Linda Joy Singleton

Dominic et moi jouâmes pendant des heures, et il gagna si souvent que je blaguai en prétendant qu'il trichait et que sa pénalité était de m'embrasser...

-Je m'attendais à ce que tu sois reconnaissante et malléable, pas aussi méfiante. N'as-tu pas peur de ce que je vais faire, railla-t-il.Je pourrais t'emmener loin dans l'océan et te jeter par-dessus bord. Puis je t'abandonnerait tout simplement comme tu as fait avec Gabe.
Je demeurai silencieuse, trop entêtée pour lui donner la satisfaction de voir que j'avais peur.
-Tu ne supplies pas et tu ne cries pas.
Il m'examina, ses yeux sous le rebord de sa casquette se bridèrent de curiosité.

-Je t'ai manqué, cria Dyce d'un ton joyeux. Hé, pourquoi as-tu la tête en bas?
Je me remis brusquement à l'endroit, balançant mes pieds et m'assoyant sur le siège comme si tout était normal.
-J'étais en train de faire revenir la circulation dans mes pieds, dis-je en respirant fort. tu les as attachés tellement serré.
-Je les détacherai quand nous serons en route.
-Peux-tu me desserrer les jambes maintenant? demandai-je sur un ton plus cajoleur. Ce n'est pas comme si je pouvais m'enfuir ou que se soit.
-C'est vrai, dit-il en se frottant le front d'un air pensif. mais tu es comme un fil raide, prêt a claquer. Es-tu en train de planifier quelque chose?
-Pas du tout, dis-je, respirant rapidement.
Il s'approcha un peu plus près, m'examinant d'un air soupçonneux.
-Je ne te crois pas.
-Que puis je faire avec mes main et mes jambes attaches?
-C'est ce que j'essaie d'imaginer.
-Ne crois-tu jamais qui que ce soit?
Non. Pourquoi es-tu si nerveuse?
-Hum... laisse-moi réfléchir. Qu'est-ce qui peut me rendre nerveuse? Oh, ouais. Je viens tout juste de me faire enlever et je n'ai aucune idée de ce que tu as projeté de me faire.
-Tu n'as pas l'air d'avoir peur, on dirait que tu caches quelque chose, dit-il, tendant négligent le bras pour ajuster sa casquette pendant qu'il m'examinait.

- Eli! criais-je avec délice.
- Tu attendais quelqu'un d'autre? me taquina-t-il.
- Personne, dis-je fermement. Seulement toi.
- J'aime le son de ces paroles.
- Tu sais ce que j'aimerais encore plus? demandais-je avec un sourire séducteur.
- Du chocolat?
- Devine encore.
Puis, je m'avançai pour enrouler mes bras autour de son cou, l'attirant tout près de moi et soulevant mes lèvres.
Finalement, nous échangeâmes notre premier baiser.

Je me retournai afin de ne pas être surprise en train de les fixer, et je m'avançai vers l'aire des d'entrainements des débutants. Le cours était interrompu et je remarquai Kevin assis à l'écart sur une chaise pliante. Les épaules affaissées de chagrin, il fixait le sol. Je m'apprêtais à aller le voir pour lui parler, quand monsieur Landreth me demanda de le suivre dans son bureau.

S'éveiller et découvrir un beau gosse assis sur son lit est peut-être
un rêve devenu réalité pour certaines filles. Mais pas pour moi.
Particulièrement quand le gosse en question est mort et que certaines personnes croient que je l'ai tué.

Sabine, désolé de ne pas avoir regardé ta démonstration d'escrime.Je sais que tu as été formidable, tu es très bonne dans tout ce que tu fais. J'ai de l'admiration pour cela et je pense beaucoup à toi.
Je pars à la recherche de la quatrième breloque. Ça pourrait prendre quelques jours ou une semaine...
Garde un œil sur Nona, elle ne va pas bien.

Elle était simplement signée «D»

Je fixai la note et relus son «j'ai de l'admiration pour cela et je pense beaucoup à toi», me demandant ce qu'il voulait dire par là. M'aimait-il comme moi je croyais l'aimer? S'il y avait vraiment quelque chose entre nous, je ne pouvais plus l'ignorer. Mais je devrais attendre le retour de Dominic pour découvrir ses sentiments.

Jusque-là, je mettrais mon cœur en veilleuse.

Ma vie amoureuse était peut-être un gâchis et la santé de Nona se détériorait, mais au moins j'avais fait ce que Kip souhaitait.Je n'étais toujours pas certaine de l'identité de la fille qu'il voulait que j'aide, Leanna, Aillen ou Brianne, mais j'avais fait de mon mieux pour aider chacune d'elles.

