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Critiques de Leila Bouherrafa (57)
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Tu mérites un pays

Superbe roman, le style d'écriture est magnifique et nous emporte. C'est un livre très humain, qui parle d'immigration bien sûr, mais aussi de l'amitié, de la violence, des réalités que l'on n’imagine pas quand on n’a pas eu besoin de changer de pays. Texte très juste et très touchant que je recommande pour les personnes qui s'intéressent au sujet.
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Tu mérites un pays

"Tu mérites un pays", c'est l'histoire de Layla, qui va peut-être être naturalisé française. On regarde cette société que l'on croit connaitre... Et on la redécouvre à travers ses yeux ingénus, qui relèvent les absurdités de notre pays. Mais aussi les injustices, et toutes ces "normalités" qui sont en réalités intolérables.

Mais Layla ne juge pas : elle ne fait que s'interroger, s'insurger parfois, et surtout, subir ce quotidien d'étrangère... Et de femme. Elle est attachante, touchante même, pleine de poésie et de sensibilité.



Leïla Bouherrafa a nourri ce roman de son expérience professionnelle et associative, et c'est tout bonnement magnifique. Elle prête sa voix à ceux dont on parle beaucoup, mais que l'on écoute généralement pas. Et ça donne un livre d'une sublime humanité, à lire absolument indispensable.
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La dédicace

Une jeune femme s’apprête à publier son premier roman, et son éditrice lui demande la dédicace de son livre, ce qui est "le plus important dans un ouvrage", selon elle.

Mais à qui dédicacer son livre, quand on est seule, perdue dans une ville où les solitudes se croisent, et sans réelle relation avec sa famille ?



Paris est un personnage à part entière du roman de Leila Bouherrafa, une présence écrasante et malsaine, qui rend notre narratrice littéralement malade.

L'intrigue s'étale sur les trois jours de délais pour trouver une dédicace, et on se prend au jeu de savoir qui sera le nom en début d'ouvrage - et si elle parviendra à en trouver une... Et peut-être à se retrouver elle-même. Car c'est un malaise plus grand qui est mis à jour.

J'ai trouvé cette lecture passionnante : Le cynisme et la noirceur de l'ensemble étant contrebalancé par un humour - noir, certes, mais avant tout brillant et bourré d'autodérision.

J'ai souri, j'ai été touché, et je n'ai eu qu'une envie : rencontrer cette autrice très singulière, qui pointe les écueils de nos sociétés et nos villes hyperconnectées et pourtant pétries d'individualisme. Elle croque avec passion et acuité une galerie de personnages réalistes, qui pourraient être nos voisins - ou nous mêmes..



Un premier roman extrêmement réussi, qui m'a emportée, passionnée et réjouie !
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Tu mérites un pays

Dans ce roman profondément touchant, cri de colère enrobé de poésie, sincère et faussement naïf, Leïla Bouherrafa fait naître des images fortes à partir d’instants simples, de fleurs fanées, d’un manège qui tourne, de rires partagés dans l’hôtel d’un marchand de sommeil. Et on se prend à imaginer une société plus humaniste.
Lien : https://actualitte.com/artic..
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Tu mérites un pays

Une vraie réussite, du choix du titre à l'épilogue ! J'ai été happée par l'histoire dès les premiers mots du récit. Des chapitres courts, une écriture concise, une galerie de personnages attachants que l'on découvre à travers le regard de Layla, et qui par leur vie nous font passer par une myriade d'émotions.
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Tu mérites un pays

Un livre magnifique que je regrette de ne pas avoir ouvert plus tôt

Merci à ma libraire qui me l'avait conseillé parmi les livres de la rentrée littéraire d'Aout où il est passé quasi inaperçu

Tous les problèmes d'émigration sont traités d'une façon originale.

Une caricature gentillette de l'administration française.

Une écriture très poétique dont on a envie de recopier des passages.

