Quel malheur pour moi ! Dans cette société orale, il faut avoir de l'à-propos sur tout, en tout lieu. Si l'on rencontre un nouvel ami, on se doit de l'intoxiquer avec nos prouesses même si l'on a cassé un vase chez lui récemment. Il faut n'avoir que des amis qui travaillent dans le même secteur que soi, qui peuvent tout faire, qui connaissent tout le monde... Au travail, il faut être sympa. On découvrira assez tôt que vous êtes odieux.
Cette bataille d'élastiques nous avait rapprochés. Nous partîmes en bandes dans les couloirs en polémiquant sur les méfaits de l'air conditionné.
Que faire ? J'eus soudain l'idée de chercher du travail. Oui, pourquoi pas ? C'était d'un seul coup la solution à mes deux problèmes de fond. En conséquence, affinée jouer un rôle moteur au sein d'une entité, je me fis donc pistonner pour un emploi de bureau.
Oui, j'avais soupé d'être libre. J'avais faim de structure, j'avais soif de logistique, j'étais friand de gestion informatique et d'horaire de dingue.
Un matin donc, je me levai tôt, non pour partir en vacances, mais pour prendre mon poste d'employé junior, au sein d'une équipe, dans un bureau et déclaré en plus.
Dans le métro, j'avais envie de rire. J'étais amusé de me voir ainsi, avec une serviette, au milieu de tous ces confrères. Où allaient-ils travailler ? QU'est-ce qu'ils pouvaient bien fabriquer, ces gens ?
C'est bête un stylo quatre couleurs. Mais moi aussi je suis bête.
Ce modèle, crée dans les années Gagarine, coiffé d'une petite boule, permettant de composer les numéros de téléphones sur les cadrans circulaires sans s'user le bout du doigt.