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EAN : 9782290054369
251 pages
J'ai lu (15/03/2013)
3.75/5   4 notes
Résumé :
Qu'est-il arrivé à Bárbara Molina ? À quinze ans, la jeune fille disparaît du domicile familial. Ce qui avait tout l'air d'une fugue pour la police tourne au drame lorsqu'elle passe un coup de fil désespéré à sa mère. C'est la dernière fois que ses parents entendront parler d'elle. Pas de corps, pas d'indices : quatre ans après, le mystère reste entier. Mais Bárbara est vivante et, avec elle, son terrible secret.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Elle fête ses 19 ans, elle est désabusée, sa vie monotone et attend tout de même son cadeau d'anniversaire.
Lozano, 65 ans, se rend chez les Molina pour leur dire au revoir. Fin de l'enquête après quatre ans depuis la disparition de Barbara, 15 ans. le corps n'a jamais été retrouvé.
On assiste au calvaire de Barbara depuis quatre ans et son passé, comment tout s'est déroulé dans son enfance jusqu'à son kidnapping et la suite.
Même s'il part à la retraite, Lozano informe son remplaçant des retombées de l'affaire. Avec les questions de celui-ci, il se rend compte qu'il a négligé des pistes. Pistes qui se révèleront avec les quelques informations qu'il va obtenir ce dernier jour. Il a jusqu'à minuit pour retrouver Barbara et c'est ce qu'il va tenter de faire.
Ce roman trouve également un écho particulier avec ce qui vient de se passer à Cleveland. Trois jeunes filles, enlevées il y a dix ans et qui viennent d'être retrouvées car l'une a réussi à passer par les mailles de son agresseur.
On fait très vite le lien entre la jeune fille qui commence le roman en étant captive et Barbara, enlevée il y a quatre ans.
Sa mère se reproche sa permissivité face à sa fille. Elle a peut-être voulu retrouver sa jeunesse quand elle voulait devenir médecin et la complicité qu'elle avait avec Barbara alors que celle-ci était petite. de nombreux chapitres sont consacrés à cette femme, l'ombre d'elle-même, qui a dû s'effacer, qui prend des médicaments pour tenir. Une femme qui se fait continuellement des reproches sur ce qui s'est passé, sur ce qu'elle a appris et dont elle n'a parlé ni à son mari, ni à la police. Mais cette femme, lorsqu'elle apprendra la vérité, se révélera pour aller sauver celle qui lui a manqué pendant quatre ans. Une enfant à qui elle a donné la vie, qu'elle aime plus que tout au monde, qu'elle n'a pas su protéger contre l'indicible. Comme pratiquement chaque mère, elle se révélera une lionne, une louve. Et même si Barbara, ayant vécu pendant 4 ans avec son bourreau, toujours prête à écouter ce dernier, comprendra très vite que sa mère, à qui elle a laissé de nombreux indices avant d'être enlevée, est là pour elle.
Barbara, pauvre jeune fille qui a cherché l'amour, qui ne l'a jamais trouvé car elle a été très vite violentée. Et victime, elle est obligée de se taire. Elle laisse des indices, se coupe de sa meilleure amie. Car elle croit ce que son kidnappeur lui raconte, qu'elle est mauvaise, qu'elle ne compte plus pour personne. Il y a donc entre eux une relation d'amour et de haine. D'amour, car c'est la seule personne qui reste. de haine, car il la violente, la frappe violemment, la fait sentir plus bas que terre. Pourtant pendant ces quatre ans, elle a tenté de se rebeller. Mais elle sait ce qui l'attendait, qu'elle pourrait y laisser la vie. Horreur pour une jeune fille, horreur de vivre dans de telles conditions de détresse, de violence…
L'auteur ne tombe pas toutefois dans le mélodrame. Même si c'est dur, on suit ce que vit Barbara. Etant un peu vaccinée par ce genre d'histoires, lues dans les journaux ou autres, on veut connaître ce qui lui arrive et surtout si elle va arriver à s'en sortir.
Dans les chapitres consacrés à Lozano, on se rend compte qu'il ne veut pas partir à la retraite sans avoir résolu cette affaire. Il s'interroge toujours. Faire le point avec son successeur va lui permettre de se rendre que des détails ont été négligés. Et quand il arrivera à avoir des éléments nouveaux, il préfère agir seul et en toute conscience pour essayer de sauver cette jeune fille.
