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Critiques de Lucie Azema (44)
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Les femmes aussi sont du voyage

Par l’intermédiaire de considérations générales, de nombreux exemples de voyageuses célèbres, et de son expérience personnelle, Lucie Azema dresse un panorama du voyage au féminin au fil des siècles : ce qu’il est ; ce qui l’empêche ; ce qu’il pourrait devenir libéré du patriarcat.



Pour ce faire, l’ouvrage décrit et analyse, dans une première partie intitulée « Être libre de voyager », la difficulté faite aux femmes de voyager en solo, notamment du fait des jugements, principalement masculins, mais pas seulement, effectués sur ce choix considéré comme contre-nature. Difficulté en raison du statut même de la femme au sein de la société, incitée à attendre, comme Pénélope, que son Ulysse rentre de ses multiples aventures, en restant bien sagement à la maison. Incitation inculquée dès l’enfance dans les rôles indus à chaque genre, parfaitement présentés par exemple par Simone de Beauvoir dans son Deuxième sexe, et repris ici par l’autrice. Jugements en ce que la femme, du fait de ce statut, n’est pas considérée comme une femme « normale » – elle est forcément folle, de mauvaises mœurs -, lorsqu’elle décide de partir seule, comme le montrent les expériences de nombreuses voyageuses racontées et citées au fil de l’analyse : ainsi d’Alexandra David-Néel , de Nellie Bly, ou de Gloria Steinem, pour n’en citer que quelques-unes. C’est pour ces raisons que la femme, bien souvent, ne voyage pas seule, et que les récits de voyage masculins, empreints d’un regard autocentré d’homme blanc, qui ne s’ouvre que peu à ce qui l’entoure véritablement dans la découverte de nouvelles contrées, profondément misogyne, et parfois même terriblement sexualisé, se sont au contraire multipliés au fil du temps, pour nous décrire un monde de manière extrêmement partiale.



Après avoir présenté cet état de fait quant au voyage au féminin, l’ouvrage de Lucie Azema montre, dans une deuxième partie intitulée « Être libre pour voyager », comment il est possible, pour chaque femme, de dépasser ces jugements imposés afin de se libérer des carcans qui l’empêchent de voyager comme elle l’entend, mais plus encore de se construire, en tant que femme, au-delà même du voyage, dans son rapport au monde qui l’entoure et à la maternité, comme elle l’entend également. L’autrice partage alors plus concrètement son expérience qui l’a fait voyager et vivre dans plusieurs pays comme l’Inde, ou encore l’Iran. De cette expérience, qui lui a apporté et lui apporte encore beaucoup, elle présente ce qui lui a permis de se libérer elle-même en tant que femme, de se construire en tant qu’être libre de ses choix, en dehors de tout déterminisme générique qui l’obligerait à rester, comme Pénélope, à attendre sagement qu’Ulysse se décide enfin à rentrer à la maison.



Les femmes aussi sont du voyage est un ouvrage que j’ai dans l’ensemble apprécié : riche en exemples tout à fait pertinents, d’une argumentation tout aussi pertinente, ainsi que d’une plume d’une grande qualité qui se laisse lire avec fluidité et intérêt, il permet de bien mettre en lumière un autre carcan imposé aux femmes, celui du voyage – ce que j’ai personnellement connu, même si pour de brèves incursions en solo de quelques semaines.



Je remercie les éditions Flammarion et la Masse Critique de Babelio de m’avoir permis de le découvrir en avant-première : la publication est prévue pour le 10 mars.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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Les femmes aussi sont du voyage

Lucie Azema fait partie de la jeune génération d'écrivaines-voyageuses (ça existe ?) bercée par les récits des grands écrivains du voyage (London, Loti, Kérouac, ...), s'est lancé dans la grande aventure du voyage solo. Très difficile à admettre même au XXIème siècle où aventurière n'est pas le féminin d'aventurier.

Mais elle s'est vite aperçue que la place réservé aux femmes dans leurs récits est bien mince et bien souvent peu intéressante.

Les femmes voyageuses des siècles passés sont souvent tombées dans l'oubli. Avec Les femmes aussi sont du voyage, Lucie Azema non seulement les sort de l'ombre, mais donne une autre vision du voyage, tout autant intérieur que lointain.



A lire - en voyage ou au coin du feu
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Les femmes aussi sont du voyage

Il existe deux sortes de rapport entre humains. Des rapports de domination, ou bien des rencontres. Les voyages sont donc de deux natures.

