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Critiques de Marc-Vincent Howlett (5)
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Créanciers

Trois personnages. Tout d'abord Adolphe, qui se plaint de sa femme Tekla, dont il ne peut se passer, dont les absences le rendent malade, et qui n'arrête pas de se plaindre. Gustave, plus ou moins un ami, du moins pour le temps de la scène un confident, qui s'échine à convaincre Adolphe que Tekla lui pourrit la vie et qu'il doit s'affranchir de sa tutelle dévastatrice. Pas d'acte, pas de scène à proprement parler, mais une construction très efficace puisque répartie entre trois confrontations successives, rythmées par les sorties et les entrées des trois personnages : Adolphe / Gustave - Adolphe / Telkla - Telkla / Gustave.





Nous voici donc repartis, après Mademoiselle Julie, dans le monde de souffrances de Strindberg, de ses récriminations contre les femmes, et des malheurs qui découlent des relations entre les deux sexes. Certes, Strindberg a évité les écueils de sa pièce précédente : pas de personnage franchement caricatural ou hystérique ici. Encore que... encore que Tekla la castratrice, telle qu'elle est montrée par Strindberg, c'est un peu lourd à mon goût. Donc, impossibilité de communiquer entre hommes et femmes, relations malsaines de couples, etc., etc. Alors oui, on sait que Strinberg était malheureux en mariage avec Siri à l'époque. Mais, personnellement, je m'en contrefous.





Je ne trouve pas la pièce novatrice, je ne trouve pas l'idée de la vengeance ourdie en sourdine d'une originalité débordante, et, même si je ne considère pas la pièce comme inintéressante, elle ne restera pas marquée au fer rouge dans ma mémoire. Et je considère que Strindberg a tout de même poussé le bouchon un peu loin en accusant Ibsen de l'avoir plagié avec Hedda Gabler. Mais bon, il est bien connu qu'ils se détestaient et nous mettrons cet accès de mauvaise humeur sur le compte de leurs relations pour le moins difficiles.





Ah, il faut que j'ajoute un petit quelque chose : d'habitude, je lis scrupuleusement les préface des livres, plutôt après le texte principal, d'ailleurs. Là, j'ai tenté très fort de lire celle de Marc-Vincent Howlett, avec ses phrases toutes sur le même modèle, telle "Un tel truisme n'infirme pas la thèse foucaltienne de l'absence de l'auteur ; il ne fait que déplacer la position de l'auteur, le sujet est décentré, pour..." Rassurez-vous, j'arrête là. Cette préface pompeuse, destinée avec ostentation à un public qui serait le plus étriqué possible, a eu raison de moi ; d'autant que j'en avais lue une autre, dans une autre édition, bien plus accessible et donc bien plus intelligente. Je ne dis donc pas merci aux éditions Circé pour ce morceau de grandiloquence pontifiante et ennuyeuse à souhait. de quoi vous dégoûter de Strindberg, du théâtre, et de la littérature tout court.









Challenge Théâtre 2018-2019
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Créanciers

Un hasard incroyable me fait lire cette pièce de Strindberg après "Un amour insensé" de Tanizaki : les deux oeuvres ont bien des points communs, notamment les relations de Tekla et de son second mari Adolphe, pygmalion dépassé par sa créature.

Cependant la perversité qu'on attribue à Tanizaki ne peut se comparer à celle de Strindberg qui dévoile à travers cet écrit une âme de comptable bien peu reluisante : le mari "donne donne donne". La femme "prend prend prend".

C'est ce qu'Adolphe confie au premier époux de Tekla, Gustave, manipulateur ayant pour dessein secret la destruction du nouveau couple. Non par pure vengeance, ce qui le rendrait en somme plus humain, mais pour récupérer sa mise.

