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3.6/5 (sur 270 notes)

Nationalité : Argentine
Né(e) à : Villa Elisa, Entre Ríos , le 05/04/1973
Biographie :

Selva Almada est une écrivaine argentine.

Elle a suivi des études de littérature à Paraná, avant de s’installer à Buenos Aires, où elle anime des ateliers d’écriture.

Elle a publié ses premiers textes au "Semanario Análisis" de Paraná et a dirigé le magazine "CAelum Blue", entre 1997 et 1998.

En 2003, sort son premier recueil de poèmes, "Mal de muñecas".

Son premier roman, "Après l’orage" ("El viento que arrasa", 2012), a reçu un excellent accueil critique.

"Sous la grande roue" ("Ladrilleros", 2013) est son deuxième roman et troisième livre traduit en français après "Les jeunes mortes" ("Chicas muertas", 2014).

son blog : http://unachicadeprovincia.blogspot.com/


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Bibliographie de Selva Almada   (4)Voir plus


Entretien avec Selva Almada


En parallèle de la publication de nos entretiens habituels, nous vous proposons des traductions des interviews publiées sur la version espagnole de Babelio. Aujourd`hui, la parole est à Selva Almada, qui s`est entretenue avec Lucía Moscoso Rivera en juin 2019. Traduction signée Pierre Fremaux.


Quel a été votre première rencontre avec l`écriture ?

J`ai toujours pensé que j`étais arrivé à l`écriture sur le tard, car depuis toute petite j`aimais lire mais je n`écrivais pas. J`ai toujours voulu être journaliste et quand j`ai terminé mes études, j`ai étudié le journalisme. C`est à ce moment-là que j`ai commencé à écrire de la fiction. J`avais 19 ou 20 ans et les premiers textes étaient des nouvelles assez courtes publiées dans un supplément culturel de Paraná, ville dans laquelle je vivais alors. le roman est venu beaucoup plus tard.


Ton écriture navigue entre plusieurs genres, avec lequel te sens-tu le plus à l`aise ?

J`ai écrit très peu de poésie. le premier livre que j`ai publié, bien que ce ne soit pas le premier que j`ai écrit fut un recueil de poésie. J`ai fait une incursion très rapide dans ce genre, il me semble qu`il est très difficile d`écrire de la bonne poésie et je n`écrivais pas bien. Alors j`ai arrêté. Ce que j`écris et ce que j`apprécie le plus, c`est le récit, j`ai essayé le théâtre et cela n`a pas fonctionné, j`ai écrit quelques scénarios, mais ce sont des formes littéraires qui me sont difficiles. La fiction, que ce soit une histoire, un roman, une nouvelle ou une chronique est l`espace où je me sens le plus à l`aise.


Est-ce que l`écrivain doit avoir un engagement politique envers la société dans laquelle il vit ?

Les écrivains et les artistes en général me semblent devoir toujours être un peu en face du pouvoir, critiquer le pouvoir établi, même s`il arrive de temps en temps qu`il existe des gouvernements avec lesquels on peut sympathiser, il y a aussi la nécessité d`être toujours en état d`alerte pour voir ce qui ne fonctionne pas. J`aime m`engager dans la société. Je ne sais pas s`il s`agit d`une règle pour tous les écrivains mais j`aime cela et j`aime connaître des écrivains qui prennent position, qui disent ce qu`ils pensent, l`écrivain qui ne reste pas seulement dans les univers de sa littérature mais qui peut également participer activement à la vie de votre communauté. Ce type d`écrivain m`intéresse.


Avec quels autres auteurs latino-américains ton oeuvre dialogue-t-elle ?

J`admire beaucoup d`écrivains et je pense que mes histoires pourraient trouver une filiation avec des auteurs comme Juan Rulfo, Horacio Quiroga, Daniel Moyano, Sara Gallardo et parmi les écrivains contemporains j`aime bien Liliana Colanzi, au delà du fait que son imaginaire est plus proche du genre fantastique ou de la science-fiction, elle a aussi écrit des histoires rurales et je pense que nous pourrions parler des mêmes sujets. J`aime beaucoup Diego Zuñiga, qui publie aussi des histoires urbaines ou son roman Racimo, qui prend comme point de départ un fait réel de tueur en série de femmes et en fait un roman. J`aime beaucoup d`autres écrivains argentins qui traitent également d`univers un peu plus ruraux, Hernán Ronsino me plaît beaucoup et certaines publications de Federico Falco ...


Que signifie être une femme en littérature ?

