitions, analyses des mots nouveaux ou plus usités... que les

efforts, essais pour fabriquer le papier idéal...assez opaque tut en étant léger...



Une connexion d'une intense complexité entre divers corps de métiers: Lexicographes, correcteurs, papetiers, imprimeurs, etc.



On sent la tendresse et grande bienveillance de l'auteure pour tous ses personnages...



"Il avait découvert que les articles du dictionnaire permettent de percevoir la profondeur inattendue des mots. (p. 9)



"Les mots, et l'esprit qui les fait naître, sont libres, et n'ont rien à voir avec le pouvoir. Et il faut qu'il en soit ainsi. Un navire qui permettra à chacun de naviguer sur l'océan des mots à sa guise, voilà ce que nous essayons de faire avec La Grande Traversée. N'y renonçons jamais."



"On peut dire d'un dictionnaire que c'est une cristallisation de la sagesse humaine, non seulement parce qu'il accumule les mots, mais surtout parce qu'il incarne l'espoir au sens propre du terme, l'expression de la volonté inébranlable de ses auteurs." (p. 260)



Une magnifique lecture qui exprime avec une narration très dynamique, l'importance centrale des mots dans la vie des Humains !! : mots de la création, mots pour exprimer ses sentiments, mots pour être relié aux autres, au monde...pour apprendre, ouvrir les horizons, élargir les limites de nos connaissances. Toujours ces "Mots" magiques qui nous relient à nos morts...et à nos congénères vivants !



Original...très vivant...et prodigue en informations !! Une auteure passionnante... qu'Actes Sud, souhaitons le très fort, continuent à nous la faire connaître mieux, puisque Shion Miura a déjà publié une vingtaine d'ouvrages, romans et essais !
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La Grande Traversée

Majime, encore tout jeune employé dans la maison d’édition Genbu Shōbo, d’un caractère sérieux mais un peu lunaire, est recruté par le professeur Araki, dans l’équipe chargée d’élaborer un nouveau dictionnaire qui sera nommé ”la Grande Traversée”, un ouvrage qui, au Japon, comprend non seulement la définition des mots, mais surtout la définition de concepts et le recours aux références historiques et littéraires classiques et contemporaines. Participent également Nishioka, un commercial de la société d’édition, un homme un peu lourd et Matsumoto, un grand lettré. Cote personnel, Majime, l’unique occupant de la pension tenue par Také, une vieille femme, fait bientôt la connaissance de Kaguya, nièce de sa logeuse, employée dans un restaurant dans lequel la jeune femme espère devenir bientôt cheffe de cuisine. Treize ans plus tard, le projet semble enfin se finaliser...



Une bonne surprise que ce roman, qui offre un voyage dans le monde des dictionnaires japonais, de véritables projets de longue haleine et qui s’inscrivent dans une lignée d’ouvrages savants, spécialisés selon les publics et dont les revisions et actualisations prennent des années. C’est aussi le projet humain d’une équipe fédérée tout d’abord autour d’Araki, puis reprise par Majime, très investi, qui sera rejoint par des personnes qui, au départ ne sont pas forcément convaincues mais qui, au fur et à mesure des recherches lexicographiques, s’investissent complément dans le projet, plus pour les relations d’amitié et de partage de valeurs qu’elles découvrent, que par le but ultime du dictionnaire. La grande Traversée est une aventure d’édition d’un dictionnaire mais c’est avant tout un projet commun où les participants apprennent à se connaître, à partager, et ressentir les mêmes idéaux, et naviguer sur le même bateau et dans la même direction.

Une belle aventure.
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La Grande Traversée

