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Citations de Louis Fréchette (88)


Louis Fréchette
LE PRINTEMPS

Voici le Printemps, la saison des roses.
Plus de rameaux nus, de gazons jaunis ;
Plus de froids matins ni de soirs moroses
Voici le Printemps et ses jours bénis.

Voici le Printemps : aux fleurs demi-closes
La brise qui vient des bois rajeunis
Murmure tout bas de divines choses...
Voici le Printemps, la saison des nids.

Enfant, tout cela chez vous se révèle ;
Chez vous, comme au sein de la fleur nouvelle,
La coupe d'ivresse offre sa liqueur.

Pour vous nul besoin que le temps renaisse
Vous avez la vierge et sainte jeunesse ;
C'est votre printemps, la saison du coeur.
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Louis Fréchette
Au frère Stephen

J’ai planté ce matin un bouquet éphémère
Au-dessus du cher mort sous le tertre endormi ;
Et je veux, un moment, dans votre sein d’ami
Épancher le trop plein de ma détresse amère.

Dieu, qui ne fait jamais les choses à demi,
Près du pauvre exilé vous mit comme une mère ;
Et quand le sort fatal vint briser ma chimère
Des peines de mon cœur votre cœur a gémi.

Aussi, dans le secret de mon âme froissée,
Je vous confonds tous deux, et ma triste pensée
Va de celui que j’aime à celui que j’aimais.

Hanté par l’un, je sens que l’autre me regarde ;
Je vous complète l’un par l’autre, et je vous garde
Tous deux dans ma tendresse alliés pour jamais.
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Louis Fréchette
Hindelang

Il avait vingt-trois ans, une taille athlétique,
Un grand front qu’éclairait une âme poétique.
Son esprit et son cœur, rarement en défaut,
Plaisaient à tous.

Lorsqu’il monta sur l’échafaud,
Ses frères d’infortune et ses compagnons d’armes
Tombèrent à genoux et fondirent en larmes.
Lui leur fit ses adieux, souriant à demi ;
Puis il dit au bourreau : ― Je suis prêt, mon ami !

C’était un noble enfant de la mère patrie ;
Un enfant doux et bon. Un jour, l’âme meurtrie
Par un de ces chagrins qui brisent les plus forts,
Vaincu, désespéré, lutteur à bout d’efforts,
Ne pouvant arracher l’épine ensanglantée
Qu’en son cœur une main cruelle avait plantée,
Il avait essayé, pour tromper son ennui,
De mettre la distance entre sa peine et lui.

Et le nouveau René partit pour l’Amérique.
C’était juste au moment de la lutte homérique
Que nos pères, courbés sous un joug écrasant,
Transformant en épieu la faux du paysan,
Avaient, sous les regards de l’Europe surprise,
Pour défendre leurs droits vaillamment entreprise.

Le jeune homme entendit ce cri de liberté
Jusqu’au port de New-York par la brise porté.
Quoi ! des Français, luttant contre la tyrannie
Avec le désespoir d’un peuple à l’agonie,
À tous demanderaient vainement du secours !
Point de retard, pour lui les moments sont trop courts ;
Il arrive ; et, recrue à la hâte enrôlée,
L’arme au poing il se jette au fort de la mêlée !

C’était près d’Odeltown, où partout débordés
Les insurgés tentaient un dernier coup de dés.
Il fut l’un des géants de la lutte infernale,
Mais, blessé, quand survint la déroute finale,
Dans la fuite oublia de chercher son salut.
Hélas ! son dévoûment touchant ne lui valut
Qu’une tombe parmi nos martyrs patriotes.

