Aucun citoyen ne devrait payer de sa vie le manque d’effectifs d’un département de police. » C’était à la suite de cette déclaration, continuait l’article, que l’enquêteur avait reçu une série de menaces qui, venant s’ajouter à son sentiment de culpabilité, l’avaient poussé à commettre cet acte.
Elle avait toujours un avis pertinent et connaissait très bien les goûts de chacun. La jeune femme la consultait souvent lorsqu’elle avait besoin de conseils pour choisir une tenue.
Elle avait le sentiment de voir où tout cela allait mener : la vie est trop courte, je suis en train de passer à côté. Elle connaissait le discours par cœur. C’était exactement ce discours que son père avait fait à sa mère, avant leur divorce.
Elle refusait de devenir une femme cynique qui ne croit plus en l’autorité. Elle regarda son téléphone, elle avait trois appels manqués de la part de Chloé. Il fallait absolument qu’elle retourne travailler.
Elle se sentait comme une enfant qui venait de se faire gronder. Pourtant, ça aurait pu être bien pire, elle ne pouvait pas s’empêcher de remarquer qu’Yves n’avait pas insisté, qu’il avait laissé couler alors qu’il avait parfois du mal à lâcher le morceau. Peut-être qu’il s’était rendu compte que l’attitude d’Aline, bien qu’elle ne soit pas professionnelle, leur avait permis d’en apprendre plus sur les intentions de la police.
Il y avait quelque chose d’envoûtant, chez elle. C’était une très belle femme, charismatique, qui semblait prendre la vie comme elle venait. En courant après cet homme, elle avait juste suivi son instinct. Elle dégageait une légèreté et une spontanéité qu’Aline lui enviait. Zora semblait absolument authentique et c’était sans doute pour cela qu’elle lui avait fait confiance.
La jeune femme était nerveuse, elle n’arrêtait pas de penser à tous les mensonges qu’elle avait débités depuis le matin. Elle se rassurait en se disant que c’était pour le bien du couple, que Fabien avait besoin qu’elle prenne les choses en main. Il traversait une phase compliquée, il n’y voyait pas clair. Elle les empêchait simplement de faire une grosse erreur.
Elle avait cette sensation étrange de rencontrer une célébrité, elle ne le connaissait qu’à travers les images qu’elle avait vues à la télé ou dans les journaux. C’était un bel homme à la mâchoire carrée et au regard franc. Il avait une légère cicatrice sur le nez, qui indiquait qu’il avait sûrement été cassé par le passé.
L’ambiance était pesante, Aline sentait une agitation particulière dans le hall. Elle s’imaginait que chaque jour qui passait sans avoir retrouvé le meurtrier de la petite Iris faisait monter la tension. La fonctionnaire de police devait passer ses journées à rassurer tous les parents de la ville.
C’était une femme désespérée qui essayait de comprendre. C’était une femme courageuse, qui posait des questions, même si ça mettait les autres mal à l’aise. Bizarrement, Aline n’avait aucun regret, même si elle n’était pas fière de son comportement. Elle prit le ton le plus sincère possible.