Laure Conan Un Amour vrai
Aimer une personne pour son apparence, c'est comme aimer un livre pour sa reliure.
La solitude est bonne pour les calmes, pour les forts.
Celui qui se souille d’un mensonge,... toutes les eaux de la terre ne le laveront jamais.
Un coeur patient est un coeur triste.
Faut-il mépriser tout ce qui ne dure pas éternellement ? Ni la verdure, ni les fleurs ne durent toujours. Cependant, qu'elles sont belles et, sans elles, que la terre serait triste, qu'elle serait laide !
Charles était seul à Saint-Jean, son compagnon de mission l'avait quitté depuis deux jours quand, vers le soir du mardi 7 décembre, les Iroquois envahirent tout à coup le village. Les guerriers étaient absents... partis pour aller rencontrer l'ennemi. Ce fut une boucherie épouvantable... des cruautés atroces... Charles aurait pu fuir comme bien d'autres, mais il refusa. La charité le retint... la vue d'une si horrible mort ne le fit pas reculer d'un pas; il se sacrifia pour le salut de ses sauvages. Les Iroquois, réservant pour la captivité ceux qu'ils jugeaient pouvoir les suivre assez vite, faisaient main basse sur tous les autres. Ils attachaient les malades, les enfants, dans les cabanes et y mettaient le feu...
C'est le miracle de l'amour de n'avoir pas besoin de mots pour se comprendre.
J'aurais bien voulu l'étrangler tout à fait, nous disait-il, pendant le pansement, mais à ses bariolages et à ses plumeaux j'avais reconnu un chef, et il fallait racheter cette pauvre petite, - si elle vivait encore.
p. 20
L’avenir m’apparaît noir.
– Laissez faire. Les nuages les plus noirs se dissipent... et un ciel gris est encore un ciel.
– Mais quand le ciel le plus clair ne nous dit plus rien ?
– C’est qu’on ne sait pas le regarder, répliqua-t-elle gravement.
– Peut-être ? Je ne sais plus que me laisser vivre, je redoute l’effort.
M. VAGEMMES – Et vous, madame, n’y croyez-vous pas ?
MME DERMANT – Pourquoi y croirais-je ? Dans ce bas monde, l’homme a l’indépendance, l’autorité, l’action.
M. VAGEMMES – Très vrai. Et pourtant, mesdames, vous tenez entre vos faibles mains l’avenir et l’honneur des nations. Car si vous n’avez pas l’action extérieure, vous en avez une autre, celle qui s’exerce dans le vif et le profond du coeur. Or, les grandes actions, comme les grandes pensées, viennent du coeur.