Les voyages de "découverte", d'exploration, de colonisation, ont été le plus souvent menés par des hommes, produisant un discours supposé neutre, mais tissé serré de préjugés, de sarcasmes, et surtout destiné à valider une vision du monde invariable et très sexualisée. Les récits de leurs aventures invisibilisent totalement les serviteurs, les boys, les sherpas, et les femmes chargées de la nourriture ou de l'entretien. Ils furent et sont pourtant intégralement partie du voyage et sans eux, nos valeureux explorateurs ne seraient pas allés bien loin.

Et il y a les voyages de rencontre de l'Autre, tous ceux qui ne sont pas nous. Ces voyages pour lesquels il faut être libre par rapport aux préjugés, aux conventions, aux avertissements. aux peurs. Liberté intérieure tout autant qu'économique.

L'analyse du voyage d'un point de vue féministe permet non seulement de remettre quelques pendules à l'heure ou quelques points sur les i, mais aussi de revisiter les aspects fondamentaux de la liberté et de l'égalité, ce que voyager veut dire pour les femmes, quelle que soit leur origine et leur condition. Car les femmes ont toujours voyagé, accompagnant les voyageurs bien sûr, mais aussi de leur propre chef. Nombreuses celles qui ont acquis leur émancipation par le départ, soit pour échapper à une condition féminine vouée à l'attente, à la passivité et au mariage, soit pour rester vivante, tout simplement.

Lucie Azéma voyageuse invétérée, rend hommage aux nombreuses aventurières de l'histoire, qui l'ont été surtout parce qu'elles sont suivi leur propre voie. Elle nous conduit à reconsidérer nos peurs, les risques réels encourus, et en tout état de cause, à sortir de chez nous ne serait-ce que pour flâner, là où c'est possible, pour occuper l'espace public.

Voilà qui m'a donné envie de lire Alexandra David-Neel, Ella Maillart, Isabelle Eberhardt et bien d'autres, c'est-à-dire quasiment tous les ouvrages cités dans les notes.

Un essai passionnant qui se lit comme un roman d'aventures.
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Les femmes aussi sont du voyage

L'objet de ce merveilleux et essentiel essai est double et enchevêtré : les multiples manières dont le virilisme a entravé, disqualifié, invisibilisé les voyages des femmes et leurs récits d'aventures, et la façon dont ceux-ci (voyages et récits) leur permettent, par la déconstruction nécessaire du système de domination de l'espace, du mouvement, et de l'autre, d'accéder à l'une des formes les plus complètes et auto-réalisatrices d'émancipation. Pensé dans une structure impeccable, sourcé par une multitude de références diverses qui dépassent les ouvrages attendus (récents et anciens) du féminisme ainsi que les classiques de la littérature de voyage (masculins et féminins) et qui permettent de découvrir des voyageuses peu connues, travesties ou non, servi par une plume aussi précise qu'élégante qui ne cède pas à la facilité du lyrisme (sur le voyage), du pamphlétisme (contre le sexisme) ni de l'hagiographie (sur les voyageuses), ce livre contient aussi des pages dans sa pars construens qui ne se privent pas de relater les expériences et les ressentis de l'écrivaine-voyageuse autrice, en particulier en Iran. La force d'une démonstration se mesure parfois à l'évidence, après coup, de la thèse démontrée : oui, il paraît évident que les mécanismes de domination sexiste qui empêchent les femmes de s'approprier le voyage et sa narration sont identiques à ceux qui conduisent à la colonisation ; il suffit de remarquer la consanguinité entre voyageurs-explorateurs et colonisateurs. Oui, ces mécanismes, malgré toutes leurs formes et leur violence, n'ont pu empêcher entièrement les femmes de ruser afin de voyager, parfois en se faisant passer pour des hommes, souvent dans des positions d'insoumission et de rébellion radicale, comme la piraterie, qui au demeurant leur ont apporté un surcroît de liberté et d'autonomie. Cette radicalité a pu être acceptée dans la mesure de son caractère exceptionnel. Oui, la remise en question de la place assignée (le rôle de Pénélope) par rapport au voyage s'accompagne d'une prodigieuse créativité vis-à-vis d'autres assignations relatives à la féminité, notamment dans les domaines de la sexualité et de la maternité. Aussi, le voyage devient-il un emblème outre qu'un moyen de la réalisation de soi. Il libère un tout autre horizon de compréhension de soi, d'autrui, de l'espace géographique et environnemental.