Eva, la meilleure copine de Barbara, qu'elle connait depuis la maternelle. Soudées l'une à l'autre, elles ont un caractère différent. Autant l'une a un caractère posé, autant l'autre est enjouée, profitant de la vie. Mais elles se complètent. Avec l'adolescence, elles vont finir par s'éloigner. Car l'une est tombée amoureuse, a piqué le petit copain que l'autre convoitait. Et il y a aussi cette histoire qui s'est passée un été et qui a fait fuir Barbara, car elle avait compris qu'Eva, malheureusement, ne serait pas d'un grand soutien. Pourtant, c'est Eva que Barbara appelle en premier quand elle le peut car elle se souvient de son numéro de téléphone. Mais sans réfléchir à la portée de ses actes.
Même si le début a été un peu laborieux, car je retrouvais des éléments de jeunes femmes enlevées, comme Natascha Kampusch, j'ai été obligée de finir le roman vite fait, bien fait. En effet, quand j'ai compris qui était le responsable de l'enlèvement de Barbara, c'est-à-dire, aux 3/4 du roman, j'ai voulu savoir comme cela allait se finir.
En définitive, on ne devrait pas être surpris de l'auteur du rapt et des sévices infligés à Barbara, car chaque chapitre est consacré à des personnes indispensables, la mère, le chargé de l'enquête, Barbara, Eva.
L'auteur nous informe dès le début qu'elle s'est inspirée de faits réels, comme l'enlèvement de Natascha Kampusch ou celui d'Elizabeth Fritz.
Lien : http://angelitamblog.com/201..
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J'ai pris ce livre parce qu'on me l'avait conseillé, je prends rarement le genre thriller de moi-même. La couverture me plaisait assez pour au finale lui laisser une chance. Il a trainé un moment dans ma PAL, puis un jeu m'a permis de le faire sortir. Et finalement, mon pressentiment était bon. Je n'ai pas vraiment aimé ce livre, mais en même temps, on peut difficilement rester insensible devant ce livre. Il reste très poignant et prend facilement aux tripes. Je n'aime pas trop la façon dont l'auteur nous raconte son histoire. Au vu de résumé, je m'attendais vraiment à suivre que le point de vue de Barbara, mais aussi à voir un point de vue extérieur à la situation de Barbara. Et en faite, c'est là que j'ai été déçue, Barbara est complètement effacée, pour laisser place à trois personnes. le plus important est un sous-inspecteur Lozano Salvador, qui est en gros l'inspecteur en charge de ce dossier. Mais on a plus une vue du passé, parce qu'il transmet son dossier à son remplaçant. Donc on n'a pas vraiment de fait immédiat, on a juste une vieille histoire. Donc on ne se sent pas forcement impliqué dans la recherche de Barbara. Puis on a la mère de Barbara, complètement dévasté par la disparation de sa fille, que tout le monde pensent morte. Et on a l'avis de la meilleure amie de Barbara, Eva. Qui pour ma part ne sert pas à grandes choses, mais bon... Puis par de rare occasion, nous avons l'intervention de Barbara, qui devient de plus en plus présente vers la fin. Mais ce n'est pas elle qui finit le récit ce qui est fort dommage. On n'a pas réellement d'enquête vue que nous avons tous les indices, les suspects et les témoignages. Il n'y a que le fait de savoir où est Barbara qu'on doit découvrir. Vu qu'on a son point de vu, on sait très vite qu'elle n'est pas morte. Et c'est là que l'auteur à su très bien jouer son rôle, si on peut dire ça comme ça. Elle va nous aiguiller sur certaines pistes, et même faire en sorte qu'on est persuadé de savoir qui sait. On en a aucun doute d'ailleurs tellement que le personnage qui est coupable est crédible. Puis d'un coup, elle nous retourne la situation, et là, on ne se dit « non pas possible !!». Puis on arrive sur la fin et plus on sort de notre torpeur. Et on finit par accepte la véritable identité du coupable. Je regrette juste le fais que les dialogues sont intégrés au récit et non-visible, ce qui m'a souvent mise en confusion, et du coup, j'ai souvent dû relire certain passage pour être sûr.