Victimes des sabreurs ou des Iscariotes,
Les armes à la main et de sang encor chauds,
Les vaincus furent pris et jetés aux cachots ;
Et bientôt, sur son front livré sans résistance,
L’enfant sentit peser la suprême sentence…
Quand on le vit paraître, et gravir, calme et beau,
Sans un frémissement, le fatal escabeau :
― Grâce ! fit une voix qui partit de la foule.
― Grâce ? non pas ! dit-il ; il faut que mon sang coule.
Frères, dans l’avenir ce jour sera compté :
C’est dans le sang toujours que naît la Liberté ! ―

Et puis, pour défier la populace anglaise,
Le martyr entonna gaîment la Marseillaise.
Le chant, au mot Patrie, à sa lèvre expira.
Tu mourus, Hindelang, mais l’histoire dira
Que l’avenir n’a pas trompé ton espérance.
Et, s’il fallait du sang le plus noble de France
Pour arroser le sol où nos droits ont grandi,
Lorsque ton fier cadavre à peine refroidi
Fut étendu devant la foule agenouillée,
― Dors en paix, Hindelang ! ― la dette était payée !
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Chênes au front pensif, grands pins mystérieux,
Vieux troncs penchés au bord des torrents furieux,
Dans votre rêverie éternelle et hautaine,
Songez-vous quelquefois à l’époque lointaine
Où le sauvage écho des déserts canadiens
Ne connaissait encor que la voix des Indiens,
Qui, groupés sous l’abri de vos branches compactes,
Mêlaient leur chant de guerre au bruit des cataractes ?
Sous le ciel étoilé, quand les vents assidus
Balancent dans la nuit vos longs bras éperdus,
Songez-vous à ces temps glorieux où nos pères
Domptaient la barbarie au fond de vos repaires ?
Quand, épris d’un seul but, le cœur plein d’un seul vœu,
Ils passaient sous votre ombre en criant : — Dieu le veut !
Défrichaient la forêt, créaient des métropoles ;
Et, le soir, réunis sous vos vertes coupoles.
Toujours préoccupés de mille ardents travaux.
Soufflaient dans leurs clairons l’esprit des jours, nouveaux ?

Oui, sans doute ; témoins vivaces d’un autre âge,
Vous avez survécu tout seuls au grand naufrage
Où les hommes se sont l’un sur l’autre engloutis ;
Et, sans souci du temps qui brise les petits,
Votre ramure, aux coups des siècles échappée,
À tous les vents du ciel chante notre épopée !
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Louis Fréchette
En mer

À ma petite Marie-Jeanne.

L’océan roule en paix sa houle souveraine,
Où, mobile, se joue un reflet de ciel clair :
Et, les ailes au vent, comme un oiseau de l’air,
Notre steamer géant y plonge sa carène.

Le soleil radieux s’enfonce dans la mer,
Dorant l’immensité de sa splendeur sereine ;
Sur les flots monte au loin comme un chant de sirène…
Et pourtant, sur ma lèvre erre un sourire amer.

Le spectacle est charmant, féerique, unique au monde ;
Mais j’aime mieux les soirs où l’âpre bise gronde
Et dans les grands huniers jette son cri strident ;

Ah ! c’est qu’il est trop lent le vaisseau qui m’enlève,
Et que je vois là-bas, loin là-bas, dans mon rêve,
Un doux berceau béni qu’on berce en m’attendant.
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Louis Fréchette
Chénier

Elle fut magnanime, héroïque et sans tache,
Votre légende, ô fiers enfants de Saint-Eustache !

Quand le reste pliait ; quand, à Saint-Charle en feu,
Sacrifiant leur vie en un suprême enjeu,
Les hardis défenseurs de notre sainte cause,
Martyrs du grand devoir que la patrie impose,
Étaient morts aux lueurs de leurs foyers détruits ;
Quand les plus dévoués au loin s’étaient enfuis,
Traqués en malfaiteurs jusques à la frontière,
Et que les conquérants, avec leur morgue altière,
De leurs cris de triomphe insultaient les vaincus,
Vous, au sublime appel d’un nouveau Spartacus,
Voulûtes, réunis en phalange sacrée,
Défiant jusqu’au bout la puissance exécrée
Des tyrans désormais transformés en bourreaux,
Vaincre en désespérés ou mourir en héros !