Car pour Strindberg seul l'homme donne : l'homme étant "le père de la femme", comme il le dit crûment, l'épouse est redevable de tout à son mari : de l'avoir épousée, de l'avoir "éduquée" (comme l'imagine Tanizaki ou Molière dans l'Ecole des femmes, ce qui introduit le soupçon d'un fantasme quasi incestueux), de lui avoir fourni maison, parure, amis, loisirs. Bref le mari est le créancier de sa femme et la femme qui quitte son mari est une voleuse, tout simplement.

Avec pareille mentalité, on comprend que Strindberg ait été un homme aigri et qu'il ait raté sa vie sentimentale et conjugale.

Cette pièce fut mise en scène avec beaucoup de succès en 2018 par Anne Kessler pour la Comédie Française. Elle fut interprétée par Adeline d'Hermy, Sébastien Pouderoux et Didier Sandre.

J'aurais beaucoup aimé savoir comment Anne Kessler a fait vivre ce texte. Monter une pièce de théâtre, c'est la ré-écrire avec un souffle, une tonalité propres, parfois très différents de ce qu'un lecteur seul face à l'écrit peut percevoir. Le théâtre est fait pour la scène.



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Jean-Jacques Rousseau : L'homme qui croyait..

Les petits livres de la collection Découvertes de Gallimard sont toujours de véritables pépites passionnantes. Alliant un texte court et précis et une riche iconographie, photos, archives, le tout dans un petit format, ils nous permettent de découvrir un sujet ou une personnalité de façon rapide et pédagogique.



Ici il s'agit de Jean-Jacques Rousseau, célèbre écrivain et philosophe des Lumières que l'on connaît tous, mais qui était-il et quelle fut sa vie ? C'est ce que l'auteur va nous raconter tout cela. En commençant par sa naissance et son enfance à Genève, petite république indépendante et cosmopolite dont il gardera toujours en lui les valeurs. Puis il quittera la suisse pour divers apprentissages dans divers endroits ; Turin, Annecy, Neuchâtel, Chambéry, etc. Puis plus tard, Paris, Montmorency, Eaubonne, Venise, Londres. À vrai dire durant toute son adolescence mais aussi durant sa vie d'adulte Rousseau n'aura de cesse de voyager. C'est quelque chose qui m'a beaucoup frappé, et en ça il m'a fait penser à Vincent van Gogh, qui lui aussi a eu une vie particulièrement marquée par une incroyable errance géographique. Et au détour de ces nombreux déplacements Jean-Jacques fera beaucoup de rencontres, dont deux qui seront importantes dans sa vie ; Mme de Warens, qui sera sa tutrice à Annecy et pour laquelle il nourrira une très grande affection, et Thérèse le Vasseur, une jeune lingère qui deviendra sa compagne (et la mère de ses enfants) et restera à ses côtés durant toute sa vie.



On découvre combien la vie de Rousseau fut difficile, semée d'embuches, laborieuse, souvent miséreuse. Je dois dire que je ne m'en doutais absolument pas. le connaissant comme l'un des plus grands philosophe de notre histoire, j'ai cru son parcours et sa vie plutôt linéaire et aisé. Même si quand j'ai lu Les rêveries du promeneur solitaire il y a trois ans —ma première lecture de son oeuvre—, dans laquelle il se remémore les nombreux obstacles de sa vie, j'avais commencé à comprendre qu'il avait connu des moments difficiles mais je ne savais pas que ce fut à ce point. On apprend que Jean-Jacques n'a presque jamais vécu dans la stabilité financière (ni même la stabilité tout court), qu'il n'a jamais vraiment eu de domicile ni fixe ni à lui, et qu'il n'a jamais vraiment eu d'amitiés stables non plus. Rousseau est connu pour son obsession de « persécution », à l'époque et toujours de nos jours, il lui a souvent été reproché son auto-apitoiement, mais personnellement lorsque j'ai lu Les rêveries je n'ai absolument pas ressenti cela bien au contraire, j'ai été très sensible à sa mélancolie et je comprenais ce qu'il ressentait. Et à présent, grâce à la lecture de ce livre j'ai pu apprendre combien il avait effectivement une personnalité particulière, ombrageuse, mélancolique et solitaire, et qu'elle fut bien souvent incomprise par ses pairs et contemporains. Mais à aucun moment l'auteur nous le présente comme un délire infondé, au contraire, il fait preuve de recul et de compréhension envers Rousseau et décrit sa personnalité avec justesse, ainsi que la réalité de ce qu'il a vécu. Car il fut effectivement durement traité.