Table :



Partie I : Être libre de voyager :



1 – Une fabrique de la masculinité :

1.1. Prouver ; 1.2. Exclure ; 1.3. Mentir



2 – Voyage en misogynie :

2.1. Le masculin neutre ; 2.2. Éternelles mineures ; 2.3. La peureuse et la putain



3 – Porno tropiques :

3.1. Femmes fétichisées ; 3.2. Territoires érotisés ; 3.3. Touristes sexuels



4 – Décoloniser le voyage :

4.1. L'invention de l'autre ; 4.2. Explorations renversées.



Partie II : Être libre pour voyager :



5 – La liberté en mouvement :

5.1. Séquestrées millénaires ; 5.2. Le grand frisson ; 5.3. Flâneuses dans la ville



6 – S'appartenir :

6.1. Être seule, être libre ; 6.2. La liberté pour tout bagage ; 6.3. Accéder à sa « chambre à soi »



7 – Maternités vagabondes :

7.1. Être mère ou ne pas l'être ; 7.2. Maternité, paternité : de nouveaux continents à explorer ; 7.3. Un enfant dans les bagages



8 – (Re)predre sa place :

8.1. Suivre son intuition ; 8.2. Habiter le monde ; 8.3. Voler en éclats.
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Les femmes aussi sont du voyage

Dans la pensée collective, l’aventurier est celui qui a le goût du risque et de l’inconnu alors que l‘aventurière est une intrigante sans scrupules vivant d’expédients.

Avec cet essai très documenté, Lucie Azema traite de tout ce qui entrave l’envie de voyager chez les femmes. Elle dénonce une masculinité dominante dans le voyage et la transgression que représente, pour les femmes, le fait de partir.

Elle compare les valeurs sociales que le voyage représente dans nos sociétés où l’homme voyage pour acquérir indépendance et liberté, alors que la femme l’attend à la maison dans la passivité.

Pour le bien-pensant, un homme qui prend des risques prouve sa virilité, tandis qu’une telle femme fait preuve d’inconscience.

L’autrice traite également de la parentalité où les pères ont tous les droits et les mères tous les devoirs, avec des hommes qui s’allouent l’extérieur, tandis que les femmes sont cantonnées à l’intérieur.

Elle dénonce la mystification du mouvement Beat initié par Jack Kerouac, misogyne et homophobe, qui prône un entre-soi exclusivement masculin. Elle consacre aussi un chapitre édifiant au « tourisme sexuel » qui a motivé nombre d’hommes en quête d’exotisme, à voyager.

Toutes les grandes exploratrices sont citées, et les difficultés qu’elles ont rencontrées dans leurs périples sont analysées au regard des pays et des époques.

Avec cet essai, Lucie Azema nous offre une approche féministe du voyage et encourage les femmes qui se sentent une âme d’aventurière, à se libérer de l’asservissement de leur condition pour suivre leur nature profonde.

Il y a tellement de choses passionnantes dans ce livre que j’en suis ressortie grandie, sans aucun doute, mais chamboulée également d’être peut-être passée à côté de la vraie liberté.

Je suis sûre que ce livre contribuera à aider certaines femmes à franchir le pas vers leur indépendance et à se lancer dans le voyage, avec en tête cet indémodable slogan féministe : « Les petites filles sages vont au paradis, les autres vont où elles veulent ».
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Les femmes aussi sont du voyage

Un essai captivant mêlant aventure, histoire, réflexions et analyse de la condition de la femme à travers le temps, les lieux et les cultures.

Lucie Azema décortique avec talent la place de la femme dans l'univers du voyage et de la découverte du monde.

A travers son expérience personnelle et les récits d'aventuriers et aventurières, elle dresse un tableau riche d'illustrations, d'exemples et de contre exemples, démontant que si c'est romanesque et admiratif d'être aventurier/voyageur, c'est signe de mauvais genre d'être aventurière et voyageuse.

Si une femme voyage seule, elle est critiquée, mal considérée et incomprise. Si elle voyage avec un homme elle est souvent reléguée au second plan peu importe sa contribution au voyage ou à l'expédition.



Sans même évoquer des grands voyages, la place des femmes dans nos villes est l'exemple même que l'inconscient collectif considère encore trop souvent que la place de la femme est dans la sphère privée et non dans la sphère publique. En témoigne le harcèlement de rue si banal et si peu contesté.



