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Citations de Mack Reynolds (14)


Ils se rendirent à Biltmore et entrèrent dans un bar, où Paul conduisit la jeune fille dans une alcôve discrète. Un garçon vint prendre leur commande et s’éloigna. Randy semblait tout étonnée ; elle s’exclama :
– Ma parole ! Des garçons en chair et en os ! Quel luxe !
– Je crois que c’est le seul endroit de Los Angeles, dit Paul, avec de vrais barmen, de vrais serveurs. Au diable l’automatisation !
– Vous me paraissez ne pas aimer beaucoup l’automatisation. Vous critiquez d’abord le système de l’ordinateur de virement de crédit, et c’est maintenant le tour des autobars et des restaurants !
Paul eut un petit rire triste.
– J’ai passé beaucoup de temps en Europe centrale. Là-bas, la modernisation n’est pas aussi poussée qu’ici. J’y ai pris l’habitude de voir de vrais serveurs dans les restaurants, sans parler de vrais cuisiniers dans les cuisines. Mais nous sommes venus ici pour parler…
Il hésita un instant et ajouta en haussant les sourcils :
– De la révolution ?
Avant qu’elle eût le temps de répondre, le serveur revint avec leurs consommations. Elle attendit qu’il se fût éloigné.
Elle but d’abord une gorgée du Far Out Cooler qu’elle avait demandé, puis répondit :
– Voilà justement une des raisons pour lesquelles nous n’avons pas encore choisi de nom. Nous tâchons d’éviter d’employer de tels mots.
Il la regarda avec attention. Il aurait voulu ne pas avoir eu l’idée saugrenue de mettre des lunettes pour incarner sa personnalité d’emprunt.
– Ce mot, la révolution, dit-elle, c’est un mot qui, manifestement, refroidit le public. C’est un mot qui évoque des barricades dans les rues, des manifestations, des voitures renversées, des jets de pavés sur la police, des épreuves de force, des gens alignés contre un mur pour être fusillés.
– Et… ? demanda Paul avec un sourire forcé.
Elle mit son verre de côté, elle parlait d’une voix sérieuse, convaincue :
– Je crois qu’une langue évolue, qu’elle est une chose vivante. Quand un mot a, pour la majorité des gens, un sens bien défini, ce mot prend alors véritablement ce sens. Et c’est pour cela que nous devons l’éviter.
Cela lui donna à réfléchir.
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– Jerry, peut-être pourriez-vous exposer la situation ?
Le fonctionnaire du ministère de la Justice croisa les jambes et éteignit la cigarette avec laquelle, depuis un instant, il semblait jouer.
– Monsieur Kosloff, avez-vous déjà entendu parler de la Nouvelle Gauche ? demanda-t-il.
– C’était au début de la guerre asiatique, murmura Paul. C’étaient surtout des gamins, des pacifistes, des puritains, des partisant des droits du citoyen.
Rutherson l’approuva.
– Il ne s’agissait pas seulement de jeunots sans cervelle, bien qu’il y en ait eu beaucoup. Ce n’étaient pas de véritables révolutionnaires, plutôt des réformateurs de base.
– Je ne vois pas quelle est la différence, interrompit Farben doucement.
– La différence qu’il y a entre une réforme et une révolution, Bill ? Les uns veulent replâtrer la libre entreprise pour qu’elle devienne plus efficace. Et cette définition, je crois, pourrait même s’appliquer à Roosevelt, à Kennedy et, je pense, à Johnson. Les autres veulent en voir la fin et ériger un nouveau système socioéconomique. Ceux-ci sont nos ennemis. Aussi longtemps que nos beaux parleurs ne s’intéressent qu’aux réformes, ils ne constituent pas un vrai danger. C’est quand ils commencent à parler révolution que notre service doit agir.
– Et qu’est-ce que cela a à voir avec la Nouvelle Gauche ? demanda Paul.
Rutherson le regarda et dit :
– Rien. Quant à nous, nous y verrions plutôt une sorte de soupape de sûreté. C’est une manière de laisser échapper la pression chez les jeunes têtes brûlées, chez ces révoltés en puissance. Ils s’agitent un certain temps, font circuler des pétitions, se laissent pousser la barbe, organisent quelques manifestations, des occupations de terrains publics, et ainsi de suite. Puis, un jour, ils se marient, se mettent au travail pour payer leur maison, leur voiture, ils se rasent et rentrent dans le droit chemin.
L’homme qui appartenait au ministère de la Justice sourit et ajouta :
– Comme vous ou moi.
– Ce sont quand même des communistes en puissance, dit Paul.
Rutherson haussa les épaules.