En conclusion, je n'ai pas aimé, mais j'ai été bluffé par l'auteur. Et en même temps, je trouve ça dommage qu'on n'est pas assez eu le point de vu de Barbara. Je trouve qu'on ne s'attache pas du tout au personnage, du coup si on n'est pas une personne sensible, on passera à côté du drame. C'est qui est dommage, vu que l'histoire est poignante une fois qu'on découvre tous.
Lien : http://plaisirdelire01.blogs..
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C'est l'histoire d'une journée. Une journée difficile où leurs vies va changer à tout jamais.

Bàrbara a quinze ans quand elle disparaît. Alors qu'elle fugue et qu'elle essaye de rejoindre son oncle et sa tante, elle disparaît après avoir appelé sa mère en lui criant un désespérant "Aide-moi". Commence alors une descente aux enfers pour sa famille.

Où est Bàrbara? Est-elle morte? Qui l'a tué? Pourquoi? C'est ce qu'a profondément essayé de découvrir le sous-inspecteur Lozano lors de ces dernières années. Cette affaire le hante. Et lors de sa dernière journée avant la retraite, il réfléchit. Retourne l'histoire, encore et encore, cherchant à savoir ce qu'il a pu manquer. Cherchant le moindre petit indice qui pourrait le mettre sur la voie et enfin résoudre ce crime.

Une journée vue sous différents points de vue. le sous-inspecteur Lozano, Eva - la meilleure amie de Barbàra, Nuria - sa mère et puis.. Bàrbara. Bàrbara qui nous raconte sa terrible histoire, les horreurs qu'il lui fait vivre depuis des années, enfermée dans un sous-sol, repliée sur elle-même. C'est une jeune fille qui se déteste et qui se croit mauvaise. Qui a finit par être persuadée que tout est de sa faute, qu'elle l'a bien cherché.

Mais qui est ce lui? Bàrbara va-t-elle être sauvée? Va-t-on découvrir la vérité?

Que de sentiments à fleur de peau, quelle tristesse ais-je ressentie en lisant ce roman. C'est un roman puissant, 24h où le tic-tac résonne distinctement. On sent que le dénouement est proche, on sent que les choses vont changer. Mais changeront-elles en bien ou en mal? Dès le début du roman, un suspense incroyable s'installe et monte doucement pour devenir carrément insupportable. Plus les révélations s'enchaînaient et plus j'avais envie de savoir pourquoi mais surtout qui. Je suis devenue complètement paranoïaque, commençant à suspecter tout le monde. Tous les hommes de l'histoire me semblaient être coupables, chacun à leur tour. Impossible de lâcher ce livre, une fois commencé je devais absolument savoir la vérité.

L'écriture de l'auteure m'a faite frémir par sa justesse. Chaque personnage avait, à mon sens, un ton différent, un langage unique. Chacun avait sa propre mélancolie, une profondeur personnelle. Je sais que quelques lecteurs reprochent à ce livre les dialogues intégrés dans le récit (Et donc pas de paragraphes) ce qui peut apporter une certaine lourdeur. Moi cela ne m'a nullement dérangée, j'étais tellement plongée dedans que je l'ai à peine remarqué.

