Voici un livre dont tout le monde a déjà entendu le titre, probablement grâce au péplum américain où un certain Charlton Heston incarne le rôle-titre, tandis que l’auteur est moins connu et le livre même, avouons-le, nettement moins lu que n’a été visionné le film éponyme !
Je crois me souvenir, en tout cas, l’avoir vu (au moins en partie) dans mon enfance, lorsqu’il est passé à la télé (sans doute en rediffusion) sur je ne sais quelle chaîne, car ma maman aimait beaucoup ce genre de films et, vu son contenu, a dû nous permettre de le voir avec elle. Mais le souvenir n’est pas transcendant, et se délite dans les images que l’on peut voir sur Internet, qui finissent par supplanter ce qu’il pouvait rester en mémoire.
Quoi qu’il en soit, si je me suis penchée sur le livre, c’est une fois de plus grâce à (ou à cause de) un challenge : la consigne demandait de lire un livre d’un auteur américain vivant durant la Guerre de Sécession. Je ne sais plus trop comment j’ai fait ma recherche, et Lewis Wallace n’était sans doute pas le seul auteur identifié, mais en voyant ce fameux titre, je me suis dit que c’était l’occasion de le lire, car autrement il n’aurait sans doute pas rejoint ma wish-list, et encore moins ma PAL !
Que dire aujourd’hui ? J’ai terminé ce livre précisément le 16 août dernier, en pleine période de congé scolaire très occupé en famille, pendant laquelle je n’ai rien rédigé. Je m’étais (bien sûr !) promis de me mettre à jour dès la rentrée des classes, mais un mois plus tard (on est le 3 octobre), j’ai encore une bonne dizaine de commentaires en retard, et vu la rapidité avec laquelle certains souvenirs s’estompent, je ne suis pas certaine de jamais terminer cet exercice.
Toutefois, ce livre m’a laissé une telle impression (malheureusement très mitigée), que je crois pouvoir rédiger mon avis en respectant mes impressions du moment ; le souvenir exact du livre n’est certes plus tout à fait précis, mais suffisamment clair pour noter un ressenti qui ne s’efface pas, et qui peut s’exprimer en très peu de mots.
Que de bondieuseries !!
Je vous entends dire qu’il faut replacer ce livre dans son époque et dans son contexte. Je veux bien… mais quoi ? si encore Lewis Wallace était venu nous raconter une histoire dans laquelle un certain Jésus apparaitrait çà et là, pourquoi pas après tout… mais là, on a carrément l’impression qu’il réécrit un 5e évangile, peut-être même pas tout à fait apocryphe puisque son héros, qui envisage une lutte armée aux côtés de Jésus pendant une grande partie du livre, finit par le « rejoindre » d’une façon bien plus paisible, montrant sans doute aux Américains de l’époque ce que signifie être un bon chrétien.
Mais je ne suis pas américaine, je ne suis pas de l’époque, et pire : il se trouve que j’ai eu une éducation religieuse (mes parents étaient catholiques pratiquants, maman était même catéchiste ! et j’ai passé mon enfance à les accompagner tous les dimanches à la messe), mais là, Lewis Wallace raconte n’importe quoi, en fait…
Les premiers chapitres ne sont qu’une longue, très longe réécriture du début de l’Évangile selon Saint-Mathieu, en l’occurrence : la visite des Mages à un Jésus tout juste né. Alors, comme je dis, c’est infiniment long et lassant – sans le challenge, je crois que j’aurais arrêté cette lecture dès ces premières pages. Mais c’est aussi une réécriture qui se targue de respecter l’original, semble-t-il, tout en prenant des liberté très… américaines, qui m’ont aussitôt irritée ! En effet, que l’on parle de mages ou de sages, selon la traduction choisie de la Bible, il semble exister un accord selon lequel lesdits s/mages sont « venus d’Orient » (« from the East », en traduction anglaise).