La grande traversée raconte sur une quinzaine d'années la conception et la fabrication d'un dictionnaire contemporain. Avec moult détails sur sa ligne éditoriale, le choix des contributeurs, l'intégration de nouveaux mots, les interrogations sur leurs multiples significations, les discussions avec une papeterie pour créer un papier fin, souple et résistant, etc. Vous imaginez un roman français ou américain qui partirait de ce thème ? Non, évidemment, et ce n'est pas une surprise que La grande traversée soit signée d'une auteure japonaise, Shion Miura, pas traduite jusqu'alors en français, et qui comme d'autres romancières de son pays allie originalité du sujet à douceur d'écriture avec une forte bienveillance envers ses personnages. Car La grande traversée, au-delà de son épaisseur documentaire, apparait avant tout comme une aventure humaine grandiose sur l'océan des mots, menée par des êtres un peu à part, pas nécessairement adaptés au monde extérieur. Ce qui nous vaut d'ailleurs de nombreux passages savoureux quand il s'agit d'une affaire sentimentale que le responsable en chef du dictionnaire semble peu doué pour la mener à bien. Mais à lui comme à tous ceux qui gravitent autour de ce grand projet d'édition, Shion Miura voue une grande tendresse qu'elle nappe d'un nuage d'ironie avec ce talent qu'ont les auteurs nippons pour dire parfois les choses les plus personnelles de façon très directe. La construction de La grande traversée a par ailleurs l'air de rien mais elle est extrêmement pensée, déplaçant progressivement le curseur sur différents acteurs de l'élaboration du dictionnaire, en mettant l'accent sur l'importance et souvent la difficulté de la transmission. La réussite du roman tient enfin à la qualité de la traduction de Sophie Rèfle qui n'était pas aisée à faire étant donné que nous sommes assez peu familiers en Occident de la façon dont fonctionne la langue japonaise. La grande traversée est parait-il l'oeuvre maîtresse de Shion Miura. Ce n'est pas une raison pour nous empêcher de goûter à nouveau à la plume délicate et précise de Shion Miura à l'avenir. Aux Editions Actes Sud de nous permettre de connaître un peu mieux cette romancière qui a déjà signé une vingtaine d'ouvrages.
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La Grande Traversée





Majimé est choisi pour rejoindre le département « Dictionnaires » de la maison d’édition dans laquelle il travaille. Ce département a un grand projet : un nouveau dictionnaire dont le titre est « La Grande traversée ». Avec à sa tête, un homme passionné par sa mission mais peu doué pour communiquer, la tâche sera épique.



Et nous voila embarqué pour un voyage avec des creux et des bas en compagnie de singuliers personnages.

À commencer par Majimé, passionné des mots mais vraiment, vraiment peu doué pour communiquer.

C’est le grand paradoxe du personnage et dans une certaine mesure de tous : la communication.

Dans une société où on n’exprime pas ses sentiments, il faut ensemble trouver les mots justes, tous les mots justes.

C’est l’occasion de passionnantes digressions sur le sens profond de certaines expressions japonaises, du combat des rédacteurs avec une langue qui évolue sans cesse, de la qualité du papier.

Oui je vous l’avoue, j’ai été touché par la recherche du papier qu’il fallait pour « La Grande traversée ».



J’ai été touché par les dialogues entre les personnages. Les mots sont précieux. Ils touchent le cœur de leur interlocuteur s’ils sont dits avec franchise. Une franchise étonnante pour un récit qui se passe au Japon.



J’ai été touché par le parcours des protagonistes. Chacun a sa manière trouve son chemin et un peu un but dans sa vie (certain leur but).



J’ai été beaucoup moins touché, voire effrayé par le monde du travail japonais. On sacrifie sa vie pour son travail, pour l’entreprise. Si vous faites une rencontre c’est par l’intermédiaire de relation de travail !

De toute façon, vous ne rentrez que tard le soir, vous mangez avec vos collègues… alors les amis et la famille restent cantonnés à la marge. L’extrême marge.

Exemple : Le moment héroïque du récit est un mois de travail intense ou l’équipe reste au bureau jour et nuit pour vérifier qu’il ne manque pas des mots.



C’est un beau voyage sur un océan de mots finement choisis avec ses récifs et ses victoires sur les éléments.
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La Grande Traversée

Un roman à la douceur des mots, un roman sur l'amour, l'amour du travail, de la passion. Majimé approche de la trentaine, il vit seul avec son chat Tora dans une pension qu'il a investi depuis ses années d'études. Il travaille au cœur d'une grande maison d'édition, au service commercial, lorsqu'un jour Araki Kohei, qui lui, a consacré sa vie aux dictionnaires et qui se voit partir à la retraite, demande à Majimé de quitter son poste pour venir au service des dictionnaires. C'est là qu'il va se révéler à lui même. Il va trouver pleinement sa voie comme il va découvrir l'amour. Mais chut, je ne vous dis pas plus, à vous de le découvrir si vous ouvrez ce livre très plaisant à la lecture. Une histoire pleine de charme qui nous dévoile combien il peut être heureux d'aimer aussi fortement son travail, le sens de l'engagement et surtout comment se construit un dictionnaire, qui " n'est jamais terminé .. Qui vogue pour l'éternité sur l'océan des mots. "
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La Grande Traversée

Araki Kohei a consacré sa vie aux dictionnaires. Arrivé à l'âge de la retraite, il voudrait bien que son employeur, la société d'édition Genbu Shobo, recrute un remplaçant. Mais voilà qui n'est pas facile à trouver ! Pourtant, dans la même entreprise, il déniche Majimé ( = sérieux, en japonais, et cela lui va très bien), un garçon de vingt-sept ans, très renfermé, peu sûr de lui et...encore inexpérimenté côté sexe. Ce qui va susciter les moqueries de certains collègues. Il bénéficie pourtant de l’estime d'Araki et de la confiance du professeur-lexicographe, Pr Matsumoto.