Lisez le livre facile à lire , une bonne peinture de notre société.
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Tu mérites un pays

Ce livre ressemble à un long poème en prose. Les titres de chacun de ses courts chapitres ressemblent à des vers. Les images, qui n'en sont peut-être pas, qui ressemblent à la réalité d'une autre vie, d'un autre regard, sont à la fois douces, tendres et fulgurantes. Les mots semblent innocents, assemblés un peu comme par hasard, et puis soudain ils prennent sens et vous percutent. Sa plus grande force est peut-être de sembler n'avoir rien à défendre, rien à prouver, rien à démontrer. Juste un regard, un regard plein d'innocence qui se pose sur les choses et les gens et qui les décrypte. L'administration n'en sort pas grandie, c'est le moins qu'on puisse dire. Ni l'humain dans son ensemble. Et pourtant, il s'en dégage une force surprenante. Roman, il est écrit sur la couverture. Moi j'ai eu le sentiment d'un voyage, et je me sens honorée d'avoir pu partager un fragment de celui de Layla.
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Tu mérites un pays

Layla, « La Nuit », apprend au début du roman qu’elle doit être la femme la plus heureuse du monde. C’est en effet une déformation professionnelle de français que d’imaginer que rien n’égale le bonheur d’acquérir la nationalité française lorsque l’on vit sur notre sol.

Le rêve lancinant de Layla, cette anguille qui nage à contre- courant, essaie de lui dire quelque chose. Mais comment le deviner ?

Dans une langue qui se veut au plus près du langage parlé, parfois savoureuse de ce qu’elle fait aux expressions typiquement françaises, Leïla Bouherrafa décrit le quotidien dans un bâtiment insalubre sur le point de s’écrouler, la lutte contre la beauté de sa langue qui n’ose plus franchir ses lèvres, quand sa colocataire rêve d’un autre prénom et devient un oison gelé alors qu’elle est une tigresse, quand son ami Momo est sommé de raser sa barbe pour avoir le droit de faire tourner le manège municipal…

Quand les fleurs fanées ramassées au marché ne permettent plus à une mal-logée de survivre.

Quand l’amour pour un pays se révèle à sens unique.

Cette langue m’a parfois éloignée de la force et la justesse du propos. Il reste un livre absolument nécessaire pour avoir ne serait-ce qu’une petite idée de ce que traversent les exilés qui demandent la nationalité française.
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Tu mérites un pays

Layla attend d'être naturalisée française. Un véritable parcours du combattant. Dans Tu mérites un pays», Leïla Bouherrafa raconte son histoire. Toute en humanité. Et en colère.
Lien : https://www.lesoir.be/472562..
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Tu mérites un pays



Layla reçoit enfin sa convocation pour sa naturalisation, c’est Marie-Ange dans son bureau d’aide aux immigrés qui lui tend tout sourire cette lettre. S’engage la nécessité maintenant de connaître la France, son fonctionnement démocratique, être prête pour le grand interrogatoire du jour J. Être Française quoi!



Layla vit à l’hôtel Dorothy avec d’autres réfugiés. Elle va alors apprivoiser la France en attendant la date tant attendue. La France s’impose à travers les yeux de Momo, gardien du manège à Ménilmontant dont la longue barbe déplaît à la mairie, à travers ceux de Claude dit La Dune - une vieille femme au long manteau beige difforme qui vend des fleurs laides et vit dans la rue après un drame ou encore à travers ceux de Mme Meng qui tient un rade où chacun peut profiter des cabinets, elle a vécu dans la rue et ne peut pas supporter de laisser les autres, à leur tour, se soulager dans la rue.

C’est toute une galerie de personnage singulièrement attachant que Layla va côtoyer.



La nuit, les hommes sont gris, Layla angoisse, son cœur bat fort, à tout rompre. Elle rêve qu’elle est une anguille, elle pense fort à son pays, sa mère restée là bas contre sa volonté, sa cousine Malika, son cousin Jamil et son oncle Farouk. L’obsession lui vient de palper son poul, celui de sa colocataire de chambre Sadia aussi, comme un écho à un traumatisme qu’elle va vivre.



