Citations de Louis-Ferdinand Céline (2885)
Mes sentiments à l'égard de Céline subissent autant de variations que ceux d'un amoureux déçu. En ce moment, je pense à lui avec amitié et je compose mentalement la première lettre que je lui écrirai lorsque je serai parti. Puis, brusquement, je décide d'en finir avec lui, mais pour en revenir bientôt à ma première résolution. Il m'a rendu aussi fou que lui. Mon œil se contracte. Le muscle de la jambe gauche me tiraille péniblement. Je pouvais à peine me tenir debout cette après-midi tant la plante du pied me démangeait. Et l'index de ma main droite est comme paralysé.
Ces paniques menues pendant lesquelles tout un quartier en pyjama, derrière la bougie, disparaissait en gloussant dans les profondeurs pour échapper à un péril presque entièrement imaginaire mesuraient l'angoissante futilité de ces êtres tantôt poules effrayées, tantôt moutons fats et consentants. De semblables et monstrueuses inconsistances sont bien faites pour dégoûter à tout jamais le plus patient, le plus tenace des sociophiles.
On perd la plus grande partie de sa jeunesse à coups de maladresses. Il était évident qu'elle allait m'abandonner mon aimée tout à fait et bientôt. Je n'avais pas encore appris qu'il existe deux humanités très différentes, celle des riches et celle des pauvres. Il m'a fallu, comme à tant d'autres, vingt années et la guerre, pour apprendre à me tenir dans ma catégorie, à demander le prix des choses et des êtres avant d'y toucher, et surtout avant d'y tenir.
— Il n'y a que les fous et les lâches qui refusent la guerre quand leur Patrie est en danger…
— Alors vivent les fous et les lâches ! Ou plutôt survivent les fous et les lâches ! Vous souvenez-vous d'un seul nom par exemple, Lola, d'un de ces soldats tués pendant la guerre de Cent Ans ?… Avez-vous cherché à en connaître un seul de ces noms ?… Non, n'est-ce pas ?… Vous n'avez jamais cherché ? Ils vous sont aussi anonymes, indifférents et plus inconnus que le dernier atome de ce presse-papier devant nous, que votre crotte du matin… Voyez donc bien qu'ils sont morts pour rien, Lola ! Pour absolument rien du tout, ces crétins ! Je vous l'affirme ! La preuve est faite ! Il n'y a que la vie qui compte. Dans dix mille ans d'ici, je vous fais le pari que cette guerre, si remarquable qu'elle nous paraisse à présent, sera complètement oubliée… À peine si une douzaine d'érudits se chamailleront encore par-ci, par là, à son occasion et à propos des dates des principales hécatombes dont elle fut illustrée… C'est tout ce que les hommes ont réussi jusqu'ici à trouver de mémorable au sujet les uns des autres à quelques siècles, à quelques années et même à quelques heures de distance… Je ne crois pas à l'avenir, Lola…
Sûrement que c'était une tête de lard, j'en avais déjà vu beaucoup moi des figures rébarbatives, mais celui-là il était fadé comme impression de la pire vacherie.
C'est peut-être ça qu'on cherche à travers la vie, rien que cela, le plus grand chagrin possible pour devenir soi-même avant de mourir.
Il me fit sans que je l'en priasse, de Grappa, un portrait express au caca fumant.
On a du mal à se débarrasser de soi-même en guerre !
La plupart des gens ne meurent qu'au dernier moment ; d'autres commencent et s'y prennent vingt ans d'avance et parfois davantage. Ce sont les malheureux de la terre.
C'est des hommes et d'eux seulement qu'il faut avoir peur, toujours.
On est puceau de l'Horreur comme on l'est de la volupté.
A l'instant je le trouvai abominable de me déranger au moment juste où je commençais a me refaire un bon petit égoïsme.
La vie, c'est ça. c'est un bout de lumière qui finit dans la nuit.
Il y'a un moment où on est arrivés au bout de tout ce qui peut arriver. c'est le bout du monde. le chagrin lui même, le vôtre ne vous répond plus rien et il faut revenir en arrière alors parmi les hommes n'importe lesquels. On n'est pas difficile dans ces moments là, car même pour pleurer, il faut retourner là où tout recommence. Il faut revenir vers eux.
Nous sommes par nature si futiles que seules les distractions peuvent nous empêcher vraiment de mourir. Je m'accrochais pour mon compte au cinéma avec une ferveur désespérée.
La grande prétention au bonheur, voilà l'énorme imposture !C'est elle qui complique toute la vie ! Qui rend les gens si venimeux, crapules, imbuvables. Y a pas de bonheur dans l'existence, y a que des malheurs plus ou moins grands, plus ou moins tardifs, éclatants, secrets, différés, sournois... " C'est avec des gens heureux qu'on fait les meilleurs damnés. " Leprincipe du diable tient bon.
Autant pas se faire d’illusions, les gens n’ont rien à se dire, ils ne se parlent que de leurs peines à eux chacun, c’est entendu. Chacun pour soi, la terre pour tous.
Autant pas se faire d’illusions, les gens n’ont rien à se dire, ils ne se parlent que de leurs peines à eux chacun, c’est entendu. Chacun pour soi, la terre pour tous.
La vie est une classe dont l'ennui est le pion.
L'existence , ça vous tord et ça vous écrase la face.