Un vrai défi s'impose à l'équipe : publier un nouveau dictionnaire baptisé La grande traversée et en même temps procéder à la réédition d'autres dictionnaires. Une gageure quand on sait le temps qu'il faut pour organiser les entrées, susciter l'aide de contributeurs et vérifier leur travail, rédiger les articles, faire la mise en page, etc. Rien n'est gagné d'avance, tout étant conditionné par les choix lexicaux du directeur d'édition.

Il est à noter que cet ouvrage ne fait l'objet d'aucune subvention publique, il est totalement financé par l'éditeur, garant, dit l'auteur, de son indépendance :



« Les mots, et l'esprit qui les fait naître, sont libres, et n'ont rien à voir avec le pouvoir. Et il faut qu'il en soit ainsi. Un navire qui permettra à chacun de naviguer sur l'océan des mots à sa guise, voilà ce que nous essayons de faire avec La Grande Traversée. N'y renonçons jamais. » affirme le Professeur Matsumoto.



Et puis surtout...un dictionnaire, ce n'est jamais fini ! Comment mettre un point final à une œuvre vivante, en perpétuelle transformation ? La langue n'est jamais figée. La Grande Traversée s'annonce une véritable odyssée. Elle durera quinze ans.



L'auteure s'intéresse à la polysémie des mots et expressions, (ex : ça va barder/barder de lard : la traduction a dû être ingénieuse !).

On apprécie le caractère concret du récit de l'auteure qui fait voisiner observations sur la culture japonaise (savoir-vivre, cuisine, coutumes) et réflexion sur ce que signifie constituer un dictionnaire. Il nous entraîne de façon très concrète dans le travail d'édition, recherche de contributeurs, rédaction, vérification, illustration, importance du support-papier (là, on se demande si vraiment on édite encore des dictionnaires sur papier au Japon).



Il se trouve que vivant aux côtés d'un linguiste confirmé et rédacteur lui-même de dictionnaires de langues orales rares, je suis sensibilisée à ce sujet depuis des lustres. D'où mon intérêt pour ce livre. mais je suis sûre que tout (e) amoureux (se) des mots fera son miel de cette lecture.

En tous cas, un grand merci à Bookycooky pour sa recommandation.

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La Grande Traversée

Un beau voyage à travers les mots !

Le roman de Shion Miura nous plonge au cœur du service des dictionnaires d’une grande maison d’édition qui s’apprête à réaliser un projet titanesque : rédiger le plus grand et complet dictionnaire de langue japonaise, La grande traversée.

On apprend à connaitre les différents membres de l’équipe, tous amoureux des mots à leur façon : le professeur Matsumoto, figure emblématique du service qui a à son actif la création de plusieurs dictionnaires ; Araki, l’ancien directeur, parti à la retraite mais qui garde un pied dans le projet ; Mme Sasaki, femme de caractère qui veuille au bon déroulé des choses… Mais le lecteur fait surtout la connaissance de Majimé, devenu depuis peu directeur du service : un jeune homme maladroit et introverti mais sacrément passionné et impliqué ! Au fur et à mesure de la lecture, on s’attache à ces personnages hauts en couleurs. On partage leur quotidien et on n’a qu’une envie, que l’ambitieux projet de La grande traversée, voit le jour.

Le roman est également une plongée passionnante dans le monde des mots et de la langue japonaise. A la lecture, on assiste régulièrement aux débats des personnages sur la signification et l’usage de certains mots. Des passages qui n’ont pas dû être faciles à traduire et transmettre en français quand on sait à quel point la logique de langue japonaise est différente de la nôtre !

Dans le roman, il est également question d’amour puisqu’on suit Majimé dans sa quête amoureuse, à la fois naïve et touchante, à l’image du personnage.

Un roman que je conseille aux amoureux des mots et du Japon bien évidemment. On y retrouve tous les ingrédients qui font la spécificité de la littérature japonaise : quête, délicatesse et émotion.