Layla est à l’image de la plume de l’autrice : d’une lucidité éclairée cachée sous une candeur où l’humour a sa place. Leila Bouherrafa joue avec les mots et la langue française, elle multiplie les clins d’œil littéraires et grammaticaux. Une écriture qui comme une anguille chemine aisément sans bruit sous nos yeux. La France y est omniprésente dans sa grandiloquence mais aussi dans ses procédures administratives pouvant parfois être fatales. La notion de mérite, présente dans le titre, est insidieusement traitée, comment mériter un Pays?
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Tu mérites un pays

Layla, réfugiée vit seule dans un hôtel social, maîtrise bien le français, aspire à la naturalisation, mais elle reste angoissée nostalgique de ses proches sans distinguer ce qu'elle veut vraiment de ce que les autorités diverses décident à sa place. Ce livre approche le mal être des réfugiés et leur vie aléatoire.
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Tu mérites un pays

Comment ne plus être étrangère



Après nous avoir régalés avec La Dédicace, Leïla Bouherrafa confirme son talent de romancière en nous racontant le parcours d’obstacles de Layla en vue de sa naturalisation. L’occasion d’une réflexion teintée d’humour sur ce qui fait la France et les Français.



Il aura suffi d'une rencontre un peu inhabituelle chez l'assistante sociale du XXe arrondissement et la remise d'un courrier qui l'invitait à un entretien en vue de sa naturalisation pour que la vie de Layla bascule.

En retrouvant toutes ses compagnes d'infortune dans le Dorothy, l'hôtel de Ménilmontant où elle loge, elle se sent déjà différente, même si toutes partagent la douleur de l'exil et le manque. Le manque de sa mère restée au pays contre sa volonté, de sa cousine Malika, de son cousin Jamil, de son oncle Farouk et du ciel. C'est ce qu'elle aimerait expliquer au docteur Bailleul, mais qu'elle préfère taire comme le rêve récurrent qu'elle fait et dans lequel elle se voit transformée en anguille. Car elle ne veut pas être prise pour une folle ou réduire ses chances d'obtenir la nationalité française.

Alors, malgré les contingences d'un quotidien difficile – elle est payée des clopinettes pour nettoyer les toilettes du restaurant de Mme Meng – elle va essayer de soulager le quotidien de ses frères de misère. Elle décide d’accompagner son ami Momo à l'hôpital psychiatrique, lui dont la bouffée délirante a fait quelques dégâts. On lui trouvera toutefois des circonstances atténuantes, lui qui est harcelé par la mairie de Paris parce que son administration souhaiterait qu’il rase sa barbe, jugée inappropriée pour un responsable de manège. Elle va tenter de retrouver un logement à une vieille dame dont l'immeuble s'est effondré à Bagnolet. Elle va même essayer de s'intéresser à l'inspecteur des services d'hygiène qui doit décider si le Dorothy est insalubre ou simplement indécent. Le tout sans oublier sa mission la plus urgente qui est de réfléchir à «ce qui fonde la France et fait un Français».

Comme elle l'avait déjà si bien fait dans son premier roman, La dédicace, Leïla Bouherrafa capte toute l'absurdité du monde avec une plume allègre, mêlant une douce ironie, un humour délicat avec une réalité implacable. Alors la solidarité et l’humanité arrivent à se frayer un chemin dans des situations qui semblent désespérées. Alors même la machinerie administrative, dans toute sa complexité et son côté kafkaïen, va laisser entrevoir un soupçon d’espoir. Je ne sais pas si Leïla Bouherrafa mérite un pays, en revanche je suis sûr qu’elle mérite toute notre attention !






Lien : https://collectiondelivres.w..
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Tu mérites un pays

Layla est une jeune femme réfugiée en France. Marie-Ange, l’assistante sociale qui l’aide dans ses démarches et dans son intégration, lui remet une convocation pour un « entretien individuel de naturalisation » en lui disant « tu dois être la jeune femme la plus heureuse du monde ». Mais Layla n’arrive pas à se réjouir. Sa vie à Paris et ce qu’elle y voit lui font douter de son objectif, devenir Française.

Elle décrit sa vie entre l’hôtel social insalubre où elle vit avec d’autres femmes, le Dorothy, et son travail au café de Mme Meng. Elle partage sa chambre avec Sadia, une Algérienne qui se fait appeler Nadia et s’entraine à parler avec l’accent Marseillais. Layla voit Sadia comme un tigre, une femme incroyable au caractère fort. Mais une nuit, elle découvre que Sadia se fait humilier contre quelques euros. Quelle vie leur offre la France ?

