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Citations de Mariusz Wilk (45)


Je me suis rappelé cette phrase de Merill : "Le chant du cygne, au fond, c'est son silence écrasant", en regardant un unique cygne glisser sur l'eau plate du lac de Pierre. Et le silence, c'est la solitude. L'écho d'un coup de feu m'a répondu: "La solitude, c'est la mort."
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Il est évident que tous n'ont pas raconté ce qu'ils ont vu de leurs propres yeux ; certains ont préféré dire ce qu'on a bien voulu leur montrer ; d'autres n'ont pas pu voir ce qu'ils auraient voulu voir; d'autres encore ont vu des choses qui n'existaient pas et n'ont pas vu ce qui crevait les yeux.
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C'est cela, la création, c'est se limiter à l'indispensable, comme dans l'ascèse. La véritable création naît de la Lumière. La Lumière, on ne peut la trouver que dans le silence, dans la solitude -en soi-même.
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GLOUBINKA : le fin fond du pays, la Russie profonde. Le train n'y arrive pas, les avions n'y atterrissent pas, les correspondants de presse, russes ou étrangers, n'y vont pas. Si l'on considère l'immensité du territoire de la Russie, on peut dire que la gloubinka couvre quatre-vingt-cinq pour cent du pays. La méconnaissance de ce qui s'y passe a donné lieu à de nombreuses erreurs dans les pronostics politiques des soviétologues de Harvard ou de Varsovie, qu'on aurait pu croire très bien informés sur la Russie. Et même les Russes de Moscou n'ont aucune idée de la manière dont vivent leurs frères de Choïna, Maïda ou Taïvenga.
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Du reste, les Européens qui parlent aujourd'hui de la Russie s'écartent rarement des clichés formulés dans la première moitié du XVIe siècle. Aussi n'est-il pas inutile de lire les traités anciens pour voir la manière dont se sont formés les stéréotypes concernant la Russie en Europe, tel celui de la Russie vue comme une prison, par exemple. Campensis écrivait en 1522 :
"Tout ce pays, outre son immensité, est si hermétiquement clos et gardé que non seulement les esclaves mais aussi les hommes libres ne peuvent ni en sortir ni y entrer sans une hramota, un sauf-conduit du tsar."
On parlait déjà à l'époque de la déportation de peuples entiers sur un caprice du tsar, de l'incroyable ivrognerie des Russes, de leur paresse, de leur sournoiserie et de leur suspicion, sans oublier les mœurs légères de leurs épouses (chacune étant susceptible d'être possédée contre une modeste rémunération), la saleté, la boue... "Aucun autre peuple ne jouit d'une aussi mauvaise réputation que les Russes", observait-on. Car aucun autre peuple ne ressemblait autant à des Européens sans en être.
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L'archipel des Solovki n'est pas très grand, rien n'est à plus d'un jour de marche, comme si l'ensemble avait été conçu pour un homme qui ne veut pas utiliser d'autre moyen de locomotion que ses pieds. C'est comme les gens ; il en vit ici juste assez pour qu'on puisse les connaître tous en l'espace de quelques hivers. C'est un endroit formidable pour contempler la nature, l'histoire, les hommes et les événements. On peut y embrasser d'un regard des phénomènes qui, en Russie, se déroulent sur des territoires immenses et sont, de ce fait, difficiles à percevoir. À Solovki, on voit la Russie en miniature, avec une netteté parfaite...
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D'après Rozanov, il a existé de tout temps deux Russie : la Russie des apparences (dans l'original, vidimost', à la fois le visible et l'apparence) – soit l'Empire, qui s'est moulé sur des formes extérieures et dont l'histoire a été écrite par des événements pourvus d'un début et d'une fin ; et la Sainte Russie, soit la Matiouchka, la "Petite Mère", aux lois incompréhensibles, aux formes floues, aux tendances incertaines – la Rous, la Russie kiévienne, au sang ardent et à la foi sans tache. Sur l'Empire on peut lire Karamzine, nous dit l'auteur de "Feuilles Tombées" ; quant à la Sainte Russie, on peut en entendre parler dans les skit, les ermitages des vieux-croyants. On parle haut et fort de l'Empire à Moscou et à Saint-Pétersbourg ; on parle de la Matiouchka dans les profondeurs du pays, dans un murmure.
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Chaque fois que je trouve des traces de l'homme dans le Nord, des amoncellements d'ordures, les forêts presque chauves, les puits d'uranium, une idée me tourmente, toujours la même, mais en somme pas neuve toutefois : l'homme est le cancer de la nature, une tumeur maligne, un tissu malade.
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Si tu te réveilles tous les matins au même endroit et que tous les jours tu observes l’aube depuis la même fenêtre, tu finiras par saisir cet instant où l’Onega est en efflorescence et tu te rendras compte de la richesse infinie du rythme monotone .
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Je préfère vadrouiller tranquillement sur les chemins de mes souvenirs, en suivant la trace de mes lectures ou même dans mes rêves, tout en respirant avec les yeux le monde qui m’entoure. Le monde que j’ai choisi moi-même et que je crée dans une certaine mesure, aussi bien en fauchant l’herbe qu’en écrivant sur lui.
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Pérégriner est un dur labeur ! Comme l’écrivait Nicolas Bouvier, on ne voyage pas pour se garnir d’exotisme et d’anecdotes comme un sapin de Noël. Le chemin doit nous dépouiller de tout (et donc aussi de notre propre idée du chemin) pour que nous en sortions grands ouverts. Faire le chemin, c’est pratiquer le dénuement.