Lucie Azema nous invite à abandonner nos peurs installées là par une culture masculine du voyage pour se lancer et vivre sa propre liberté !



Un essai romanesque que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire.

L'écriture est fluide, les chapitres sont courts, et l'architecture de la réflexion facile à appréhender.





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Les femmes aussi sont du voyage

Aujourd'hui encore le voyageur est majoritairement un homme, blanc et occidental de surcroît. Pourtant, bien que reléguées dans la sphère domestique, des femmes ont enfreint les règles de la société et se sont lancées dans des voyages.

Une femme ayant réalisé un périple suscite de nombreux avertissements avant, voire le soupçon après (a-t-elle vraiment réalisé cet exploit? ) et si elle part en couple ou en famille, elle sera reléguée dans l’ombre de son compagnon.

Changeant de perspective, étayant ses propos de nombreux exemples, Lucie Azema démontre en deux parties les liens du voyage avec la démonstration de la virilité et la misogynie qui lui est inhérente.

Elle pointe aussi du doigt la nécessité de décoloniser le voyage et la fétichisation du corps des femmes dans les récits de voyage, que ce soit dans l'évocation des harems ou des bordels.

Elle affirme enfin l'effet émancipateur du voyage pour les femmes ainsi que les mensonges et les approximations dont se rendent souvent coupables certains grands voyageurs dont la misogynie peut mettre en péril la vie de celles qu'ils accompagnent.

Un essai qui suscite l'envie de dévorer une brassée de récits de voyages ...au féminin !











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Les femmes aussi sont du voyage

Épatant ! Bien sûr que les femmes ont aussi (et comment !) envie de voyager !

L’autrice (excellente, ça va sans dire mais c’est mieux en le disant) parle un peu d’elle et de ses propres voyages mais convoque des tas de femmes (l’occasion de découvrir nombre d’entre elles qui ont également écrit des récits sur leurs étonnants parcours) qui ont eu ce courage qui n’allait pas de soi dans un monde qui les voue généralement à se complaire dans le rôle de Pénélope !

J’ai aimé ce livre qui dézingue en finesse nombre de légendes masculines (j’ai mentalement approuvé quelques coups de griffes à des baudruches médiatiques…), rappelle les obstacles que doivent contourner les femmes, nos sœurs, filles ou mères pour enfin prendre le large, mettre les voiles. Et déconstruit nombre de mythes et de fantasmes tricotés par des hommes pour embellir leurs propres aventures avec un grand A…!

Bref, ça se lit avec plaisir, c’est drôle et très très bien documenté et, si vous n’avez rien à lire cet été, n’hésitez pas !

Je l’ai acheté au format ePub (partage immédiat avec ma propre tribu) et je l’ai surligné abondamment (numériquement !!) car, au risque de me répéter, j’ai découvert des tas de textes de femmes voyageuses (…que j’ai trouvé en partie en accès libre sur les sites internet canadiens).

Chaudement recommandé, à lire et relire !!
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Les femmes aussi sont du voyage

Etre une femme et voyager, cela ne semble plus qu’une banalité (enfin presque) mais ça ne l’était clairement pas. En premier lieu, l’être humain associe le voyage (surtout s’il est en transport en commun), à la lecture. Vous pourrez noter le nombre de héros masculin, les classiques mettant en avant les symboles de la prise en responsabilité, de l’honneur. L’homme est associé au mouvement, au besoin d’apprendre, au passage de garçon à l’homme, par cet acte de voyage ; tandis que la femme doit rester à attendre au port. Etre une femme et voyager, cela ne semble plus qu’une banalité (enfin presque) mais ça ne l’était clairement pas. En premier lieu, l’être humain associe le voyage (surtout s’il est en transport en commun), à la lecture. Vous pourrez noter le nombre de héros masculin, les classiques mettant en avant les symboles de la prise en responsabilité, de l’honneur. L’homme est associé au mouvement, au besoin d’apprendre, au passage de garçon à l’homme, par cet acte de voyage ; tandis que la femme doit rester à attendre au port...



J’ai choisi ce livre parce que je crois en l’égalité homme-femme, pour leurs droits. J’espère qu’un jour viendra, la vraie égalité existera. Et dans la mesure du possible, dans un jour prochain, mais comme le dit la formule « Rome ne s’est pas construit en un jour. ». Lucie Azema a elle-même entretenu le périple de ces voyages, pour mettre davantage de sens à son tourment, mais aussi en s’adressant aux journalistes, en première ligne également de cette aventure...