Et peut-être était-ce le désir de Kip depuis le début.

Puis nous ralentîmes, secoués par la route inégale, et nous virâmes en direction d'un quartier où j'aperçus de grands arbres envahissants qui se refermaient au-dessus de la route étroite.La voiture s'arrêta.
Papa me jeta un regard,puis il expira comme s'il était soulagé que je dorme.
Il descendit de la voiture et marcha vers une maison jaune à un étage en forme de L,avec des gouttières qui s'affaissaient,une pelouse sèche couverte de mauvaises herbes et un revêtement extérieur de bois décoloré.

La porte de la maison s'ouvrit à la volée,et une femme avec de longs cheveux secs d'un gris tirant sur le roux et des hanches larges enserrées dans une mini-jupe ajustée en cuir s'élança pour l’accueillir.Son visage marquait le soulagement épuisé, comme si sa maison brûlait et qu'un pompier venait tout juste d'arriver pour éteindre les flammes.

Elle le rencontra sur la pelouse et passa son bras avec familiarité autour de sa taille. Il ne la repoussa pas,la laissant s'appuyer sur lui comme s'il lui appartenait.Elle avait la mine sombre,mais la façon qu'elle le touchait me parut trop familière et quelque chose de laid et de jaloux gronda en moi.

Puis la porte s'ouvrit de nouveau et une fille se précipita hors de la maison, si vite que tout ce que je vis, ce fut de longs cheveux rouge feu. J'avais le sentiment qu'elle était plus âgée que moi de quelques années. Elle vola en bas des marches, repoussa la femme et jeta ses bras autour du cou de mon père
- Je savais que tu viendrais! cria la fille. J'ai vraiment besoin de toi, papa!
Mon univers ralentit et se figea: papa.
elle avait appelé mon père «papa».
Puis elle se tourna dans ma direction et je vis nettement son visage.
Mes mains volèrent jusqu'à ma bouche.
Oh, mon dieu.
Ce ne pouvait pas être vrai. À part ses cheveux roux, elle me ressemblait comme deux gouttes d'eau.

Il y eut des coups frappés à ma porte, ce qui m'étonna, car les heures de visites étaient terminées.Je prononçai un faible «entrer».
C'était ma mère.
-Bonsoir, Sabine, dit-elle
Ses mots étaient très solennels, mais il y avait une chaleur nouvelle dans son ton.
-Salut maman. Papa et les filles viendront-ils?
Elle secoua la tête.
-Pas cette fois; mais ils seront là demain.
.-Bien.
-J'ai fait exprès de venir seule, car j'ai quelque chose d'important à te dire.
-Quoi?
-Je me suis posé beaucoup de questions, récemment.Le choc quand Amy s'est enfuie et ensuite ton accident m'ont fait reconsidérer des tas de choses.
-Je vais bien, maintenant, l'informai-je.J'ai des ecchymoses et des coupures, mais rien de sérieux. Tu n'a pas à t'inquiéter pour moi.
-Mais c'est le cas. Je suis désolée pour tout, Sabine. Je comprends à présent que j'ai commis une erreur effroyable.
-Une erreur? lui demandai-je, intriguée par l'angoisse dans sa voix.
-Oui, chérie.
Elle se pencha vers moi et me prit la main.
-C'est pourquoi j'ai pris une décision grave à ton sujet.
-Quelle décision?
-J'ai eu tort de te chasser de la maison.Il est temps pour moi de réparer. Elle fixa mon visage intensément et resserra sa main sur la mienne. Sabine, dès que tu iras assez bien pour voyager, tu reviendras vivre à San Jose.

-Alors viens avec moi.
Dominic tendit la main en signe d'invitation le bout de ses doigts effleurant mon bras. je sursautai quelque peu. la peau me picotait a l'endroit ou il m'avait touchée.
-Tu n'es pas sérieux.
-Pourquoi pas! Ne sommes-nous pas partenaires?
Le garçon avait prononcé ce mot d'une façon à la fois douce et moqueuse en me lançant un regard qui me mit mal à l'aise.
-Mais...je ne peux tout simplement pas partir avec toi.
-Pourquoi pas? Tu as peur?
-Bien sûr que non, dis-je d'un rire qui sonnait faux. Vraiment pas.
-Alors grimpe dans le camion.
-Je ne peux pas, j'ai de l'école demain.
-N'y va pas.
-Ça me plairait...pour plusieurs raisons.
Je me déplaçais malhabilement dans l'allée de garage.
-Tu vois, j'ai des responsabilités, poursuivis-je, comme le journal de l'école, les devoirs et mes amis.
-Ton petit copain je-veux-devenir-magicien?.me demanda Dominic avec dédain.
-Laisse Josh en dehors de ça. Et pour ta part, ne devrais-tu pas fréquenter une école ou une autre?
Dominic esquissa un petit sourire malicieux.

