Citations de Marie Laurent (79)
Ce surnom lâché avec dérision était celui de Napoléon Bonaparte, devenu l’année précédente empereur des Français. À la pension, le personnage faisait figure d’ogre. Il est vrai qu’il avait dévoré toute l’Europe, posant sur la tête de ses proches la couronne des rois détrônés. Seule l’Angleterre le tenait en échec. La résistance de notre pays était pour tous les Britanniques, moi y comprise, un motif de fierté.
En dépit de ses recommandations, l’humour était une arme dont je comptais bien me servir. Pour le physique, je me jugeais assez mal lotie : des cheveux fauves et exubérants, disciplinés à grand peine par un bandeau quand la mode les exigeait blonds et relevés en boucles, selon la mode lancée par lady Hamilton, la maîtresse de l’amiral Nelson ; un front trop haut, des yeux petits et enfoncés, un menton en galoche.
J’avais toujours pensé que Francis détestait sa belle-mère et voilà qu’il en parlait en des termes flatteurs, sinon ambigus. Lorsqu’elle était morte en me donnant le jour, il devait avoir seize ou dix-sept ans. L’adolescent froid et austère avait-il été séduit par la ravissante épouse de son père ? Je ne le saurais jamais vu mon degré d’intimité avec Francis.
Du cou, sa bouche descendit vers l’épaule, s’aventura à la naissance de la gorge. Son moi voluptueux reprit l’avantage. Il n’eut plus devant lui la timide fiancée de son frère, mais une femme désirable dont il voulait s’emparer. La tenant toujours enlacée, il l’entraîna à l’écart de la rive où n’importe qui pouvait les apercevoir. Grace ne le repoussait plus ; elle s’accrochait à lui comme si elle avait été ivre. Ce geste relevait-il d’une lassitude résignée ou d’une volonté délibérée ? Dale ne s’attarda pas là-dessus. La quête d’une couche confortable pour abriter leurs ébats requérait toute son attention.
Une femme que l’on fait rire est déjà à moitié conquise, songea Dale. Désirait-il vraiment la conquérir ? Elle n’était ni une actrice ni une prostituée dont il faisait son ordinaire. C’était une vierge avec tous les inconvénients que cet état comportait. Flirter un peu sans franchir les limites de la bienséance, tel était le but de Dale : une façon de mettre du piquant dans son séjour campagnard.
Certains hommes se hâtaient quand d’autres, connaissant la saveur de l’attente, prenaient leurs aises.
Cet homme était un fier luron, à défaut d’être un aristocrate pur jus. Un noble digne de ce nom n’aurait pas retroussé ses manches de chemise devant une dame et ne se serait pas adressé à elle aussi familièrement. Au diable les convenances ! Ne les avait-elle pas piétinées tout au long de son existence ?
Embrasser une femme au terme de moments forts partagés était de l’ordre de l’impulsion et ne se fondait sur rien de solide.
Elle finit par s’écrouler dans l’herbe, à bout de souffle, vaincue par le trop-plein d’émotions de ces dernières heures. Il y avait eu le contact avec Augustus dans la bibliothèque, les soins prodigués à Peter au cours desquelles leurs mains s’étaient effleurées, et enfin, ce baiser amical sur la joue, transformé en baiser d’amour. Elle ne se défendait plus d’aimer le marquis. Comment avait-elle pu s’aveugler à ce point sur ses sentiments ?
Il existait assez de filles susceptibles de lui plaire, à Londres ou ailleurs ; pourquoi convoiter celle qu’il ne fallait pas ? Le goût du péché, de l’interdit, mon vieux. Il rajouta une bûche dans l’âtre et s’assit sur l’unique fauteuil. La veille, déjà, il avait dormi hors de sa chambre, sur un siège inconfortable, en compagnie de la même Becky. L’histoire se répétait. Et si c’était un signe du destin ? Il tenta de considérer la jeune fille objectivement. À la lueur du feu, sa carnation mate, son petit nez droit, la courbe volontaire de sa bouche, ne manquaient pas d’attraits. Les flammes allumaient des reflets roux dans les longues mèches brunes échappées à son chignon à demi écroulé. Des bras un peu minces, mais d’une jolie forme, émergeaient du veston de chasse. Oui, somme toute, l’épouser ne serait pas si désagréable puisqu’il fallait s’y préparer.
Pour une femme, la beauté représentait surtout une malédiction. Si leur mère avait été moins séduisante, elle se serait consacrée à ses aquarelles au lieu de s’étioler dans une morne vie conjugale.
Personne n’est ridicule avec douze mille livres par an. D’ailleurs, il n’est pas question d’amour, seulement de transaction. Votre père a compromis vos chances, mais vous avez encore des atouts dans votre manche, pour peu que vous les utilisiez à bon escient.
Autant m’adresser au mur d’en face ! Mais la certitude que mes sentiments étaient partagés me galvanisait, me donnait le courage de tout entreprendre. Anatole finirait par me pardonner, il avait l’âme trop noble pour persévérer dans la rancune.
Ligotée sur cette couche de malheur, je ne pouvais que le réconforter par de douces paroles. Zina s'était redressée et le poussait vers le seuil, l'invective aux lèvres. Il eut la force de se retourner vers moi et de me lancer:
_ Tenez bon, mon amour. Je jure que je vous sauverai!
Je refoulai des larmes qui n'étaient pas de comédie. Et lui, jouait-il?
Au lieu de sortir, il reste planté sur le seuil, l'air hésitant. Je m'écriai avec agacement:
_ Eh bien, Lieutenant! Qu'attendez-vous?
_ Vous ne parlerez pas au Tsar de cette nuit dans l'isba, n'est-ce pas? fit-il sur le ton de la prière. Ce serait fatal à mon avancement.
Je réprimai une forte envie d'éclater de rire. Ce garçon avait grand besoin d'apprendre comment fonctionnaient les femmes.
_ N'ayez crainte, je serai muette comme une tombe.
"Je ne renonçais pas, je ne renoncerais jamais. Ma détermination à conquérir Alexandre était intacte, tout comme mon amour. Rien ne me ferait changer d'avis, pas même le départ de ce dernier." # Irina
"Un grand classique des mecs ; je te saoule la mademoiselle sous prétexte de lui faire goûter un grand cru, avant de la basculer à l'horizontale." P.61
"Les promesses n'engagent que ceux qui les tiennent." P.30
"C'est toi que j'aimerais emballer, mais autant espérer décrocher la lune." P.12