– Ils ne nous gênent pas. Tandis que ce nouveau mouvement radical nous gêne. Oh, pas beaucoup, mais il nous irrite quand même.
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« Je n’ai pas bien compris, dit Paul Kosloff. Son chef de service était mal à l’aise. Cela se voyait à la façon dont il frotta brusquement une allumette de cuisine sur le dessous de son bureau pour allumer le brûle-gueule de bruyère qu’il tenait entre les dents. Il éteignit l’allumette et la laissa tomber dans le vide-ordures.
– Vous m’avez entendu, Paul, dit-il. Nous vous retirons des affaires en ce qui concerne l’Ensemble soviétique. »
Paul Kosloff le regarda longtemps, avec attention, sans parler. Son chef, embarrassé, reprit la parole :
– Paul, à notre époque de détente entre les États-Unis d’Amérique et l’Ensemble soviétique, vous constituez un véritable fauteur de troubles. Actuellement, nous ne voulons en aucun cas d’une nouvelle affaire U-2.
– U-2 ?
– Ne faites pas attention. Cela se passait, je crois, avant votre époque. Voici comment se présentent les choses : vos méthodes d’action ne contribuent pas, si je puis dire, à la détente dans les relations internationales. Je vais vous parler brutalement, Paul. En deux mots, j’ai reçu en haut lieu des ordres à votre sujet. Notre service doit absolument éviter tout acte susceptible de provoquer des difficultés avec l’Ensemble soviétique.
– Ce qui veut dire, je pense, que nous allons abandonner toutes nos activités derrière le Rideau de Fer ?
– Non, naturellement, laissa échapper l’autre. Nous n’allons pas mettre fin à toutes nos activités. Tant que celles-ci resteront discrètes, nous pouvons poursuivre nos activités d’espionnage et de contre-espionnage, mais sans troubler les bonnes relations internationales. Nous ne désirons qu’une chose, éviter que des têtes brûlées aillent agiter la vase et provoquer des remous.
Le regard de Paul Kosloff resta froid, impassible, quand il répondit :
– Je suis votre meilleur agent pour l’Ensemble soviétique.
Son chef laissa passer une longue bouffée de fumée par les narines avant de répliquer :
– Vous ai-je dit le contraire ? Vous êtes aussi l’agent qui a pris de lui-même l’initiative de faire sauter la société d’exploitation du Komsomolsk. Et aussi celui…
– J’ai été félicité par le président, en privé, pour…
– Celui qui a capturé Raùl Lopez, au Nicaragua, selon les ordres reçus, mais qui ne l’a pas ramené avec lui aux fins d’interrogatoire comme le prévoyaient les ordres.
Paul Kosloff se dandina légèrement sur sa chaise.
– Il a essayé de s’échapper.
– J’ai toujours eu des doutes sur cette tentative d’évasion, répondit doucement son interlocuteur.
– Je l’ai interrogé, dit Paul Kosloff. J’ai obtenu tous les renseignements possibles, tous les agents qu’ils avaient à Managua…
Le chef le regarda pensivement tout en tirant sur son brûle-gueule.
Paul Kosloff dit alors :
– C’était bien un agent communiste, non ?
Le chef laissa échapper un nouveau soupir.
– Nous nous séparons de vous, Paul. Vous recevrez une nouvelle affectation. Prenez deux semaines de repos, vous y avez droit. Après cela, si vous désirez continuer à travailler pour le service, vous n’avez qu’à venir au rapport.
Paul Kosloff se leva et regarda de haut l’homme qui, en contrebas, évitait soigneusement son regard et feignait de s’occuper de divers rapports étalés sur son bureau.
– Alors, c’est sans appel ?
L’autre ne répondit pas ; il préféra prendre une nouvelle allumette, sans lever les yeux. Paul Kosloff fit demi-tour et se dirigea vers la porte.
Pendant tout ce temps, de l’autre côté de la pièce, un secrétaire faisait semblant de travailler sans manifester le moindre intérêt.
Le chef lui adressa la parole dès que son agent fut parti :
– Cette foutue renommée lui est montée à la tête, au Lawrence d’Arabie de la guerre froide !
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Nous, les Américains, avons dépensé plus de ressources mondiales au cours des quarante dernières années que tous les peuples de la Terre n'en ont utilisées au cours des 4 000 ans représentant l'Histoire connue depuis les origines jusqu'en 1914.
