D'après l'univers d'Anne Fine, illustré par Véronique Deiss
https://www.ecoledesloisirs.fr/livre/chat-assassin-a-chasse
Je déteste les samedis matin. C'est très inquiétant toute cette agitation, les portes qui claquent, les « c'est toi qui a pris le porte-monnaie ? », les « où est la liste des courses ? » et les « on doit acheter des boîtes pour le chat ? ». Bien sûr qu'il faut des boîtes pour le chat. Qu'est-ce que je suis supposé manger toute la semaine ? Du vent ?
C'est ça, c'est ça. Allez-y, pendez-moi. J'ai tué un oiseau. C'est que je suis un chat, moi. [...] Dites-moi, qu'est-ce que je suis censé faire quand une petite boule de plumes se jette dans ma gueule ? Enfin, quand elle se pose entre mes pattes. Elle aurait pu me blesser.
Je n'appartiens à personne. Ils me nourrissent, c'est à peu près tout. Et à bien y réfléchir, je les trouve utiles.
Vous les regardez pendant un long moment et ils vous donnent à manger.
Après, je suis mon propre chef. Si j'ai envie de sortir la nourriture de la gamelle et de l'étaler salement à côté, c'est mon affaire...
Et si vous gardez vos griffes bien acérées, ils ouvriront vite la porte pour que vous n'égratigniez pas leur peinture. Et puis, ils sont confortables pour faire la sieste.
– Tuffy ! Ça ne peut plus durer. Ce pauvre, pauvre petit lapin. Regarde-le.
Et Thumper était plutôt en désordre, je le reconnais. Il n'était plus que boue. Boue et herbe, en fait. Il avait aussi tout un tas de petites brindilles et de trucs plantés dans son pelage. Et il avait une traînée de gras sur une oreille. Mais personne, après avoir été traîné à travers un jardin, une haie, un autre jardin et, pour finir, dans une chatière fraîchement huilée, n'a l'air sur son trente et un.
Ah! Les livres! Sans eux, je serais devenu fou.
Je ne pouvais ni nager, ni marcher, alors d'autres remontaient à ma place des riviéres infestées de crocodiles et éscaladaient des sommets enneigés. Je ne me souviens plus comment j'ai appris à lire.
Lundi j'ai tué un oiseau. C'est vrai.
Ellie ma maitresse, a sangloté en me serrant si fort contre elle que j'ai cru me noyer. Mais dites moi, qu'est ce que je suis censé faire quand une boule de plumes m'arrive dans les pattes? Je suis un chat, tout de même.
Mercredi, j'ai rapporté une souris morte à la maison. Je ne l'avais même pas tuée. Ellie a encore beaucoup pleuré.
Et jeudi, il y a eu cette regrettable histoire de lapin...
OK, OK. Recouvrez-moi de confiture et enfermez-moi dans une boîte pleine de guêpes. J'ai cassé leur nouvelle télévision. C'est un malheureux accident! Je n'ai pas voulu que cet écran bascule. J'avais pris un bourdon en chasse, et si cette stupide télé n'avait pas été en plein milieu de mon chemin, je l'aurai attrapé.

Il se pencha pour examiner de plus près la maison de poupée. Elle était parfaite, avec ses minuscules gouttes de peinture écarlate qui imitaient des roses grimpant sur la véranda ; son entrelacs de lierre sculpté dans du bois de poirier qui s'agrippait aux murs et rampait autour des fenêtres jusqu'au dernier garde-fou ; ses toits gris très pentus étrangement imbriqués et hérissés de hautes cheminées.
- Elle a été confectionnée avec amour, ça se voit ! murmura-t-il. Il a dû falloir un temps fou, rien que pour faire l'extérieur de cette merveille !
Il avança la main. Je pensai qu'il voulait essayer de trouver le crochet qui permettait à la façade de s'ouvrir en deux, révélant les pièces de la maison et ses escaliers, les passages secrets, le papier peint fané. Peut-être allait-il même fouiller les chambres mansardées et trouver dans leur bric-à-brac une des chaises brodées miniature, afin d'en admirer les points presque invisibles et les pieds en bois, fins comme des aiguilles, soigneusement cirés.
Mais il avait senti, je crois, que jusqu'au choc qu'avait constitué son arrivée inopinée cette maison de poupée était mon seul et unique univers. Il retira vivement sa main, comprenant que l'ouvrir et triturer ces objets serait comme une intrusion dans une propriété privée.
Allez-y, donnez-moi une fessée! J'ai rapporté une souris morte dans leur merveilleuse maison. Je ne l'ai même pas tuée. Quand je suis tombé dessus, elle était déjà morte. Personne n'est en sécurité par ici. Dans la rue, vous avez de la mort-aux-rats par-dessus les pattes et les voitures chargent toute la journée dans les deux sens. Et puis je ne suis pas le seul chat du quartier je ne sais pas ce qui lui est arrivé à cette petite chose. Tout ce que je sais, c'est que je l'ai trouvée, morte. Morte depuis peu, mais morte. Et sur le coup, je me suis dit que c'était une bonne idée de la rapporter à la maison.
Les chevaux ! Tu imagines ?! Les tagada-tagada. Les nasaux noirs si énormes que tu peux grimper dedans et t'y perdre. Les pattes aussi noueuses que les meubles de grand-mère. Un cheval, ce n'est rien d'autre qu'une barrique rondelette posée sur des allumettes avec des pieds pareils à des tasses à thé retournées.