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Critiques de Margaret Laurence (20)
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Les Devins



"Les Devins" est le récit d'une vie. Le regard qui est porté à une étape de celle-ci, en forme d'appréciation de ce qu'elle a été : cette vie a-t-elle été vécue, subie ? Est-elle conforme à ce qui en était espéré, a-t-elle déçu ? Qu'en a-t-il été fait ?





C'est Morag Gunn qui fait le récit, un peu à la façon dont on feuilletterait un album photos, par séquences. Les souvenirs affluent, comme autant d'explications ou de justifications de tel ou tel acte du présent.

Morag a quarante-sept ans, une fille unique, adulte et qui entend désormais décider de sa vie. Morag a réussi a devenir l'écrivaine qu'elle rêvait d'être, elle vit loin de tout, seule dans une ferme au milieu de la nature, accompagnée de quelques amis chers... Et le reste, tous ses projets, toutes ses intentions, ses promesses, finalement, qu'en est-il advenu ?



De la petite Morag , enfant âgée de cinq ans, qui perd ses parents et se voit obligée d'aller vivre avec des inconnus à Morag, l'adulte qui observe sa fille prendre son envol, que s'est-il passé ?



Morag, "adoptée" par Christie et Prin à la mort de ses parents, comme un engagement évident pour Christie, ce combattant de la Première Guerre mondiale - c'est là qu'il a vraiment connu le père de Morag - qui revenu vivant de l'Hécatombe, ne se voit offrir qu'un emploi à la décharge, "le dépotoir" et se voit surnommé par tous "le charognard". Christie qui sait tout des secrets, des petites dissimulations, des actes cachés : ne dit-il pas que les ordures parlent ? Les gens le méprisent comme ils devraient mépriser leurs manquements, leurs mensonges...



Christie qui fait promettre à Morag qui entre à l'école de ne pas se laisser faire... Et elle l'écoute. Petite fille toute en misère, fière et farouche, elle se lie avec ceux qui lui ressemblent : Eva l'enfant battue, Skinner le Métis... Apprendre c'est être, alors Morag est bonne élève, elle sait que l'instruction lui permettra de faire des études et de quitter la toute petite ville, ce qu'elle désire par dessus tout. Elle réussit quitte le lieu de son enfance, quitte la bonté de Christie et Prin.



Quand elle se marie, elle croit que sa vie a vraiment débuté... Mais que peut-elle deviner réellement de l'homme qui va l'épouser, celui qui est si brillant, si instruit est -il plus précieux que Skinner le Métis ,dont le souvenir ne la quitte pas.







Ce récit, dont Robert Lalonde dit qu'il est le plus autobiographique des livres de Margaret Laurence, pose la question de l'empreinte de l'enfance et de l'adolescence sur le devenir de l'adulte, pose la question de ce qui est fait d'une existence en regard des choix parfois difficiles. C'est un récit bouleversant, questionnant, parfois déstabilisant pour le lecteur.



Tout comme Skinner, Morag ne cesse de fuir, le village, son mari, les hommes qui passent dans sa vie, pour revenir toujours vers l'ami d'enfance, le Métis - celui que tous rejettent, toujours vers les lieux de son enfance, même indirectement, parfois seulement par la pensée. Ainsi, elle ne reverra guère les deux personnes qui l'ont fait devenir ce qu'elle est en l'accueillant encore enfant et dont elle comprend qu'ils lui ont donné bien plus que ce dont elle a eu conscience, en vivant auprès d'eux.



Partir apparaît comme un délivrance, alors qu'il s'agit, comme dans toute fuite, de tout abandonner pour recommencer de rien.

Partir, c'est le désir d'oublier le passé, le mépris, les affronts, pour être.

Partit, c'est vouloir s'en sortir même si cette fuite enferme d'une autre façon.