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La Grande Traversée

J'avoue avoir parfois survolé les développements lexicographiques, n'étant pas familier avec la langue japonaise.

Je me suis également pris à sommeiller à suivre ce suspense au très long cours que représente la construction d'une dictionnaire exhaustif du japonais. Mais toujours, j'ai persévéré, plein d'admiration pour ces passionnés des mots qui communiquent leur feu aux sceptiques sur l'utilité des dictionnaires. Je sais désormais par le menu comment élaborer un dictionnaire, oeuvre jamais close, dès le dernier vocable ajouté aux 200.000 précédents. Il ne fallait pas me convaincre du pouvoir des mots, liens avec les générations à venir et les morts.

Mine de rien, j'ai appris énormément sur la culture nippone, sur les codes amoureux à Tokyo, sur la nature humaine.

L'écriture, dénuée d'artifices, faussement naïve, transmet l'amour du travail bien fait, les pensées et états d'âme de la petite équipe vouée à éclairer le sens des mots. Le chef du dictionnaire est terriblement motivé tant il peine à déclarer sa flamme à son amoureuse; il semble puiser dans le grand lexique le tour d'exprimer ses émois secrets, à moins qu'il ne fuie une angoisse tenace d'être au monde.

J'ai savouré ce dépaysement narratif et culturel comme on lampe un flacon de saké à petites gorgées gourmandes, un peu sonné, jamais "meren".
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La Grande Traversée

Qu'elle est douce cette lecture. Plongée dans l’atmosphère japonaise et les mots. Ici par le biais de Majimé, on suit l'évolution de la rédaction d'un dictionnaire sur plusieurs années, les personnes qui gravitent autour et la passion de la langue.

Pas ennuyeux du tout, on ressort comme bercé par le récit.
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Le Rakugo à la vie à la mort, tome 2

Ma découverte du Rakugo, à la vie, à la mort avait été un moment très intense lors de la lecture du premier double tome offert par Le Lézard noir. La lecture étant assez copieuse, j'avoue que malgré la superbe couverture de ce deuxième volume, j'y allais quand même en marchant sur des oeufs. Quelle erreur ! J'ai encore une fois été soufflée par les émotions instillées par Haruko Kumota.



Ce nouveau volume est entièrement consacré au récit de l'histoire passée de Yakumo et Sukeroku, ces deux apprentis rakugoka qui travaillent pour le même maître. Dans le présent, seul Yakumo est encore là et il a une relation complexe avec la fille du second. Il est donc particulièrement intéressant de plonger aux origines de tout ceci. L'autrice avait déjà commencé ce retour dans le passé dans le tome précédent, mais c'est ici que cela prend toute son ampleur.



Dans une valse des sentiments chaotiques, nous allons suivre le trio à l'origine de tout : Yakumo, Sukeroku et bien sûr Miyokichi, la pomme de la discorde. Il est fascinant de voir la relation qu'ils entretiennent tant celle-ci est complexe. Il y a tout d'abord la relation d'amour-haine qu'entretiennent les deux apprentis rakugokas où leur rivalité autour de l'art qu'ils affectionnent tant n'est pas étrangère à cela, mais leurs dépassent cela et on en vient à avoir du mal à les qualifier. Est-ce de l'amour romantique ? Un amour fraternel ? Une fascination réciproque qui aurait mal tournée ? Impossible de vraiment trouver la juste définition. Alors quand Miyokichi s'y glisse, c'est encore plus compliqué. J'ai été touchée par la détresse de celle-ci. Femme de son temps, elle est ballottée d'un homme à l'autre et quand elle tombe amoureuse de Yakumo mais que ce n'est pas réciproque, il est tellement plus facile de tomber dans les bras ouverts de Sukeroku, mais ce n'est vraiment pas la solution...



Cette lente tragique qui se noue entre eux, ne serait rien sans la complexe relation que les garçons entretiennent avec leur art, et celle-ci est vraiment fascinante. Si je ne suis pas passionnée par les histoires qu'ils racontent quand ils montent sur scène, malgré les fulgurances de la mangaka pour rendre la multiplicité des expressions que les acteurs prennent. En revanche, j'ai été fascinée par la complexité de cette univers et ses implications. J'ai adoré la relation trouble des deux héros avec leur art et leur maître. L'un, Sukeroku, voulant révolutionner le genre et se mettant à dos tous les vieux grands maîtres. L'autre, Yakumo, plus classique, jaloux du talent de son ami mais empêtré dans cette tradition dont il ne parvient pas à se détacher malgré ses désirs. Ils s'aiment et s'attirent autant qu'ils se détestent et se repoussent. Il en va de même avec leur pauvre vieux maître. C'est beau, triste et pur à la fois, mais surtout déchirant.



