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Citations de Maïté Carranza (67)


Le jour où on lui a coupé l'électricité; elle m'a demandé si elle pouvait mettre sa nourriture dans mon frigo et si je pouvais lui charger son téléphone, car elle avait beaucoup de démarches à faire. J'ai répondu que non, très poliment. Je n'ai aucune envie de me retrouver mêlée à ses histoires. Mon mari, qui rouspète toujours parce que je m'occupe de ce qui ne me regarde pas, m'a dit que j'avais très bien fait.
Les petits me font bien de la peine, parce qu'ils n'y sont pour rien, mais je sais comment ça se passe. Ces gens-là, si tu leur donnes un doigt, ils te prennent un bras. Vaut mieux garder ses distances, chacun chez soi.
( p 37)
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Je m’habillais pour lui et me coiffais pour lui, mais un jour où il s’est approché en douce dans mon dos et m’a embrassée dans le cou, j’ai hurlé comme une folle, comme s’il m’avait poignardée. Même moi, j’ai eu peur de ma réaction parce qu’elle a été instinctive. J’ai ressenti de la panique, comme la première fois qu’il a mis sa main sous ma jupe et que je l’ai violemment écartée. Martin se fâchait, bien sûr. Tu es une fille compliquée, il me disait, tu en fais des histoires. Et moi, je ne disais rien. La nuit, je rêvais de lui et je l’embrassais, mais quand il était près de moi et que je sentais sa main sur ma peau et la chaleur de son souffle excité, je frissonnais et mon corps devenait rigide comme un cadavre. Je restais froide comme un glaçon et j’inventais des excuses pour prendre mes jambes à mon cou. J’ai eu du mal à me détendre et à m’habituer à son contact, à ses lèvres qui folâtraient sur mon cou, qui me mordillaient, me chatouillaient le lobe tandis qu’il me murmurait des mots doux à l’oreille. Je n’ai jamais pu supporter qu’il soit dans mon dos, mais petit à petit, j’ai pu m’accoutumer à ses baisers et éprouver du plaisir à ses caresses. Je reconnais que j’étais amoureuse. Je n’en avais pas le droit, mais je l’étais, ou je voulais l’être. Et au moment où je pensais que oui, tout allait bien, que j’étais une fille comme les autres, ça a recommencé. Et cette fois, c’était sans retour.
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Des comprimés pour se lever, des comprimés pour marcher, des comprimés pour dormir, des comprimés pour vivre. Elle présentait qu'il y avait trop de comprimés, que les comprimés lui dérobaient sa rage, étouffait son cri. Mais ils effaçaient aussi sa douleur.
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Ces hallucinations se répétaient chaque nuit. Le chevalier et la dame l'observaient sans retenue. Chaque fois, il lui semblait qu'ils allaient dire
quelque chose, mais finalement ils se contentaient de la contempler en silence.
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veux vivre. Maintenant oui, je veux entamer une nouvelle vie, avec une nouvelle identité. Je veux une autre chance et lui me la donnera parce qu’il me la doit, parce qu’il a changé, parce qu’il est un autre, parce que j’ai été si courageuse que j’ai osé lui tenir tête et lui montrer que la violence ne résout rien.
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Tu sais bien que, dans ce métier, il ajoute, on ne peut jamais être sûr de rien. Jusqu’à ce qu’on ait démontré le contraire, tout le monde est suspect. Et j’en suis encore revenu au suspect numéro un. Le garçon avec qui elle sortait. Ce Martín Borrás que j’avais interrogé un jour avant sa disparition définitive. On avait relevé des empreintes à lui dans le sac de Bárbara, mais aucune dans la cabine téléphonique. Quand je lui ai demandé où il se trouvait le vendredi à cinq heures quarante-cinq du matin, Martín Borrás n’a pas répondu immédiatement.
