"Goodbye for Now" - Laurie Frankel
On ne sait jamais quoi dire aux gens en deuil. Notre culture n'a rien compris sur ce point. On voudrait que les gens surmontent immédiatement leur chagrin. Haut les cœurs ! Tu vas surmonter ça. On finit par se le dire à soi-même. Jusqu'à ce qu'on perdre un être aimé, qu'on entre dans la chambre funéraire, qu'on s'y retrouve seul parce que tout le monde est resté dehors à dire "mes condoléances", etc. En fait, il faut comprendre "j'espère que tu vas vite t'en remettre, qu'on puisse reprendre l'apéro ensemble et s'amuser.
Certains chagrins sont sans remède. Certains chagrins sont inguérissables.
- Alors, qu'est-ce qu'il me reste à faire ?
- Avoir du chagrin.
- Combien de temps ?
- Toute ta vie.
- Mais pourquoi les autres ne passent-ils pas leur temps à mourir de chagrin ?
- Parce que les glaces à la crème sont quand même délicieuses, parce que le soleil brille, même quand on a soixante-quinze ans. Parce que les films drôles font rire, parce que le travail peut rendre heureux et qu'une bière avec un ami, c'est chouette.
Pour ne rien gâcher, il allait devoir lui faire la cour. Cela l'enchantait. Il étudiait les structures du récit à la fac et savait que toute belle se devait d'être courtisée, qu'il fallait se battre pour la garder et que, à vaincre sans péril, on triomphait sans gloire. Il lui semblait que Rosie valait la peine d'être conquise. Il se sentait de taille pour relever le défi. Ça lui donnerait de l'inspiration pour ses écrits. Elle étudiait peut-être le coeur humain, mais lui aussi.
[p38]
De nos jours, tout le monde passe plus de temps avec des amis virtuels que réels. Tout le monde passe plus de temps sur Facebook que dehors avec les gens, plus de temps à cliquer sur des profils qu'à se rendre à des rendez-vous, plus de temps à jouer en tennis en vidéo que sur un court, à la guitare en vidéo qu'à la vraie guitare. Les réseaux sociaux sont tout sauf sociaux. En réalité, ils vous isolent. En réalité, on est seul.
Poppy et les métamorphoses
Laurie FRANKEL
Rosie et Penn sont les heureux parents de 4 garçons.
Mais Rosie voudrait une fille.
Alors bien qu’elle soit médecin, elle décide de mettre en place tout un tas de trucs de bonnes femmes pour que ce 5 ème enfant soit une fille.
Mais c’est Claude, un 5 ème garçon qui naît.
Tout se passe bien dans cette famille jusqu’à ce qu’à 3 ans Claude ne veuille plus qu’une chose : s’habiller en fille et se faire appeler Poppy.
Puis en grandissant le trouble de l’identité s’affirme laissant cette famille dans une indescriptible perplexité.
Que faire ?
Inciter son enfant à rester dans son genre de naissance ?
L’accompagner vers le sexe opposé ?
Tant de questions sans réponses évidentes...
Un roman très intéressant et bien plus profond qu’il n’y parait.
Une vraie réflexion sur un sujet très complexe.
Au départ l'écriture m'a un peu dérangé, je la trouvais un peu fantasque...
Mais en fait ce roman est magique.. une justesse dans les émotions et les sentiments.. Une petite pépite qu'il faudrait mettre entre toutes les mains pour ouvrir un peu plus les esprits !
En fait, la question du "comment" était plus facile à expliquer que celle du "pourquoi". Face aux problèmes du quotidien, tous plus insurmontables les uns que les autres, la réponse au "comment" était toujours la même. Un jour à la fois. Un pied devant l'autre. Un pour tous et tous pour un.
[p20]
De toutes l'histoire de l'humanité, Merde, de la première personne qui a perdu un être cher jusqu'à maintenant, il n'existe personne que je pourrais aimer autant que toi.
Ils avaient beau la chercher des yeux, Poppy, leur fille si créative, si confiante en elle et si lumineuse, n'était nulle part. A la place, cet enfant aux yeux rougis et gonflés offrait une image sombre et renfrognée. Il n'avait nullement l'intention de détacher son regard du plancher qu'il fixait obstinément ni de desserrer l'étreinte de fer de ses bras autour de sa poitrine.
Il n’y a rien de plus délectable que des gamins mal élevés à condition de ne pas en être les parents.