Les chapitres s’enchaînent avec un flot de critiques sur l’administration et la France de manière générale. Layla ne comprend pas pourquoi la Mairie de Paris veut fermer le manège de Momo parce que sa barbe est trop longue. Elle ne comprend pas pourquoi Claude, une vieille femme, aide-soignante retraitée, Française, se retrouve à la rue suite à l’effondrement de son immeuble à Bagnolet. Elle ne comprend pas pourquoi les délais pour être relogé sont si longs. Et puis elle ne comprend pas pourquoi il lui faut perdre son identité pour être naturalisée alors qu’elle a déjà perdu un pays et sa famille.

Tous les titres de chapitre commencent par « Sur ce qui… ». L’autrice utilise beaucoup les répétitions pour marquer son propos. Sous une fausse candeur, avec beaucoup de colère, elle dénonce toute l’aberration du système français. Elle fait le portrait très touchant d’hommes et de femmes. C’est un roman très humain et bourré d’humour, même si le propos est très unilatéral.

Dans cette satire, Leïla Bouherrafa témoigne de situations réelles qu’elle a entendues auprès de jeunes réfugiés à qui elle a enseigné le français. C’est un livre intéressant, très actuel et qui permet de changer de point de vue, de se mettre à la place de personnes en exil, dans un pays étranger dont il faut apprendre la langue, les mœurs et les coutumes.



Merci Lecteurs.com pour cette lecture
Lien : https://joellebooks.fr/2022/..
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Tu mérites un pays

Dans ce roman, nous suivons Layla, jeune réfugiée qui vit en France et s'apprête à avoir enfin un entretien pour sa naturalisation. Mais, plus qu'une histoire suivie, c'est une histoire de rencontres.

En effet, on fréquente avec elle Momo le français musulman qui fait tourner le manège, Claude la vieille dame à la rue, Sadia et les autres femmes avec lesquelles elle vit dans un hôtel social, Mme Meng sa patronne au café, Dr Bailleul la psychologue, Dédé du Secours populaire... On rencontre aussi la procédure, qui est plus respectée que Dieu, notamment par l'administration française qui ne dit jamais les choses simplement. On se demande quel est ce mal qui touche notre pays, capable de donner une Légion d'honneur à Bachar el-Assad et d'interdire à des gens de parler arabe sur les chantiers de construction, de se glorifier du Panthéon et de la Sorbonne tout en laissant des hôtels sociaux s'écrouler. Même si je suis déjà convaincue de l'absurdité de ce genre de choses, j'ai aimé le découvrir d'un point de vue extérieur, ça m'a permis de changer de perspective. J'ai aimé aussi la plume de Leila Bouherrafa, tout en délicatesse et en poésie, mais qui va droit au but et est insolente à la fois. Et enfin, j'ai aimé l'aspect féministe du roman, dans lequel la sororité et l'angoisse féminine côtoient la violence et la fatuité masculine. Je disais au départ que c'était une histoire de rencontres, et ça me fait penser : plutôt que Titanic, on ferait mieux de réciter aux aspirants à devenir Français la célèbre réplique d'Astérix et Obélix mission Cléopâtre, pour leur souhaiter la bienvenue !
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Tu mérites un pays

LA DOUCE COLERE D’UNE EXILEE

On en rencontre peu des personnages aussi généreux et lumineux que Layla dans une vie. Moi, j’aurais vraiment aimé la connaître en vrai- lui parler, l’écouter (autrement que le docteur Bailleul bien-sûr), la regarder- vraiment- dans les yeux pour y retrouver la nuit qu’elle incarne, faire un tour du manège de Momo avec elle, sauver des fleurs pour Dune en sa compagnie, écouter la respiration de Sadia et veiller sur elle ensemble, glisser comme deux anguilles dans les eaux de la Méditerranée (parce que la Méditerranée )…

Vous aussi vous devriez aller à la rencontre de Layla, à qui on annonce qu’elle doit « être la jeune femme la plus heureuse du monde » le jour où elle est en phase d’obtenir la nationalité française. Le bonheur serait-il donc si simple à atteindre en France quand on est réfugié ? La réponse est non.