Colborne et ses soldats, sinistre et lourd cortège,
S’avançaient en traînant leurs fourgons sur la neige.
L’invective à la bouche et la torche à la main,
Répandant la terreur partout sur leur chemin,
Ces preux, qu’on aurait dit recrutés dans les bouges,
S’approchaient, et de loin les uniformes rouges
Semblaient, mouvants replis, au front des coteaux blancs,
Comme un serpent énorme aux longs anneaux sanglants.

Ces reîtres sont joyeux ; déjà leur cœur savoure
Le plaisir qu’a le nombre à vaincre la bravoure.

En revanche, le ciel est triste et nuageux.
Ce matin-là, le jour, à l’horizon neigeux,
Tardif, n’avait jeté qu’une lueur blafarde.
Chénier toute la nuit avait monté la garde ;
Et puis, n’attendant plus que le fatal moment,
Longtemps, les yeux fixés au pâle firmament,
Tout rêveur, il se tint debout à sa fenêtre.
― Pleurez-vous ? fit quelqu’un. Il répondit : ― Peut-être !
J’aurais, ajouta-t-il sans trouble dans la voix,
Voulu voir le soleil pour la dernière fois.

À midi le canon tonna. Silence morne,
Pas un bruit n’accueillit ce salut de Colborne.
Pour combattre avec chance, équipés à demi,
Il valait mieux laisser s’approcher l’ennemi.

Les insurgés s’étaient retranchés dans l’église ;
Cent hommes tout au plus, cent cœurs que paralyse
Le manque de fusils et de munitions.
Mais n’importe, chez eux nulles défections !
Armés ou désarmés, du premier au centième,
Tous sont prêts à combattre et résister quand même.
― C’est bien, leur dit Chénier un éclair aux sourcils,
Les mourants cèderont aux autres leurs fusils :
Nous en aurons bientôt assez pour tout le monde ! ―

Cependant au dehors la canonnade gronde ;
Le bourg est envahi, tous les chemins bloqués ;
Les affûts destructeurs sur l’église braqués,
Faisant sauter les ais, déchirant les murailles,
Lancent la foudre avec des paquets de mitrailles ;
Derrière un bataillon, un bataillon surgit,
Mêlant sa fusillade au canon qui mugit ;
L’église n’est bientôt qu’une vaste masure.

Mais, du haut des clochers et de chaque embrasure,
Les hardis assiégés ripostent fièrement.
Repoussant chaque assaut par un redoublement
D’efforts et de sang-froid, d’adresse et de courage,
Chénier se multiplie et tient tête à l’orage.
Sanglant, échevelé, noir de poudre, on le voit
Grandir en même temps que le danger s’accroît ;
Un officier anglais le somme de se rendre :
Le héros souriant lui répond : ― Viens me prendre ! ―
Et l’étend raide mort d’un coup de pistolet.

Mais, presque au même instant, un énorme boulet
Fait voler en éclats la grand’porte de chêne.
Alors des assiégeants la horde se déchaîne.
On envahit l’église armé jusques aux dents,
Et l’assaut du dehors recommence au dedans.

― Hourra ! criait Chénier ; hardi ! sus aux despotes !
Montrons-leur ce que c’est que des francs patriotes !…

Et des jubés croulants, du haut des escaliers,
À l’abri de l’autel, derrière les piliers,
De partout corps à corps s’engagea la mêlée.
La lutte fut sauvage, implacable, affolée.
Nul temps de recharger les armes, à ce point
Qu’on se prend aux cheveux, qu’on se frappe du poing.
Ils sont deux mille au moins contre cent, mais n’importe
On se tue au balustre, on s’écrase à la porte ;
La masse ondule ; on va poussant et repoussant,
Fou de rage, assoiffé de carnage et de sang…
Enfin l’Anglais recule, et Colborne en furie
Est forcé de plier devant Chénier qui crie :
― Victoire, mes enfants ! victoire, grâce à Dieu !
Un cri désespéré lui répondit : ― Au feu !
Ces forts, voyant contre eux tourner la tragédie,
Avaient à leur secours appelé l’incendie.
Ils avaient fait leur œuvre, et l’église brûlait :
L’espoir, l’espoir dernier des héros s’envolait.
Il ne leur restait plus qu’à succomber en braves.