C'est un mélange entre le passé et le présent, des souvenirs et une recherche, la recherche de la vérité. Vingt-quatre heures pour découvrir ce qui s'est réellement passé, vingt-quatre heures pour empêcher le dossier de Bàrbara de croupir sous une pile de papier.

C'est un roman qui donne envie de crier à l'injustice, un roman qui donne envie de se révolter et de changer les choses. Qui donne envie d'ouvrir les yeux aux gens. C'est un roman dur dans une histoire qui a l'air si réelle, dans des sentiments si forts et tellement mauvais, tellement tristes.

Un livre beau dans sa laideur.
Lien : http://mamantitou.blogspot.b..
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Un soir de décembre 2005, Barbara Molina disparait sans laisser de trace. Seuls un coup de fil paniqué à sa mère et son sac taché de sang démontrent qu'il ne s'agit pas d'une simple fugue.

Le récit nous est conté par la voix de plusieurs protagonistes : Barbara, sa mère, sa meilleure amie et le policier qui est chargé de l'enquête.

Chacun nous raconte ses peurs, ses doutes, son calvaire.

L'existence de la mère de Barbara s'est arrêtée le jour où sa fille a disparu, laissant son mari prendre les choses en main et ses jumeaux livrés à eux-mêmes.

Sa meilleure amie culpabilise de ne pas avoir été à l'hauteur.

L'inspecteur en charge de l'enquête, à 24h de la retraite, a un gout d'inachevé. Il ne supporte pas de laisser une affaire, cette affaire, à son successeur en sachant bien que de toute façon, elle ne sera jamais bouclée.

Je me suis doutée de l'identité du kidnappeur mais j'avoue que le dénouement est particulièrement bien mené avec juste ce qu'il faut d'émotions et de suspense car jusqu'au dernier moment l'issue est incertaine.

Pour écrire cette histoire, l'auteure s'est inspirée deux faits divers : les séquestrations de Natacha Kampusch et d'Elizabeth Fritzl.

Ces deux jeunes femmes ont été enfermées et coupées du monde pendant de nombreuses années et manipulées psychologiquement par leur ravisseur. Une question taraude : peut-on reprendre une vie normale après une telle épreuve et comment s'en sort-on ?

J'ai beaucoup apprécié cette lecture où la psychologie des personnages est la clé de l'intrigue.

