Marie de France

Leur vie n'était que délices. Mais en peu d'heures tourne la roue de la fortune. Tel qui était dessus va dessous. Il en advint ainsi d'eux; car ils furent aperçus.

"Dame, fait-il, laissez-moi en paix. Je n'ai cure de vous aimer; j'ai longuement servi le roi, je ne veux pas mentir à la foi jurée. Ni pour vous ni pour votre amour, je ne méferai contre mon seigneur." La reine se courrouce; elle est en colère, elle parle méchamment: "Ah, fait-elle, je le vois bien maintenant, ce n'est pas ce déduit-là que vous aimez ! Bien souvent l'on m'avait dit que vous n'aviez aucun souci des femmes. Oui, vous préférez les valets bien tournés, et c'est avec eux que vous prenez vos plaisirs."

Jadis advint en Normandie l'aventure souvent contée de deux enfants qui s'entraimèrent et qui moururent de cet amour. Les Bretons en firent le lai que voici. On l'appelle "Les Deux Amants".
C'est vérité qu'en Neustrie, que nous appelons aussi Normandie, il y a une montagne merveilleusement haute: les deux enfants gisent sur le sommet.
Naguère, au pied de ce mont, par grand sens et mûre réflexion, le roi des Pitrois avait fait bâtir une cité; du nom de son peuple il l'avait appelée Pitres. Le nom est toujours resté depuis. La ville, les maisons existent encore; et la contrée porte le nom de val de Pitres.

marie de france et marie dufrene, des siècles ont passé :
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« L’amour est une plaie intérieure > voir photo sur le blog (sein)
Qui ne transparaît pas au-dehors.
C’est un mal qui résiste longtemps
parce qu’il vient de Nature. > nom du frêne (arbre nature)
Beaucoup s’en moquent, > ...
comme ces ignobles galants > nom du père de son fils
qui font les jolis cœurs partout
et qui se vantent de leur succès.
Ceci n’est pas de l’amour, mais de la folie,
de la perversité et de la débauche.
Quand on peut trouver un amant loyal,
il faut le servir, l’aimer
et lui obéir. » > il doit également obéir par raison

Lais de Marie de France

Les contes que je sais véridiques
et dont les bretons ont fait des lais,
je vous les conterai avec concision.
Pour en finir avec cette introduction,
je vous rapporterai une aventure
qui arriva en Petite Bretagne
aux temps anciens,
en suivant fidèlement la lettre et l'écriture.

Lais de Marie de France

D'eux deux il en fut ainsi > un dit un et deux dit ...
Comme il en va du chévrefeuille > secret gardé
Qui au coudrier s'y prend :
Quand il est enlacé et pris
Et tout amour du fût s'est mis
Ensemble ils peuvent bien durer; > oui vrai (actuel)
Qui les veut ensuite désunir
Fait tôt le coudrier mourir
Et le chévrefeuille avec lui.
- Belle amie, ainsi est de nous :
Ni vous sans moi, ni moi sans vous

Lais de Marie de France

Belle amie
ains est de nous > frère
Ni vous sans moi
Ni moi sans vous

Tristan à Yseut : le lai du Chèvrefeuille > je comprends

Le Lai du rossignol et autres lai courtois de Marie de France > croisé monsieur courtois

Il n'avait pas passé longtemps, x
À ce que je sais à présent,
Que le roi si sage et courtois
S'en alla chasser dans le bois
…
Sur voie de retour, à la nuit,
Il dut loger dans le pays.
La femme du loup, l'apprenant,
Se para fort gracieusement,
Vint voir le roi tout aussitôt

Le Lai du rossignol et autres lai courtois de Marie de France

Or, voici qu'une année se passe
Et que le roi va à la chasse.
Il va tout droit en la forêt

... je le croiserai encore peut-être ... isabelle marie dufrene

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Isabelle Marie Françoise DuFrêne
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+ l'accent anglais !

Elle l'interroge si souvent,
Le cajole et le flatte tant
Qu'il lui raconte son aventure.
Il ne lui cache rien :
- Dame, je suis un loup-garou

Va-t'en seul, je te quitte là : jamais on ne m'enchaînera !
J'aime mieux être libre et loup qu'être riche et la corde au cou.
Et puisque moi, j'en ai le choix, reste à la ville, je vais au bois : comment pourrions-nous être amis, avec la chaîne qui te lie? p.54

Ainsi est-il des orgueilleux, recherchant la gloire autour d'eux : qui sait mentir et flatter arrive à tout leur soutirer ; il est coûteux, assurément, de croire à tous leurs boniments. p.36

Mais la femme du chevalier qui se trouvait à table à côté de lui se mit à rire, car c'est une femme sournoise et susceptible, médisante et envieuse. Elle tint des propos insensés et dit devant tout le monde : [...]nous savons bien ce qu'il en est. Jamais il ne fit ni pourra se faire, et jamais non plus il ne se produira qu'une femme puisse avoir deux enfants en une seule grossesse, à moins que deux hommes les lui aient fait.