Tout est difficile. Il faut sans cesse prouver, démontrer, être obligé, empêché, se plier, s’interdire, devoir, s’affranchir, paraître, savoir… tout ça pour montrer qu’on mérite ce pays. Et par conséquent s’éloigner de ce qu’on est, de ce/ceux qu’on a laissé(s) dans ce pays qu’on méritait mais qu’on n’a pas eu d’autres choix que de quitter.

Tout semble être un obstacle à franchir : la langue, l’attitude, une barbe trop longue, la couleur de peau, un Inch’Allah de trop et des questions stupides.

Deux mondes ici se côtoient : la chaleureuse générosité de Layla et l’inepte froideur de l’administration « sans sentiments ni poésie ». Deux approches du monde- l’une totalement sourde à la détresse humaine, l’autre pleine d’envie et de bonne volonté ne comprenant pas ce qu’on attendant d’elle et qui dans une vision et un langage faussement naifs réussit à écorcher au passage, en douceur, comme un écho discret mais efficace de vérités et de réalités souvent tristes et cruelles.

Lire ce livre c’est donc avoir le privilège de faire la connaissance de Layla et de tous ces anonymes qu’elle côtoie, ces personnages qui n’ont que le nom littéraire de « secondaires » tant ils sont attachants et touchants. Des anonymes que la société oublie et abandonne au mieux chez un marchand de sommeil craignant à tout moment l’expulsion…

Layla c’est une colère douce, enfouie mais pourtant hurlante à l’intérieur qui plus qu’un pays mérite avant tout le bonheur... et votre lecture.

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Tu mérites un pays

Layla est en France depuis 5 ans quand elle reçoit la convocation à son entretien pour être naturalisée. Cinq ans qu’elle a fui son pays, ce « là-bas » qu’elle ne peut plus nommer, abandonnant sa mère, son oncle et le souvenir de sa cousine Malika. Cinq ans durant lesquels le chemin a été long, à la fois difficile et entêtant. A travers son regard, ses rencontres, ses espoirs et ses doutes, c’est toute une vie que l’on découvre, que l’on partage et qu’on chérit tendrement…



Je découvre Leila Bouherrafa avec son second roman. Si les premières pages m’ont surprise, j’ai vite accepté de la suivre dans son univers…



C’est avec une écriture naïve et innocente qu’elle nous charme, qu’elle nous attrape et qu’elle nous immobilise. Les mots qu’elle convoque, les mélodies qu’elle appelle sont autant de réflexions et de questionnements profonds et éclairés.



Layla, cette jeune fille courageuse, nous parle de la France. Celle qu’elle voit, celle qu’elle ressent et celle qu’elle espère. Elle nous montre ses procédures sans poésie, ses attentes sans fin, ses rêves sans lendemain.

Elle questionne sur un pays qui lui demande d’oublier qui elle est, ce en quoi elle croit, les valeurs qui la rendent meilleure, pour qu’elle soit digne de porter cette nouvelle nationalité.



Layla est touchante, dans sa justesse, sa fragilité, sa générosité. Elle est surprenante par son courage, sa volonté et son cœur si grand.



Qui mérite qui ? La réciprocité est la lumière de ce roman. Celle qui brille faiblement mais dont la chaleur ferait grandir notre monde…



Merci à Babelio et aux Éditions Allary pour leur confiance…
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Tu mérites un pays

« Je crois qu’il est impossible d’aimer tout à fait un pays qui a oublié que le mérite implique de la réciprocité. C’est que c’est important, dans cette vie, la réciprocité. »



Layla y est presque. À quelques derniers jalons de ce parcours du combattant qu’est l’obtention de la nationalité française. De quoi être heureuse, « forcément », pour cette exilée qui survit comme tant d’autres dans un hôtel parisien collectif et insalubre, qui n’a pour mérite que d’offrir un toit et un peu de soutien entre les femmes qui l’occupent.