Comment remodeler toute l’Histoire, tous les écrits, toutes les aventures pour lesquelles les hommes sont toujours présentés sur le meilleur angle pro-actif ?
Lien : https://miniehouselook.wordp..
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Les femmes aussi sont du voyage

Une lecture intéressante de par le sujet qu'elle aborde. Lucie Azema analyse tous les aspects de la littérature de voyage sous l'angle de la posture féminine. Elle relie à de nombreuses lectures et références ses propos (on regrette au passage qu'une bibliographie n'ait pas été ajoutée, il faudra piocher les références dans les notes), ce qui en fait un bon ouvrage complet.

Le style pêche un peu lors des introductions de chapitre surtout au début du livre, mais Lucie Azema se livre de manière plus personnelle lorsqu'elle évoque son expérience.
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L'usage du thé

C’est d’abord l’objet livre qui m’a immédiatement séduite par le sublime bleu-vert de sa couverture semblable à du tissu. Et puis un sujet pareil : en fan de thé, je ne pouvais pas passer à côté.

Et j’ai tout simplement adoré. Si je voyage souvent rien qu’en buvant ma tasse de thé, ce livre m’aura aussi fait traverser les lieux et les époques.

Lucie Azema raconte merveilleusement bien et j’ai appris beaucoup de choses tout en étant complètement transportée par la poésie de son écriture.

Le seul défaut de ce livre, c’est qu’il cite énormément d’ouvrages qui ont tous l’air plus intéressants les uns que les autres et que c’est une très mauvaise nouvelle pour ma PAL et mon compte en banque.

Bref, vous l’aurez compris, c’est un énorme coup de cœur que je vous recommande très chaudement de vous offrir (et puis aussi d’offrir à celles et ceux que vous aimez, parce qu’il fait un superbe cadeau).
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Les femmes aussi sont du voyage

"Pendant que les hommes racontent des aventures qu'ils n'ont jamais eues, les femmes vivent les aventures qu'elles ne raconteront jamais".



Voyageuse, journaliste, Lucie Azéma a vécu au Liban, en Inde et en Iran. On m'a offert ce livre pour Noël, à la recherche d'une lecture facile et distrayante je l'ai sorti de ma PAL car son titre et la photo de couverture m'avaient laissé penser que j'y lirai des récits de voyageuses. En fait cet excellent essai est bien plus que cela : c'est une analyse du voyage au prisme du genre. Lucie Azéma explore ce qui fait du voyage une "fabrique de la masculinité"; pourquoi la littérature a invisibilisé les voyageuses au profit des voyageurs; ce que le travestissement apporte aux voyageuses comme liberté; comment, enfin, le voyage peut être pour une femme un moyen de s'appartenir, d'accéder à sa "chambre à soi". L'autrice appelle aussi à décoloniser le voyage. En imposant leurs récits comme universels, les hommes blancs donnent à voir une image du monde qui n'est pas aussi objective qu'elle le prétend. Les écrivains voyageurs (Stendhal, Baudelaire, Flaubert, Loti...) ont, par exemple, une vision fantasmagorique de la femme "exotique". C'est notamment le mythe du harem, lieu de tous les plaisirs. Les voyageuses de la même époque ont approché de beaucoup plus près la réalité. Décoloniser le voyage c'est aussi découvrir les récits des voyageurs non-Blancs.



Qu'en est-il de la lecture facile et distrayante que je cherchais ? Cet ouvrage est, en effet, facile d'accès. Le propos est clair et bien étayé, rendu vivant par des exemples passionnants. . Enfin, plus que distrayante, j'ai trouvé cette lecture enthousiasmante par son positionnement féministe affirmé et j'ai dévoré le livre en deux jours. Cela m'a donné envie de voyager mais aussi d'autres lectures. Je relirai bien Alexandra David-Néel que j'avais lue à l'adolescence. J'ai aussi noté dans les sources toutes une série de titres alléchants dont plusieurs sont à ma bibliothèque.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Les femmes aussi sont du voyage

"Pendant que les hommes racontent des aventures qu'ils n'ont jamais eues, les femmes vivent les aventures qu'elles ne raconteront jamais. "