Du portail à l’abside et des clochers aux caves,
La flamme faisait rage. Alors l’œil ébloui
Vit là se dérouler un spectacle inouï.
Pendant que du brasier les spirales rampantes
Sapaient les murs noircis et rongeaient les charpentes,
Et, que, dans les horreurs d’un vaste embrasement,
L’édifice flambait, ― de moment en moment,
Du haut de la bâtisse à demi consumée,
Aux lueurs des éclairs, au sein de la fumée,
Dans les crépitements et les coups de fusils,
Aux clameurs des Anglais d’épouvante saisis,
Ensanglanté, farouche, au bord d’une fenêtre,
On voyait tout à coup comme un spectre apparaître,
Et lancer aux vainqueurs, dont sa haine fait fi,
Un dernier coup de feu dans un dernier défi !

Il en périt beaucoup dans les flammes. Le reste
Des vaincus dut subir un sort non moins funeste.
Sitôt que, poursuivi par le feu qui le mord,
Quelque insurgé tentait de s’échapper : ― À mort !
Il tombait fusillé par une balle anglaise.
Chénier, dernier de tous, sortit de la fournaise.

La scène ne dura que deux minutes, mais
Ceux qui purent la voir ne l’oublieront jamais.
Le héros, en sautant du haut d’une croisée,
S’affaissa sur le sol une jambe brisée.
Ce n’est rien ! sous le plomb qui grêle à bout portant,
Chénier sur un genou se relève un instant ;
Il se dresse, aveuglé de sang, l’habit sordide,
Défiguré, hagard, effroyable, splendide ;
Et, pour suprême insulte à la fatalité,
Le fier mourant cria : ― Vive la liberté !
Puis dans le tourbillon, la poudre, le vacarme,
Par un dernier effort il déchargea son arme.
Un nouvel ennemi tomba, mais ce fut tout :
Colborne et ses soudards étaient vainqueurs partout !
Ce qui suivit eût fait rougir des cannibales.

On traîna de Chénier le corps criblé de balles ;
Un hideux charcutier l’ouvrit tout palpitant ;
Et par les carrefours, ivres, repus, chantant,
Ces fiers triomphateurs, guerriers des temps épiques,
Promenèrent sanglant son cœur au bout des piques…

Puis la torche partout ! les braves en avant !
On brûla les maisons, on brûla le couvent ;
Si quelque humble demeure échappait mi-détruite,
C’est que l’on pourchassait quelques femmes en fuite.
De quartier nulle part, nulle compassion ;
Partout pillage, vol et dévastation !
Les vieux citent encor des traits épouvantables :
On sabrait dans les lits, on sabrait sous les tables ;
Tuer des prisonniers, éventrer des mourants,
C’étaient nobles exploits. Un enfant de quatre ans
Est là tout étonné qui regarde et qui flâne ;
Un des braves l’ajuste et lui brise le crâne…
Ce brave eut un procès, mais il fut acquitté,
N’ayant au fond puni qu’un petit révolté !
Enfin, le lendemain, ces nobles Alexandres
Laissaient par derrière eux trois villages en cendres !