Ainsi, même si la lecture est copieuse, même si certains passages de pièces de rakugo ne m'ont pas passionnée, j'ai été plus que touchée et émue par la magnifique, riche et complexe histoire humaine que cela relate en sous-main. Le portrait du Japon d'après-guerre portait par l'autrice est saisissant, âpre et douloureux. Le lecteur se retrouve comme les personnages à fleur de peau, avec une lecture qui dérange autant qu'elle touche, et ce ne sont pas les compositions graphiques vraiment inspirées de Haruko Kumota qui vont me faire en démordre car si j'ai été autant touchée par ce qui se jouait, c'est également grâce à son trait tellement pur et fin, et sa mise en scène percutante mais épurée. C'est vraiment une grande lecture une nouvelle fois !
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Le Rakugo à la vie à la mort, tome 3

Je suis une nouvelle fois soufflée par la beauté et le tragique de cette histoire dont la mise en scène très théâtrale d'Haruko Kumota n'en finit pas de m'émouvoir et me subjuguer. Je ne pensais pas aimer autant un récit sur des conteurs d'histoires humoristiques.



Dans ce tome charnière, l'autrice achève de nous raconter le passé tragique du maître Yakumo et de son ami Sukeroku, ce qui permet enfin de comprendre pourquoi Konatsu lui en veut autant. Comme prévu, c'est une histoire vraiment tragique dont la chute a tout à fait de quoi surprendre tant elle est inattendue. On aura cependant eu l'occasion de revoir ce cher Sukeroku sur scène, un lieu où il brille vraiment de tout son talent, un lieu où il est vraiment en vie. Alors forcément aux yeux d'une petite fille, je comprends qu'il ait tout d'un Dieu et que sa perte laisse un vide immense. Mais l'intérêt du récit a surtout été dans le dénouement tragique de la relation triangulaire Yakumo-Sukeroku-Miyokishi qui est superbe ! L'autrice est en plein dans les codes du genre avec cette tragédie en costume mais c'est ça qui la rend si belle et dramatique, si plein d'émotion et de douleur. J'ai adoré !



Yakumo a alors pris une toute autre dimension à mes yeux, tout comme Konatsu. Et ainsi, la partie présente de l'histoire, qui était celle qui m'avait le moins passionnée est devenue bien plus intéressante. En plus, l'auteur nous offre un joli petit bond dans le temps avec un Yotaro qui a désormais grandi. Il reste l'idiot qu'on connaît mais un idiot bien plus fin et plus fort. Il est en quelque sorte devenu un homme en notre absence, ce qui était nécessaire pour soutenir et tirer à nouveau vers la lumière ces pauvres Yakumo et Konatsu qui ont vécu tant de drame.



Une nouvelle époque s'ouvre devant nous. Il est d'abord très intéressant de redécouvrir Yotaro dans son nouveau statut et le nouveau nom qu'il va prendre. Moment magique quand il en fait la demande au passage, un très beau et émouvant passage de relais, plein de symbolique. Puis on aime assister à tous ces petits moments de vie où les trois héros vont tisser de nouveaux liens venant guérir les précédents, que ce soit Yotaro qui cherche à comprendre et prendre soin de Konatsu, Yakumo qui ose enfin affirmer sa relation ambiguë avec elle et semble plus apaisé, ou Konatsu elle-même qui s'adoucit et ose parler de ses peurs. C'est une nouvelle vie à trois, puis à quatre, avec l'arrivée inattendue d'un bébé, qui va s'engager entre eux et c'est superbe !



Tout le travail de l'autrice sur les émotions complexes de ce trio est incroyable. Elle arrive à parler avec subtilité et sans le moindre jugement des choix plus que douteux de plusieurs de ses personnages, que ce soient les parents de Konatsu ou cette dernière. On ressent toujours beaucoup d'émotions face à eux. On a mal pour eux, on est triste de ce que la vie leur a réservé. Mais c'est aussi touchant de les voir peu à peu changer au contact de la bonne personne et l'écriture de Konatsu est très intéressante en cela car elle passe d'enfant rayonnante, à ado - femme revêche, pour s'attendrir à nouveau petit à petit et retrouver la lumière depuis qu'elle est mère. Yotaru n'y est pas pour rien. Cet ancien yakuza qui se reproche tant son passé ne porte du cou aucun jugement sur celui des autres et est ultra ouvert d'esprit, c'est ce qui lui permet de s'adapter si bien à ce nouvel environnement.



