Ou la saga d'un livre. Pas n'importe quel livre, un lauréat du Prix Nobel 1958 et l'inspiration d'un des 10 plus grands succès du grand écran :
"Le Docteur Jivago" de Boris Pasternak (1890-1960).
Je savais que la publication de ce roman n'avait pas été particulièrement simple par la lecture d'un ouvrage par le fils de l'homme italien qui en a été, en fait, à l'origine, Giangiacomo Feltrinelli. La famille Feltrinelli appartient avec les Agnelli de Fiat et les Motta des "gelati" aux familles les plus fortunées d'Italie. Giangiacomo (1926-1972) a été cependant communiste convaincu et a comme éditeur réussit à importer le manuscrit du chef-d'oeuvre de Pasternak chez lui, en Italie, et l'y publier comme primeur au monde.
Les Russes devront attendre l'arrivée de Gorbatchev et sa perestroïka pour pouvoir lire, en 1985 finalement, ce monument de la littérature russe en leur propre langue.
Pour plus de détails, je me permets de vous renvoyer à ma critique du 25 mai 2017 du livre de Carlo Feltrinelli "Senior Service".
La lecture de ce livre a fait que j'ai mis l'ouvrage de Lara Prescott dans ma pile de livres à lire, où il est resté trop longtemps.
J'avoue volontiers que j'ai eu tort, car l'auteure ajoute au volet italien de la saga, une dimension politique étonnante et une triple histoire d'amour.
À travers son héroïne Irina Drozdova, une simple dactylo à la CIA d'origine russe, mais née aux États-Unis, l'auteure fait figurer l'oeuvre de Pasternak comme une arme de l'Occident contre l'URSS, qui considérait certains passages du docteur Jivago absolument inadmissibles et foncièrement contraires aux réalisations merveilleuses de la révolution bolchevique.
Si Irina, nom de code Nancy, est un personnage fictif, parmi les gens qui l'entourent dans le récit il y a des personnages qui ont vraiment existé, tel Teddy, en réalité Richard Helms (1913-2002), directeur de la CIA de 1966 à 1973 et ambassadeur en Iran de 1973 à 1976, et Frank Wisner (1909-1965), directeur à la planification de la CIA de 1951 à 1959.
J'ai bien aimé la façon dont ces braves gens de l'agence de sécurité américaine s'y sont concrètement pris pour duper leurs adversaires du KGB, selon Prescott. À cet égard, la distribution d'exemplaires du roman en russe à des citoyens russes par une Irina déguisée en bonne soeur catholique lors de l'Exposition universelle à Bruxelles de 1958 constitue un moment fort du roman.
Sur cette aventure d'espionnage en pleine guerre froide, se greffent 3 histoires romantiques : la liaison entre Irina et Teddy, entre Irina et sa séduisante collègue Sally Forrester et surtout le grand amour entre Boris Pasternak et sa muse, Olga Ivinskaïa (1912-1995), qui a inspiré le personnage de Lara dans le chef-d'oeuvre littéraire du maître. Rôle interprété à l'écran par Julie Christie à côté d'un Omar Sharif comme docteur Youri Jivago et Géraldine Chaplin comme Tania Jivago dans la version cinématographique mémorable de David Lean de 1965.
Je signale que la fille de cette Olga, Irina Emélianova (née en 1938), qui ai été envoyée au Goulag avec sa mère pour "trafic de devises" - ces devises étant les droits d'auteur que Feltrinelli avait clandestinement payés à sa mère - a écrit d'intéressants mémoires : "Légendes de la rue Potapov" parus en 2002.
Lara Prescott, au beau prénom, a réalisé avec cet ouvrage une prouesse : un roman passionnant dans un cadre géographique et historique authentique, superbement documenté avec des personnages convaincants et attachants. Un exploit d'autant plus impressionnant qu'il s'agit d'une première oeuvre.
Grâce à cette performance, j'ai terminé l'année 2022 en beauté.
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Nous sommes dans les années cinquante en pleine guerre froide. le monde est partagé en deux blocs : l'Est sort de l'ère Staline mais n'a pas encore gagné sa liberté, les goulags sont toujours la villégiature des opposants au régime ; l'Ouest dans l'euphorie de l'après-guerre fait l'apprentissage de la liberté au rythme du jazz qui gagne l'Europe avec son swing enjôleur. Boris Pasternak vient de mettre le point final à son roman phare, le docteur Jivago. Se pose alors à lui le problème de le faire éditer. le régime soviétique décrète l'ouvrage sacrilège à l'idéologie socialiste et son auteur de facto ennemi du peuple.