C’est à ces durs prix-là ― sombre nécessité ! ―
Que tout peuple naissant t’achète, ô Liberté !
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« Satan, roi des enfers, enlève-nous dans les airs ! Par la vertu de Belzébuth, mène-nous dret au but ! Acabris, acabras, acabram, fais-nous voyager par-dessus les montagnes ! »
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À peine le vieux avait-il eu le temps de cracher cinq
ou six de ses plus beaux jurons, que la voiture dévalait à
toute bride vers la rue Saint-Jean, Grelot à moitié
étranglé par Sabatier, qui, le tenant à la cravate d’une
main, de l’autre agitait en l’air un long chapelet de
sonnettes criardes, tandis qu’une nuée de polissons,
s’accrochant par derrière à toutes les arêtes du véhicule,
mêlaient leurs cris de singes au tintamarre enragé des
grelots.
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Novembre

Jours de deuil ! Plus de nids sous le feuillage vert ;
Les chantres de l'été désertent nos bocages ;
On n'entend que le cri de l'oiseau dans les cages,
Avec les coups de bec sonores du pivert.

De jaunissants débris le gazon s'est couvert ;
Les grands boeufs tristement reviennent des pacages ;
Et la sarcelle brune, au bord des marécages,
Prend son essor pour fuir l'approche de l'hiver.

Aux arbres dépouillés la brise se lamente ;
A l'horizon blafard, l'aile de la tourmente
Fouette et chasse vers nous d'immenses oiseaux gris...

Des passants tout en noir gagnent le cimetière ;
Suivons-les, et donnons notre pensée entière,
Pour un instant, à ceux que la mort nous a pris.
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Je crois au spiritisme, comme je crois à l'alchimie. De même que les travaux des chercheurs du grand oeuvre ont produit la chimie moderne, il pourrait bien naître, des rêves du spiritisme, toute une branche de science naturelle dont les hypothèses les plus hardies ne sauraient mesurer ni le poids ni l'action dans les choses de l'avenir.
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Montebello

Pittoresque manoir, retraite hospitalière
Où Papineau vaincu coula ses derniers jours,
J’aime à revoir tes murs, ta terrasse, tes tours
Secouant au soleil leur panache de lierre.

Qui suit de tes sentiers la courbe irrégulière,
En s’égarant sous bois, s’imagine toujours
Voir, dans le calme ombreux de leurs secrets détours,
Glisser du grand tribun l’image familière.

Car il vit tout entier ici -dans chaque objet;
Il aimait ce fauteuil, cet arbre l’ombrageait;
Tout nous parle de lui, tout garde sa mémoire;

Et, pour suprême attrait, sur ce seuil enchanté,
Le cœur tout grand ouvert, la Grâce et la Beauté
Ajoutent leur prestige aux souvenirs de gloire.
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Les Mille-Iles

Massifs harmonieux, édens des flots tranquilles,
D’oasis aux fleurs d’or innombrables réseaux,
Que la vague caresse et que les blonds roseaux
Encadrent du fouillis de leurs tiges mobiles.

Bosquets que l’onde berce au doux chant des oiseaux,
Des zéphirs et des nids pittoresques asiles,
Mystérieux et frais labyrinthe, Mille-Iles,
Chapelet d’émeraude égrené sur les eaux.

Quand la première fois je vis, sous vos ombrages,
Les magiques reflets de vos brillants mirages,
Un chaud soleil de juin dorait vos verts abris;

D’enivrantes senteurs allaient des bois aux grèves;
Et je crus entrevoir ce beau pays des rêves
Où la sylphide jongle avec les colibris.
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Je connais un petit ange
Lequel n’a jamais mouillé
Sa blanche robe à la fange
Dont notre monde est souillé.

C’est lui qui donne le change
Au pauvre cœur dépouillé
Que l’amour, vautour étrange,
D’un bec cruel a fouillé.

Cet ange, qui vous ressemble,
Sous son aile nous rassemble
C’est la divine Amitié.