Et quand est-il du rakugo au milieu de tout ça ? J'apprécie de plus en plus d'en lire des extraits à travers les pièces jouées. Il faut dire que l'autrice arrive à retranscrire à merveille les multiples expressions nécessaires chez les acteurs pour les jouer, ainsi que les différents styles que chacun adopte. C'est fascinant. La dernière scène où elle ressuscite Sukeroku est magique, par exemple ! Mais elle ne se contente pas que de ça, elle évoque aussi avec passion et réalisme l'évolution de cet art, son histoire, son actualité et son devenir en danger. Elle le confronte avec le manzai, cet art plus moderne qui vise à le remplacer en s'adaptant à un public plus versatile. Mais elle ne renonce pas non plus, comme ses héros, à lui redonner ses lettres de noblesse en le modernisant. Elle appelle alors Yotaro à trouver son propre style et à écrire ses propres pièces. Est-ce qu'il y parviendra ? Seul l'avenir nous le dira.



Dans ce nouveau tome déchirant mais lumineux,  Haruko Kumota a encore réussi le tour de force de me séduire avec une histoire et des personnages que je ne pensais jamais autant apprécier au début. La dramaturgie de sa mise en scène, qui comporte de véritables coups de génie sur certaines planches (fin du récit de leur passé, nomination du nouveau Sukeroku...), ainsi que son travail tout en nuances et subtilité des personnages, tout comme son traitement réaliste et fascinant du rakugo me passionnent et font de ce titre un quasi coup de coeur au fil des tomes !
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La Grande Traversée

C'est l'histoire de Majimé, jeune, timide, un peu solitaire qui se retrouve embarqué dans la rédaction d'un dictionnaire ; épopée qui s'étale sur plusieurs années.

Le style rend parfaitement l'atmosphère feutrée, silencieuse et douce.

Les personnages sont insolites et attachants par leur singularité.

Nous sommes transportés dans une ambiance délicate où l'on prend son temps.

Un vrai plaisir de lecture.
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Le Rakugo à la vie à la mort, tome 1

Pour être tout à fait honnête, j'avais déjà découvert le titre il y a quelques années en anglais grâce au forum de mangaverse où on en avait fait une très belle pub. Je n'avais cependant pas pleinement apprécié le titre et je n'avais jamais continué. Or, avec l'édition française portée par un vrai conteur de Rakugo qui s'en est fait le traducteur ici, j'ai eu envie de redonner sa chance au titre et j'ai eu raison.



Dans un style proche des déesses du josei que sont pour moi Yûki Kodama (Kids on the slope), Akiko Higashimura (Le Tigre des Neiges, Tokyo Girls Tarareba...) et Natsume Ono (Ristorante Paradisio, Gente...), Haruko Kumota a fait le parti pris pas facile à assumer de mettre en scène un pan très particulier de la culture japonaise : le stand-up humoristique sur fond d'histoires se déroulant pendant l'ère Edo, ce qu'on appelle plus simplement le Rakugo. Cet art, je ne le connaissais pas, et je le pensais assez hermétique. Pourtant, elle le porte ici en étendard dans une histoire qui va bien plus loin que la promotion de cet art.



La première fois que j'avais lu cette oeuvre, je lui avais trouvé tout plein de qualités que je lui retrouve encore, dans sa narration, ses personnages, sa facilité à allier récits tranche de vie et polar historique, etc. Mais je n'avais rien compris au Rakugo et ça m'avait même prodigieusement ennuyée. Avec la superbe traduction de Cyril Coppini et surtout sa postface qui explique son parcours et son rapport à cet art, j'ai complètement changé d'avis. Alors je vous invite à faire comme moi et à la lire avant pour vraiment vous immerger dans cet art si particulier !



La saga, regroupée ici dans des volumes doubles, met en scène dans les années 60, un jeune ex-yakuza qui sort de prison et va demander à devenir le disciple d'un grand maître de Rakugo qui le fascine. A la surprise générale, celui-ci qui n'a jamais pris de disciple avant, accepte. Va commencer alors leur vie de maître et de disciple en compagnie de la fille du meilleur ami décédé du maitre, qui était lui aussi un grand artiste dans ce domaine.