Boris Pasternak voit quant à lui dans son ouvrage sa chance de perpétuation au-delà des querelles politiques et du clivage majeur qu'il induit. Un éditeur italien lui propose de le faire paraître à l'Ouest, Pasternak accepte quel que soit le sort qui lui sera réservé par le régime présidé alors par Khrouchtchev dont le sourire à la tribune n'est pas encore celui de la détente.
Lara Prescott a organisé son ouvrage à l'imitation du monde d'alors, CIA, qu'on ne présente plus, contre NKVD, le commissariat du peuple aux affaires intérieures de l'URSS. Par chapitre alterné le lecteur est seul habilité à franchir le rideau de fer pour d'un côté jouir de la légèreté occidentale ou de l'autre frémir sous la chape de plomb du régime communiste.
Le concept m'avait tenté lorsque j'ai trouvé cet ouvrage sur l'étal du libraire. Sa lecture m'a été moins heureuse. Autant l'événement de la parution de cet ouvrage, qui avec le reste de son oeuvre a valu à Pasternak l'attribution du prix Nobel de littérature en 1958, est passionnante, autant l'approche qu'en fait l'auteure vue du côté occidental est assommante.
Dans le pool de dactylos de son agence américaine la CIA sélectionne parfois quelques-unes de ses agents féminins. C'est là que la sévérité du sujet choisi par Lara Prescott s'enlise dans les futilités de la vie quotidienne. Des pages, des chapitres entiers évoquent les péripéties sentimentales de ces dames avec tout ce que cela comporte d'efforts de séduction, de tergiversation devant la garde-robe, de minauderies, jalousies et autres ragots entre concurrentes. le contraste est peut-être voulu pour opposer des modes de vie aux antipodes l'un de l'autre, mais le résultat est que l'Est avec l'histoire de Pasternak et son éditrice et amante est captivante alors que les efforts de la CIA pour récupérer l'ouvrage original et le faire diffuser en URSS souffrent de chapitres entiers qui éloignent du sujet et plombent l'ouvrage à mes yeux. Même si l'écriture reste agréable, j'ai souffert des longueurs que provoquent la description détaillée des futilités de la vie quotidienne comme savent si bien le faire nos amis américains dont la spontanéité les pousse aux épanchements.
Le Docteur Jivago a été autorisé en URSS en 1985, vingt-cinq ans après la disparition de son auteur. le prix Nobel de littérature qu'il s'était vu contraint de refuser a pu alors être reçu par son fils. Boris Pasternak a réussi à titre posthume le défi qu'il s'était lancé de faire paraître cet ouvrage. Il savait qu'il serait sa seule chance de survivre à sa propre mort, sous les yeux de millions de lecteurs qui l'ont lu et le lisent encore. Mais au final, la seule qui ait eu à pâtir de cette aventure littéraire est sa chère éditrice Olga Vsevolodovna Ivinskaïa. Son amour et sa fidélité pour Pasternak lui valurent deux séjours au goulag. Une pensée pour elle aussi, disparue en 1995. Cet ouvrage est aussi un hommage à ces femmes courageuses. C'est un autre bon point à son actif, et non le moindre.
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Deux histoires entremêlées : Olga, la maitresse de Boris Pasternak, est arrêtée à Moscou et envoyée au goulag pour faire pression sur l'écrivain. Irina, une américaine d'origine russe est repérée par la CIA et embauchée, puis formée comme espionne. C'est Sally qui va la former à ses missions. Un livre, le docteur Jivago scelle leur destin, arme de propagande pour les américains ou acte de rébellion pour les soviétiques: Un livre pour changer le monde.
C'était une lecture intéressante et instructif à la fois. On découvre le destin extraordinaire de ce livre en même tant que les différents portraits de femmes. Elles se révèlent d'une telle force face aux hommes, à la politique ou aux manigances qui les mettent à l'épreuve.
Lara Prescott signe un roman passionnant dans la Russie de Pasternak, bien documenté avec des personnages feminins convaincants et attachants. Seul petit bémol à ma lecture, j'aurai aimé plus de rythme et d'action.