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Encore la culpabilité, cette maudite culpabilité qui revient, obsédante. Elle a tant de regrets. Mais elle sait que se faire des reproches ne la mènera nulle part. Que la culpabilité paralyse, se transforme en excuse, que c’est l’antidote de l’action. Elle tente de positiver et d’expulser la culpabilité qu’il lui a inoculée jour après jour, comme un poison lent et mortel dilué par ses paroles. Je ne suis pas malade, je ne suis pas coupable, elle se dit. Elle ne veut plus y penser, cherche désespérément une chose à laquelle se raccrocher, et imagine comment sera Bárbara après quatre ans, si elle a grandi, si sa physionomie a changé, si elle a conservé ses fossettes quand elle rit, si elle a toujours ses beaux cils serrés qui ombraient ses yeux couleur de miel, de grands yeux ouverts qui scrutaient le monde avec curiosité.
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Elle tente d’imaginer combien de filles comme Bárbara doivent vivre dans l’obscurité, condamnées au silence. Nuria Solís lève la main. Arrête-toi, arrête-toi ici ! Et Eva freine. Elles ne sont pas encore arrivées à la grille, elles se trouvent à environ deux cents mètres de la bâtisse, sur un chemin bordé de chênes verts, mais il est plus prudent de ne pas s’approcher pour qu’il n’entende pas le moteur.
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Elle n’est plus une femme de chair et d’os. C’est un mort vivant, un zombie qui renaît de ses cendres, un être de l’étoffe des dieux, insensible à la douleur, à l’empathie, aux obstacles. Une sorte de fantôme. Elle déglutit. Et les fantômes, elle conclut, ne peuvent être arrêtés parce qu’ils traversent les murs et arrivent où ils veulent. Dans ce cas, elle préfère être de son côté et la suit comme un petit chien.
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Ce n’est pas si facile, Bárbara, je ne peux pas te tuer parce que je t’aime. Menteur, je pense, menteur, sale menteur. Peut-être que si tu collabores, il nous reste une solution. Lâche, sale lâche, je me dis. Il reste encore une solution. Je serre les poings et je me tais. Il ne peut pas me faire ça maintenant, il n’a pas le droit de me faire souffrir davantage. J’étais prête. Je veux en terminer avec toute cette merde. Maintenant ! Je veux mourir tout de suite. Bárbara, écoute. Je me couvre les oreilles parce que je ne veux pas l’entendre. Bárbara, écoute bien ce que je vais te dire, ma chérie.
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On dit aussi qu’au moment de mourir ta vie entière défile devant tes yeux, comme un film en accéléré. Je ne vois pas mes cheveux, je n’ai pas de miroir, mais c’est possible qu’ils soient devenus blancs depuis un bout de temps. Et la bande-annonce du film de ma vie que j’avais censurée, je la vois aussi, même si je n’en ai pas envie. Ça veut sûrement dire que la mort se rapproche.
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Un Tranximezin, j’ai besoin d’un Tranximezin, elle se dit en tremblant, et elle se précipite dans la salle de bains, se cogne contre le mur tout en fouillant dans l’armoire à pharmacie. Le miroir lui renvoie l’image d’une femme effrayée qui a besoin d’une pilule pour assumer sa lâcheté et son refus d’affronter la vérité.
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Les adultes, par nature, savaient ce qu’ils faisaient, et nous montraient à nous, les enfants, ce qui était bien et ce qui était mal. Il m’a dit que c’était une preuve de son amour pour moi, un jeu à nous, un moment que seuls lui et moi partagions en secret. C’était notre secret et je ne pouvais en parler à personne. Parfois, je n’aimais pas ce qu’il me faisait et alors je fermais les yeux et je pensais à autre chose. Je pensais que j’étais en train de jouer avec Eva ou que j’étais en train de rêver. Et puis à l’école, on nous a parlé de sexe, et les garçons ont commencé à raconter des blagues et les copines m’ont fait des confidences, et les magazines et les et les photos ont circulé. C’est à cette époque-là que j’ai commencé à comprendre que ce n’était pas bien, que j’ai commencé à me sentir mal et à l’esquiver quand il m’approchait.