Dans un premier temps, l'histoire se veut assez classique. L'autrice nous fait découvrir cet art, son fonctionnement, assez complexe pour la néophyte que je suis, je l'avoue, heureusement qu'il y a des aides à la fin et tout au long grâce aux notes explicatives. Cependant ce train train ronronnant n'est pas désagréable. Il permet de s'installer dans la drôle de dynamique qui régit l'entourage de Maître Yakumo, un homme aussi charismatique qu'il est mystérieux.



Cependant, le titre prend vraiment toute son ampleur quand la jeune fille qu'il élève, Konatsu, l'accuse de la mort de son père, qui était tout autant son meilleur ami que son rival. On comprend alors la relation ambigüe qui relie les deux et surtout l'ambiance étrange qu'il y avait dans leur demeure. Le récit va alors prendre une trajectoire entre le récit de vie et le polar, le doute s'installant sur la relation qui unissait Yakumo à Sukeroku.



Haruko Kumota n'a alors pas son semblable pour croquer les émotions très particulières qui occupent nos héros. On se délecte de l'apprentissage de Kyoki, sa joie de vivre, sa drôlesse et sa grande naïveté malgré ce qu'il a vécu, ainsi que de sa passion pour chaque maître qu'il croise, tandis qu'il cherche son style. On ne peut que resté scotché devant la classe et la grande maîtrise de Maître Yakumo, mais il a aussi une froideur qui peut faire froid dans le dos et on ne sait jamais sur quel pied danser avec lui. Il est très secret. Vient ensuite Konatsu, cette jeune fille à fleur de peau, à qui son père manque énormément et qui regrette de ne pas pouvoir monter sur scène à son tour car elle est une fille et le Rakugo est interprété uniquement par des hommes. Tout cela crée un vrai maelström d'émotions qui nous emporte fugacement au fil des pages. 



La lecture est dense. J'ai dû m'y reprendre à plusieurs fois, faire des pauses, entrecouper avec d'autres choses, pour digérer tout ça, mais j'y suis toujours revenu avec le plaisir de retrouver des personnages appréciés et un univers qui me fascinait. L'autrice fait en sorte de nous plonger progressivement dans cet univers. Elle trouve le bon équilibre entre drame, humour et mystère, alternant les chapitres introductifs, développant l'histoire ou revenant sur le passé des personnages. C'est extrêmement bien écrit. Elle rend aussi bien hommage à cet art passé méconnu qu'elle bâtit une histoire autour de ses personnages. C'est très plaisant.



Son trait épuré, offre une grande liberté dans la narration et une belle respiration entre chaque case qui fait du bien dans un récit aussi dense en émotions et événements. J'adore sa façon de planter le décor quand les héros montent sur scène. On les écoute alors religieusement, tout comme on rit quand ils sont drôles. Elle a d'ailleurs une belle palette d'expressions, allant du vieux beau hyper classe, au jeune idiot, en passant par le type mystérieux ou le satire. Elle croque aussi bien les vieux que les jeunes, les chevelus que les chauves, les hommes que les femmes, les riches que les loqueteux, le temps d'après guerre que d'avant guerre. Et il se dégage vraiment quelque chose quand l'esprit de Sukeroku est invoqué, c'est quasi mystique !



Même si ce n'est pas un titre simple à appréhender, j'ai vraiment ressenti quelque chose de fort à sa lecture. J'ai adoré découvrir cet art inconnu pour moi, ses codes et ses histoires. Je me suis rapidement attachée aux personnages, à leur passé et à leur présent. Mais surtout, j'ai été soufflée par le talent de conteuse de l'autrice, qui parvient à jouer sur de nombreux registres, mais toujours avec une vive émotion qui m'a rendu à fleur de peau. C'est une très très belle découverte. Merci au Lézard noir d'avoir osé le pari !
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La Grande Traversée

J'ai beaucoup aimé ce roman. Les personnage sont extrêmement attachants malgré leur apparente inadéquation dans le monde qui les entoure. Ils ont cependant trouvé LEUR place dans cette maison d'édition, au service des dictionnaires.

Le projet : écrire un nouveau dictionnaire qui fera sa marque dans l"histoire des dictionnaires. Un travail étonnant sur la langue et les significations des mots.

Passionnant.
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La Grande Traversée

La grande traversée porte bien son nom. Ma lecture a été une grande traversée, mais pas dans le bon sens du terme.



