Citations de Marco Mancassola (40)
"Il a une vieille Volvo pourrie, sans l'air conditionné et presque plus de freins." Elle sourit : "Avec lui, chaque trajet est une aventure."
Il estimait que le monde avait besoin de héros légendaires, enveloppés dans les brumes de l'impossible. "Devenir réel, c'est ce qu'il y a de pire pour un super-héros", expliquait-il d'une voix hésitante.
"Et, bien que cette idée pût le troubler, il devait le reconnaître : manger sous les yeux d'une femme squelettique qui souffrait d'anorexie lui procurait chaque matin une mystérieuse satisfaction. Certains contrastes lui faisaient cet effet, il se sentait perversement vivant."

Ce roman est une belle arnaque ! ! ! En effet, la quatrième de couverture annonçait un roman "jubilatoire"... je me demande encore quels pouvaient bien être les passages que l'on pouvait qualifier de "jubilatoires" dans ces 500 pages ...
Premier point : le cloisonnement des intrigues. Chaque personnage est traité séparément ce qui rend l'ensemble nettement moins intéressant car nous savons dès la fin de la première histoire de quelle manière les autres parties vont se terminer.
Deuxième point: la redondance des propos. La première histoire concernant Red Richards aurait pu tenir en 50 pages au lieu des 200 pages indigestes. Effectivement, pendant ces 200 pages nous assistons aux tergiversations peu intéressants d'un ex super héros qui passe son temps à se demander s'il a encore du sex appeal ... Son histoire devient intéressante à la fin mais hélas, l'auteur, probablement en manque d'inspiration choisit une issue un peu trop facile.
Troisième point: l'enquête policière est quasi inexistante et ennuyeuse à mourir. Cela tient aussi au fait que les personnages soient traités chacun dans une partie qui lui est propre.
Bref, si vous vous attendez à un roman drôle, passez votre chemin. Le ton est beaucoup trop sérieux, il n'y a aucune auto dérision contrairement à ce à quoi je m'attendais. Marco Mancassola a planté un joli navet dans son maigre potager littéraire mais il a quand même conscience d'avoir rédigé un ouvrage médiocre comme le souligne cette belle mise en abîme que l'on rencontre dans la partie concernant Mystique : "Elle avait déjà son idée quant au contenu de l'ouvrage. L'habituel mélange de ragots, de suppositions morbides et d'écriture bas de gamme."
Mais peut-être n'ai-je tout simplement pas réussi à percevoir toute la subtilité de l'humour de l'auteur ...
"Au cas ou quelqu'un se serait encore demandé quel était l'oeil authentique, me mystère était résolu. C'était celui qui pleurait."
"Soulagé, il se retrouva avec le combiné contre l'oreille, en train d'écouter le silence parfait d'un téléphone muet.
Ce silence. Cet instant. Si seulement il avait duré éternellement."
Un soleil blanc répandait une lumière liquide et fuyante, dans laquelle la réalité semblait trembler tel un mirage, à chaque brusque rafale de vent.
Jamais autant que lorsqu'il était en compagnie de la Femme à l'Œil il n'était si conscient de la terrible réalité : fixer quelqu'un dans les yeux signifiait en effet regarder un seul œil. Fixer un unique point. Un seul iris, une seule pupille. Le point focal d'une rencontre entre deux regards ne pouvait être qu'un, et il était terrifié à l'idée de ne pas choisir le bon.
Plus les questions devenaient stupides et plus les gens perdaient leur temps à en imaginer les réponses.
Ils s'enlacèrent et, l'espace d'un instant, une sorte de chaleur sembla passer entre eux, un flux d'attirance si profond qu'il semblait douloureux. Je me demandai si c'était cela, être marié. Cette attirance déchirante. Cette distance infinie.
- Pour ce qui me concerne, je veux que ce chaman me fasse bouillir le cerveau.
- je veux tomber dans les pommes, l'écume aux lèvres, et me réveiller le lendemain en étant un autre homme.. Plus fort, meilleur.
- Sans la paranoïa, sans poids sur les épaules, sans la tristesse qui m'écrase depuis le temps du collège.
p117
Il n'y a rien de mal à vieillir. Je voudrais juste être sûr de le faire de la bonne façon.
Il se demanda qui pouvait bien avoir donné au chauffeur pareilles idées, qui lui avait appris ces expressions bizarres. Et d'où lui venait cette lueur sinistre dans le regard ? Douze heures par jour à conduire dans la circulation de la ville et voilà les conséquences.
Ne me demande pas ce qu'on va faire dans le désert. Je ne sais pas ce que tu as à perdre, toi, mais moi je n'ai plus rien, ma vie est déjà un désert. Où que je me tourne, le paysage est plat. Il n'y a pas de route, pas de direction. Tout est aride et je ne sais pas où aller...
p35
Imprévisible et proche, l’événement patientait. Il était imminent. Il s'apprêtait à lacérer le rideau du quotidien, à s'abattre sur la scène de la douleur collective et à l'occuper.
Sa main glissa plus bas et rencontra l'un après l'autre les noeuds de la colonne vertébrale, tels les grains d'un précieux rosaire.
Chaque fois qu’il venait, la forme du bâtiment qui abritait le centre spatial inspirait à Red de nouvelles comparaisons : une demi-sphère basse et écrasée qui surgissait de nulle part dans le décor vert. Un endroit étrange. Instinctivement, on se demandait à quoi avaient pensé les architectes et, tout aussi instinctivement, l’époque à laquelle il avait été construit invitait à tirer d’évidentes conclusions. Les années soixante-dix. Trop d’acides en circulation.
Autrefois, c’était sa ville, l’endroit où il accomplissait ses hauts faits, où il projetait ses exploits, où sa femme l’aimait sans réserve et où la moindre phrase prononcée sonnait comme une réplique parfaite.
Elle avait faim de corps, pas seulement de ceux en qui elle pouvait se transformer, mais elle comprenait que le problème n'était pas le corps des autres. C'était le sien qui était trop lointain, presque hors d'atteinte.
Son corps changeant. Son corps solitaire, orgueilleux, un corps qui n'acceptait pas de se mêler aux autres corps, qui préférait se changer en eux, les connaître sans les toucher.
Alors elle s'étreignirent. Les deux mères privées de fils restèrent ainsi enlacées, à respirer l'odeur des cheveux de l'autre. Ce jour-là, la Femme à l'Œil révélait un secret. Au cas où quelqu'un se serait encore demandé quel était l'œil authentique, le mystère était résolu. C'était celui qui pleurait.