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Un livre sous forme de multiples miroirs d'une réalité bien cachée. L'alternance Est / Ouest fonctionne très bien, ainsi que le changement quasi permanent de narrateur (de narratrices en fait). C'est bien sur une histoire romancée, mais qui se construit sur une base réelle très surprenante. Et bien sur après cela, on a envie de (re)lire Docteur Jivago.
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Le Docteur Jivago, roman culte qui valut à son auteur Boris Pasternak, le prix Nobel de littérature.
Pourtant, ce livre aurait pu ne jamais passer à l'ouest, censuré par les autorités soviétiques, non publié et oublié.
Pourtant, sa chance vint notamment d'un éditeur italien mais également d'un programme de la CIA finançant les œuvres pouvant servir à la propagande anti-soviétique.
Lara Prescott part de cette base historique, pour combler les blancs en mettant en scène trois femmes. L'une d'elle, Olga Vsevolodovna est la muse de Pasternak. Une maîtresse dans l'ombre de l'épouse officielle, payant le prix fort son amour pour l'écrivain russe.
Sally Forester, est un moineau de l'Agence, une femme usant de ses charmes pour soutirer des informations.
Irina, enfin, débute sa carrière au sein des services secrets, officiellement comme dactylo mais officieusement pour bien d'autres missions.
Ce roman met en lumière un aspect souvent moins étudié de la guerre froide : celui de la propagande. La diffusion en URSS du Docteur Jivago n'étant qu'une manœuvre afin de déstabiliser le régime ennemi. Malheureusement, dans ce genre de combats, malgré l'absence de bombes, les victimes collatérales ne sont que les pièces d'un jeu les dépassant.
Le destin d'Olga apparaît comme poignant. Elle sera condamnée à deux peines de plusieurs années au Goulag, punition liée à ses liens avec Pasternak.
Si j'ai été moins séduite par le destin d'Irina et de Sally, j'avoue avoir néanmoins en appris beaucoup sur le rôle des femmes au sein des services secrets à cette époque avec son cortège de mysoginie et de plafond de verre.
C'est un roman agréable, sans longueurs qui donne envie de découvrir le Docteur Jivago.
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Un roman à plusieurs voix : chaque chapitre donne la parole à l'un des personnages, Olga, Irina, Sally. Sauf Boris Pasternak !
La lecture n'en est pas désagréable, mais s'insinue peu à peu en moi l'impression de perdre mon temps.
Les discussions des secrétaires ne présentent aucun intérêt ; pourquoi suivre les "péripéties" des agents secrets aux Etats-Unis où ils ne risquent guère alors que le danger bien réel celui-là est à l'Est ?
En définitive ce roman m'a surtout donné envie de lire un livre d'historien sur cette affaire Jivago (ou secondairement sur la répression des homosexuels aux Etats-Unis dans les années 1950/60).
Somme toute, une lecture inutile.
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Un coup de coeur pour ce roman en constellation, dont l'épicentre serait l'oeuvre de Boris Pasternak, l'auteur russe du "Docteur Jivago". Le sujet pourrait paraître désuet, le contexte de la guerre froide dans lequel il prend place un peu trop lointain. Et pourtant, Lara PRESCOTT nous offre un roman choral très habilement construit, mêlant des personnages historiques, comme Pasternak et sa muse Olga Ivinskaïa, à des personnages de fiction; s'appuyant sur les faits de l'époque, extrêmement bien documentés, pour aboutir à un roman très construit qui sait maintenir l'intérêt du lecteur. Le récit est d'une richesse passionnante, autant par la période historique que par les personnages qui ne peuvent qu'inspirer l'envie de se plonger dans leur biographie.
La place centrale est bien sûr octroyée au roman "Le Docteur Jivago", qui nécessita à Pasternak une dizaine d'années d'écriture, de 1945 jusqu'à sa parution (interdite en URSS) par les éditions italiennes Feltrinelli en 1957. Pourquoi ce chef-d'œuvre russe sert-il de clé de voûte au roman contemporain de Lara PRESCOTT?
• Parce que tout d'abord, il nous replonge dans le contexte d'une âpre guerre froide, où tous les moyens sont bons pour l'emporter sur son adversaire. Les blocs Est/ Ouest s'affrontent politiquement, mais aussi culturellement. Un roman, un tant soit peu critique envers le régime soviétique, peut alors se révéler être une véritable traînée de poudre, un outil de contre-propagande redoutable.