Dominic portait un jean foncé une chemise brune et des bottes de travail tachées de gazon. Une brise souleva ses cheveux châtain,.ses bras bronzés et musclés étaient tendus d'une énergie contenue lorsqu'il marcha à grands pas vers nous.
-Tu en as mis du temps pour arrêter, dit-il avec mauvaise humeur. Je conduis jusqu'ici pour vous aider à faire vos recherches et là je vous vois en route...Hé qu'est-ce qui ne va pas?
-N'es-tu pas au courant? lui demandai-je la voix brisée.
-Au courant de quoi? rétorqua-t'il.
-De l'accident.
-Quel accident? me demanda Dominic. Puis il passa rapidement de la colère à la douceur.
-Est-ce que ça va? s'enquit-il.
Cette attitude brisa ma retenue et mes yeux se voilèrent de larmes.

J'aurais voulu ravaler mes paroles à la minute où je les avais prononcées. Où avais-je la tête? On aurait dit l'une de ces charmeuses artificielles qui se jouaient des garçons en cherchant les compliments et en agissant de manière superficielle. Qu'est-ce que Dominic allait penser de moi et pourquoi cela m'importait-il?
-Je ne sais pas qui tu es... du moins pour l'instant, répondit le garçon en s'approchant si près de moi que j'en eus le souffle coupé.
La façon dont il avait ajouté pour l’instant semblait à la fois une menace et une promesse. Il tendit la main et toucha doucement la mèche noire striant ma chevelure blonde. Pendant un moment nos regards se rencontrèrent. J'avais peine à respirer. Des émotions m’envahissaient. L'intensité de mes émotions m'effraya et je me détournai vivement de Dominic.

-Dis-moi tout Binnie.
Le garçon roula une chaise près de lui et me fit signe de m'y assoir.
-Dis tout à oncle Manny.
-Ne sois pas condescendant envers moi c'est sérieux.
-N'ai-je pas la mine grave?
-Pas avec ce sourire insolent.
Manny serra les lèvres jusqu’à ce qu'elles ne forment qu'une ligne mince.
-C'est mieux? demanda-t’il.
-Maintenant tu as l'air d’un psychopathe dément.

Et, toi, la fille au tatouage en forme de libellule, ne fais pas ça...

Je me tenais dans le cadre de porte de l'atelier, à quelques enjambées rapides de Josh. Je fis un petit pas vers lui.
Il y eut un grand bruit grinçant et des étincelles jaillirent d'une machine à l'autre bout de l'atelier. Josh cherchait encore et encore. Il n'avait aucune idée. Le garçon à gauche poussa timidement sur le bouton vert du contrôle. Les roues n'étaient pas stables ; je le savais, tout simplement. Le bruit était si fort ; néanmoins, je pouvais, je ne sais comment, entendre ce qui se passait dans la tête de Josh : " Où est cette stupide chose?"
Tout à coup, il y eut un bruit semblable à une détonation et une des roues de l'auto glissa hors de la plateforme. Le garçon frêle pressa frénétiquement le bouton rouge du contrôle, mais la voiture roula vers l'avant. Je me déplaçais maintenant à grandes enjambées vers Josh. C'était tellement bruyant! En courant, je le rejoignis et le poussai avec force. Nous trébuchâmes sur le côté au moment où la voiture sortit complètement du pont élévateur pour s'écraser sur le coffre à outils devant lequel Josh se tenait quelques secondes auparavant.

La première fois que nous nous étions embrassés, nous dansions et j'étais possédée par un fantôme. Donc, ça ne comptait pas vraiment. La deuxième fois, j'étais à deux doigts de mourir, et son baiser ressemblait d'avantage à un bouche-à-bouche pour me ramener à la vie... du moins, c'était ainsi que cela avait commencé. Toujours est-il que c'est arrivé uniquement en raison du danger, et j'avais continué de fréquenter Josh.

Rien d'accidentel à propos de ce baiser-ci.

Le pardon est le parfum que la violette répand sur le talon qui l'a écrasé...

Un ennemi obscur était beaucoup plus dangereux. Ne pas savoir de qui me méfier me mettait les nerfs à vif.

Nona m'avait dit de ne jamais craindre les cimetières, que ces derniers n'étaient hantés que par les souvenirs des gens décédés.

Ce jour-là, elle me mit au courant des derniers développements dans les trois "R" de la vie sociale : les rencarts, les rejets et les ragots.