Sentiment d’une très ancienne tristesse, recouverte par une lourde tenture que la rupture avec Yann aurait déchirée, découvrant l’effondrement ancien, la dévastation première.
Avant, j’étais toujours sous pression : m’accomplir dans le travail en même temps qu’être une mère attentive et une femme amoureuse, c’était le « triangle des impossibilités » de Mundell. Ce fameux triangle (…) où chaque face représente un objectif (…) l’idée étant qu’ils ne peuvent être atteints simultanément et qu’il faut donc en abandonner un pour poursuivre les deux autres. Maintenant, durant la semaine où Simon est là, je ne cherche plus que la justesse de l’instant. Plus un triangle donc, mais une seule ligne.
J’en ai profité pour lui demandé c’est quoi pour toi la quarantaine ? L’acceptation de mon vide intérieur. Je sais désormais que rien d’extérieur ne viendra le combler : ni la famille, ni le boulot, ni la passion amoureuse. Alors, je ne cherche plus que la justesse de l’instant.
Jean Ferrat est mort. Il s’appelait Jean Tanenbaum, père disparu à Auschwitz (…) Clara connaît des amis de Jean Ferrat qui s’occupaient de son courrier parisien lorsqu’il était en Ardèche. Il paraît qu’un jour, la concierge de l’immeuble leur a dit : Jean Ferrat qui est si gentil, eh bien vous savez quoi ? il paraît qu’il est juif. Et le mari de la concierge a ajouté : N’écoutez pas ma femme, elle voit le mal partout.
La vie retrouve des contours et des contraste. Elle n’est plus une masse informe de jours amalgamés, mais une succession de moments tissés ensemble dans l’étoffe du temps qui passe. Alors vivre et vite !
" Les femmes sont exactement comme les Juifs qui par leur puissance financière se dédommagent de l'oppression qu'ils subissent. “Ah ! Vous voulez que nous ne soyons que des commerçants. Très bien, en tant que commerçants, nous vous dominerons”, disent les Juifs. “Ah, vous voulez que nous ne soyons qu'un objet de sensualité, très bien, en tant qu'objet de votre sensualité, nous vous asservirons”, disent les femmes. » En tant que femme et juive, quelle dominatrice je dois être. J'en suis encore toute retournée… "
" C'est bien les mots qu'il a prononcés : « Et l'on sera quitte », me renvoyant le mal de notre rupture comme s'il était une culotte sale que j'aurais laissée
traîner. "
Et saurais-je, mieux que je ne le sais aujourd’hui, où sont mes racines, mes assises et mes points d’appui ?