Il fait froid dans le dos mais nous permet de nous interroger sur nous-mêmes.
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Une très jolie surprise , j'ai été totalement happée par cet ouvrage qui ne porte pourtant pas de mine avec ses 250 pages , cependant l'intensité de la détresse de Barbara et la volonté de la retrouver partagé entre le lecteur et le sous-inspecteur en font un ouvrage captivant. le dénouement est à tomber par terre, j'étais sans voix et Dieu sait qu'il en faut beaucoup pour me faire taire.
Une perle !! A découvrir !
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critiques presse (1)
HistoiresSansFin
20 décembre 2013
Maite Carranza fait vibrer notre cœur et nos nerfs durant la lecture de Paroles empoisonnées. L'atmosphère oppressante est palpable non seulement de par la situation des personnages, tous enfermés dans leurs pensées, leurs souffrances, leurs espoirs ; mais aussi grâce au choix narratif de l'auteur.
Lire la critique sur le site : HistoiresSansFin
Citations et extraits (64) Voir plus Ajouter une citation
Je m’habillais pour lui et me coiffais pour lui, mais un jour où il s’est approché en douce dans mon dos et m’a embrassée dans le cou, j’ai hurlé comme une folle, comme s’il m’avait poignardée. Même moi, j’ai eu peur de ma réaction parce qu’elle a été instinctive. J’ai ressenti de la panique, comme la première fois qu’il a mis sa main sous ma jupe et que je l’ai violemment écartée. Martin se fâchait, bien sûr. Tu es une fille compliquée, il me disait, tu en fais des histoires. Et moi, je ne disais rien. La nuit, je rêvais de lui et je l’embrassais, mais quand il était près de moi et que je sentais sa main sur ma peau et la chaleur de son souffle excité, je frissonnais et mon corps devenait rigide comme un cadavre. Je restais froide comme un glaçon et j’inventais des excuses pour prendre mes jambes à mon cou. J’ai eu du mal à me détendre et à m’habituer à son contact, à ses lèvres qui folâtraient sur mon cou, qui me mordillaient, me chatouillaient le lobe tandis qu’il me murmurait des mots doux à l’oreille. Je n’ai jamais pu supporter qu’il soit dans mon dos, mais petit à petit, j’ai pu m’accoutumer à ses baisers et éprouver du plaisir à ses caresses. Je reconnais que j’étais amoureuse. Je n’en avais pas le droit, mais je l’étais, ou je voulais l’être. Et au moment où je pensais que oui, tout allait bien, que j’étais une fille comme les autres, ça a recommencé. Et cette fois, c’était sans retour.
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Le soir, je lisais. J’ai beaucoup lu. J’ai lu tellement de livres pendant ces années, probablement autant que d’autres dans toute leur vie. Lui, il n’aime pas les romans, il préfère les essais, il dit, et comme je les dévorais tellement vite, il en a emprunté à une bibliothèque sans aucun critère de choix. Un jour, il m’apportait Dumas, un autre Barbara Kingsolver et le suivant Orson Scott Card. J’ai lu de la romance, de l’histoire, de la science-fiction, du policier et finalement, saoulée de chaos et avide de découvertes, je lui commandais des titres et des auteurs. Mais il s’y prêtait de mauvaise grâce, parce que ça lui faisait perdre trop de temps et qu’il disait que la bibliothécaire le regardait de travers. Et alors, j’ai tout foiré à cause des bouquins. Je me rappelle parfaitement ce moment où j’ai gâché six mois de ma vie. Un jour, j’ai cogité sur le fait que les livres que je lisais passaient ensuite entre d’autres mains et j’ai eu l’idée d’y laisser un message. Bien sûr ! C’était très simple. C’était mon seul contact avec l’extérieur. J’ai choisi un livre intitulé Ali et Nino, de Kurban Saïd, un livre d’amour et de guerre, drôle et tragique que j’ai lu trois fois sans respirer. Je me disais que la personne qui choisirait ce livre serait quelqu’un de spécial et se rendrait compte que mon message était véridique. J’ai écrit quatre lignes sur un bout de page, pour expliquer qui j’étais et demander de l’aide. Le jour suivant, il a ouvert la porte en furie et m’a lancé le livre à la tête. Tu crois que je suis stupide ! il a crié, fou de rage. Il m’a frappée jusqu’à n’en plus pouvoir et m’a laissée dans l’obscurité. Trois jours sans manger, dans un état lamentable, blessée, sans lumière, sans musique, sans Friends. Oubliée dans un trou.
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J’arrête de respirer quelques instants, angoissée, en reconnaissant les paroles que j’ai entendues des millions de fois. Des paroles qui écrasent, qui blessent, qui nous ont marquées, elle et moi, et nous ont peu à peu empoisonnées. Maman s’est toujours rendue, a accepté sa défaite et a perdu la bataille avant de l’avoir menée. Je l’ai vue se taire trop de fois, baisser les yeux, pleurer doucement et se soumettre aux insultes. Non, Maman ne peut rien contre lui, elle est faible. Pousse-toi, Pepe, sors de là une bonne fois pour toutes ! crie enfin Maman dont la voix monte, en faisant un pas en avant, sans l’écouter, sans se laisser intimider, en levant le couteau d’un geste menaçant. Je remarque comment il tremble, aussi déconcerté que moi. Tu es folle ? Tu me menaces ? Ne me touche pas ! Que crois-tu donc faire ? Me poignarder peut-être ? Maman ne l’écoute pas et me tend la main gauche par-dessus sa personne. Indifférente à sa personne. Ce duel auquel j’ai assisté tant de fois, elle en remporte aujourd’hui la victoire absolue. Allez, Bárbara, elle répète calmement. Et moi, instinctivement, je prends sa main et je crois que ça y est, que tout est fini, que j’ai fait mon choix.