Dans cet essai, Lucie Azéma aborde la place des femmes dans le voyage sous plusieurs prismes. Les femmes voyageaient peu parce qu'on les pensait incapables de le faire, parce qu'elles devaient rester s'occuper des enfants à la maison, parce que les quelques récits de voyages écrits par des femmes étaient soigneusement cachés afin que l'idée ne puisse se démocratiser, parce que leurs vêtements n'étaient pas pratiques (voire dangereux dans certaines situations). Et pourtant, beaucoup de femmes sont finalement devenues de grandes exploratrices ou des voyageuses aguerries. Qu'elles décident de partir à l'aventure pour découvrir la beauté du monde ou pour fuir leur quotidien, le voyage leur a permis de s'émanciper. D'ailleurs il était souvent moins dangereux pour une femme de voyager seule plutôt qu'accompagnée d'un homme ! Là où les exploratrices se distinguent également de leur homologue masculin, c'est qu'elles ne sont pas venues imposer et importer toute la misogynie occidentale. Quand des Kerouac ou des Loti voulaient "posséder une locale", les voyageuses prenaient réellement le temps de découvrir le monde.

Plusieurs grands noms du voyage et du féminisme se côtoient dans cet essai : Mona Chollet, Alexandra David-Néel, Sarah Marquis, Virginia Woolf, Calamity Jane, Gloria Steneim, Alexine Tinné, Agatha Christie...



J'ai beaucoup aimé cet essai dans lequel l'autrice revendique la nécessité d'être libre DE voyager et d'être libre POUR voyager. J'ai appris énormément de choses, noté beaucoup de références, j'ai voyagé en Inde, en Iran, en Turquie.

C'était passionnant !

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Les femmes aussi sont du voyage

1ère lecture de l’année, commencée l’année précédente, qui n’a rien d’un accident en fait.

Le départ pour Taiwan a été un acte fondateur dans la vie de Mademoiselle. Tous les chemins vaguement envisagés auparavant ont été écartés. Puis après d’autres voyages ont suivi, mais ce qui a subsisté, c’est le goût pour la perte de repères, voire d’être totalement illettrée, et de devoir tout recréer, un nouveau rapport au monde et aux autres.

Alors les mots de l’autrice ont trouvé un écho dans une foule de souvenirs et sur les sentiments suscités par chacun des voyages.

« Ce territoire inconnu, lointain, ténébreux, qui se révèle simplement parce que nos repères autour de nous se sont éteints, parce que l’on se retrouve dépossédé de toute trace de soi, de toute empreinte, de toute piste à suivre, ce territoire c’est celui que l’on cherche à rejoindre lorsque l’on se met en mouvement ».



C’est une lecture vivifiante autant sur les femmes et le voyage, la littérature de voyage, l’émancipation des femmes, et les représentations que l’on peut en avoir.

L’auteur déconstruit le récit de voyage trop souvent évalué à l’aune du regard masculin et la disqualification de la femme en voyage. Alors que les récits de ces dernières, lorsqu’ils nous parviennent (!) revêtent en majorité un regard avec une autre sensibilité, marquée par une plus grande ouverture car il ne cherche pas à dominer. L ’ouvrage regorge d’exemples variés sur le vocable utilisé par des voyageurs pour décrire les lieux et ses habitants totalement objectivés, on est dans la conquête, avec les femmes, dans la découverte de l’altérité. Et de fait dès les débuts, voyager pour les femmes est un véritable acte d’émancipation, même aujourd’hui selon les lieux, cela peut être vu comme une provocation, ou peuvent se poser des questions que les hommes n’auront jamais à envisager.



Je goûte très peu la littérature de voyage, en dehors d’Ella Maillart et Alexandra David-Neel, mais la riche bibliographie de l’ouvrage va me permettre d’y remédier je pense, et il y a de nombreux essais très séduisants dont « Flâneuse » de Lauren Elkin qui met en perspective l’occupation de l’espace urbain par la femme.



De très nombreuses thématiques sont abordées par l’auteur et mériteraient de plus amples développements. Je reviens sur deux derniers points :

- la question de la « trahison de l’imaginaire ». Avec le voyage on met en effet un terme au fantasme et on va à la rencontre de l’autre « partir vers un lieu c’est l’abaisser à la réalité ». Je ne conseillerai jamais à personne de partir en vacances en Chine populaire par exemple, j’ai adoré, mais tous ceux ayant en tête de rencontrer la Chine éternelle serait très déçus. La réalité néanmoins est bien plus intéressante.