Morag comprendra qu'elle désire être seule, mais que la solitude est parfois lourde à porter, que Skinner n'est que de passage dans sa vie mais comme un regard bienveillant dans les moments de questionnements. Pique, la fille qu'elle a tant désirée parce qu'elle l'oblige à aller de l'avant, incarne à son tour le tourment de la fuite, le désir de savoir qui on est, d'où l'on vient, quelles sont les origines.



Et ce qui doit être selon Morag oublié et quitté, se révélera trop lié à elle pour qu'elle puisse vivre sans revenir souvent vers ce passé qui l'a fait devenir femme.



"Regarde devant toi vers le passé, et derrière toi vers le futur, jusqu'au silence." pourrait bien tout en définissant tous ces êtres qui se cherchent, être la phrase fondement de ce récit tout en sensibilité qui laisse le lecteur à son émotion et face à ses propres questions.



(Mai 2021)
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Une maison dans les nuages

Margaret Laurence part pour le Somaliland en 1950. Elle accompagne son mari, ingénieur, chargé par l’administration du protectorat britannique de superviser la construction de réservoirs d’eau dans le désert.

Dans ce livre, elle nous décrit avec tendresse et minutie, telle une peintre - anthropologue, les paysages et les mœurs de cette époque coloniale. Un journal de voyage, récit de rencontres, de découverte de soi dans cette société où la place des femmes est inexistante. Au fur et à mesure des pages, j’ai vu défiler des horizons magnifiquement rapportés par cette auteure classique de la littérature canadienne. Le désert, les cités coloniales, le périple en cargo, les tentatives de la narratrice pour entrer en contact et comprendre les habitants, ces chapitres sont touchants, captivants.

Un très bon livre de voyage.
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Une divine plaisanterie

Rachel Cameron, 34 ans, répond une chose et en pense cent autres.. Des questions sans réponses ( qui pourrait lui apporter?), une solitude profonde, une résignation à son sort ( sa soeur est partie loin et n'est pas revenue depuis 4 ans , elle a été désignée pour servir sa mère et enseigner à des enfants qui, au fil des années, se ressembleront tous dans son souvenir).

"Il doit y avoir quelque chose qui cliche dans ma façon de voir les choses ." Et rien qui cloche dans la façon dont "on" la voit?

Et puis... l'apparition de l'assez lamentable , mais peu importe, Nick Kazlick, et le réveil.

J'ai lu des critiques parlant de roman profondément féminin... Oui, peut être parce que c'est un roman qui date de 1966, et que les pages qui relatent la terreur véritable à l'idée d'une grossesse sont extrêmement fortes, violentes et magnifiques ( toutes les solutions sont évoquées, jusqu'au suicide et à l'auto-avortement à l'aiguille à tricoter..). Mais je ne crois pas que cette soumission apparente, avec une grande violence intérieure qui ne demande qu'à déborder, soit spécifiquement féminine..

Ce roman est en tout cas un portrait de femme saisissant de justesse qui donne envie de lire les autres volumes du cycle de Manawaka.



Adapté à l'écran par Paul Newman sous le titre Rachel, Rachel .
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Un Oiseau Dans la Maison

Roman assez original, constitué d'épisodes de la vie d'une femme qui se construit, entre l'enfance et le début de la vie adulte.

C'est un peu le concept de la caverne de Platon, mais progressif : à chaque moment charnière, la lumière se fait de plus en plus sur la vie, l'amour, la mort.

Le tout pendant les années 30 aux Etats Unis où, sans sombrer dans un excès de féminisme, la condition féminine a encore besoin d'évoluer...

On touche du doigt aussi les difficultés de cette période de crise financière, entre les deux guerres.

J'ai beaucoup aimé les personnages des grands-parents, très charismatiques, campés sur le passé chacun à leur manière : le grand-père paternel ours ne jurant que par le travail, la grand-mère maternelle ne jurant que par la douceur et la grand-mère paternelle ne jurant que par le souvenir de son autre fils disparu.

J'ai bien aimé, mais pas adoré. Il m'a manqué des envolées lyriques, des moments intenses, le cœur qui s'emballe et les pages que l'on tourne avec fièvre.

