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Citations de Marie Alvery (37)


« À certains moments, il semble qu'on ait besoin d'une âme attentive, étrangère à soi, pour s'assurer de ce que l'on est. » Jacqueline Dupuy – Le sabre d'Arlequin -


Marie : …
Je ne reparlai jamais de cet épisode à Pierre, qui lui-même ne m’a jamais posé de question. Les choses s’en sont allées ainsi. Qu'a-t-il pensé de cela ? Et que lui a-t-on dit ? Que lui en reste-t-il aujourd'hui ? Sept ans plus tard, devenu majeur, il me dit, dans un mouvement de colère : « De toute façon, je ne crois pas en la famille ! » Je n'arrive pas à penser que cette phrase est le fruit d’une simple provocation. N'est-elle pas aussi le résidu de cette histoire ?
En l'entendant ainsi, c’est le plus cuisant de mes souvenirs qui me revenait à la figure. Ce jour de folie où j’avais brisé le rêve d’unité familiale d'un enfant, le mien, brutalement et d’un coup sec, comme avec un pic à glace aiguisé. Ce jour où je lui avais insufflé le doute, où j'avais brouillé la vérité, démantibulé l’amour, défiguré le père. Ce jour où il dut penser que tout n'était que faux, l’édifice factice, la famille bouffonnerie. Ce n’était pas seulement une mère qui délirait, c'était un monde qui s'écroulait à ses yeux. Et moi, croyant le protéger, je n’avais été que mauvaise fée, vilaine mère, maman destructrice. Ce jour-là, oui, j'en suis sûre, j’ai — bien malgré moi — fait un mal infini à mon Pierre.
...
p. 123
...
Le lendemain, mon père vient me chercher et m'emmène à l'hôpital. Je ne résiste pas. Je ne crois pas l'avoir connu plus bouleversé et inquiet que ce jour-là.
...
p. 124
...
Un univers carcéral en blouses blanches
...
Les premiers jours, seul mon mari était habilité à venir me voir. Il pouvait rentrer dans la petite bâtisse aux ouvertures grillagées où se trouvait ma chambre en passant par le sas de sécurité où il était obligatoire de décliner son identité. Derrière sa petite ouverture, le gardien le laissait alors passer.
Je ne sais pas ce qu'ont ressenti les quelques amis qui sont venus. Mon image a dû en prendre un sacré coup. Il y a bien dû en avoir au moins un pour penser que je ne pourrai ressortir d’un lieu pareil...
Dans mon cas, l’hospitalisation a pour but de stopper la crise maniaque et de mettre au point un traitement pour la suite. Stopper la phase maniaque, c'est assez rapide, il y a des médicaments puissants pour cela (des trucs qui vous rigidifient les muscles et même ralentissent la parole, comme l'Haldol, puissant antipsychotique neuroleptique destiné aux « états psychotiques aigus, schizophrénie, délires chroniques non schizophréniques : délires paranoïaques, psychoses hallucinatoires chroniques » !).
Mais mettre au point le traitement pour la suite, c'est assez long.
p. 133
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Hélène : ...

Diagnostic : ma gorge se noue et je reste sans voix.