Même dans son oeuvre littéraire rien ne fut linéaire pour Jean-Jacques, il a d'abord commencé par la musique, en composant et théorisant, puis la philosophie et les questions sociales se développeront plus tard, au contact de la foisonnante vie parisienne. On verra la genèse de ses trois oeuvres majeures ; la nouvelle Hëloise, l'Émile et le Contrat social. Mais comme si sa personnalité n'était pas déjà un assez lourd pour fardeau pour lui, ses oeuvres —et ça encore je ne le savais pas—, seront très sévèrement critiqués et même interdites. Il subira des foudres et des persécutions, comme je crois rarement j'en ai vu pour un écrivain, et l'obligeront à constamment changer d'endroit où vivre ; instabilité supplémentaire à l'instabilité. Néanmoins à côté des coups durs il eut aussi, heureusement, des joies et des succès ; Hëloise en fut un, entre autres, mais aussi un opéra composé et très apprécié par le roi. Mais on apprend que même les succès furent pour lui difficile à gérer psychologiquement et socialement.



Mais ce qui m'a le plus révoltée et écoeurée ce fut Voltaire. La cerise sur un gâteau déjà bien garni, il n'aura de cesse de rabaisser et chercher le conflit avec Rousseau. Nous connaissons tous la rivalité restée célèbre et passée à la postérité entre les deux plus grands philosophes, mais j'ai toujours pensé qu'elle fut équitable et équilibrée. Et bien absolument pas. Marc-Vincent Howlett, qui a aucun moment ne prend parti, relate les faits tels qu'ils se sont déroulés et ce que l'on constate rapidement c'est que chaque fois Voltaire a pris la plume de son propre gré pour attaquer ou se moquer le premier de Rousseau, sans que celui-ci ne l'ait sollicité ou adressée la parole en préalable. Une méchanceté gratuite que j'ai trouvé méprisable.

Las des innombrables méprises autour de son oeuvre et de sa personne, il finit par s'isoler définitivement, et s'attèle, à côté de sa passion pour la botanique, à une dernière oeuvre pour se faire comprendre de tous, livrer sa vérité et se mettre à nu dans le but qu'enfin les gens le comprennent : les confessions.



Comme chaque fois dans les Découvertes Gallimard l'iconographie est très belle, et l'annexe là aussi, comme chaque fois, particulièrement riche avec énormément de textes de Rousseau mais aussi d'autres auteurs de l'époque ou contemporains, livrant un éclairage supplémentaire sur le philosophe à la lumière de thèmes particuliers.



Bref c'est un livre passionnant qui m'a permis de mieux découvrir un Jean-Jacques que j'appréciais déjà, et dont la vie m'a particulièrement touchée.
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Jean-Jacques Rousseau : L'homme qui croyait..

Une excellente synthèse qui dresse le portrait de Rousseau et qui présente le parcours (mouvementé) et l'oeuvre (immense) de ce philosophe incompris parce que trop moderne.

Un volume des "Découvertes Gallimard" : simple, facile à lire et très richement illustré. Nouvelle édition publiée en 2012 dans le cadre du 3e centenaire de la naissance de Jean-Jacques Rousseau.
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Jean-Jacques Rousseau : L'homme qui croyait..

C'est un ouvrage simple, clair, richement illustré, comme tous les livres de cette collection. Juste la taille que j'aime, les biographies pavés ce n'est pas pour moi... J'ai découvert que Rousseau était musicien, jusquauboutiste, touche-à-tout. Une lecture très intéressante !
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