AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Leopoldo Brizuela (17)


Je comprends qu’ecrire est un moyen sans pareil d’éclairer le lien entre le passé et le présent.
Ce qui m’encourage à poursuivre, non pour informer, mais pour découvrir.
p. 45
Commenter  J’apprécie          390
Qu’est-ce que le blocage de l’écrivain ? Ce n’est pas la simple incapacité d’écrire, mais l’impossibilité d’écrire en accord avec sa vérité profonde, en connectant son imagination au centre obscur de la personnalité qui exige de venir au jour sous forme de récit. Laisse-moi sortir ou je te dévore.
Or, il y a des années que j’ai le sentiment d’écrire en vain. Des choses vaines. D’être incapable de devenir digne de mon destin.
Commenter  J’apprécie          170
Rafles, descentes. Toujours avoir les papiers sur soi. Interdit de marcher sur le trottoir devant les bâtiments officiels : la sentinelle a pour ordre d’ouvrir le feu si l’on contrevient à la consigne. Les précautions deviennent vite des habitudes, pour ne plus avoir à y penser, pour oublier la peur. Il est obligatoire de déclarer les armes que l’on détient, de renouveler ses papiers, et urgent de figurer au nombre des vivants.
Commenter  J’apprécie          150
Le moment est venu où tout se déchaîne. Celui où la moindre ignorance, où la moindre résistance, mène de l’interrogatoire à la torture.
Commenter  J’apprécie          90
Dans l'autobus du retour, je suis tourmenté par une image : pendant que je roule irrévocablement vers Tolosa, la mort vient à ma rencontre. Irrévocablement. Ou ne serait-ce que mon silence, cette forme de mort qu'implique le fait de ne pouvoir écrire? De nouveau le doute s’immisce en moi que je n'ai jamais rien écrit. Que je n'ai jamais rien pu écrire.
Que la vieille illusion de pouvoir écrire sur l'horreur et lui donner son nom pour m'en libérer était tout simplement irréalisable, n'était qu'une autre illusion, celle qui me permettait de continuer d'écrire, et parfois, tout au plus, de faire face à sa noirceur.
Commenter  J’apprécie          60
Le mystère qui m’avait conduit, alors que je voulais me soustraire au danger, à entrer lentement, tranquillement dans l’engrenage. La peur de la peur
Commenter  J’apprécie          30
On dit - comme, par exemple, les avocats des génocidaires dans les Juicios por la verdad, et c'est le principal argument qu'ils avancent pour demander l'absolution des bourreaux - que l'on ne peut juger une époque selon les critères d'une autre. Que l'on ne peut interpréter la guerre avec la terminologie de la paix.
Mais il est des débordements, des excès que même la guerre ne saurait admettre, comme celui que le jeune garçon que j'étais à l'époque avait pu apercevoir, bien que sans le comprendre - impossibilité qui l'a forcé à ensevelir ce souvenir au plus profond de lui-même pendant plus de trente ans.
p.134
Commenter  J’apprécie          30
"J'ai vécu ainsi pendant trente ans, dans la peur ou, pis encore, dans la peur de la peur."
p.105
Commenter  J’apprécie          30
J'ai noté dans mon carnet : "Je n'ai jamais été aussi heureux de ma vie, ou, plus exactement, je n'ai jamais été aussi près d'avoir une vie." C'était "le moment où tout semble écrire avec nous", comme le dit Marguerite Duras ; où nous considérons le monde comme une seule question, et chaque chose comme une réponse.
Commenter  J’apprécie          20
Jamais encore je ne m’étais rappelé tant de choses, jamais je n’étais remonté aussi loin dans le souvenir. Mais de quoi est fait le souvenir ?
Commenter  J’apprécie          20
Le moment est venu où tout se déchaîne. Celui où la moindre ignorance , où la moindre résistance, mène de l’interrogatoire à la torture
Commenter  J’apprécie          20