... sachant que quarante pour cent de dépressifs sont des personnes atteintes de troubles bipolaires qui s'ignorent et qu’un trouble bipolaire sur quatre non soigné mène au suicide, sans parler des ravages familiaux et socioprofessionnels. C'est pourquoi, il est important de traiter cela sérieusement.
p. 93
...
Au temps de mes parents ou de mes grands-parents, les affections mentales sont masquées par la peur de ne pas correspondre à l'image sociale, parce qu’elles font peur et que l'accès à la psychiatrie est encore très limité. À l’asile, on enferme les fous, tous confondus !
p. 97
...
— Par ailleurs, les médicaments ne suffisent pas. Il faut en parallèle mener une thérapie comportementale et cognitive pour que le traitement soit efficace. Nous savons que les pensées conditionnent les émotions et donc nos actions. Ce n’est pas le monde extérieur qui est la cause de nos émotions et de notre humeur, mais seulement la représentation que l’on s’en fait qui détermine nos pensées. Il vous faut alors travailler sur votre mode de fonctionnement pour changer votre comportement et vos pensées.
...
p. 118
...
Je prends conscience que mes réactions ont été disproportionnées par rapport à l'événement. Je prends conscience aussi qu'un déménagement comme une séparation, un deuil ou un licenciement sont des moments à risque pour les personnes atteintes de troubles bipolaires, qui ont besoin plus que quiconque de repères et d’une vie la plus régulière et la moins perturbée possible pour éviter de bouleverser leurs habitudes.
...
p. 119
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Marie : ...
Je lui parlais vrai et je partageais avec lui le tempérament gai de la famille paternelle. S’il ironisait sur mon rire franc, c’est qu’il avait le même ! J'aurais été prête à délivrer beaucoup de mon malaise familial, et sans doute les choses auraient-elles pu s'atténuer si ma mère, par crainte de mon influence, n’était pas intervenue auprès de lui pour l'éloigner de moi ! Au cas où le miroir...
Ma mère, un personnage déroutant et inaccessible.
...
p. 54
Le drame du viol tient souvent dans ce voile noir de la honte, empêchant ainsi toute réappropriation de soi, et tout combat pour les autres.
...
p. 87
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« Exprimer l'intime c'est prendre le risque de la confiance »
Annemarie Trekker, - Écriture de l'intime -


Hélène : ...
« C’est cela qui hante mon cœur et qui la nuit devient parfois insoutenable », écrivait ma grand-mère à sa belle-sœur. J’ai hérité de ce tourment. Tourment qui m'est insupportable. Une souffrance transgénérationnelle sur laquelle repose une partie de mon éducation. Si la religion et le sens du devoir nous défendent d'exprimer notre profond désarroi, nos angoisses et nos nombreuses émotions, je ne peux les contenir et souhaite m’en affranchir.
p. 16
...
Ainsi, que ce soit du côté maternel ou paternel — est-ce l'époque ? L'éducation ? l'environnement socio-économique ? — j’ai hérité de blessures, de déchirements et de silences.
Silences ou secrets de famille ? Je crois qu'il n’y avait rien à cacher. Juste des sujets dont on ne souhaitait pas parler. Uniquement des tabous et une souffrance trop difficile à porter, au point de tout faire pour l'oublier.
Dans ce contexte, le courage, la rigueur et le travail sont des valeurs sûres dans lesquelles mes grands-parents et mes parents n’ont pas eu d'autres choix que de se réfugier. Il faut faire honneur à la famille, être un bon enfant, être un bon élève, ne pas être un souci supplémentaire.
Pour ma part, il me semble que j’ai hérité de la douleur familiale qui a plané sur mon enfance.
p. 18

Marie : …
Pourquoi ma mère avait-elle tant tenu à nous cacher la vérité, à tout verrouiller, à travestir le réel ? Bien sûr, elle avait dû être déçue, et avait porté en elle une honte qu’elle n'était pas capable de dépasser. Ce n’était pas convenable. Mettre en question le modèle du père, c'eut été s’exclure du bien. C'était trop. Ce n’était pas possible. Du coup, il était difficile de grandir. Ma mère est toujours restée une petite fille.
...
p. 22