Il ne faut pas perdre de vue que le combat idéologique que se livraient ces deux grands blocs se concevait non pas à l'échelle d'un simple état ou pays, mais bien dans une perspective mondiale. D'où l'intérêt pour les uns et le risque pour les autres, d'un récit discréditant la révolution russe, d'autant plus "habillé" de façon romanesque, donc attrayant pour le plus grand nombre.
Si "Le Docteur Jivago" reste pour beaucoup une mythique histoire d'amour tragique, Pasternak y brosse aussi un tableau du passage de l'Empire russe à l'Union des républiques socialistes soviétiques et décrit la terrible guerre civile russe qui martyrisa sa population. Pasternak est un poète, profondément amoureux de son pays, mais son "Docteur Jivago" ne fait pas l'éloge du régime soviétique, ce qui est impensable pour l'URSS de Khrouchtchev!
C'est ainsi que Lara PRESCOTT nous fait entrer dans la grande Histoire, puisque la CIA favorisa grandement la diffusion du roman traduit en Europe, puis son introduction illégale, dans sa langue originelle, en URSS ! Au point que certains qualifieront la CIA d'agent littéraire de Boris Pasternak!
"Nos secrets trop bien gardés" nous immerge totalement dans une guerre idéologique, où Pasternak et son œuvre seront utilisés comme des pions. Cette lutte d'idéologie malmera jusqu'à parfois broyer les personnages, réels ou fictifs qui interviennent aussi bien à l'Est qu'à l'Ouest.
• Car en effet, quel lien entre Pasternak dans sa datcha de Peredelkino et une jeune américaine, embauchée comme dactylo à Washington ?
C'est toute l'adresse et le talent de Lara Prescott d'avoir su, tout au long des 500 pages de ce roman, nous faire naviguer sur la période des années 1950, entre différents personnages, que rien n'aurait dû relier entre eux. Entre elles, pour être plus exacte, car l'auteur met en exergue des personnages féminins, de véritables héroïnes de l'ombre.
A commencer par,Olga Ivinskaïa, la muse, l'amante et compagne de Pasternak (bien que ce dernier soit alors marié à sa seconde épouse). Certainement la figure la plus flamboyante de ce roman, pleine de vie, d'amour, mais tellement tragique, au passé déjà si douloureux lorsqu'elle rencontre Pasternak, et incarnant l'héroïne sacrificielle. Car elle va inspirer et ré- insuffler une énergie créative à un Pasternak mis alors au banc du régime soviétique. Et alors que celui-ci sera très surveillé (et pourtant intouchable, protégé par Staline qui révérait sa poésie), c'est Olga qui fera les frais d'une répression, visant initialement Pasternak... L'héroïne est sublime. Elle assume le rôle de la maîtresse, femme de l'ombre. Elle subit le goulag. Elle supporte la peur perpétuelle d'un pouvoir constamment menaçant. Elle brave tout par amour pour un homme adoré, et par conviction contre un régime qui lui a tant pris.
À l'Ouest, au "pays de la liberté", on s'attend donc à des héroïnes à contrario vivant pleinement leur indépendance, au pays de la liberté d'expression, dans un contexte où sont valorisés l'American way of life et l'accession des femmes au monde du travail, plutôt que d'être contingentées à la maison. Or, là encore, si nos héroïnes ont eu l'audace de croire à cette liberté, elles déchanteront amèrement. Aux Etats Unis, la liberté, les rêves de réussite, les postes à responsabilité sont réservés au monde masculin. Le groupe de dactylos évoluant dans les bureaux de la CIA sont l'incarnation de ce"second rôle"... La seule figure de proue féminine qui ait le droit de revendiquer "La Liberté" chez l'oncle Sam, c'est la statue!
Dans sa narration très documentée des agissements de la CIA pour utiliser le roman de Pasternak contre l'URSS, Lara Prescott introduit des personnages fictifs mais tout à fait réalistes et crédibles. À commencer par Irina, jeune femme née aux USA, dont les parents ont tenté de fuir l'URSS, mais dont seule la mère, enceinte, y sera parvenue. S on père ayant été arrêté par les autorités russes alors qu'il s'apprêtait à monter sur le bateau... Elle décrit avec délicatesse la figure des déracinées, courageuses, n'ayant pas grand chose mais s'en contentant avec la forte humilité de ceux qui pensent avoir obtenu la chance d'une vie meilleure. Alors recrutée comme dactylo au sein de l'ancienne OSS (Office of Strategic Services), Irina comprendra vite qu'elle a surtout été repérée pour œuvrer comme agent secret, dont la loyauté ne reposera pas exclusivement sur l'amour de la patrie, mais qui trouvera un ciment profond dans la colère et le sentiment d'injustice envers son pays d'origine.