Son regard est doux et calme;
Il m’offre sa chaste palme…
En voulez-vous la moitié?
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LA FORÊT
Chênes au front pensif, grands pins mystérieux,
Vieux troncs penchés au bord des torrents furieux,
Dans votre rêverie éternelle et hautaine,
Songez-vous quelquefois à l'époque lointaine
Où le sauvage écho des déserts canadiens
Ne connaissait encor que la voix des Indiens,
Qui, groupés sous l'abri de vos branches compactes,
Mêlaient leur chant de guerre au bruit des cataractes ?
Sous le ciel étoile, quand les vents assidus
Balancent dans la nuit vos longs bras éperdus,
Songez-vous à ces temps glorieux où nos pères
Domptaient la barbarie au fond de vos repaires ?
Quand, épris d'un seul but, le coeur plein d'un seul voeu,
Ils passaient sous votre ombre en criant : — D i e u le veut !
Défrichaient la forêt, créaient des métropoles;
Et, le soir, réunis sous vos vertes coupoles,
Toujours préoccupés de mille ardents travaux,
Soufflaient dans leurs clairons l'esprit des jours nouveaux ?

Oui, sans doute; témoins vivaces d'un autre âge,
Vous avez survécu tout seuls au grand naufrage
Où les hommes se sont l'un sur l'autre engloutis;
Et, sans souci du temps qui brise les petits,
Votre ramure, aux coups des siècles échappée,
A tous les vents du ciel chante notre épopée !
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Et il m'a semblé, en lisant cette Légende d'un Peuple, non pas respirer une gerbe de plantes exotiques, mais aspirer le parfum de fleurs des champs français, cultivées là-bas dans quelque arpent de neige, clans la terre canadienne, la terre fraternelle, où, si nous n'avions plus de patrie, nous retrouverions encore la patrie, comme les bras d'une aïeule en cheveux blancs rendent parfois à l'orphelin les caresses de la mère.
Mais quoi! la France est là, vivante, renaissante, militante, et le battement de son coeur a son écho jusqu'au pays d'où revient M. Louis Fréchette, pour nous consoler et pour nous charmer.
JULES CLARETIE. Paris 13 octobre 1887
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[...] si vous suivez jamais la vocation, les enfants, vous voirez qu'on fait ce qu'on peut, et non ce qu'on veut.
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POUTRÉ. – ... ... ...Enfin, c’est donc bien toi, mon cher Félix ; on m’avait dit que tu étais condamné à mort...
FÉLIX. – Ah bien oui, on n’a seulement pas pu faire mon procès. J’ai fait le fou ; c’est très peu héroïque, mais c’est cela qui m’a sauvé...
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Je n’ai ni bourse ni bagages, ni feu ni lieu. Je jette l’or par les fenêtres quand j’en ai, et j’oublie souvent que je n’en ai pas
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Parce que faut vous dire, les enfants, que dans ce temps-là, c'était pas le John Munn ni le Québec qui nous montait au Morial. On faisait la route en canots d'écorce, par gang de trois, quatre, cinq canots, en nageant et en chantant qu'y avait rien de plus beau.
À c't heure, bondance ! y a pus de fun à voyager. On part, on arrive : on voyage pas. Parlez-moi d'y a vingt-cinq à trente ans, c'est Jos Violon qui vous dis ça ! C'était queuque chose, dans ce temps-là le méquier de voyageur !
Le Coq qu'avait jamais, lui, travelé autrement qu'en berlot ou en petit cabarouette dans les chemins de campagne, avait pas tout à fait la twist dans le poignet pour l'aviron ; mais on voyait qu'y faisait de son mieux pour se dégourdir.
Avec ça qu'y devait avoir de quoi pour se dégourdir le canayen en effrette, parce que, de temps en temps, je le voyais qui se passait la main dans la chemise, et qui se baissait la tête, sous vot'respec', comme pour sucer quèque chose.
Je croyais d'abord qu'y prenait une chique, mais ya des imites pour chiquer. On a beau venir de la Beauce, un homme peut toujours pas virer trois ou quatre torquettes en sirop dans son après-midi.
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SNORREAU
Familièrement jeune ou prétentieux. Ce terme dérive peut-être de l’anglais « snore» qui veut dire ronfler.
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