En vérité, dès l’instant où nous mîmes pied à terre son attitude fut cordiale bien que réservée, comme s’il avait reconnu en nous une urgence qu’il fallait respecter. Sans dire mot, il nous guida à travers un jardin ensemencé depuis peu et nous fit entrer dans la maisonnette ; il alluma un méchant crasset, dressa une table austère et nous servit le repas selon l’usage expéditif du bord : brouillade de corned-beef, pommes de terre et oignons, et une plantureuse dame-jeanne de snap ; il prit sur une étagère draps et couvertures, après quoi il nous laissa seul dans la pénombre, comme s’il voulait que les objets nous contassent leur histoire, l’incroyable et triste histoire dont seules les légendes nous parlaient jusqu’à ce jour, et que je veux maintenant relater dans ce livre.
Commenter  J’apprécie          00
Il se peut — supposions-nous, tandis que nous ramions entre les escarpements rocheux — que la vieillesse ou la maladie lui font désirer la compagnie de ses anciens ennemis. Ou bien — pensâmes-nous, quand finalement notre canot atterrit sur le matelas de tourbe et que Waichai vint nous haler vigoureusement par la proue afin de nous amener sur le sable sec –, l’âge le contraignant à remonter le fleuve des souvenirs, il se sent de connivence avec les visiteurs étrangers d’aujourd’hui, gens qui ne s’intéressent au présent que pour y déchiffrer le passé : naturalistes, paléontologues, exilés ou, comme nous, chercheurs d’histoires.
Commenter  J’apprécie          00
À l’extrême sud de l’archipel de la Terre de Feu, aussi loin dans le sud qu’il est permis d’aller en ce monde, il existe une petite île, rocheuse et désolée, que les marins appellent « l’île du Waichai ».
L’île se situe au choc de deux océans. Depuis les falaises de la côte est, fouettées par l’Atlantique, une ria étroite se fraye un passage jusqu’à la crique exiguë où, à l’abri de trois collines et au bord d’un ruisseau, se dresse un gîte solitaire. Avec sa maisonnette de bois bâtie sur pilotis, sa baraque sur l’arrière et sa chapelle, il évoque l’un de ces nombreux refuges par lesquels les empires marquaient leurs confins, et que même un siècle entier d’abandon et de tempêtes n’est parvenu à rendre moins hospitaliers. Au long des hivers sans fin, la crique est une conque de neige où s’apaise la tourmente ; au retour du printemps, quand ce qui n’est point pierre est branche sèche, elle est un nid immense en attente des premières volées.
À l’entour de l’« hôtellerie » il y a des bornes et des écriteaux qui rappellent l’époque mythique où des navigateurs de toutes les nations, emportés par le même rêve, entraient en ces parages, cinglant vers le cap Horn. Mais rares sont aujourd’hui les voyageurs nuitant sur l’île dans l’attente de la goélette d’Ushuaia, qui de temps à autre fait escale ici avant de s’enfoncer dans le labyrinthe d’îles et de canaux. Waichai, son unique habitant et virtuel propriétaire, est l’un des derniers survivants des tribus décimées au début du siècle, et les voyageurs supposent, au reste, qu’il préfère sa solitude à la compagnie d’un quelconque « homme du Nord ». Et cependant, lorsque les hommes d’un navire affalent une chaloupe, le vieil Indien sort de sa maisonnette en claudiquant, se plante sur la plage et, prenant la pose d’une vigie, il paraît guetter un visiteur de la plus grande importance.
Commenter  J’apprécie          00
Non, peut-être s’agissait-il de laisser le corps devenir la page blanche et l’expérience s’écrire en moi, pour l’écrire enfin
Commenter  J’apprécie          00

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Leopoldo Brizuela (34)Voir plus

Quiz Voir plus

Harry Potter (difficile)

Quel est le patronus d'Hermione?

Un chat
Un perroquet
Une loutre
Un dauphin

9 questions
2 lecteurs ont répondu
Thème : J. K. RowlingCréer un quiz sur cet auteur

{* *}