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Citations de Mario Luzi (56)


Amour difficile à offrir,
difficile à recevoir. S'il ose
il se trouble, il éprouve le froid du serpent;
mais s'il n'ose pas, il erre inassouvi,
plus pressant d'âge en âge, de vie en vie.
Le fleuve coule, et ses remous tournoient.
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Vague

C’est ici le combat de la mer avec elle-même,
elle se tord dans les criques livides,
s’arrache à sa continuité,
se soulève, frémit toute et retombe.
La mer, sais-tu, m’unit à son tourment,
la mer vient, prend la fuite, vient,
conjugue temps et espace dans cette voix
qui souffre et prie, brisée sur les écueils.
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Mario Luzi
Comme il se doit

Que veux-tu, toi qui viens de si loin
et pénètres d'un vol aveugle dans le brouillard
jusqu'ici où même les oisillons de nid
de branche en branche perdent leur chemin?

La vie comme il se doit se perpétue,
s'éparpille en mille ruisseaux. La mère
rompt le pain aux petits, alimente
le feu; la journée s'écoule pleine
ou maussade, un étranger arrive, s'en va,
la neige tombe, il y a une éclaircie , ou bien une bruine
de fin d'hiver estompe les couleurs,
imprègne souliers et vêtements, il fait nuit.

C'est peu, d'autre chose point de signe.
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Je t’invoque pour la nuit
qui vient et pour le sommeil ;
toi qui souffre, toi seul peut me secourir
dans ce passage aveugle du temps
au temps, dans cet âpre voyage
de ce que je suis à ce que je serai
vivant une vie dans la vie,
dormant un sommeil dans un sommeil.
Toi, adorée, qui souffre comme moi,
qui me donne vertige à penser
que le temps, ce froid
entre les astres et sur les tempes et plus encore, contient
la naissance, la maladie, la mort,
la présence de mon ciel et la perte.
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Je me trouve ici à l’âge que tu sais,
ni jeune ni vieux, j’attends, je regarde
cette incertitude suspendue ;
je ne sais plus ce que j’ai voulu ou ce qui me fût imposé,
tu entres dans mes pensées et tu en sors sauvé.
Tout ce qui doit encore être est toujours,
le fleuve s’écoule, la campagne se transforme,
il grêle, il pleut, des chiens aboient,
et la lune émerge, rien ne bouge,
rien de ce long sommeil aventureux.
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Ville lombarde

Claire ville qui sombres dans un miroir,
cet au-delà de l'âme qui meurt,
dans chaque geste le glacial appareil
de tes murs l'enflamme, et tes canaux.

Et que reste-t-il d'autre, que la douleur
n'ait pas rendu parfait?Dans le reflet
des opales pesantes hésite la vieille
horreur de ma vie, à contrecœur

derrière d'éternels cristaux des yeux de mica
rayonnent une funèbre intégrité,
montant des sables livides et de l'ortie

la nuit exulte, érodée par la brise
vacillante une lune se dégage
des saules, et ton gel ne se brise pas.
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Prémices du désert III


Chant

Où vas-tu, toi qui dans le vent aride cours
par une de ces rues sans saisons
derrière des murs lumineux de laquelle
un pas qui vient à retentir excite les chiens
et éveille l’écho ? Vus de la maison
d’où je te regarde, où le corps est vivant,
mouvement et quiétude se défont.

Je t’invoque pour la nuit
qui vient et pour le sommeil ;
toi qui souffres, toi seule peut me secourir
dans ce passage aveugle du temps
vers le temps, dans cet âpre voyage
de celui que je suis à celui que je serai,
vivant une vie dans la vie,
dormant un sommeil dans le sommeil.
Toi, adorée, qui souffres comme moi,
toi dont cela me donne le vertige de penser
que le temps, ce froid
parmi les astres et sur les tempes et autre chose encore, contient
la naissance, la maladie, la mort,
la présence de mon ciel et la perte.

p.225
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Quelqu'un sur le feuillet de la mer
trace un signe de vie, inscrit un point.
De loin en loin un goéland paraît

( extrait de " La nuit lave l'esprit")
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Mario Luzi
Elle qui songe à l'automne des parcs
et dans ses yeux ses cheveux retient
un peu de la tendresse des arbres
tandis qu'il vieillit devant elle
par-delà une cascade silencieuse
sent que je la devine, moi
qui dans le roulement du train la regarde,
et ne trouve pas indiscret mon sourire
mais l'accueille en elle, me le rend
Réfracté à l'infini dans le sien.

(" Dans l'oeuvre du monde")
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Je t'invoque pour la nuit
qui vient et pour le sommeil;
toi qui souffres , toi seule peux me secourir
dans ce passage aveugle du temps
vers les temps, dans cet âpre voyage
de celui que je suis vers celui que je serai,
vivant une vie dans la vie,
dormant un sommeil dans le sommeil.
Toi, adorée, qui souffres comme moi,
toi dont cela me donne le vertige de penser
que le temps, ce froid
parmi les astres et sur les tempes, et autre chose encore, contient
la naissance, la maladie, la mort,
la présence dans mon ciel et la perte.
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Noir


Mais voici l'heure de la nuit, lorsque
des profondeurs de l'espace se penche
le visage de la terre, échevelé,
inaccessible, qu'il nous faut consoler,
nous avec nos veilles tristes et les lumières
pâles d'un firmament de ville.