J`ai eu des perceptions différentes. Quand j`ai commencé à écrire, dans les années quatre-vingt-dix, je n`avais pas lu beaucoup de femmes écrivains avec lesquelles je me sentais identifiée, alors presque toutes mes lectures importantes avaient été écrites par des hommes. Je croyais à tort qu`il y avait une écriture féminine qui ne s`adressait qu`à des femmes et je ne voulais pas être ce genre d`écrivain, à tort parce que je n`avais pas lu beaucoup d`écrivaines que j`ai fini par découvrir plus tard. Par la suite, j`ai réalisé qu`être une femme n`était pas un inconvénient pour écrire, que je n`avais pas à essayer d`écrire comme les hommes pour être lue davantage, alors que je pensais auparavant qu`il était nécessaire “qu`on ne remarque pas que je suis une femme”. J`ai mis plusieurs années à comprendre cela. Maintenant, ce n`est pas un problème pour moi d`être à la fois femme et écrivain, je ne pense pas en écrivant que je suis une femme, ce n`est plus qu`une circonstance. Il est également vrai que, ces dernières années, les femmes écrivains ont été plus visibles et que nous occupons des lieux qui nous étaient auparavant interdits. Cela nous permet également de nous sentir un peu plus accompagnées.


Sur quel projet littéraire travailles-tu maintenant?

Je suis revenu à un roman que j`ai commencé et abandonné pendant de nombreuses années et qui n`a pas encore de titre. Il parle de quelques amis qui vont pêcher pendant un week-end et toute l`action du roman se déroule au cours de ces deux ou trois jours de pêche sur une île de Paraná. J`en suis plus ou moins à la moitié et je ne sais pas comment cela se finira. Je sens que je connais très bien les personnages et j`ai la voix du texte, le rythme, le ton, mais je dois encore résoudre quelques problèmes qui ont plus à voir avec l`intrigue.



Almada Selva et ses lectures


Quel livre t`a encouragé à écrire ?

Quand j`ai commencé à écrire, pendant mes études, j`ai commencé à lire Onetti sur les recommandations d`un professeur qui adorait cet écrivain. J`ai été à la fois très frappée et il m`a semblé que pour être écrivain c`est ainsi qu`il fallait écrire.


Quel auteur aurait pu te faire arrêter d`écrire ?

Il m`arrive de temps en temps de lire un auteur ou une autrice et de me demander : à quoi bon écrire, si ceci est déjà écrit. C`est ce qui m`est arrivé avec Camanchaca, le premier roman de Diego Zuñiga, c`est un beau roman et en outre il l`a écrit à l`âge de vingt ans.


Quelle a été ta première découverte littéraire ?

Quand j`étais petite, j`ai découvert la lecture et cela a eu un grand impact pour moi. J`ai lu beaucoup de classiques de la littérature jeunesse comme May Alcott, Emilio Salgari, Mark Twain ... Chaque lecture a été l`occasion de redécouvrir que la meilleure chose au monde qui avait pu m`arriver était de lire.


Quel livre relis-tu souvent ?

En vérité, je ne suis pas un grande partisane des relectures. Peut être que cela m`arrive plus souvent avec la poésie. En ce moment, je lis une poétesse contemporaine d`une autre génération : Estela Figueroa, et je relis assez souvent ses poèmes.


Y a-t-il un livre que tu as honte de ne pas encore avoir lu ?

Il y a beaucoup de livres “qu`il faut lire" et que je n`ai pas lus. J`ai tenté plusieurs fois l`Ulysse de James Joyces sans réussir à le lire mais je n`ai pas honte. Don Quichotte, je ne l`ai pas lu en entier, cela me fait un peu honte.


Y at-il un classique surestimé ?

Tout canon littéraire suscite chez moi un peu de méfiance. Si je n`ai pas lu un classique, est-ce que cela me rend moins écrivain ou lecteur pour autant ? Je ne le pense pas. le fait d`imposer certaines lectures est quelque chose qui m`éloigne généralement de ces livres. Je ne sais pas s`ils sont surévalués mais je pense que ce qui est parfois surestimé, c`est l`opinion de certaines personnes sur les livres./p>

As-tu une citation littéraire culte ?

J`aime beaucoup le début d`une très courte histoire de Sam Sheppard intitulée Just us and the Dinosaurs. J`ai toujours en tête les premières lignes de cette histoire, peut-être pas mot à mot, mais c`est présent.


Quel serait le diamant littéraire que tu aimerais faire découvrir à nos lecteurs?

