Même au sein de mon couple, pareille connexion m'était inconnue. Mon mari et moi avions vécu côte à côte mais jamais je n'avais eu accès à son monde intérieur, ni lui au mien. Jamais je n'avais éprouvé le bonheur de travailler sur un projet commun.
Vivez, Veronika ! Prenez des risques ! C'est là tout le sens de la vie. Nous devons chacun chercher notre bonheur. Personne n'a jamais vécu notre vie, il n'y a pas de règles. Fiez-vous à votre instinct. N'acceptez que le meilleur, mais surtout cherchez-le bien, ne le laissez pas vous filer entre les mains. Les bonnes choses passent parfois inaperçues. Rien ne nous arrive tout entier. C'est ce que nous faisons de ce que nous trouvons en chemin qui détermine l'issue. Ce que nous choisissons de voir, ce que nous choisissons de conserver. Et ce que nous choisissons de garder en mémoire.. N'oubliez jamais que tout l'amour de votre vie est là, en vous, et qu'il le restera toujours. Jamais on ne pourra vous le prendre.
Les enfants sont contraints de construire leur monde à partir d'informations tellement incomplètes. Ce sont d'autres qui tranchent pour eux, et ils ne se voient jamais transmettre que des bribes de la logique sous-tendant telle ou telle décision. Enfants, nous habitons un monde constitué de fragments incohérents. Enjoliver et combler les lacunes est une opération inconsciente, me semble-t-il, qui se poursuit peut-être tout au long de la vie. (p. 59)
J'ai l'impression de l'avoir écrit il y a si longtemps, poursuivit Véronika. C'est sans doute un peu comme donner le jour à un enfant : il est de soi, mais ce n'est pas soi. Une fois né, il vit sa propre existence. On est là pour le protéger et prendre soin de lui, on souffre et on se réjouit avec lui, mais, au bout du compte, on doit le laisser vivre sa vie, prendre ses distances et lui donner sa liberté. Et espérer qu'il s'en sortira bien.
Entre de mauvaises mains, un livre n'est que du papier, de la paperasse pour allumer le feu ou nettoyer les fenêtres.
Ma mère avait tant de chagrins à supporter qu'ils semblaient prendre le pas, comme si la peine de ce qu'elle avait perdu assombrissait la joie de ce qu'elle avait encore. C'est assez fréquent je crois : le malheur prend plus de place que le bonheur.
Les parents ont un pouvoir redoutable : ils peuvent protéger de tous les maux, ou infliger les pires. Enfants, nous prenons ce qu'on nous donne. Peut-être pensons-nous que même le pire vaut mieux que ce que nous craignons plus que tout. (p. 207)
Je déambule dans les pièces et j'écris à des ombres, sans jamais me départir de l'idée que l'écriture seule peut apporter la paix, réparer et guérir ce qu'une vie meurtrit.
Bo Bergman
Les parents ont un pouvoir redoutable : ils peuvent protéger de tous les maux, ou infliger les pires. Enfants, nous prenons ce qu'on nous donne. Peut-être pensons-nous que même le pire vaut mieux que ce que nous craignons plus que tout.
Je n'ai jamais parlé à personne de cette nuit, dit-elle. Jamais. Et maintenant que j'entends mes propres paroles, je me rends compte qu'elles me racontent une histoire différente de celle que j'ai portée durant toutes ces années, observa-t-elle en refermant les paupières. Je crois que si nous arrivons à trouver les mots, et à trouver quelqu'un à qui les dire, nous pouvons peut-être voir les choses autrement. Mais je n'avais pas les mots. Et je n'avais personne. (p. 168-169)