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Au loin, à l’horizon, le ciel et la terre se rejoignent en silence. Dans une telle quiétude, on entend chaque mot. Par la fenêtre, je regarde le trait violacé de l’horizon de l’autre côté de la Grande Baie. Évagre le Pontique écrit que le silence est un art qui consiste à attendre, à veiller et à tendre l’oreille à ce qui se passe en nous et autour de nous. Le silence est la voie qui mène vers notre propre intérieur, qui apprend à s’arrêter et à atteindre l’essentiel. Le silence est le liant qui conscience de la présence. C’est peut-être la raison pour laquelle je peux seulement écrire lorsque j’ai l’horizon devant les yeux.
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En un clin d’œil, les broussailles se sont couvertes d’une poussière vert pâle – de loin, on dirait de la rosée ou de la brume –, matin, les pousses de bouleau percent si vite que j’arrive à peine à les couper. À peine les bourgeons des bouleaux se mettent à embaumer, déjà les feuilles luisent au soleil, les écailles visqueuses des peupliers collent aux pieds, la livèche, la rhubarbe, l’ortie et l’oseille sont prêtes à être mangées. Mmm… les crudités de printemps au petit déjeuner. Comme si on mâchait de la lumière de soleil dans des fibres vertes.
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Hier encore, je contemplais une nature morte dans le cadre de ma fenêtre ; pendant la nuit, les table – sur laquelle j’écris – comme si je voguais sur l’eau. Et avec moi tanguent les murs, le poêle, la malle, l’armoire et les livres sur les étagères ; dans le lac, les méduses reflètent la lumière qui vient courir sur le plafond de ma chambre et, se mirant à la surface du thé vert, le soleil étincelle dans la tasse chinoise en argile gris-rose.
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Surtout du temps qu’il fait, et de la glace elle-même. Celle-ci fond différemment au soleil et sous l’averse ; le vent l’entasse, le brouillard la gobe, la vague la grumelle. Parfois, pfuitt, elle disparaît en un clin d’œil, le temps de vous retourner ; une autre fois elle expire en plaques noires, monte en vapeur ou forme du frasil à la surface du lac ; d’autres fois encore,elle luit sur les rochers comme nappés de sucre glace, même si elle a disparu de la surface de l’eau… Tout cela s’accompagne de sons : un grondement, des éclats, divers crissements et bourdonnements, claquements, grincements et craquements.
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J’ai observé maintes et maintes fois la fonte des glaces sur l’Onega depuis la fenêtre de mon bureau et le spectacle est à chaque fois différent. Le mystère de la transfiguration de la nature morte en élément liquide. Imaginez un espace vide devant vous, un champ blanc pris dans les glaces et enseveli sous la neige jusqu’à l’horizon, muet et immobile pendant de longs mois, aucune trace de vie, aucun mouvement, rien. Rien que le vent qui tresse parfois des panaches de poussière blanche, les pourchasse un temps puis les envoie balader. Même le soleil est incapable de ranimer ce paysage pétrifié vu que lui-même n’en mène pas large l’hiver et, pointant sa tête au-dessus de l’horizon comme noircit. C’est le signe que le mystérieux spectacle de l’Onega va bientôt commencer.
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il répétait... qu'un ami de perdu c'était du temps de gagné.
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... plus on s'est gavé de savoir, moins on voit, car on ne voit alors plus que ce que l'on sait.
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p 139 La vie est trop courte pour se presser.
Cet épigraphe m'a été glissée par le chaman esquimau sur le ferry. Alex a fait cette comparaison entre le chemin des hommes blancs et les pistes des Inuits : " Le blanc se dirige toujours vers son but par le chemin le plus court. Les Inuits font des détours. Les Blancs vivent dans le temps, les Inuits dans l'espace. Le Blanc a un certain nombre d'années pour voir le plus de choses possibles, et moi, j'ai encore un nombre de miles défini à parcourir, alors plus je vais lentement, plus je vois. Les miles n'y perdent rien." Il m'a dit aussi que je passerais bientôt du nord au sud. Je lui ai demandé pourquoi.
-- Chez nous, chaque âge a son point cardinal m'a-t-il répondu. L'enfance, à laquelle correspond le tuk-tuk, qui signifie "renne" dans notre langue, est tournée vers l'est ; la jeunesse vers le sud ; la maturité va vers l'ouest et la vieillesse fuit vers le nord. Tu vas bientôt commencer un deuxième tour.
Encore aujourd'hui je me demande comment il a pressenti la venue de Martoucha qui n'avait pas même été conçue... (née le 12 août 2009)
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Un lecteur attentif de mon journal a certainement remarqué que je n'ai jamais été adepte du temps linéaire qu'on mesure avec les aiguilles d'une montre et le calendrier. J'ai préféré tracer des cercles au rythme de la nature, avec les rennes et les oies sauvages. On peut dire qu'en contemplant le temps je contemplais en réalité la nature dans son atemporalité (j'ai dit que nous vivions en dehors du temps). C'est la venue au monde de ma Martusza qui m'a desillé les yeux : j'ai compris que tourner en rond est stérile et ne mène nulle part. En un mot, la venue au monde de ma petite fille chérie m'a permis de m'ouvrir à la contemplation réelle du temps, ni linéaire, ni circulaire, mais notre temps. Car notre temps, c'est le rythme que nous adoptons pour aller vers la mort. Ainsi, soit nous arrivons à comprendre quelque chose sur cette route, soit rien. p 21-22
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"Le frémissement nocturne de la forêt enveloppait Cosette tout entière...Ce n'était pas seulement de la terreur qui la gagnait, c'était quelque chose de plus terrible que la terreur..; Elle fit ainsi une douzaine de pas, mais le seau était plein, il était lourd... Elle sentit tout à coup que le seau ne pesait plus rien. Une main, qui lui parut énorme, venait de saisir l'anse et la soulevait vigoureusement." Qui a écrit "Les Misérables"?

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