- Le parallèle entre littérature et voyage, moi qui suis si friande de construire chaque fois une bibliographie très subjective avant et pendant le voyage :« on peut arpenter nuit et jour une ville étrangère, elle nous échappera toujours si l’on n’écoute pas régulièrement les murmures des livres qui y sont nés ». Ce n’est pas déflorer la découverte mais commencer à l’envisager avec d’autres mots.



Enfin finir avec les mots de l’auteur sur l’importance de ne pas « perdre de vue les territoires que l’on voulait conquérir enfant » et d’être prêt à se recréer à l’infini en « volant en éclat » pour être soi.



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Les femmes aussi sont du voyage

C’est l’histoire toujours actuelle d’Ulysse et de Pénélope.

Cela m’a été l’occasion de connaître plein d’écrivaines voyageuses et aussi de jeter un autre regard sur des hommes dont je ne soupçonnais pas le machisme ordinaire, comme Flaubert ou Pierre Loti ( je ne parlerai pas ici de Sylvain Tesson !)

"Pendant que les hommes racontent des aventures qu'ils n'ont jamais eues, les femmes vivent les aventures qu'elles ne raconteront jamais. "

L’auteure, folle de voyages à la culture éblouissante nous offre une bibliographie fabuleuse.

Non seulement, elle passe en revue toutes ces exploratrices (pratiquement inconnues pour moi excepté mes favorites, Alexandra, Ella, Anne-Marie, Anna, Sarah…) mais elle nous donne à réfléchir sur les mécanismes d’exclusion des femmes de notre vaste monde et de la non visibilité de celles qui essaient d’en sortir en s’appuyant sur des études de philosophes féministes bien connues comme Simone de Beauvoir, ou plus près de nous, Manon Garcia ou Mona Chollet. C’est un livre qui regarde la différence homme-femme vue sous l’angle du voyage, ce qui, me semble-t-il n’avait pas été fait.

J'ai prolongé la lecture en faisant des recherches sur toutes les voyageuses que je ne connaissais pas, j'ai envie de relire celles que je connais, et à défaut de voyager en vrai, j'arpente mes atlas...

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Les femmes aussi sont du voyage

Ce livre très intéressant pose un regard contemporain sur la figure de la voyageuse et du voyageur. En effet, si "un aventurier" a une connotation positive, voire héroïque, il n'en est pas de même de "l'aventurière", qui elle, collectionne les aventures.. sexuelles. Partant de là, l'auteure détricote le mythe du voyageur, autonome et brave, et analyse ce qu'il en était vraiment pour nombre d'écrivains voyageurs célèbres. Ethnocentrisme, colonialisme, mauvaise foi... certains grands auteurs connus s'en prennent un coup ! Elle réfléchit aussi à ce que voyager implique pour une femme, dont la place traditionnelle est encore beaucoup associée au foyer.



Mon seul regret concernant ce livre est qu'il n'aborde pas la question des finances et de l'indépendance économique des femmes, qui me paraît pourtant essentielle pour voyager. Cependant j'ai beaucoup aimé ma lecture car j'y ai trouvé de bonnes idées, la plume de Lucie Azéma est agréable et poétique. Cela m'a aussi carrément passé l'envie de lire Kerouac ! Je recommande
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Les femmes aussi sont du voyage

Une lecture inspirante. J'ai beaucoup appris sur la perception de la femme dans les récits de voyage. Cet essai offre une analyse intéressante sur les motivations et le résultat du mouvement pour les hommes et les femmes. Ces dernières ont longtemps été dans l'ombre. Pourquoi ? Lucie Azema répond à cette question s'appuyant sur divers faits historiques.



C'est un livre que je recommande à celles qui ne souhaitent pas mener une vie comme Pénélope et à ceux qui souhaitent découvrir les aventurières autrement.
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Les femmes aussi sont du voyage

En ouvrant ce livre, je m’attendais à bien des choses : de l’aventure, de l’évasion, des histoires de femmes voyageuses. Pourquoi les femmes sont-elles les grandes absentes de la littérature de voyage ? Certaines, aventurières ont parcouru le monde, d’autres ont accompagné des expéditions. Et pourtant, il semblerait qu’elles soient invisibles, dans un genre littéraire largement dominé par des auteurs masculins. J’avoue humblement qu’avant d’ouvrir cet essai, je ne m’étais jamais trop questionnée sur ce point. Au fil des pages, Lucie Azéma, nous offre dans un premier temps une analyse de la place des femmes dans la littérature de voyage écrite par les hommes et nous propose une analyse de la figure de l’aventurier puis elle nous entraine à (re)découvrir à travers les étapes d’un processus de reconquête de la liberté, les figures d’autrices et de voyageuses.



