AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Liliane Wouters (74)


J’étais plus pauvre que la nuit,
plus taciturne qu’un monarque à la fenêtre,
plus solitaire qu’un stylite.

Je n’avais plus au creux des mains
que la poussière de ma vie.

Tu es venue, les pierres ont crié,
les ruines ont levé la tête,
la braise dans mon sang s’est rallumée,
la vie a repris cours,
l’ombre a donné naissance.

Tous les chemins conduisent jusqu’à toi.
Commenter  J’apprécie          30
Mémoire de silex, d’argile.
Je monte sur mon âne, je parcours
la plaine, au bord du Nil.

Lorsque la terre est aussi basse, c’est le ciel
qui prend toute la place.

Nous, gens du plat pays,
vers quelque point que nous tournions les yeux
apercevons la demeure de Dieux.
Commenter  J’apprécie          10
Qu’un palmier sorte de ta bouche :
j’y chercherai mon ombre.

Qu’une rivière coule entre tes seins :
j’y lirai mon visage.

Qu’une vallée apprenne à vivre dans ton ventre :
j’y creuserai mon lit.
Commenter  J’apprécie          20
Ma mère, dans ton ventre,
tu formais mon masque de mort.

Au centre de toi, jour par jour,
chaque battement de ton cœur,
chaque flux de ton sang
écoutait un silence
d’où je serai absent.

Chaque souffle de ton haleine
préparait mon dernier soupir.

Et, dans la chaleur de ton corps,
avant le froid,
tu polissais mes os.
Commenter  J’apprécie          10
Au bout de l’amour il y a l’amour.
Au bout du désir il n’y a rien.
L’amour n’a ni commencement ni fin.
Il ne naît pas, il ressuscite.
Il ne rencontre pas, il reconnaît.
Il se réveille comme après un songe
dont la mémoire aurait perdu les clefs.
Il se réveille les yeux clairs
et prêts à vivre sa journée.
Mais le désir insomniaque meurt à l’aube
Après avoir lutté toute la nuit.

Parfois l’amour et le désir dorment ensemble.
En ces nuits-là on voit la lune et le soleil.
Commenter  J’apprécie          30
Pour vivre, il faut planter un arbre, il faut
faire un enfant, bâtir une maison.

J’ai seulement regardé l’eau
qui passe en nous disant que tout s’écoule.

J’ai seulement cherché le feu
qui brûle en nous disant que tout s’éteint.

J’ai seulement suivi le vent
qui fuit en nous disant que tout se perd.

Je n’ai rien semé dans la terre
qui reste en nous disant : je vous attends.
Commenter  J’apprécie          20


Pas rien, pas rien, le petit vent de l’aube,
le petit rose du petit matin,
changé en pourpre, en noir, en nuit de taupe.
Je suis la taupe et le ciel est lointain.

Pas rien, pas rien, les flaques sur la plage,
la dune blonde et la blonde clarté,
la mer sans fin et les vagues sans âge.
Nous n’y aurons dansé qu’un seul été.

Pas rien, pas rien, même si l’on décompte
les vaches maigres, les années de chien.
J’aurai vécu tel jour, telle seconde.
C’était trop peu, mais ce ne fut pas rien.
Commenter  J’apprécie          20


Diamant de l'âme, feu
solitaire, taille lente
du carbone qui se veut
soleil, l'étoile filante
jalouse ton bloc…

nul ne trouvera son signe
inscrit dans ton eau. Jamais
terrestre objet ne fut digne
de te frôler. Or, je sens
ta présence, me traverse
ton éclat. Oui, je pressens
l'alluvial trésor, l'inverse
paysage qu'un cristal
multiplie. Ah ! je devine
l'indomptable, l'œil frontal
ouvert aux clartés divines.
Commenter  J’apprécie          50
Que reste-t-il…


Que reste-t-il de ton passage, Ulysse ?
Un vieux chant grec auquel nous avons bu.
Ulysse ! J’aurais tout aussi bien pu
Dire César, Hannibal. Le temps glisse
Lentement sur les rails de leurs exploits,
Tramway nommé non pas Désir mais Nebel.
Nebel und Nacht. Quid du renom ? J’ai froid
Jusque dedans ma charpente. Mon bel
Oranger s’est déjà flétri. Tout passe.
Tout est passé. Nous sommes encor là
Comme y furent César, Ulysse et la
Reine, laquelle était-ce ? Tout s’efface,
(S’écoule, disait l’autre avec raison.)
Et moi je dis : de ton passage, Ulysse
(Ou bien Dupont), que reste-t-il ? Saisons
D’antan, avec ou sans leurs neiges, lisses
Les traits d’Ulysse (ou de Durand). Sappho
Ne nous a laissé qu’un peu d’herbe et Jeanne
Qui fut pucelle rien que cendre. Il faut
Clore ici, ne plus trop penser, Liliane.

Je sais. Mais je vois que mes jours s’en vont
Et que j’irai bientôt dans le cortège
Des Césars, des Ulysses, des Dupont
Préposés à d’antan chercher les neiges.
Commenter  J’apprécie          50
Liliane Wouters
Entre naître et mourir…


Entre naître et mourir, un temps pour vivre.
Quelques heures, quelques saisons. De quel
Poids pèseront nos jours ?
Lumière et givre
Brillent pour tous, et sur tous mord le gel.

Ainsi de ces insectes nommées éphémères.
Quid de celui qui ne fait rien, des grands travaux
De l’autre, des troupeaux de bovidés, d’Homère ?

La mer est seule à donner le niveau.

État provisoire (Luneau Ascot)
Commenter  J’apprécie          250
Liliane Wouters
Égide, où es-tu parti ?