C'est un peu comme la musique baroque : aussi pure et belle soit-elle, je lui préfère les passages passionnés d'un Dvorak ou Tchaïkovsky



Alors, faut-il le lire ? Si vous voulez. Prenez-le plutôt comme roman de transition entre deux lectures plus intenses.

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L'ange de pierre

Dans "L'ange de pierre",Hagar Shipley fait le "bilan" de sa vie. Pourquoi ? Parce que la vie aux cotés de son fils et de sa brue ne lui permet plus d'avoir toute sa liberté : ils veulent vendre la maison,sa maison, ils voudraient qu'Hagar parte en maison médicalisée...Que deviendront ses affaires,ses trésors,les balises de son existence? Du coup,l'esprit d'Hagar saisit toutes les occasions de repartir en arrière et d'examiner sa vie. Pour recréer un monde où elle est seule à décider.

Coups de tête,mauvais choix,peut être un peu trop de rigidité dans ses rapports humains font qu'Hagar voudrait modifier certaines choses si elle le pouvait...Mais il est trop tard,alors le seul choix qu'elle a, est de retrouver une fois encore sa liberté....même si elle ne pense pas à tous les obstacles qui vont surgir...

Le décès de ceux qu'elle aime,les rapports qu'elle entretient avec ses proches,les choix faits sur un coup de tête ont façonné la vie d'Hagar comme ils façonnent la vie de tout être et son ultime soupir sur cette terre.

J'ai quitté Hagar et elle me manque...Son regard sur la vie me manque, ses remarques sur tout ce qu'elle observe : gens,animaux,paysages...Elle est moqueuse mais tellement sincère !! On est obligé de s'attacher à elle,et on ne le regrettera surement pas.
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L'ange de pierre

La voix d’Hagar Shipley –et le regard nuancé qu’elle portait sur sa vie– vont m’habiter longtemps. Alors qu’elle épousait un homme mal fichu, simplement pour tenir tête à son père, je la trouvais agaçante. Et puis, au fil du récit, j’ai compris qu’il me fallait laisser tomber toutes mes analyses trop conventionnelles. Et suivre la voix de cette vieille femme qui s’apprêtait à mourir et dont la dignité ne cédait en rien à l’humilité de notre pauvre condition humaine…



Un extrait : « «Elle a une étonnante constitution, votre mère. Un de ces cœurs qui ne s’arrêtent jamais, même si le reste ne fonctionne plus.» Un silence, puis la réponse de Marvin. «C’est une vraie terreur», dit-il. Il y a tant de colère et de tendresse dans cette phrase, que je me dis que c’est plus que ce que je peux raisonnablement attendre de la vie désormais.»







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L'ange de pierre



Étant un amateur et un amoureux du monde et de l'écriture de Robertson Davies, j'ai retrouvé toute cette sensibilité particulière, une qualité de la langue (la traduction est extraordinaire) et un style d'écriture tout en douceur, en nuances et en subtilités.



Le deuil que j'ai vécu à la lecture du dernier roman de monsieur Davies vient d'être grandement atténué par la perspective de la parution de la suite de cette saga.



Et quel personnage que cette Hagar Shipley. On l'aime et on la déteste, d'une page à l'autre, sans préavis. Elle est ignoble et aussi tellement humaine. Tout au long du roman, on sent cette bataille entre le bon et le mauvais, entre ce que je suis et ce que je deviens, entre ce que je dis et ce que j'aurais du dire, etc.



L’histoire : Elle est toute simple. Une vieille dame de 90 ans jette un regard sur sa vie, son entourage, son passé. On veut la voir comme « la vieille dame indigne », elle regarde le monde avec tant de dignité, tant de saveurs souvent remplis d’amertume, avec un regard critique aussi exigeant pour elle que pour les membres de sa famille.



Et en plus, quelles belles pages sur l'art de "mal vieillir".