La formation d'Irina, pour ses missions officieuses notamment pour propager le roman "Le Docteur Jivago", sera confiée à Sally, femme élégante, alerte, maîtrisant habilement le rôle de la "parfaite agente secrète". Mais si l'institution de la CIA n'hésite pas à faire appel aux femmes, elles n'en restent pas moins des pions, que l'on manipule à l'envi. Quitte à les jeter. Pays qui valorise la valeur de liberté, mais pays qui laisse la portion congrue à celles qui pourtant, héroïnes de l'ombre, se sacrifient; pays qui jette l'opprobre sur des amours jugées interdites, qui broient les individus et les vies si l'on ne souscrit pas à sa version jugée morale, de ce côté-ci de l'océan...
Ma critique est longue, mais il y a tant à dire sur ce roman ! Je salue le travail immense de Lara Prescott, sur la guerre froide, sur les stratégies utilisées par la CIA, sur le monde de l'espionnage, sur la politique de répression de l'URSS et ses monstrueux goulags, sur la lumineuse Olga Ivinskaïa, sur l'auteur Boris Pasternak et son œuvre, ses déboires avec le régime soviétique... Je suis admirative du travail de recherche qu'elle a fourni pour l'écriture de son premier roman (les sources documentaires sont indiquées en fin de roman et sont très conséquentes !), très clairement une réussite à la hauteur du défi que représentait un récit s'appuyant sur l'Histoire, tout en y mêlant des vies intimes.
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Grosse déception à la lecture de ce livre dont j'attendais manifestement beaucoup plus. Il m'a fallu un temps fou pour le lire... signe que je n'accrochais vraiment pas. J'ai toutefois voulu aller au bout... attendant un épilogue qui relèverait le niveau... Et pour cause, l'idée de départ était plutôt intéressante, mais je me suis vraiment ennuyée. J'attendais mieux, j'attendais plus. On se perd dans les différents narrateurs...On s'attend à quelque rebondissements, et puis, non rien de palpitant... Certes, sont évoqués les camps de redressement à l'Est, les amours homosexuelles de 2 personnages, les rôles "d'espionnes" de quelques-unes (potiches de service je dirais), mais cela reste quand même d'une naïveté confondante et très conservateur.
Et en plus, je ne trouve pas ça bien écrit. Donc, sans doute une critique qui dénotera du reste, mais une critique de j'assume. Je regrette même de l'avoir conseillé sur ma page dédiée à mes partages de lecture !
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Nos secrets trop bien gardés, Lara Prescott
« La note de service interne initiale décrivait le Docteur Jivago comme l’œuvre littéraire la plus hérétique écrite par un auteur soviétique depuis la mort de Staline (…)
Ce n’était pas juste un livre, mais une arme, une arme que l’Agence voulait se procurer et renvoyer clandestinement derrière le rideau de fer pour réveiller l’esprit des citoyens soviétiques. »
Voilà l’histoire de ce roman…
A Moscou, Boris Pasternak se bat pour voir l’œuvre de sa vie publiée. Mais dans la Russie de la guerre froide, publier le Docteur Jivago est considéré comme un livre subversif.
A Washington, la CIA recrute des dactylos, dont certaines deviendront des agents infiltrés, voir des « moineaux ».
Passant de l’Est à l’Ouest, ce roman retrace le parcours du Docteur Jivago, de la fin de son écriture à sa parution en Italie puis dans le reste du monde. Il a fallu un courage sans failles et beaucoup de persévérance pour que le roman de Pasternak soit connu et célébré comme il se doit.
Si je n’ai pas toujours aimé passer d’un narrateur à l’autre, l’histoire de fond de ce roman est vraiment bien ficelée et fort intéressante. Que j’aime le docteur Jivago et qu’il m’a été agréable de découvrir l’histoire de ce grand roman. Ces femmes de l’ombre : Olga, la muse et maîtresse de Pasternak, Irina, la dactylo ou Sally, le moineau de l’OSS sont des femmes de courage, que Lara Prescott a su faire connaître au grand public !
Un bon moment de lecture !