Tout était là pour me plaire. De la littérature japonaise, un personnage logophile, de la linguistique, la création d'un dictionnaire, des jolies phrases oniriques et malgré tout cela, je me suis endormi durant la traversée. Zzz. J’avais pourtant cru que cela me plairait, mais non. Mon voyage a été soporifique même si je suis arrivé à bon port.



Même si je suis habitué au rythme lent de la littérature japonaise et que j'en suis assez friand, je me suis littéralement assoupi durant cette grande traversée. C'est long, c'est lent et le personnage principal semble littéralement avoir deux de tension. Même l'écriture de cet avis me donne une irrépressible envie de piquer du nez.



C'est fort regrettable, car j'avais fondé beaucoup d'espoir. Comme quoi, on ne peut pas toujours être sensible à tout.
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La Grande Traversée

S'il y a bien un livre qui ne fait pas rêver, c'est le dictionnaire. Lourd, épais, c'est souvent lui qui prend la poussière sur nos étagères. Et pourtant, après avoir lu La Grande Traversée, j'aurais presque envie de m'y plonger !



Dans ce roman, nos personnages ont un grand projet : éditer le plus grand dictionnaire de tous les temps. Mais là n'est pas chose facile, parce qu'un dictionnaire, c'est le témoignage d'une langue et de son évolution. C'est ce qui donne sens aux mots que l'on utilise chaque jour, ce qui nous permet de nous exprimer, échanger, transmettre...

 

Donc pour réaliser un tel projet, il faut trouver les bons rédacteurs, des gens suffisamment fous et passionnés pour se donner corps et âme dans la redéfinition de tous les mots d'une langue... Et il faut croire que ces gens existent (merci à eux !). Ils sont ici représentés par Majimé, Araki et le professeur Matsumoto, trois générations d'hommes à la fois sérieux et excentriques, prêts à tout pour offrir la plus belle traversée sur la mer des mots.



Mais finalement ce ne sont pas tant les personnages qui sont intéressants, mais leur travail d'édition. De la rédaction des définitions, à la mise en page, au choix du papier, il y a énormément de choses qui rentrent en jeu pour offrir la meilleure version possible. Il faut que le livre soit complet, mais pas trop surchargé, agréable à feuilleter, suffisamment opaque pour bien lire mais assez fin pour apporter un maximum de légèreté... Rien n'est laissé de côté.

 

Le seul bémol ? L'histoire d'amour en second plan, que j'ai trouvé vraiment niaise et sans intérêt. C'est le coup de foudre cliché de l'intello qui tombe pour la jolie voisine qui va redonner sens à sa vie. Mais la définition de l'amour je la cherche encore...
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Le Rakugo à la vie à la mort, tome 1

Tokyo, années 60. Le jeune Yotaro sort tout juste de prison, un seul objectif en tête : devenir l'apprenti du grand maître de rakugo Yakumo. Sans attache, sans le sous, avec pour seuls atouts sa spontanéité et son amour pour le rakugo, Yotaro rencontre Yakumo et le supplie. A la surprise générale, le maître accepte.



Commence alors l'apprentissage un peu bancal du jeune homme aux côtés de Konatsu, la fille de l'ancien ami et rivale de Yakumo. Le maître souhaite-t-il sincèrement transmettre son art ou Yotaro lui a-t-il rappelé quelqu'un ?



Dans ce premier volume, le mangaka nous offre une belle entrée dans l'univers du rakugo, art traditionnel japonais consistant à conter des histoires en prenant des intonations et des postures selon les personnages incarnés. Plus Yotaro progresse dans le milieu du rakugo, plus nous découvrons des termes propres à la pratique, des histoires racontées et des particularités historiques. Haruko Kumota ne se contente pas d'un beau fond. La personnalité de ses personnages, leurs passés secrets, leurs motivations sont extrêmement bien amenés. Le loyal Yotaro, l'énigmatique Yakumo, Konatsu que l'on sent torturé par la mort de son père, Sukeroku, tout aussi mystérieux.



Le manga, constitué des deux premiers volumes originaux, se déguste lentement de par la quantité d'informations présentes dans les pages et se révèle une très belle découverte ! La mise en place de l'histoire, la relation particulière de Yakumo et Sukeroku, l'ambiance particulière lors des représentations de rakugo, tout est parfaitement rythmé et les personnages se complètent.



Enfin, un mot pour le traducteur, lui-même pratiquant du rakugo. Et ça se sent ! La traduction nous emmène parfaitement dans le manga et la connaissance de cet art ainsi que le respect se ressentent parfaitement.



Encore une très belle série qui commence au Lezard Noir !
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