Bref, comme vous pouvez le voir, j'ai adoré !!!



Margaret Laurence est l’auteure canadienne anglaise la plus lue …et elle a influencé grandement toute la littérature anglophone à l’ouest du Québec. Peu connu dans le milieu francophone, ce livre est le premier qui est traduit, même si elle est morte depuis plus de 20 ans. Margaret Laurence était un secret bien gardé … !!!!



Et j'attends la suite avec impatience. Car « L’ange de pierre » est le premier roman d’une suite romanesque (cinq livres, au total). La suite vient de sortir : « Une divine plaisanterie ».



Et avec de la suite dans les idées….

Un roman sur les relations inter-générationnelles ….

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L'ange de pierre

Très touchée par ce roman à voix unique d'une dame nonagénaire qui refuse de baisser les bras devant la vieillesse et la perte de son autonomie. L'orgueil, caractéristique dominante chez elle, a dicté plusieurs choix dans sa vie et a camouflé sa personnalité sensible et aimante.



Au cours de mon accompagnement de Hagar dans sa fin de vie, j'ai ressenti envers elle de l'amour, de la compassion, de l'admiration mais aussi de la frustration, de la colère et parfois de l'antipathie. Personnalité attachante mais redoutable dans ses relations avec autrui.



Très belle écriture, de la belle littérature.
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L'ange de pierre

Margaret Laurence, L’ange de pierre, 2008 -



Journal de lecture - 6-9 janvier 2024 -



« Quatre-vingt dix ans d’une existence marquée par la passion et la tourmente n’ont rien enlevé à la justesse et à la vivacité du regard d’Hagar Shipley. Au crépuscule de sa vie, cette vieille dame en apparence acariâtre, qui a hérité de ses ancêtres une fierté tenace, revisite le chemin parcouru, depuis son enfance à Manawaka en passant par son mariage houleux et la relation complexe qu’elle entretient avec ses enfants. Avec une lucidité amusée et une ironie d’une rare finesse, cette femme hors du commun nous fait redécouvrir le véritable sens des mots liberté, indépendance et dignité. Grand classique des lettres canadiennes enfin redécouvert en français, L’ange de pierre est le premier volet d’un cycle romanesque unique et louangé de par le monde. Une célébration étonnante de la vie comme elle est en réalité, à la fois cruelle et magnifique. » site Les libraires



D’abord, j’ai confiance d’aimer le personnage Hagar, moi qui ai tant aimé les films Harold et Maud et La vieille dame indigne, mais je ne retrouve pas leur douceur dans ce roman, seulement de la fermeture et du sarcasme. J’apprécie cependant la lucidité de cette vieille dame toute attentive à ne pas se laisser piéger par les jeux et les faux-semblants de son entourage. Je crois comprendre pourquoi j’ai abandonné ce livre la première fois. Puis, je relis la présentation du site les Libraires et je poursuis ma lecture. Elle ne serait acariâtre qu’en apparence. Ben coudons ! Je ne comprends peut-être pas bien. Voyons voir. La peur de se faire piéger ?



Cela me prend vraiment du temps à apprécier Hagar, mais j’aime son désir d’autonomie et sa fugue vers autre chose. J’aime aussi son monologue intérieur quand elle se penche sur ses attitudes et nous livre ses peurs, ses craintes, ses limites et la redécouverte de ses cinq sens. Cela nuance notre vision d’elle. Et sa narration se poursuit dans le même sens. La rencontre d’un homme qu’elle fait dans la solitude de sa cachette nous montre un visage d’elle un peu plus doux. La sollicitude de l’homme change un peu ses réactions intérieures. Et j’aime la critique qu’elle fait des hôpitaux et de la condescendante infirmière. Quand elle sent une personne vraie, elle devient plus douce. Au bout du compte, je finis par la trouver attachante, fière, indépendante, désireuse de vrai et de liberté. J’aime quand elle s’interroge sur elle-même.