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La guerre mondiale est du passé, et le monde s'enfonce dans la guerre froide. Les deux blocs s'affrontent sur tous les terrains, y compris celui de la littérature! Et oui, car Nos secrets trop bien gardés tourne, entre autre, autour de l'idée de la CIA de ré-introduire en URSS le roman de Boris Pasternak, qui n'a été publié qu'à l'étranger, et interdit dans son propre pays, car considéré comme anti-soviétique. Les histoires se mêlent dans ce roman chorale; la muse et maîtresse de Pasternak, la pauvre Olga qui a vraiment existé et que les soviets ont envoyé au goulag à sa place à lui, mais aussi la jeune Irina, née aux USA mais d'origine russe, et la brillante, et Sally, qui comme beaucoup de femmes ayant joué un rôle d'agent pendant la guerre se voit uniquement proposer de jouer la réceptionniste, pendant que les hommes qui tenaient le même rôle qu'elle pendant le conflit ont des titres ronflants et des bureaux à eux.
C'est une histoire d'espionnage, de littérature, mais aussi une histoire d'amour tragique, entre Olga et Boris par exemple, car la question dès le début est le choix qu'il fait perpétuellement entre son oeuvre et elle, l'expédiant dans les ennuis à chaque fois qu'il choisit son oeuvre. Et puis une autre histoire d'amour, que je n'ai pas du tout venir et dont je ne vais rien dire ici, parce que ce serait déflorer l'intrigue, mais qui s'est révélé bien plus satisfaisant que Boris/Olga!
Un bon roman, bien construit, assez palpitant.
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Ce roman historique met en scène plusieurs personnages, il évoque plusieurs destins. Chacun d'entre eux est intéressant à suivre, notamment Boris Pasternak (1890-1960) et la femme qu'il aime, Olga Vsevolodovna Ivinskaïa (1912-1995), les conséquences tragiques de la publication de son oeuvre majeure, le docteur Jivago, les dactylos, petites mains, travaillant au sein des services secrets américains, leurs conditions de vie et de travail, les amours féminines … Mais au final , j'aurais préféré ne voir traiter qu'un des aspects évoqués dans ce livre, plus intensément, l'histoire de chacun aurait gagné en profondeur , en témoignage historique . Laura Prescott indique , à la fin de son livre, les ouvrages de référence qui lui ont permis d'écrire cette oeuvre fictive, je puiserai dans sa liste pour en savoir plus sur ces pans d'histoire contemporaine (notamment l'autobiographie d'Olga " Otage de l'éternité : mes années avec Pasternak")
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Il est des souvenirs qui se cristallisent dans le temps et dans la rétine.
Ma visite, il y a des années de cela, de la maison de Boris Pasternak à Peredelkino fait partie de ces souvenirs. Je me souviens avec quelle émotion, je suis rentrée dans la maison contemplant cette rotonde faite de baies vitrées donnant sur les bouleaux. J'imaginais sans peine cet homme, une véritable légende russe, écrire à son bureau. Le renvoi à une scène du film: Docteur Jivago était immédiat, celle où Youri se met à son bureau pour écrire un poème à Lara dans la maison de Varykino, où il a trouvé refuge.
C'est pour toutes ces souvenirs que j'ai eu envie de lire: Nos secrets trop bien gardés.
Le roman se déroule en deux univers bien distincts: L'est et l'ouest dans les années 50 qui plongent le monde dans la Guerre froide et ce Rideau de fer infranchissable dans les deux sens.
J'ai appris quantité de choses, à commencer par l'existence de la maîtresse de Pasternak mais je préférerais utiliser le terme plus approprié du grand amour de Pasternak. Celle qui sera sa muse, cette Lara du docteur Jivago.Elle est sans aucun doute belle et lumineuse, courageuse comme l'héroïne de Jivago. C'est elle qui va payer un lourd tribut au succès de ce roman, déportée trois ans au goulag et encore persécutée à la mort de Pasternak.
Un autre aspect du roman qui m'a beaucoup touché a été de découvrir la mentalité et la propagande orchestrée par l'Amérique pour se servir d'un livre comme une arme. L'idée très ancrée qu'un livre peut avoir le pouvoir de changer le monde.
Je ne peux que vous conseiller ce livre, surtout pour tous ceux que l'Histoire passionne.