Le vent des abîmes noirs et violets
agite les jardins desséchés, emporte
par les rues la plainte des chats,
fait battre les volets décrochés, celui qui
se risque hors de chez lui voit
le vent, le réverbère, les ivrognes.

Tu dis, que m'a donné cette journée ?
Rien ou guère plus que ne laisse
apparaître et disparaître
dans les jours obstinément gris
le rideau de pluie ouvert et refermé :
arbres, pans de ville, charrois,
gens, pluie dans la pluie, fumée.

p.242
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et tandis que pour toi
c'est mourir toujours plus profondement
et que pour moi être c'est ne pas oublier
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J'ignore comment

Dans la brume de celle que tu fus
au coeur de cieux inattendus, haute, friable,
couronnée de pluies, ointe de larmes,
retentissante d'echos, j'ignore comment...

Dans la lueur de celle que tu es aujourd hui,
ô équanime, ô lointaine, j'ignore comment
les passions cessent, précipite
le vent de ma vie en un tourbillon.
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Prémices du désert I


Elle s’avance entre les murs,
elle est proie de la lumière

Elle s’avance entre les murs, est proie de la lumière…
peut-être était-ce toi, maintenant c'est une apparition
ou peut-être c'est tout cela qui n’a pas de paix
ou de siège, ou de mouvement et qui n’est ni vrai
ni sans substance, vanité que seul
de purs miroirs trahissent en frémissant.

C’est une vague figure, elle n'a nul répit….
elle est nôtre, je la croyais une chimère
si quelqu'une apparaissait par miracle
au bas d’arides pentes, inconsolée,
sur des routes sombres où rien ne vit plus,
rien, sinon l'espérance du tonnerre.

p.199
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Prémices du désert II


Nouvelles à Giuseppina,
après tant d’années

Qu’espères-tu, que proposes-tu, amie,
si tu retournes par un aussi obscur voyage
jusqu’au lieu où dans le soleil les bourrasques
ont une voix très aigüe de deuil,
et de jasmin une odeur, et de terre éboulée ?

Je me trouve ici à l’âge que tu sais,
ni jeune ni vieux, j’attends, je regarde
cette vicissitude en suspens ;
je ne sais plus ce que j’ai voulu ou ce qui me fut imposé,
tu entres dans mes pensées et tu en sors intacte.

Tout le reste de ce qui doit être est encore là :
le fleuve coule, la campagne change,
il grêle, il cesse de pleuvoir, il y a un chien qui aboie,
la lune paraît, rien ne s'éveille,
rien, du long sommeil aventureux.

p.213
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C'est ici, c'est dans ces travaux doux
et clairs que passe et brûle
cela que je n'ai pas et que pourtant je devrai perdre.
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Danseuse verte


Des destins se propagent là où répand sa nuit
l'inquiétude extrême des rideaux,
elle, depuis la profondeur morte de l'air,
retire sa main comme une planète.

Seul un regard se soustrait à sa forme.
Le vertige exempt de sourire
dans ses bras palpite et se pare
d'un écho blanc échappé de son visage.

Puis, de son mouvement, il simulait toute clémence
dans l'onde d'émeraude qui se dilue
dans la mémoire, origine et apparence
de la mort, le paysage de son pas.

Charité des jupes ; refluait
alors l'informe, alors la vie en ombres
violettes du fond du vide constellé
des veilles vers son regard sans but.

p.102
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Le camp des réfugiés


La femme monte lentement et décroche
des haillons, sous le ciel qui menace,
étendus entre des poteaux. Le chien gémit,
donne corps aux ombres.

Ce sont des signes d'une journée orageuse
sur le dédale des terre-pleins et des excavations,
ce sont des hommes comme des hordes qui font halte
ou des marchandises retenues à la douane, accueillis
sous des tentes ou dans des masures, à demeure
ou de passage — spectacle jusqu'à la nuit
de migrations sans mouvement, sans
paix, que le juste, élu pour l'expiation,
debout contre le montant de la porte, contemple
entre deux pluies, entre deux chutes de neige.

Le vent apporte une rumeur d'eaux sourdes.
Que fais-tu ? que fais-tu ? Tu te perds dans ce mystère.
L'homme nouveau venu dans ces lieux hésite, ne sachant
quel chemin prendre, l'autre, pêcheur
d'anguilles ou de sable, passe outre,
troue avec assurance cette nappe humide
descendue sur le fleuve parmi les éclairs et la foudre.

p.268
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Intérieur.
Je perds la marque de ce livre ouvert
des mois, des années. Je ris, je vois
si je lève la tête deux fenêtres vivantes
où vibre l'attente des hirondelles
et toi qui élèves ces trophées légers.

Un jour, quel jour? entre ce printemps
et cet hiver, une année parmi tant d'autres,
toi et moi entre nous notre fils,
d'une pièce à l'autre cette lumière limpide.
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En janvier la nuit.

quelqu'un souffle dans tes traits,
te provoque, te rappelle à mon tourment
telle que tu fus d'âge en âge, enfantine,
enfantine sous les nuages de mars,
jeune fille surgissant des années informes
entre enfance et puberté, femme dans le vent.
Pendant ce temps nos cheveux sont devenus gris.
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