(La femme al chealer susrist
Ki just lui al manger sist
Kar ele ert feinte e orguilleuse
E mesdisante e envueuse.
Ele parla mut folement
E dist, oant tute sa gent
"[...]
Nus savum bien qu'il i afiert :
Unques ne fu ne ja nent iert
Ne n'avendrat cel aventure
Que a une sule porteure
Que une femme deuz fiz eit
Si deuz hummes ne li ut feit.")

Pendant longtemps ils se sont aimés ainsi, jusqu'à la venue d'un printemps où les bosquets et les prés ont retrouvé leur verdure et les jardins leurs fleurs. Les petits oiseaux du printemps, par leurs chants pleins de douceur, expriment leur joie au sommet des arbres en fleurs. Il n'est pas étonnant alors que celui qui aime selon son cœur s'abandonne à l'amour.

Oui veut composer des contes variés
doit varier le début de ses récits
et veiller par son art
à plaire au public.

(Milon, p.221, Le Livre de Poche)

N'ot en la vile chevalier
ki de surjur ait grant mestier,
que il ne face a lui venir
e richement e bien servir.
Lanval donout les riches duns,
Lanval aquitout les prisuns,
Lanval vesteit les jugleürs,
Lanval faiseit les granz honurs,
Lanval despendeit largement,
Lanval donout or e argent :
n'i ot estrange ne privé
a qui Lanval n'eüst doné.
Mult ot Lanval joie e deduit
u seit par jur u seit par nuit,
s'amie puet veeir sovent,
tut est a sun comandement.

(Lanval, p.144, Le Livre de Poche)

C'est la première fois que vous me parlez ainsi
et vous me prenez au dépourvu.
Vous êtes un roi de grande noblesse;
je ne suis pas d'un rang assez haut
pour que vous choisissiez de vous lier d'amour avec moi.
Une fois votre passion satisfaite
je sais bien sans le moindre doute
que vous auriez vite fait de m'abandonner
et moi je me sentirais amoindrie.
Si j'en venais à vous aimer
et à accéder à votre demande,
nos relations ne seraient pas
sur un pied d'égalité.
Vous êtes un roi puissant
et mon époux est votre vassal :
vous croiriez donc, j'en suis sûre,
avoir, dans cet amour, tous les pouvoirs.
Mais l'amour n'a de valeur qu'entre égaux.
Mieux vaut un homme pauvre mais loyal,
sage et plein de mérite :
son amour offre plus de joie
que celui d'un prince ou d'un roi
sans loyauté.
Celui qui aime
au-dessus de son rang
est toujours dans la crainte !
Quant au puissant, bien persuadé
que personne ne lui enlèvera son amie,
entend la dominer de son amour !

(Equitan, p.79, Le Livre de Poche)

Mais qui ne montre son mal ne peut recouvrer la santé. Et l'amour est comme une plaie dans le corps, dont rien n'apparaît. C'est un mal qui nous tient longtemps, pour ce qu'il vient de nature. Plusieurs le raillent, de ces écervelés qui vont par le monde, contant leurs bonnes fortunes. Or ce n'est pas là amour, mais folie, méchanceté, débauche.

D'eux il en était tout comme il en est du chèvrefeuille qui se prend au coudrier; quand il s'est pris, enlacé, enroulé tout autour du fût, ensemble ils peuvent bien durer; mais vient-on à les séparer, le coudrier meurt hâtivement, et meurt aussi le chèvrefeuille. "Belle amie, ainsi est de nous: ni vous sans moi, ni moi sans vous!"

Tandis que la rude société du XIIème siècle s'enivrait de sa propre force aux chansons violentes des jongleurs, une mélodie jamais entendue s'éleva au loin, du côté de la mystérieuse Armorique; les âmes s'étonnèrent et se détendirent; les femmes, lasses des grands coups d'épée, écoutèrent avec délices la voix qui parut étrangement pure, et cette harpe inconnue qui fondait les coeurs; une lumière surnaturelle s'insinuait doucement, transfigurant le décor ordinaire de la vie; et le Rêve Celtique, dont nul ne sait encore aujourd'hui par quelles voies il procéda, apparut au milieu du monde roman avec son cortège de fées, de chevaliers aventureux et d'amants que l'amour consume. (extrait de l'avant-propos de Paul Tuffrau)

Marie ? Marie de France ou Marie normande ? Marie était-elle normande ou anglaise ? Marie était-elle poétesse ou femme de cour ? Des souvenirs me revenaient à la mémoire : l'histoire de l'homme qui, blessé en chassant une biche blanche, doit s'ouvrir à l'amour pour être guéri; celle d'un rossignol qui, par son chant, permet à des amants, interdits d'amour, de se le dire; celle d'un bateau aux voiles blanches où gisait un amant blessé... Du sang, des larmes, du sexe, mais du sexe qui ne se dit pas.

« Ainsi, amie, est-il de nous,
Ni vous sans moi, ni moi sans vous. »