L’autrice a vécu plusieurs années à l’étranger entre Iran, Inde et Liban. Elle aussi a connu les expériences et les déconvenues dont parlent celles qui ont pris la route seule avant elle. Elle nous livre ses ressentis, raconte son parcours tout en le liant à celui des grandes aventurières des XIXème et XXème siècles.



En effet, Alexandra David-Neel, Isabelle Eberhardt, Alexandra Tinné et bien d’autres accompagnent Lucie Azéma dans son argumentation. On chemine donc avec elles dans les espaces d’un monde qu’elles explorent, avec une autre sensibilité que celles de leurs homologues masculins. Le long de cette route, on constate à quel point il peut être difficile de sauter le pas, de se défaire des préjugés et de l’éducation. Une fois partie, le regard des autres voyageurs n’est pas toujours tendre sur ces dernières ce qui les conduits parfois à quelques mésaventures.



Il est aussi question de la place des réseaux sociaux en général et d’Instagram en particulier dans les nouvelles formes de récits de voyage. L’autrice y parle aussi de maternité, de choix et de renoncements, d’intimité. Si j’ai parfois trouvé quelques longueurs, j’ai trouvé le style de l’autrice plutôt plaisant. J’ai beaucoup apprécié de découvrir des récits d’exploratrices qui ne manqueront pas de venir enrichir ma pile à lire dans les mois qui viennent.



Je remercie encore Babelio pour cette jolie découverte.


Lien : http://mywanderlustfamily.fr..
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L'usage du thé

🚂 "Ce qui est certain, c'est que le thé ne gâte pas moins la femme au moral qu'au physique. Là où les femmes boivent du thé, l'amour est vicié dans son principe : elles sont pâles, maladives, parleuses, ennuyeuses, prêcheuses..."



Ces phrases sont celles de Balzac, dans son Traité des excitants modernes (1839). Loin des salons de thé instagrammables, @lucieazm nous embarque de caravansérail en caravansérail à travers les usages du tea time. Entre autres anecdotes, elle nous raconte pourquoi le thé a parfois (encore) mauvais genre. À l'époque où l'Europe se met au thé, certains soupçonnent la Chine d'envoyer cette boisson pour affaiblir les forces ennemies. Et cette légende selon laquelle le thé ne serait pas une boisson virile perdure encore en bien des endroits...
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Les femmes aussi sont du voyage







Marcher sur des chemins jamais foulés, s'asseoir en terrasse et observer une ville s'agiter, rêver d'autres horizons à l'infini et vivre mille vies, c'est un sentiment que seuls les voyageurs connaissent parfaitement. Mais parmi ces voyageurs une catégorie peut presque être qualifiée de subversive, c'est celle des voyageuses. En effet, les femmes ont dû braver bien des entraves pour avoir accès à la découverte du monde. Aussi démocratisé que soit le voyage à notre époque, il reste difficile d'accès aux femmes dans un monde où on tente encore de les aliéner et de les cantonner à un foyer, à une sédentarité, à un mari, à une maternité.



Être libre c'est par définition pouvoir aller  ou l'on veut, faire ce que l'on veut, le voyage (quand il est désiré) s'avère donc la parfaite représentation de la liberté. D'où le sous titre de cet essai : l'émancipation par le voyage. 





De manière extrêmement complète, Lucie Azema explore le vaste sujet qu'est le voyage sous le prisme du féminin et du féminisme. Elle liste les normes auxquelles on assigne les femmes et qui entravent leur possibilité d'exploration et raconte ces femmes, célèbres ou non, qui sont sorties des lignes de conduite prescrites pour passer une vie à découvrir le monde.



Un véritable plaisir à lire pour l'insatiable émerveillée que je suis.

Avec ce livre, on ressent une furieuse envie de vivre, de lire et d'encore et toujours découvrir.





"L'évidence s'est alors imposée, la vie ne vaut la peine d'être vécue que parce qu'il y a les champs de tournesol, les forêts les saisons, des blessures guéries, des trésors à découvrir, des pays où voyager et des gens à aimer" 





Indéniablement à offrir à toutes les voyageuses de vos vies.



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