Mais peut-on vraiment être heureuse quand les contreparties sont si élevées ? Quand obtenir une nationalité devient un choix binaire qui sous-tend de renoncer à celle d’avant ? À ses racines ? À sa langue ? À sa culture ? Et quand cette nouvelle nationalité n’a que l’apparence de l’égalité avec ses nouveaux compatriotes ?



« Marguerite Duras écrivait qu’un amour à sens unique, ce n’était pas de l’amour et je me disais que cela valait aussi pour un pays.

Peut-on aimer un pays seul dans son coin ?

Peut-on aimer un pays s’il ne nous aime pas en retour ? »



Face au radicalisme ambiant et à nouveau grandissant, Tu mérites un pays de Leïla Bouherrafa vient opportunément faire entendre une autre voix. Celle qui refuse ce choix absolu ; celle qui ne voit pas la nationalité comme une fin en soi qui serait déterminée par des critères désuets ; celle qui renvoie la France à davantage d’humilité et d’humanité.



« Ça m’a sauté aux yeux que la France était un paon.

Un pays trop fier qui avait un avis sur tout.

Sur tout sauf, bien entendu, sa propre médiocrité.

La France était un paon. »



Leïla Bouherrafa décrit la vie de ces « Français en attente », dont certains auront « la chance » de le devenir, et d’autres pas. Il suffira parfois d’un test, d’une barbe, d’un prénom ou d’un trop peu d’exaltation devant cette immense opportunité qui s’offre. Et au fil des pages, son prisme différent bouleverse quelques certitudes, les miennes comprises.



Si la charge contre le paon est parfois lourde, elle sait aussi se faire sarcastique, à l’image de notre « …Légion d’Honneur, qui est une décoration honorifique française remise à Michel Sardou et Bachar el-Assad ».



Dans une langue simple mais jamais simpliste, Leïla Bouherrafa construit son livre comme un petit traité de l’intégration subie plus que choisie, s’appuyant régulièrement sur les métaphores animales pour illustrer cette bataille de sentiments qui ronge celles et ceux qui ont à faire ce choix impossible. Une lecture intelligente et précieuse.

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Tu mérites un pays

« La dédicace », le premier roman de Leïla Bouherrafa avait été une des belles découvertes de la sélection du Prix Orange du Livre 2019 dont j’avais fait partie du jury. Ce texte décalé et drôle m’avait enthousiasmé et j’avais gardé un bon souvenir de ma lecture.



Dans son deuxième ouvrage, elle a conservé son style, mélange de tragédie et d’humour noir. Cela lui permet de dépeindre la vie tumultueuse des personnes en marge de la société, sans forcer la dramaturgie. Cette fois-ci, elle s’attache aux destins de réfugiés et à la manière dont ils sont traités par notre système. On suit Layla dans sa quête de naturalisation. Alors qu’elle se rapproche de son but, elle nous donne une idée de son quotidien. Entre son foyer où elle vie, le café où elle travaille et les rues où elle déambule, elle croise des personnages truculents qui nous entraînent dans des scènes loufoques.



L’autrice met en scène ces moments de vie débordants d’humanité. On sent qu’elle s’intéresse aux gens et qu’elle veut aider ceux qui sont mis sur le côté. Chaque être humain, même oubliés, a une valeur à ses yeux. Malheureusement, je trouve que le texte part dans tous les sens et qu’il n’a pas vraiment de direction, à part celle de dénoncer. Il est unilatéral dans ses propos et manque souvent de partialité. Sur la longueur, la satire m’a un peu agacé.



Vous aurez compris que je suis moins convaincu par « Tu mérites un pays » que par le précédent livre de Leïla Bouherrafa. Mais ce petit bémol (juste un ressenti personnel) n’enlève rien au plaisir de lecture que procure sa plume agréable et son ton toujours insolent. On sent qu’elle aime les gens, qu’elle veut leur rendre leur dignité et c’est aujourd’hui assez rare pour ne pas le mettre en avant !
Lien : https://leslivresdek79.wordp..
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Tu mérites un pays

Je suis partagée à la fin de la lecture de "Tu mérites un pays" de Leïla Bouherrafa, roman obtenu par Allary Editions que je remercie, dans le cadre d'une masse critique.