Il y a quelques années, un ami m`a offert La route au tabac d`Erskine Caldwell et ce fut une sorte de révélation. À cette époque, son livre était introuvable, il y avait une traduction en espagnol faite en Argentine pendant les années 70, mais qui était introuvable. Avec cet ami, nous allions dans les vieilles librairies et achetions tous les exemplaires de ce roman pour les offrir à d`autres personnes. Nous l`avons fait pendant un certain temps.



Retrouvez l`entretien original en langue espagnole.



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Vidéo de

Salon du Livre dans le stand des Outre-Mer ? 23/03/2014 .
Julien Delmaire revient sur l'actualité littéraire des Outre-Mer. Les invités : Selva Almada & Laura Alcoba. Retrouvez Tropismes tous les dimanches à 11h00 sur @FranceOtv et les chroniques sur Culture Box, 'Nous Laminaires' http://bit.ly/16dDg5M.


Citations et extraits (118) Voir plus Ajouter une citation
À peine sorti de la forêt, Negro s’arrête pour prendre un peu l’air. Il les voit assis, ils sont à égale distance les uns des autres. Tilo, un garçon qui ressemble à ce qu’ils ont été. Enero, un homme comme lui, en train de vieillir, comme lui. À quel moment ont-ils cessé d’être comme ci pour devenir comme ça ?
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Personne ne nous avait dit qu’on pouvait se faire violer par son propre mari, par son père,par son frère, son cousin, son voisin, son grand-père, son instituteur. Par un homme en qui on avait confiance. p.44
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Le vent se faufile entre les arbres et tout est si silencieux à cette heure que le murmure des feuilles grandit comme la respiration d’un animal immense. Il écoute sa respiration. Un souffle. Les branches remuent comme des côtes, se gonflent et se dégonflent avec l’air qui s’introduit dans les entrailles.
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Dans certaines civilisations anciennes, on croyait que l’âme vivait dans les yeux, tu sais ? Les amants échangeaient leurs âmes par le regard : je te donne mon âme, tu me donnes la tienne. Mais quand on cessait d’aimer quelqu’un, on récupérait son âme tout en gardant celle de l’autre.
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Depuis notre plus jeune âge, on nous apprenait que nous ne devions pas parler à des inconnus et que nous devions faire attention au Satyre. Le Satyre était une entité aussi fantastique que, dans la petite enfance, le farfadet qu'on nomme la Solapa ou encore l'Ogre au Sac. C'était l'être qui pouvait te violer si tu étais toute seule à une heure indue ou si tu t'aventurais dans des coins déserts. Celui qui pouvait surgir soudain et te traîner de force sur un chantier. Personne ne nous avait dit qu’on pouvait se faire violer par son propre mari, par son père, par son frère, son cousin, son voisin, son grand-père, son instituteur. Par un homme en qui on avait confiance
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Tu connais l’histoire de la Huesera ?
Je fais non de la tête.
C’est une vieille, très vieille dame qui vit dans le recoin de l’âme. Une vieille femme sauvage qui caquète comme les poules, chante comme les oiseaux et émet des sons plus animaux qu’humains. Son rôle est de ramasser les os. Elle rassemble et garde tout ce qui risque de se perdre. Sa cabane est remplie de toutes sortes d’os d’animaux. Mais elle aime par-dessus tout les os de loup. Pour les trouver, elle peut parcourir des kilomètres et des kilomètres, grimper sur des montagnes, franchir des ruisseaux à gué, brûler la plante de ses pieds sur le sable du désert. De retour dans sa cabane avec une brassée d’os, elle compose un squelette. Quand la dernière pièce est en place et que la figure du loup étincelle devant elle, la Huesara s’assoit près du feu et pense à la chanson qu’elle va chanter. Une fois que sa décision est prise, elle lève les bras au-dessus du squelette et commence son chant. A mesure qu’elle chante, les os se couvrent de chair, la chair de peau et la peau de poils. Elle continue à chanter et la créature prend vie, commence à respirer, sa queue se tend, elle ouvre les yeux puis, d’un bond, quitte la cabane. Lors de sa course vertigineuse, à un moment, soit en raison de la vitesse, soit parce qu’elle pénètre dans les eaux d’un ruisseau pour le traverser, soit parce que la lune blesse directement l’un de ses flancs, le loup devient une femme qui court librement vers l’horizon, riant aux éclats.
Telle est peut-être ta mission : rassembler les os des jeunes filles, les recomposer, leur donner une voix pour les laisser ensuite courir librement quel que soit l’endroit où elles doivent se rendre.