Bilan : Je reste sur ma faim. Et je crois que j’aimerai mieux me souvenir des deux vieilles dames des films dont j’ai parlé plus haut. Elles ressemblent plus à ce que j’aime.
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L'ange de pierre

Ce roman tombait à point: quelle bouffée d'air frais à une période où j'en avais bien besoin! Belle écriture fluide et cocasse, avec un personnage principal coloré et absolument adorable: Hagar, femme de 90 ans, têtue, déterminée et un brin ronchonneuse, mais qui est si attachante.



Alors là, on entre dans la tête d'Hagar et c'est absolument hilarant de suivre ses moindres pensées. On fait des allers-retours dans sa mémoire, elle qui se voit encore jeune bien qu'elle perde ses capacités à s'occuper seule d'elle-même. Ce qui n'était pas sans me rappeler le film Tatie Danielle pour le même genre d'humour. Son fils et sa bru veulent la placer dans une maison de retraite, ce qu'Hagar refuse obstinément et elle va tenter d'utiliser plusieurs stratagèmes pour éviter ce placement. L'autrice va habilement ponctuer son récit de différents moments de la vie d'Hagar qui fera petit à petit un bilan de sa vie. Bref, ce fut une lecture divertissante tout à fait exquise!
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Un Oiseau Dans la Maison

Margaret Laurence dresse avec une incroyable subtilité psychologique l’apprentissage de la vie d’une jeune fille. Le passage de l’enfance à l’adolescence puis à l’âge adulte passera par des souffrances. La mort de son père, de sa grand-mère et le suicide de son cousin Chris marqueront à jamais le destin de Vanessa. La devise de la famille ‘’le plaisir nait du travail’’ est omniprésente, les paroles des grands-parents ‘’tous les hommes sont corrompus’’ retentissent encore comme un écho.



Etonnamment méconnue en France, Margaret Laurence mérite incontestablement de figurer parmi les plus belles lettres canadiennes. Ceux qui la découvriront liront sans aucun doute le cycle de Manawaka, constitué de cinq volumes qui se lisent sans respecter un ordre chronologique. Et comment rester indifférent devant un tel talent…



Olivier (Meulan et Bouafle)
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L'ange de pierre

J’ai adoré l’écriture, l’histoire et l’âme de ce livre. J’ai été profondément touchée.
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Les habitants du feu

Soit ça a été très dur soit très facile, mais le travail de traduction est à signaler. Un texte d'une époque qui a très peu vieilli, un personnage très intéressant.
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Un Oiseau Dans la Maison

Il était temps de reprendre la route du Canada ! C’est avec Margaret Laurence et son roman Un oiseau dans la maison.



e me dois en premier de remercier Marie-Claude qui avait mentionné plusieurs auteurs célèbres canadiens dont Margaret Laurence. J’ai appris un peu plus sur son œuvre et j’ai choisi ce roman, publié en France par les éditions Joëlle Losfeld. Comme Kent Haruf qui a créé de toutes pièces le comté de Holt, la romancière canadienne a créé une ville, Manawaka, qui apparait dans plusieurs de ses romans. La romancière est née en 1926 à Neepawa dans le territoire du Manitoba. Sa mère et son père décèdent alors qu’elle est encore enfant. Son père s’était remarié avec la sœur cadette de son épouse, Margaret dont il a eu un fils, Robert. Il décède alors que Peggie (son surnom) a neuf ans. Celle-ci s’installe chez son grand-père avec sa belle-mère et son demi-frère. Encouragée par sa belle-mère (et tante) Margaret, Peggie publie ses premières nouvelles à l’âge de quinze ans. La jeune femme fait de brillantes études et obtient son diplôme de l’université de Winnipeg en 1947. Elle épouse John Laurence et part vivre en Afrique puis une dizaine d’années en Angleterre avant de revenir au Canada où elle publie en 1964 son premier roman, L’ange de pierre.