Quant à moi, je dédie cette lecture à Olga et Sacha, mes amis russes qui m'ont emmenés visiter la maison de Pasternak. Un souvenir que je chéris encore plus de vingt cinq ans après.
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Style très décevant, bcp trop d’A/R entre les époques, Descriptions des espionnes assimilées à des potiches, Détournement insipide du roman initial, N’importe quel livre autre que le Dr Jivago aurait pu convenir
Mise en parallèle grotesque de la vie occidentale avec les souffrances du Goulag
Inutile de perdre son temps à terminer ce livre, quel dommage !
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Ce premier roman rend hommage aux femmes qui ont fait partie des services secrets américains (ou quelque soit le pays) et qui ont œuvré dans l’ombre sans qu’on reconnaisse leurs talents. Mais c’est aussi un roman qui parle du roman de Boris Pasternak « Le docteur Jivago ». Et l’on apprend comment le roman a été publié et comment les Américains ont essayé de l’introduire de l’autre côté du Rideau de fer à des fins de propagande. Tous les passages sur le personnage d’Irina ou celui de Sally ne m’ont pas convaincue, par contre j’ai adoré tous ceux qui évoquent le destin du roman, de celui de son auteur et de sa maîtresse.
C’est cette dernière qui a payé le plus chèrement l’écriture de ce roman : comme Boris Pasternak était un écrivain admiré et protégé, le KGB a arrêté et envoyé au goulag Olga la muse, celle qui a inspiré le personnage de Lara, pour « punir » en quelque sorte Pasternak. Staline et ensuite Kroutchev estimaient que le « Docteur Jivago » critiquait la Révolution russe. Quand elle revient et qu’elle reprend sa vie auprès de lui, c’est encore elle qui court chez les éditeurs pour tenter de faire paraître le roman. Pasternak accepte finalement de donner son manuscrit à un éditeur italien qui le diffuse à l’international, ce que le pouvoir ne pardonnera jamais à Pasternak. Il sera exclu du comité des écrivains mais il ne sera jamais arrêté. Après sa mort, Olga et sa fille seront arrêtées et condamnées à 4 ans de prison pour avoir reçu de l’argent correspondant aux ventes. Ne serait-ce que pour cette femme courageuse, je vous conseille de lire ce roman.
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C’est l’histoire d’un livre : « Le Docteur Jivago » et de son auteur : Boris Pasternak. Nous pouvons avoir lu ce roman et avoir vu le film avec Omar Sharif, et pourtant, ce n’est pas ce roman qui est intéressant. Mais l’incroyable histoire qui gravite autour de lui. D’abord, l’époque à laquelle il a été écrit : en pleine guerre froide. Ensuite, la vie amoureuse de Pasternak car sa maîtresse sera, à cause de lui, emprisonnée au goulag. Enfin, la difficulté pour les services secrets américains de s’emparer du manuscrit pour le faire éditer car, bien sûr, l’URSS censure cette œuvre. Donc il faut que le manuscrit de Pasternak franchisse le rideau de fer pour être édité en Occident. Et c’est une incroyable épopée. D’autant qu’une fois édité, il reçoit le prix Nobel. Une chance pour l’auteur ? Non, c’est son arrêt de mort. C'est bouleversant et fort. Un véritable petit chef d’œuvre qui nous révèle qu’un livre a parfois le pouvoir de changer le monde. Et ça c’est le graal.
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Je continue dans mes livres de l'été. A l'occasion d'une promo deux livres achetés un offert (et oui je suis faible !), je suis tombée sur ce livre. J'ai d'abord été attiré par la couverture. Cette femme a l'air mélancolique regardant par la fenêtre le flot de voiture et de passant dans la rue et cette grosse étoile rouge dans laquelle nous pouvons lire le titre, comme si cette étoile symbolisait une frontière.
J'ai finalement pris le livre sans lire la quatrième de couverture.
Dès les premières pages j'ai été happé par l'univers des années 50, je m'imaginais dans ce bureau avec une joli robe et des talons aiguille tapant à la machine. La lecture de ce roman est immersive, j'ai littéralement dévoré le roman.
C'est un roman historique, mais pas seulement, il rend hommage à toute ces femmes qui ont été oublié.
Entre histoire d'amour et femme espionne ce roman m'a transporté dans les méandres des affrontements est/ouest.
J'ai été bouleverser par cette lecture, il m'a manqué un petit quelque chose à la fin pour que se soit un coup de cœur.
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