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J'ai le médecin de l'âme, j'ai le médecin du corps. Quand je vais voir le médecin de l'âme - mon psychanalyste -, nous parlons d'une partie de moi. Quand je vais voir mon médecin du corps -mon psychiatre-, nous parlons d'une autre partie de moi et j'en ressort avec des pilules a ingurgiter tous les jours. J'ai confiance en chacun d'eux, mais j'avoue être un peu éberluée être ainsi écartelée entre deux pratiques médicale si différentes. Ne suis je pas le même personne? La maladie ne se comprend-elle pas dans son ensemble? Pourquoi me sectionner ainsi? Pourquoi les praticiens ne communiquent-ils pas sur leurs patients?
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" A chaque fois qu'on se voyait, j avais l impression d avoir loupé un épisode et je me demandais quand tu te lasserais de voir en chaque homme rencontré le père de tes enfants !" Des hauts et des bas qui sont quasiment imperceptibles au travers d un caractère entier, enthousiaste, ambitieux et bien trempé. Le désordre thymique se cache derrière mon tempérament.
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" A chaque fois qu'on se voyait, j avais l impression d avoir loupé un épisode et je me demandais quand tu te lasserais de voir en chaque homme rencontré le père de tes enfants !" Des hauts et des bas qui sont quasiment imperceptibles au travers d un caractère entier, enthousiaste, ambitieux et bien trempé. Le désordre thymique se cache derrière mon tempérament.
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(Hélène)
Il faut vous féliciter d’avoir été diagnostiquée aussi jeune, car il faut en moyenne huit à dix ans pour poser le bon diagnostic, sachant que quarante pour cents de dépressifs sont des personnes atteintes de troubles bipolaires qui s’ignorent, et qu’un trouble bipolaire sur quatre non soigné mène au suicide, sans parler des ravages familiaux et socioprofessionnels.
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(Hélène)
Je suis constamment sur les nerfs, mon tempérament soupe au lait monte tout en épingle et fait de chaque détail un évènement.
Quelques éclaboussures par terre après la douche, un objet mal rangé, un mot déplacé et c’est le coup de gueule assuré. Coups d’éclat qui me mettent hors de moi et se terminent souvent en crise de nerfs ou de larmes, la seule façon que je connaisse de désamorcer cette spirale inflationniste dont je peux m’extraire et qui m’entraîne jusqu’à l’épuisement.
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(Hélène)
Toujours le même cahier, la même écriture, le même environnement, les mêmes maux, les mêmes symptômes. Démotivée, vouloir se laisser aller, tout foutre en l’air, et en même temps vouloir monter un projet, mordre la vie à pleines dents, s’imposer une discipline de fer… tels sont les derniers mots que j’écris dans mon carnet.
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(Hélène)
Mes interrogations sont effectivement nombreuses à cette époque et je les note dans un recueil de pensées furtives. Idées en l’air, idées dans l’air : pourquoi vivre bien certains jours sans se poser de questions et remettre tout en question d’autres jours ? Pourquoi douter autant ? Pourquoi douter lorsque l’on semble tout avoir ? Quel est l’intérêt de la vie ? Qu’est-ce qui pousse à vivre ? Pourquoi ces crises existentielles ? Pourquoi une telle démotivation ?
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(Hélène)
« Avez-vous des réactions émotives intenses à des évènements qui n’en valent pas la peine ?» me demandera dix ans plus tard ma psychiatre au moment du diagnostic. (...) « Avez-vous des réactions émotionnelles brutales ou impulsives ? »
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(Hélène)
Affectivement, j’étais encore une toute petite fille qui cherchait, par tous les moyens, à se faire cajoler. Je pensais tout bonnement que je serais sereine le jour où je m’épanouirais dans une relation amoureux stable et répondant aux normes sociales.
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(Hélène)
Je me fourvoie ou m’électrise pour des conquêtes sans avenir, mais qui flattent mon égo. J’avais un manque affectif tel que j’étais prête à faire n’importe quoi, et cela m’a perdue longtemps.
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(Hélène)
J’ai vingt ans. C’est le trou noir.
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(Marie)
« J’avais enfin les mots pour parler, alors à la maison je ne m’en privais pas. Je harcelais ma mère de mes propos, de mes jugements. J’étais en pleine adolescence et je recherchais chez elle un contact, une écoute, un accompagnement que je ne trouvais pas. Je voulais réveiller son indifférence, la ramener à la vie, à la mienne. C’était peine perdue. »
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( Marie)
« Les médicaments sont un enfer pour moi, mais à un moment, il faut être pragmatique : entre "prise de poids" et "hôpital", je préfère "prise de poids". Entre "problèmes de mémoire" et "tentative de suicide", je préfère "problèmes d mémoire". Entre "troubles de conscience" et "folie pure", j'ai choisi "troubles de la conscience."
J'ai pris le parti des médicaments
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