Je découvre en préparant cette chronique que son roman est donc en grande partie autobiographique puisque l’héroïne Vanessa McLeod connaît en grande partie le même destin. Elle perd l’un de ses parents enfant et part vivre dans « la maison aux briques » où vivent son grand-père, l’irascible Timothy Connor et sa tante Edna. La petite Vanessa est la narratrice de ce roman, elle y raconte sa vie sous forme de journal intime où elle fait des allers et des retours à divers périodes de son enfance (elle a 11 ans, puis 9, puis 6, puis à nouveau 11, 13 et 15 ans). Le père de Vanessa est médecin d’origine écossaise. Les McLeod ont eu de l’argent mais la Dépression est arrivée et son père est aujourd’hui rémunéré en poulets et dindes. Sa mère joue les infirmières, les temps sont durs. Vanessa a 10 ans quand sa mère tombe enceinte. Irlandaise protestante, Beth travaille dur. D’un milieu plus modeste, elle est proche de ses parents Timothy et Agnès, de sa petite sœur Edna et de son oncle Dan. Vanessa a peur de ce grand-père au fort caractère, qui chasse tous les prétendants d’Edna et passe son temps à critiquer les faits et gestes des membres de sa famille. Sa grand-mère, très pieuse, se réfugie dans le salon, auprès d’une cage où un canari chante rarement.



Vanessa craint encore plus son autre grand-mère, la froide Mrs McLeod n’a jamais réussi à admettre d’avoir perdu son statut privilégié. Cette vieille femme aigrie exige une bonne alors que son fils, Ewen, le père de Vanessa, ne peut même pas acheter une robe neuve à sa fille. Elle n’aime pas beaucoup les Irlandais (donc sa bru) et vit seule après avoir perdu son fils ainé Roderick à la guerre puis son époux. Depuis, elle porte toujours le deuil et rien ne semble la réjouir, encore moins cette enfant turbulente qui risque à tout moment de renverser un objet lorsqu’elle vient chez elle. Vanessa se réfugie dans un monde imaginaire, la petite fille écrit des histoires. Elle raconte son incompréhension lorsque les adultes s’entretiennent ou se chamaillent ; elle comprend juste que les temps sont très durs, que l’argent manque, que Tante Edna a perdu son travail et que la Dépression a tout pris à sa famille.



Je m’étais imaginée un roman plus sombre, même si la vie de Vanessa sera secouée de plusieurs drames, il en reste néanmoins une lueur d’espoir, pour elle, sa tante adorée ou sa mère. Les temps durs vont passer et elle, jeune femme modeste, ira à l’université. J’ai beaucoup aimé certains passages, lorsqu’elle se remémore ses vacances au bord du lac, à écouter les huards sur le ponton avec son père. Son cousin dont le destin tragique m’interroge (pourquoi n’ira-t-elle pas le voir?). Et puis ce grand-père Connor et cet Oncle Dan qui chante tous ces chants patriotiques irlandais (protestants ou catholiques) et donne des petits noms irlandais à Vanessa. On sent ici le besoin de ces immigrants (deuxième et troisième génération) de retrouver leurs racines.



J’avais en tête un style et j’avais raison, Margaret Laurence possède une écriture fluide, très agréable à lire, un peu trop « classique » à mon goût mais le roman fut publié en 1970. Margaret, dont le véritable nom était Jean, surnommée Peggy, a donc pris le prénom de sa tante comme nom de plume. Sans doute voulait-elle remercier celle qui lui ouvrit la voie de la littérature, chose rare à cette époque ! La Dépression aura eu bien des vies mais aura aussi permis de développer l’imaginaire de cette petite fille canadienne devenue une très grande dame. J’ai dorénavant envie de lire ses autres romans et retrouver Manawaka.



