Citations de Laurie Halse Anderson (164)
DeQuoiPourquoiQuandCommentQui ?
De quoi ai-je peur ? pourquoi n'ai-je même pas envie d'aller mieux ? Quand suis-je moi et comment le savoir ? Et qui serais-je si je faisais ce qu'ils voulaient ?
Comment en suis-je arrivée là ?
"Voilà le sac d'os...", murmurent les garçons dans les couloirs.
"Donne-nous ton secret", chuchotent les filles depuis la cabine voisine, aux toilettes.
Je suis cette fille-là.
Je suis l'espace entre mes cuisses, là où la lumière passe.
Je suis l'assistante bibliothécaire qui se planque eu rayon Fantasy.
Je suis le monstre de foire figé dans la cire.
Je suis les os qu'ils convoitent, suspendus à un montant en porcelaine.
Dès que je m'approche, ils reculent. Les caméras dans leurs orbites enregistrent le bouton sur mon menton, la pluie dans mes yeux, l'eau bleue qui coule sous ma peau. Ils captent le moindre son avec leurs micros-cravates. Ils veulent m'attirer à l'intérieur d'eux, mais ils ont peur.
Je suis contagieuse.
C'est bête qu'on ne puisse pas tout simplement reconnaître que notre vie de famille est un échec : on vendrait la maison, on se partagerait l'argent et on irait vivre chacun de notre côté. Joyeux Noël.
David ne se donne pas la peine d'analyser mes réticences. S'il avait été une fille , il aurait peut-être insisté ou gémi davantage. Les mecs ne donnent pas là-dedans. Oui/non. Reste/pars. Comme tu le sens. A lundi.
Pour Hawthorne, la neige symbolisait le froid, voilà ce que je pense. Le froid et le silence. Rien n'est plus silencieux que la neige. Le ciel hurle en la déversant, comme cent harpies portées par la bourrasque. Mais une fois que la neige à recouvert le sol, elle se tait et devient aussi muette que mon cœur.
Je croise "ça" dans le couloir. "Ça" va à Merryweather. "Ça" marche à côté d'Aubrey la pom-pom girl. "Ça" est le cauchemar dont je ne peux me réveiller. "Ça" me voit. "Ça" sourit et me fait un clin d'œil. Heureusement que mes lèvres sont pincées et ma mâchoire serrée, sans quoi j'aurais vomi.
« Ça ira pour aujourd'hui », c'est ainsi que Papa a baptisé sa propre version du « Ils vécurent heureux »
Ce que tout le monde veut entendre, c'est que vous vous soignez, que vous êtes sur la voie de la guérison, que vous allez mieux de jour en jour. Si on continue simplement à être malade, autant arrêter de leur faire perdre leur temps et se dépêcher de mourir.
Je suis une hypocrite, repoussante. Une galère ambulante. Un détritus. Je veux m'endormir et ne plus me réveiller. Mais je ne veux pas mourir. Je veux manger comme une personne normale, mais j'ai besoin de sentir mes os, ou bien je me détesterai encore plus.
Quand on est vivant, les gens peuvent nous faire du mal. Il est plus facile de se réfugier dans une cage en os, une congère ou dans la confusion. Plus facile d'enfermer tout le monde dehors.
Mais c'est un mensonge.
Alors je suis partie en vrille. Manger était dur. Respirer était dur. Mais le pire, c'était de vivre. Je voulais avaler les graines amères de l'oubli.
Il m'est de plus en plus difficile de parler.
J'ai la gorge irritée, les lèvres à vif, comme si je souffrais d'une espèce de laryngite, chronique.
Je sais que je suis perturbée.
Je voudrais tout avouer, confier ma culpabilité, mon erreur, ma colère à quelqu'un d'autre.
Il y a une bête en moi qui me ronge de l'intérieur.
Ma tête me fait un mal de chien, ma gorge me brûle, mon estomac bouillonne de déchets toxiques. Je n'ai qu'une envie : dormir. Un bon coma me soulagerait. Ou une amnésie. Je suis prête à tout pour me débarrasser de e fatras de pensées, de ces murmures dans ma tête.
C'est tellement plus facile de ne rien dire. Ferme ton clapet, motus et bouche cousue, boucle-la. Toutes les conneries qu'on entend à la télé sur l'importance de communiquer, d'exprimer ses sentiments, tout ça, c'est que du vent. Dans la vraie vie, tout le monde se fout de ce que vous avez à dire.
Aucune de nous n’ose respirer, parce que nous sommes enfin réunies dans le même lieu au même moment, Maman et Lia, sans téléphones, sans scalpels, sans mots qui blessent. Aucune de nous ne veut briser le charme. Si je lui raconte toute ma laideur maintenant, ce pont fragile s’écroulera sous le poids de mes paroles.
"Cassie avait tout : une famille qui l'aimait, des amis, des hobbies. Sa mère veut savoir pourquoi elle a fichu tout ça en l'air."
Pourquoi ? Tu veux savoir pourquoi ? [...]
Prête l'oreille aux chuchotements qui te vrillent la tête la nuit, qui te traitent de moche, de grosse, de crétine, de chienne et de pute, et pire que tout, de " ratée ". Fais-toi vomir, affame-toi, mutile-toi et bois parce que tu as besoin d'un anesthésiant et que ça fonctionne . Mais seulement pour un temps. Alors l'anesthésiant se transforme en poison et c'est déjà trop tard parce que tu es accro jusque dans ton âme. Ça te pourrit de l'intérieur et tu ne peux pas t'arrêter. [...]
"Pourquoi ? " n'est pas la bonne question.
Demande plutôt : "Pourquoi pas ? "
J'ai grignoté les jours un par un, comme autant de noisettes qui se fendaient dans ma bouche avant de se loger entre mes dents. Croque. Mâche. Avale. Encore. Croque. Mâche. Avale. Encore.[...]
Jour après jour, je croquais, je mâchais, avalais, et mentais, mentais, mentais. (Qui a envie de guérir ? Ça m'a pris des années pour devenir aussi maigre. Je n'étais pas malade, j'étais forte )
Soudain, une idée me traverse l'esprit: je n'ai pas besoin qu'on rassemble des informations pour moi, je peux très bien le faire toute seule!
C'est décidé, je vais écrire quelque chose sur les chats.
" Pourquoi tu es si méchante ?
- Les vrais amis se disent toujours la vérité.
- Ouais, mais pas pour faire mal. Pour aider.
Jennifer insiste pour qu'elle se mette à l'arrière [de la voiture ]. C'est plus sûr, d'après elle.
Plus sûr, ça n'existe pas. La sécurité tout court, c'est déjà une illusion.