QUAND LE RIRE SUCRE NOS SOUVENIRS : LINDSAY LIETIN
Publié 22 septembre 2021
Encore une lecture qui ne s’est pas éternisée dans ma PAL. Déjà 50 avis sur Amazon donc une popularité certaine et entre nous, méritée. L’autrice est sympathique, accessible, et de min coin ! Une vraie Nordiste qui a assimilé tous les bons mots dont elle a saupoudré son texte à travers les répliques de Mauricette, mais aussi dans sa narration, malgré elle qui sait, mais ça donne un parfum de cassonade à la pâte tout à fait délicieux. Et si je les ai repérés, c’est pour être un exilé Charentais qui vit avec une Nordiste depuis quinze ans.
Comme les troncs d’arbre, les gens prennent des courbures à la faveur des choix ou des épreuves. Ces plis finissent par définir les personnes, d’autant plus avec les années. Ce premier roman a probablement reçu une bonne part de son autrice pour être nourri, et je ne vais pas chercher quels aspects de celui-ci ont trait à sa vie, son expérience, mais elle a produit une fresque intelligente, humaine et d’une justesse émotionnelle remarquable. La pudeur qui se traduit par des soupirs ou des non-dits, au point de donner la parole à l’autre pour raconter un temps l’histoire. Sûrement le plus notable des points positifs que je retiens de ma lecture.
Les dialogues, les drôles d’habitude de vie d’Eustache, les secrets, les souvenirs et les questions restées sans réponse, tout se modèle peu à peu jusqu’à former les pièces d’un puzzle et on finit par se prendre au jeu de mener l’enquête avec Rosie. C’est touchant, drôle, juste comme seule une personne sensible au parcours des autres peut arriver à transmettre. Lindsay aime clairement le Nord et lui rend un bel hommage à travers ce que sont vraiment les Chtis, des personnes de cœur, un tableau pas toujours rose mais particulièrement humain où chacun a dû faire face aux coups durs, et comment ceux-ci les ont changés, pour le meilleur comme le pire.
Elle offre aussi une vision vivante et lumineuse de personnes qui peuvent toujours nourrir des envies, avoir des projets, être touchées, malgré les épreuves, la malchance ou des choix malheureux. A tout âge on peut s’enfermer dans une routine qui ne nous convient pas mais dont les bords rassurants nous retiennent, parce qu’il est plus facile de renoncer et se lamenter que de rebondir. Et que Rosie obtienne le déclic de septuagénaires, voire plus, est une option à contre-courant de la tendance actuelle qui colle une date de péremption aux choses comme aux gens. Elle tend à confirmer qu’on peut recycler les êtres et les choses de leur vivant, et cette perspective met du baume au cœur.
Bref, si vous avez envie d’un roman avec une âme, un tableau naturaliste qui réunit trois générations, celui-ci n’attend que vous…
Lien :
https://giovanniportelli.wor..