Et de voir des suisses, des buissons de castillèje et un carrouge ! (clin d’œil à mes amis québécois) et d’écouter le huard (d’ailleurs je ne résiste pas à mettre un lien vers une vidéo, et effectivement c’est spectaculaire!)
Lien : http://www.tombeeduciel.com/..
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Un Oiseau Dans la Maison

Vanessa MacLeod est une petite fille qui passe sa vie entre ses grands-parents paternels et ses grands-parents maternels. Elle a neuf ans lorsque commence le premier des huit récits, qui constituent ce livre, et est une femme indépendante à la fin de ce même ouvrage. On est à Manawaka, au Canada, et Nessa vit chez les MacLeod, avec sa grand-mère paternelle, son père médecin et sa mère (mais est-ce bien définitif?). Dans ces huit épisodes, on suit des événements charnières qui bousculent la famille dans son entier. Il y a de l'amour, des deuils mais aussi des petites épreuves qui forgent le caractère.



C'est vraiment un récit habilement construit qui permet de suivre une famille par des angles d'approche différents. En 200 pages, il ne s'agit pas de brosser un portrait dense des personnages ni des relations entre les uns les autres mais d'esquisser une filiation forte et immuable. Il y a une pléthore de personnages comme Tante Edna (la jeune sœur de la mère), qui semble bienveillante et pleine de délicates attentions, mais aussi Oncle Dan (un vieil homme fantasque qui prend des airs d'Irlandais endimanché), le cousin Chris (voyageur averti et optimiste de nature) et enfin le petit frère Roderick (qui a été une bénédiction tout autant qu'une crainte). Tous passent dans ces récits et marquent notre jeune narratrice au fer rouge. C'est qu'elle en a de la ressource la gamine et qu'elle pige les choses bien vite, grâce aux subterfuges qui lui permettent d'être mise dans la confidence de la vie des adultes.



Un gros bon point pour le titre et la couverture, particulièrement avenants. Un autre élément plaide en la faveur de ce roman : ces huit tranches de vie faites d'ellipses mais aussi de flash-back qui rendent le tout extrêmement vivant et fluide. Cette famille est décidément sympathique et, en tête de file, il y a Vanessa déjà lucide et pourtant pleine d'entrain et de projets.



Indéniablement, j'aurais bien envie de relire Margaret Laurence. Le temps nous le dira !
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Un Oiseau Dans la Maison

Vanessa raconte son enfance dans la maison de brique de Manawaka au Canada sous forme de petites nouvelles pendant la crise économique. La vie dure des pionniers et de son acariâtre de grand-père qui les nourrit et leur mène la vie difficile à sa femme, sa tante et sa mère. Très vite lu et magnifiquement écrit.
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Une divine plaisanterie



Le 2e tome du «cycle de Manawaka» nous présente une femme totalement différente de l'anguleuse Hagard Shipley. Rachel Cameron essaie de vivre dans la tête des autres et pour cela, elle devient transparente. L'entreprise la voue à une évanescence insipide jusqu'à ce qu'elle rencontre un homme (dont elle sera brièvement la maîtresse) qui lui fera comprendre qu'elle devra s'inscrire elle-même dans la fuite du temps.

Une écriture impeccable qui dépeint parfaitement le jeu pernicieux de la manipulation.



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Une divine plaisanterie

Récompensé par le Prix littéraire du Gouverneur général et adapté au cinéma par Paul Newman sous le titre Rachel, Rachel, Une divine plaisanterie dissèque avec un humour acide les thèmes de la solitude, de l'amour, de la mort et de la foi.En remarquable peintre des sentiments, la grande dame des lettres canadiennes signe un récit émouvant pétri d'humanité, un portrait de femme hors du commun aux échos universels (cité au dos du livre)
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Un Oiseau Dans la Maison

Chronique (souvenirs?) douce amère, en petites touches, presque des nouvelles... beaucoup de charme (la couverture est particulièrement mal choisie)
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Un Oiseau Dans la Maison

[Ce] récit est une merveille de perspicacité psychologique, une confession où le temps ralentit sa course tandis que défilent les portraits de famille, deux clans -les MacLeod et les Connor- dont les membres se croisent sous le toit de la "maison de brique".
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