Petit aperçu de l'histoire : Layla est dans l'attente de l'obtention de la nationalité française. de son origine, de son parcours pour arriver en France on ne saura rien. Seuls quelques indices qui indiquent qu'elle a pu partir alors que d'autres, sa mère notamment, ont dû rester, et qu'elle est originaire d'un pays arabophone. Layla partage une chambre avec Sadia dans un hôtel miteux en haut de la rue de Ménilmontant. Avec l'aide de l'assistante sociale Marie-Ange, elle se prépare à l'entretien pour lequel elle est convoquée dans le cadre de la procédure de naturalisation. Layla passe du temps avec Momo qui fait tourner un manège pour les enfants.



Layla observe la vie autour d'elle, il y a des pages sublimes pleines de poésie qui évoquent sa relation aux autres, ses constats sur le fonctionnement pas toujours cohérent de l'Administration française ; et il y a d'autres passages qui me semblaient longs, où le procédé de la répétition de certaines phrases clé qui traduisent les pensées de la jeune femme, me semblait moins convaincants.



Il n'empêche que l'écriture de Leïla Bouherrafa mérite d'étre découverte, et que faire connaissance avec son héroïne Layla qui fait le rêve récurrent d'une anguille qui se faufile à contre-courant, ne peut laisser indifférent.
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Tu mérites un pays

"Tu mérites un pays" est le deuxième roman de Leila Bouherrafa. Le thème – le parcours d’une jeune exilée à la recherche de la nationalité française – avait tout pour me plaire de par l’importance d’un sujet peu traité, me semble-t-il. Et pourtant, au risque de rompre l’unanimité, je dois avouer que j’ai été quelque peu déçue.



Layla, le personnage principal est une jeune femme qui a quitté son pays dévasté, laissant derrière elle sa famille. Elle vit désormais à Paris dans un hôtel insalubre du côté de Ménilmontant, au milieu de sœurs d’infortune. Elle peine à gagner très peu à des tâches ingrates. Elle se désole de voir son ami Momo contraint de fermer son manège pour cause de barbe trop longue, et son amie Sadia, si belle, obligée de s’humilier pour quelques euros. Alors, lorsqu’Anne-Marie, l’assistante sociale qui la suit, lui remet sa convocation pour l’entretien en vue de sa naturalisation, elle n’est pas aussi heureuse qu’elle devrait l’être.



Si je comprends totalement les sentiments attribués à cette jeune fille, si je comprends sa crainte de laisser une nouvelle fois derrière elle tout ce qui la constitue, sa langue, sa culture, il m’a manqué une part d’équilibre pour adhérer totalement. Je ne pense pas que l’on puisse ranger d’un côté les bons et de l’autre les mauvais, chacun portant en lui une part de soleil et un mur à l’ombre. J’ai été dérangée par un regard quelque peu manichéen, un récit totalement à charge qui écarte d’emblée l’espérance d’une société meilleure. Même le cimetière du Père-Lachaise est taxé de sexisme, "J’ignorais totalement que le Père-Lachaise était un cimetière pour grands hommes et l’apprendre m’a contrariée." Certaines femmes célèbres y sont – sauf erreur de ma part – également enterrées, ne serait-ce que Colette, Sarah Bernhardt, Simone Signoret ou encore l’avocate et militante féministe Gisèle Halimi. Alors, bien sûr, il est sans doute question de la visibilité insuffisante donnée à ces femmes mais quand même, à mes yeux, la réflexion manque de nuance. Rendons à César…



L’écriture de l’auteure a su m’accrocher par ses passages poétiques, son humour, ses sarcasmes, même si au départ le côté enfantin du ton m’a quelque peu déstabilisée. Le style est par ailleurs intéressant parce que puissant et maîtrisé…En fait il eût suffi de presque rien.



"Tu mérites un pays", un roman qui ne m’a pas totalement conquise. Mais je sais qu’il a trouvé son lectorat et je m’en réjouis.


Lien : https://memo-emoi.fr
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