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Sans enfants, sans parents, sans responsabilités. Elle joue à la jeune mariée amoureuse, à celle qui a une bande de copains, à la tante sympa, à l’étudiante malicieuse, à l’aventurière de l’été. Et ça lui va bien. C’est pourquoi elle ne mesure pas ses mots. Elle rate parfois des occasions de se taire et lâche des paroles empoisonnées dont le venin court dans les veines et arrive jusqu’au cœur, et finit par tuer, telle une tumeur maligne.
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Tu dois te regarder dans le miroir, tu dois avoir ta propre vie. Pense à quelque chose qui te ferait plaisir, un voyage avec les jumeaux, une pièce de théâtre, je ne sais pas, quelque chose qui te motive. Quand Elisabeth pénètre dans le territoire des consignes et des conseils de manuel de bien-être, elle cherche une excuse pour raccrocher et s’épargner le rififi. Elisabeth est ainsi, simple et cartésienne, elle se dit pour l’excuser, elle croit que les formules pour vivre sont infaillibles et que tout s’arrange avec des projets professionnels, des voyages exotiques et des dîners. Elle lui pardonne parce qu’elle est jeune, naïve et innocente, et qu’en réalité, même si elle croit le contraire, elle ne connaît la vie qu’à moitié. Elle n’a même pas vécu la maladie au chevet de sa mère.
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Comment donner un sens à ce qui n’en a pas. Comment surmonter la frustration de tous les dossiers non résolus. Et il s’arrête sur le point numéro trois. C’est ce qui lui fait le plus mal. C’est pour cette raison qu’il n’est pas préparé à partir en retraite, parce qu’il n’a pas encore terminé son travail. Ça a l’air d’une excuse, mais son travail n’a jamais de fin, il se dit amèrement.
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Pauvre petit. Ne sois pas bête, quand je t’ai rencontré, je suis tombée amoureuse de ton nez, j’ai pensé regardez-moi ce nez, quelle personnalité. Sa femme est comme ça, affectueuse, dévouée, autoritaire. Elle apporte des croquettes1 aux enfants dans une boîte, une excuse comme une autre pour savoir quelles séries ils regardent, combien ils gagnent, quels vêtements ils ont achetés cette saison ou le nom des amis qui les appellent. Mais elle le fait de bon cœur et sait donc toujours quel cadeau leur convient.
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Que ceux qui trinquent à sa santé, en réalité, sourient au nouveau chef et profitent de l’occasion pour se faire connaître et plaisanter avec l’arrivant, parce que plus personne n’en a rien à faire de lui. Ou peut-être qu’il ne veut pas qu’elle vienne parce que en réalité il ne veut pas prendre sa retraite et n’a pas encore digéré que le dîner est en son honneur, parce que sa vie professionnelle prend fin ce soir même.
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Qu’il était un homme marié, qu’il comprenait que je sois tombée amoureuse de lui, mais que ce n’était pas possible, qu’il ne pouvait rien m’offrir, que lui aussi m’aimait, mais que j’étais mineure. À ce moment-là, j’aurais voulu sauter par la fenêtre comme le chat noir et me perdre sur les toits. Et alors, il a posé la main sur ma jambe, aussi malvenue que sa voix et ses paroles, et il a commencé à me caresser, mais moi, je me suis levée d’un bond en tremblant et je me suis mise à pleurer. Je ne pouvais pas m’arrêter de pleurer. Je ressentais une immense frustration. Jesús m’a serrée dans ses bras et a essayé de me consoler, mais moi, je pleurais de plus en plus fort. J’étais désespérée. Et à cet instant est arrivé ce qui pouvait arriver de pire.
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Combien d’hommes comme lui vivent une vie condamnable derrière leur masque de respectabilité ? Elle ouvre le tiroir des couverts et, à tâtons, agrippe un couteau. C’est un couteau de cuisine de bonne taille, de ceux qui servent à découper le poulet. Ça fera l’affaire.
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