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Un système socio-économique réagit comme un organisme vivant. Qu'il agonise ou qu'il soit dépassé, il tente de survivre indéfiniment. Le système politique et économique romain s'est maintenu pendant des siècles, alors qu'il aurait dû être remplacé bien avant. Des réformateurs tels que les Gracques ont été assassinés ou écartés du pouvoir pour que les éléments conservateurs puissent se perpétuer. Rome finit par tomber et l'Occident fut plongé dans l'obscurité pendant mille ans. (87)
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[les Incas,] une première forme de communisme avec une espèce de sacerdoce militaire au sommet. (86)
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Nous avons notre propre illusion d'optique, eux ont la leur. (55)
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Rares sont les sociétés humaines, qui, d'une façon ou d'une autre, n'ont pas permis à l'homme compétent ou hypocrite, intelligent ou opportuniste, courageux ou fort, de se frayer un chemin jusqu'au sommet. J'ignore à quelle catégorie j'appartiens, mais je refuse de rester dans les sections les plus basses d'une société stratifiée. (50)
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La Constitution, Max, en est arrivée au même point que la Bible. En l'interprétant à sa manière, on peut lui faire dire ce qu'on veut. Et si ce n'est pas le cas, il suffit d'introduire un nouvel amendement. (47)
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Le gouvernement estime que l'Américain moyen consommé dix fois plus de matières premières, sans parler de nourriture, que le citoyen moyen d'un pays d'Occident. Et, notez-le, nous ne comparons pas avec l'habitant moyen, dans le monde entier, nous ne parlons que des pays d'Occident, des pays modernes.
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Freddy, se retenant de tout sarcasme, dit :
– Quels sont les enjeux selon vous, capitaine ?
– Le droit de la libre entreprise à la concurrence en Amérique du Nord. Aéroglisseur a obtenu le quasi-monopole des transports vers Fairbanks. Les Transports Aspirotube souhaitent baisser les tarifs et offrir aux consommateurs de Fairbanks un meilleur service en ouvrant une ligne aspirotube jusque là-bas. C’est tout à fait dans la tradition du monde occidental. Aéroglisseur Continental prétend y faire obstacle et ce sont eux qui ont demandé au département de la section Armée un procès par les armes. Au regard des faits, la justice est du côté du baron Hauer.
Freddy Solingen s’adressa à la caméra :
– Eh bien, chers amis du monde de la télé, c’est un brillant résumé que le capitaine vient de nous faire, mais il ne colle pas du tout avec les propos du baron Zwerdling que nous avons entendu ce matin. Néanmoins, que la justice triomphe toujours et nous verrons ce que le champ de bataille aura à nous offrir. Merci, merci beaucoup, capitaine Mauser. Nous espérons tous, nous qui sommes devant nos écrans aujourd’hui, que vous, à titre personnel, vous ne vous retrouverez pas dans le pétrin au cours de cet affrontement.
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Un système socioéconomique réagit comme un organisme vivant. Qu'il agonise ou qu'il soit dépassé, il tente de survivre indéfiniment.
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- Chez nous, nous sommes à l’affût de tels ambitieux et nous utilisons leurs capacités.

Le colonel Warren dit brutalement :

- Nous aussi, théoriquement. Nous sommes libres, pour peu que cela veuille dire quelque chose. Cependant, ajouta-t-il sarcastique, cela ne nuit pas d’avoir une bonne éducation, de bonnes relations, des parents dans des positions importantes, beaucoup de bonnes actions. Et tout ceci vient avec la naissance dans notre monde libre, colonel Arpàd.

L’observateur militaire fit claquer sa langue.

- La marque d’une société en déclin.
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Dans la cabine de la régie, Jerry s'étirait. Ed Wonder releva le regard vers l'horloge du studio. L'émission tirait à sa fin.
- Je voudrais revenir un peu en arrière, dit-il à son invité. Vous avez utilisé deux termes dont la signification exacte échappe sans doute à la plupart d'entre nous. - Il regarda le bloc-notes sue lequel il avait griffonné quelques mots, tandis que l'émison se poursuivait. - Palin... palin... quelque chose.
- Palingénésie, compléta Reinhold Miller sur un ton ne contenant qu'une légère trace de condescendance.
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