Publié en Août 2019, Je veux m’envoler est un thriller psychologique surprenant. Fort d’avis positifs, la critique de son contenu – au sens large – reste pourtant très nuancée. Sur la base d’une intrigue policière rangée dans les codes du genre, Malik Grillon-Mixtur extrapole et oriente son lecteur vers un univers noir dont l’horreur dépeint une beauté macabre. Décomposée en plusieurs axes, l’œuvre met à nu des protagonistes rongés par un vécu toujours plus sombre.
Loin d’un passé militaire aux secrets enfouis, Marcus Notre-Dame est en charge de l’affaire Beyond The Beauty. Jument prestigieuse au parcours d’excellence, sa disparition annonce l’aube d’un litige hautement politique. Tandis que les forces de l’ordre placent tous leurs espoirs en leur inspecteur, ce dernier, dont les méthodes restent très formelles, se voit néanmoins rapidement distancé par les événements.
Rattrapé par une vie antérieure peu glorieuse que son personnage est loin d’illustrer, Marcus subit lorsque son présent entrer en collision avec une période révolue… mais pas moins lourde de conséquences. Alors que ces dernières ne cessent de faire pleuvoir les répercussions sur ses relations privées, l’inspecteur perd peu à peu pied tandis que sa vie professionnelle en pâtit toujours un peu plus.
Je veux m’envoler, c’est le tourbillon noir de cette affaire trop classique, loin d’annoncer l’ampleur de ce qui va suivre. Le dossier concret de la jument évolue finalement en celui d’un fou furieux adepte de mythologie nordique ; un cadre abyssal au sein duquel les concernés finissent par se noyer. Les crimes sont minutieux et orchestrés selon des schémas sacrificiels oubliés. Sous forme d’énigmes, il joue avec les forces de l’ordre et ne commet aucune erreur involontaire.
Si l’intrigue est prometteuse, la forme et le contenu contrebalance la donne. Le récit dégage sans conteste une harmonie rédactionnelle au potentiel certain. La musicalité fluidifiante de certains extraits mènent à une lecture « en glisse », agréable, reposante. En dépit de maladresses de concordance, la diversité lexicale et la syntaxe s’accordent avec les codes du thriller : la ponctuation raide et stricte mène à un ensemble haché, représentatif de la perte d’haleine recherchée.
Pourtant, l’ensemble dégage une allure grossière, aux finitions comme perturbées. La cadence rythmée de l’œuvre de Malik Grillon-Mixtur, dont la prose pourrait transporter très loin, se voit rapidement et régulièrement brisée par de trop nombreux termes décalés. La vulgarité du récit est loin de se rattacher à un vocabulaire cru, recherché et calculé. Une harmonie générale bouleversée, comme parasitée.
SI l’auteur est unique, les plumes semblent différer au gré des axes de narration. De la retranscription formelle de l’enquête d’origine au langage déplacé des scènes non pas érotiques mais pornographiques de bas étage, en passant par les descriptions chantante des scènes de crime, Je veux m’envoler sonne trop souvent faux.
Une remarque accentuée par la dissonance des axes du roman. La psychologie du thriller, pourtant bien orchestrée, se voit minimisée face à de trop nombreuses scènes charnelles impertinentes. Aussi l’intrigue principale est-elle rapidement noyée par une dimension pourtant à l’origine secondaire. Je veux m’envoler, un roman au potentiel non exploité, dont l’influence et les conclusions auront probablement été perturbées par une confusion des priorités.
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