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Le mécanicien toussa et cracha quelques glaires.
– Mes poumons sont pourris, dit-il, tandis qu’il passait le revers de sa main sur ses lèvres et se penchait une nouvelle fois sous le capot ouvert.
(Incipit)
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Dans une petite ville, la mort violente d’une personne jeune constitue
toujours un choc immense. La nouvelle du crime de María Luisa Quevedo a
été traitée, presque depuis le début, de manière romanesque par la presse
locale. L’information n’a pas été publiée tout de suite, ce ne fut au début
qu’un petit encadré dans Norte, le journal le plus important de la province
du Chaco. Le titre était : “Mort mystérieuse d’une mineure”. Dans la même
section, il y avait un autre encart : “Avis de recherche d’un mineur”.
Au début, ce qu’on appelait l’affaire Quevedo fut en concurrence avec
l’agenda du tout nouveau gouvernement démocratique, tout
particulièrement avec l’intérêt que portaient les citoyens à un sujet qui
arrivait enfin à la une des journaux : l’appropriation illégale de bébés et
d’enfants durant la dictature, la découverte de corps non identifiés dans le
cimetière de Sáenz Peña, les premières convocations judiciaires de
militaires de haut rang dans les procès concernant les séquestrations et
disparitions de personnes durant la période 1976-1982.
Mais, assez vite, l’affaire occupa davantage de place, devenant la série
pleine d’horreur et de mystère de l’été 1984 dans la province du Chaco.
Une histoire faite d’intrigues, de suspicions, de fausses pistes et faux
témoignages que les gens suivaient dans les journaux ou à la radio comme
s’il s’agissait d’une telenovela ou d’un roman-feuilleton.
L’absence de résultats immédiats dans l’éclaircissement de l’affaire,
les congés qui approchaient, l’intervention d’un juge d’instruction
remplaçant, le docteur Díaz Colodrero, spécialisé dans les affaires
commerciales et n’ayant aucune expérience au pénal, une police encore
contaminée par les vices de la dictature : pour toutes ces raisons l’affaire
s’enlisa durant tout l’été, ce qui fit les choux gras de la presse qui, n’ayant
aucun élément nouveau à se mettre sous la dent, finit par écrire sur des
rumeurs, des ragots, les hypothèses de voisins.
La mort de María Luisa devint une chasse aux sorcières, les gens
entraient et sortaient du Palais de Justice, se présentant spontanément pour
déposer, désignant des coupables à droite et à gauche. Chaque jour, ces
accusations étaient relevées dans la presse et présentées comme des pistes
solides qui s’effondraient, dès le lendemain, faute d’éléments concrets.
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Sarita aussi a travaillé depuis l’enfance. Elle n’avait pas le choix car sa famille était très pauvre. Avant de se marier, elle a travaillé comme femme de ménage au domicile d’un médecin. Elle y était bien traitée, presque comme la fille de la maison, ils l’ont même encouragée à faire des études. Mais elle est tombée enceinte et elle s’est mariée. Elle était trop jolie pour que son mari lui demande de travailler de nouveau comme femme de ménage. Tant de beauté gâchée dans les vapeurs des produits d’entretien. Alors il lui a demandé de se prostituer.
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Quand nous parlions de la femme du boucher Lopez. Ses filles allaient à l’école avec moi. Elle l’a accusé de viol. Depuis longtemps, en plus de la frapper, il abusait d’elle sexuellement. J’avais douze ans et cette nouvelle m’avait profondément marquée. Comment pouvait-elle se faire violer par son mari ? Les violeurs étaient toujours des hommes inconnus qui attrapaient une femme et l’emmenaient dans un terrain vague, ou alors qui pénétraient chez elle en forçant la porte. Depuis notre plus jeune âge, on nous apprenait que nous ne devions pas parler à des inconnus et que nous devions faire attention au Satyre. Le Satyre était une entité aussi fantastique que, dans la petite enfance, le farfadet qu’on nomma la Salopa ou encore l’Ogre au Sac. C’était l’être qui pouvait te violer si tu étais toute seule à une heure indue ou si tu t’aventurais dans des coins déserts. Celui qui pouvait surgir soudain et te traîner de force sur un chantier. Personne ne nous avait dit qu’on pouvait se faire violer par son propre mari, par son père, par son frère, son cousin, son voisin, son grand-père, son instituteur. Par un homme en qui on avait confiance.
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