Citations de Lucien de Samosate (56)
Quant aux fumées d'orgueil, à l'exaltation, aux habitudes vicieuses, à ta manière de te rengorger et de t'époumoner à plein gossier, renonces-y ! ainsi qu'à railler les autres et à croire que tu seras le premier si tu dénigres les œuvres de tout le monde.
(Lexiphanès)
TANTALE. C'est précisément cela mon châtiment : mon âme a soif, comme si elle était un corps.
Quand un garçon fait amitié avec la lune,
la paix qu'il en retire pourra l'aider toute sa vie.
... les ingrédients du bonheur d'un enfant.
Surtout la lune. Je m'arrêtais et je regardais en riant sa figure paisible, à perte de minutes. Si je marchais, elle se mettait en route. si je courais, elle aussi se mettait courir à travers les arbres. La paix de son visage était propre à calmer les angoisses de ma journée d'école.
Je ne savais pas que le désintérêt pour moi (santé, réputation, etc.) était le signe d'un grave déséquilibre spirituel.
La force de l'alcool était si violente chez moi (chez nous) que je ne pouvais la combattre que par une force plus grande, plus primaire, plus violente : l'amour de moi. Force païenne, animale, préchrétienne, tout ce que vous voulez, c'était la seule à m'empêcher de boire.
Les chemins ténébreux par où l'animal est venu jusqu'à la conscience, l'humanité en a l'expérience confuse et la science nous aide à y voir clair, merci à elle.
Lais le chemin de la conscience vers la liberté spirituelle (pas d'autre adjectif possible), c'est à chacun de le frayer, il est personnel par nature, peu de génération sont passées devant nous, les saints, les poètes, les humbles non abîmés par la pauvreté. y a pas foule.
Mais je ne veux pas vivre comme vous. Ce qui vous attire me répugne. Ce qui vous émeut ne me touche pas. Ce qui vous exalte m'est indifférent. Ce qui vous fait rire m'est souvent incompréhensible. Ce qui vous fait peur me fait souvent bâiller.
Toujours à la limite du désespoir quand il touche le fond de l'alcool, à la limite de l'exaltation quand il en sort, l'alcoolique devient alors, peut-être, le prototype de l'homme nouveau. Prototype bancal et écartelé.
Ce que l'homme rêve, il finit par le réaliser. Je crois.
Le rêve que le petit ggamin faisait en regardant la lune quand le maître d'école le poussait aux larmes, quand le libraire ricanait de son petit bon Dieu, quand l'épicier gâchait sa joie d'un soir ; le rêve que l'homme faisait, que les gens ne soient pas durs entre eux, qu'ils ne trichent pas sur leur vraie valeur, que les difficultés soient légères aux épaules fragiles, ce rêve n'est plus un rêve aujourd'hui. Il est devenu réalité grâce au groupe A.A.
Ce rêve qui l'a fait boire, parce que je souffrais de ne pas le voir réalisé, maintenant qu'il s'est réalisé, je ne vois plus.
Le petit gamin a eu raison de rêver : l'homme sobre a réalisé son rêve. Et l'homme vieillissant est heureux.
Voilà le centre cardinal de toute ma vie.
Henri Calet a écrit vers la fin de sa vie : "Ne me secouez pas, je suis plein de larmes." Il me semble le comprendre, pour avoir fait semblable supplique à mes amis. Voilà maintenant que je ne pleurais plus, que je n'en avais plus le goût ni la possibilité.
C'est rarement utile de mettre son doigt entre l'arbre et l'écorce.
Encore une caractéristique de l'alcoolique : il est fragile, mais il est fidèle.
Il est 20h30. Je viens de traverser Dijon et j'approche du péage. Je dépasse un Saviem des Vosges, un petit coup de klaxon pour le saluer (à la hauteur de la cabine, pas avant, bien sûr), il répond. Et ça me fait chaud au cœur. Ca aussi, c'est alcoolique : un désir fou de communication Si vous ne comprenez pas ce que je dis, vous ne serez jamais alcoolique.
En fait, il n'y a pas de coupable dans cette maladie. Moi, Lucien, je ne suis pas coupable de rêver d'un monde heureux ni de ne pas arriver à le construire.
Comment peut-on être grand et malhonnête ?
J'ai gardé ce souvenir pour moi, me demandant ; "Comment peut-on être grand et méchant ?" Étrangeté, insécurité.
Il ne s'agit plus maintenant [étape 4] de compter mes bêtises, elles furent, en fait, en nombre assez limitées. Il s'agit de comprendre le climat psychologique dans lequel la fleur vénéneuse de l'alcool a poussé.
Quand les alcooliques se mettent à fouiller dans leur enfance, ils trouvent (presque toujours) des histoires où les adultes abusèrent de leur autorité.
Le maître, à la fin de l'étude du soir, qu'il surveillait, me faisait un signe. Ça voulait dire : "Va me chercher un bric d'eau chaude." Et quand je le voyais se brosser les mains, se nettoyer les ongles avec un soin de manucure, j'étais pris de colère et de honte, en pensant aux mains de ma mère, qui trayaient les vaches, justement à cette heure-là. Je n'aime pas un homme aux mains bichonnées, surtout quand il ne sait pas dire merci, car il ne m'a jamais dit "Merci". La politesse de ce monsieur dn(était pas celle d e la maison. Étrangeté, insécurité.