Or, nous sommes en Judée, cette Terre partagée (le mot est incertain) entre Israël et Palestine de nos jours – donc, qu’est-ce que l’Orient par rapport à cette Terre si précieuse pour les trois religions monothéistes ? Un article du National Geographic parle de Perse, d’Inde et d’Arabie (voir l’intéressant article : https://www.nationalgeographic.fr/histoire/2019/01/la-bible-expliquee-qui-etaient-les-rois-mages ). Bon, Lewis Wallace n’avait pas accès à Internet, et je doute qu’en son temps, on se soit vraiment soucié de l’origine exacte des mages… mais justement : c’était (en partie) son job d’auteur, d’ailleurs il l’a fait et vraisemblablement avec cœur, mais en « déplaçant » l’Orient ! Si nous avons bien un mage indien (d’Inde, je préfère préciser), les deux autres sont respectivement… égyptien ( ! je ne savais pas que l’Égypte était à l’est d’Israël) et grec ( !! Lewis Wallace n’avait-il donc aucune notion de géographie ?). On lui accordera, en lot de consolation, que l’Égypte comme la Grèce sont bien « à l’est » des États-Unis…
Bref, je ne vais pas davantage m’étendre sur cela, mais lire ces pages interminables sur la naissance de Jésus et patati et patata, sur la visite de ces mages fantaisistes (et patati et patata) et sur ce bébé qui allait sauver toute l’humanité, j’en avais déjà par-dessus la tête de ces bondieuseries américaines qui déforment complètement ce que dit la Bible tout en prétendant nous transmettre son message !
Or, si on retire tout ce que se réfère à la Bible d’une façon ou d’une autre, il ne reste pas grand-chose…
C’est l’histoire d’un homme, un Juif de famille riche, injustement accusé d’un crime qui lui vaut les galères. Certains ont comparé ce roman à l’histoire du Comte de Monte-Cristo… qu’ils n’ont alors vraisemblablement pas lu ! Certes, comme Edmond Dantès, Ben-Hur a été injustement accusé d’un crime qu’il n’avait pas commis, et en quelque sorte « enterré vivant » pour une trop longue durée ; mais leur origine est trop différente pour qu’ils puissent seulement être comparables ! Quand Edmond Dantès était un jeune navigateur d’origine modeste mais qui avait déjà fait ses preuves en mer et plein d’avenir, Ben-Hur n’est que l’enfant gâté d’une riche famille juive, qui passe son temps à discutailler avec un ami d’enfance romain, représentant de l’Occupant, ce qui ne semble pas le gêner outre mesure cela dit, puisqu’il envisage vaguement de rejoindre leur armée…
Cela dit, je ne vais pas non plus faire une étude comparative avec le magnifique roman d’Alexandre Dumas, que j’avais lu peu avant Ben-Hur : qu’il soit comparable à Monte-Cristo ou pas, l’histoire aurait pu être intéressante, avec les développements qui ont suivi, dont on retiendra essentiellement les amours (tout platoniques cela dit) pas toujours très avisés de Ben-Hur, pour des filles soit complètement soumises, soit complètement manipulatrices (waouh l’image de la femme de l’auteur !), et sa vengeance contre cet ami d’enfance précité, qui a provoqué sa chute et le sort terrible du reste de sa famille…
Hélas, trois fois hélas, au risque de me répéter, le tout est trop généreusement saupoudré de réflexions pseudo-philosophiques ou pseudo-bibliques. Que je me suis lassée de ces interminables discussions entre un riche nomade arabe (qui sera à l’origine, indirectement, de la fameuse course de chars si célèbre dans le film !), le mage égyptien qui réapparaît tout à coup, et l’ancien serviteur du père de Ben-Hur qui a réussi à faire fructifier les biens familiaux au nez et à la barbe des Romains par des subterfuges financiers dignes de l’image que pouvait avoir un auteur américain chrétien pour un commerçant juif… Et j’ai survolé, tout simplement, les trop nombreux passages où l’auteur nous ressert les histoires du baptême de Jésus par Jean le Batpiste dans le Jourdain, ou bien l’interminable Chemin de Croix et puis la Crucifixion (complètement irréaliste selon nos connaissances actuelles de l’anatomie humaine, même de Jésus !). Sachez-le : les différents Évangiles, tant qu’à faire, sont mieux écrits, plus réalistes même, et surtout beaucoup plus courts !
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