Égide, où es-tu parti ?
Mon camarade, tu me manques.
Tu choisis la mort, me laissant ici.*

Nous avions si belle amitié.
Ensemble aurait dû s'achever.
Au ciel où tu t'es élevé
plus clair qu'un rayon de soleil
tu connais bonheur sans pareil.

Pour moi qui suis sur terre, prie :
je dois encore souffrir, fauter.
Garde ma place à ton côté.

Je chante encore un petit air.
mais chacun finit par se taire.

Égide, où es-tu parti ?
Mon camarade, tu me manques.
Tu choisis la mort, me laissant ici.*

(adaptation d'un poème du Moyen Âge)


* Liliane WOUTERS, notamment prix Goncourt de la poésie 2000, prix Guillaume Apollinaire 2015, a « finit par se taire » et a rejoint son camarade le 28 février 2016.
Commenter  J’apprécie          160
Liliane Wouters
Souvenirs


Souvenirs, ils sont, mes amis
tant aimés, si vite partis,
souvenirs, oui, c'est bien le mot,
ces visages sur les photos,
ces destins filant leur histoire
autour de ma vie, en secret.

Au tableau noir de ma mémoire
tu ne retrouves plus leurs traits :
le coup de chiffon du passé
les a pour toujours effacés.
Commenter  J’apprécie          210
Ainsi lorsque je vis tes yeux, tes yeux.
Sois près de moi lorsque je m'en irai.
Tu seras la dernière image
que je verrai. J'emporterai
ton visage sous mes paupières
et dans le noir brillera mieux
l'éclat de sa lumière.
Commenter  J’apprécie          40
Liliane Wouters
Parce que c'était lui


« Parce que c'était lui parce que c'était moi »,
disait Michel parlant d'Étienne
Pourquoi sommes-nous ammis, toi et moi,
pourquoi le gui préfère-t-il le chêne ?

Alors que le hêtre aussi pousse au bois,
qu'il pourrait au gui offrir son asile ?
Sur quelle raison baser votre choix,
Étienne et Michel, Hector et Achille ?

Comment expliquer ce qui va de soi ?
Pourquoi celui-là quand il y en a tant d'autres
Pourquoi le seul Jean parmi les douze apôtres ?
Parce que c'est lui, parce que c'est moi.
Commenter  J’apprécie          90
Une fois, une seule fois,
l'eau dans mes paumes, l'ombre du figuier
sur ma maison.

Une fois, une seule fois,
l'eau sur ma langue, l'éclat du soleil
entre mes doigts.

J'aurai vécu, quoi qu'il advienne,
ce moment d'air et de lumière,
cette plénitude de soif.
Commenter  J’apprécie          60
LE BOIS SEC


Brûler Je songe à ma cendre
quand m'appellent des forêts
Ô feux Mais à leur voix tendre
répond votre chant secret

Je suis né pour cette fête
barbare ces rites purs
ce mortel assaut de bêtes
contre le défi des murs

J'aime la gloire soudaine
des flammes j'aime le bref
sursaut de passion de haine
du feu saluant son chef

Brûler Mon sang me calcine
Pas un coin de chair ombreux
Et si pourtant mes racines
trouvaient un sol généreux

un peu d'eau de sable Le sable
d'où je sors verrait des fruits
Non De cette paix durable
la fin seule me séduit

Je ne porte ni lumière
ni chaleur en mon corps mais
ce n'est qu'au centre des pierres
qu'on trouve un feu qui dormait

Verdoyez branches dociles
aux commandements des dieux
Je montre mon bois fossile
C'est lui qui flambe le mieux.
Commenter  J’apprécie          20
VERS LA MER

Comme des objets frêles,
Les vaisseaux d'or semblent posés,
Sur la mer éternelle.

Le vent futile et pur n'est que baisers ;
Et les écumes
Qui, doucement, échouent
Contre les proues,
Ne sont que plumes.

Il fait dimanche sur la mer !

Emile Verhaeren
Les visages de la vie.
Commenter  J’apprécie          200
JE ME SOUVIENS

Je me souviens du village près de l'Escaut,
D'où l'on voyait les grands bateaux
Passer, ainsi qu'on rêve empanaché de vent
Et merveilleux de voiles,
Le soir, en cortège, sous les étoiles.

Je me souviens de la bonne saison ;
Des parlottes, l'été, au seuil de la maison
Et du jardin plein de lumière,
Avec des fleurs, devant, et des étangs, derrière ;
Je me souviens des plus hauts peupliers,
De la volière et de la vigne en espalier
Et des oiseaux, pareils à des flammes solaires.

Emile Verhaeren,
Les tendresses premières.
Commenter  J’apprécie          170
Pluie sur la mer


Il pleut si doucement sur la mer toute grise.
On ne voit plus ni port, ni navire, ni cieux.
On dirait que la pluie s'échappe par surprise
Des mains mêmes de Dieu.

Chaque vague se meut avec un tel silence
Que l'on devine, à la blancheur de son écume,
L'éclat mal retenu d'une aile d'ange
Dont s'abaissent les plumes.


(Maurice Carême)
Commenter  J’apprécie          100
Le piano


Ne croyez pas
Que les dents du piano
Si blanches, si lisses
Ne mordent jamais.
La nuit, quand la salle est vide
Elles se vengent.
Elles dévorent en rêve
Le pianiste qui les a frappées trop fort.


(Frédéric Kiesel)
Commenter  J’apprécie          60



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Liliane Wouters (77)Voir plus

Quiz Voir plus

La vérité sur l'affaire Harry Québert

Qui est Marcus pour Harry Québert ?

Son fils
Son voisin
Son élève
Son nègre littéraire

15 questions
537 lecteurs ont répondu
Thème : La Vérité sur l'affaire Harry Quebert de Joël DickerCréer un quiz sur cet auteur

{* *}