Mais il réagit violemment, m’agrippe à deux mains et me lance de toutes ses forces contre le mur. Je sens des craquements, mon corps qui s’écrase et s’effondre. Je ferme les yeux, et le cri de Maman résonne dans l’obscurité. Des coups, encore des coups, il veut m’écraser et me crever comme un rat, je sens ses bottes me frapper les côtes, le ventre, les cuisses. J’essaie de me protéger comme je peux avec les mains, jusqu’à ce qu’un coup plus violent que les autres m’enfonce la poitrine et me déchire la chair comme un poignard.
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À l’époque où il étudiait le soir, il a lu Crime et châtiment et il sait que cette connexion entre le crime et le désir morbide de l’assassin de s’en vanter est un fil conducteur. Mais soit il n’a pas été suffisamment habile, soit les suspects ont été plus malins. Par ailleurs, aucun crime n’a été commis, aucun corps qui puisse les aiguiller dans la bonne direction n’a été retrouvé. Le brouillard, qui cette nuit-là recouvrait la ville de Lérida, s’est épaissi avec le passage du temps. Et si un jour il a cru qu’une bourrasque le balaierait, maintenant, à contrecœur, il doit admettre que les pistes se sont définitivement effacées. La preuve irréfutable d’un lien avec la disparition de Bárbara n’a jamais pu être établie.

Il sort la fiche de chacun d’entre eux. Il les tient à jour et les passe à Sureda tandis qu’il récite de mémoire. Martín Borrás a actuellement vingt-six ans. Il habite chez ses parents, un chirurgien cardiovasculaire et une dirigeante d’entreprise informatique. Ils sont propriétaires d’un appartement de deux cent trente mètres carrés rue de Paris. Il a eu trois relations amoureuses et un nombre incalculable de flirts du samedi soir. Les filles ne durent jamais plus de quatre mois. La constance n’est pas sa vertu principale. Il n’a pas non plus terminé ses études. Voilà son dossier sur sa deuxième année à l’ESADE, en direction d’entreprise. Désastreux. Je suis sûr qu’il s’est disputé avec ses parents et qu’il a fini par arriver à ses fins.
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Un rat d’égout noir, de la taille d’un lapin, et qui au lieu de fuir, est resté à me regarder avec un air de défi, sans bouger. Moi et le rat, tous deux face à face. Et pourtant, il ne me dégoûtait pas. Il était répugnant, mais ne me dégoûtait pas. Il avait l’air dangereux, point. J’ai senti la chair de poule gagner mes bras et mes jambes et j’ai ressenti de la haine. Une haine primitive, tribale, ancienne. Je haïssais cette bestiole désagréable qui avait envahi mon territoire. Je me suis dressée pour lui montrer que j’étais beaucoup plus grande que lui et d’un coup d’œil, j’ai calculé la distance qui me séparait du balai. Mais il était trop loin et le rat me barrait la route. Alors, d’un bond, j’ai attrapé une chaise par le dossier et je l’ai menacé avec les quatre pieds. Moi, en train d’affronter un rat tel un dompteur de cirque, incroyable. Quand j’y repense, j’en ai l’estomac noué et je ne m’explique pas où j’ai trouvé ce courage. Le rat n’a pas reculé d’un millimètre, a lancé un cri, comme un lapin avant de mourir, et à cet instant je me suis jetée sur lui en criant : « Dehors, saleté de bestiole ! » Je ne le voyais plus comme un rat, je ne me souvenais même plus que les rats infligent des morsures et transmettent des maladies, ni qu’ils étaient des créatures répugnantes qui me faisaient paniquer. C’était un ennemi et je me défendais.
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