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Citations de Mariusz Wilk (49)


Je me suis rappelé cette phrase de Merill : "Le chant du cygne, au fond, c'est son silence écrasant", en regardant un unique cygne glisser sur l'eau plate du lac de Pierre. Et le silence, c'est la solitude. L'écho d'un coup de feu m'a répondu: "La solitude, c'est la mort."
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Il est évident que tous n'ont pas raconté ce qu'ils ont vu de leurs propres yeux ; certains ont préféré dire ce qu'on a bien voulu leur montrer ; d'autres n'ont pas pu voir ce qu'ils auraient voulu voir; d'autres encore ont vu des choses qui n'existaient pas et n'ont pas vu ce qui crevait les yeux.
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C'est cela, la création, c'est se limiter à l'indispensable, comme dans l'ascèse. La véritable création naît de la Lumière. La Lumière, on ne peut la trouver que dans le silence, dans la solitude -en soi-même.
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Nous voilà donc coupés du monde pour de bon. On ne peut plus se traîner que sur des skis, mais qui aurait envie de s'esquinter sur cinq verstes contre le vent dans une pareille tempête ? Les pêcheurs les plus enragés préfèrent rester au coin du feu et ne pas mettre le nez dehors, sans parler des touristes de hasard et des citadins de passage ! Pour moi d'ailleurs, tant mieux, car héberger dans ces conditions quelqu'un qui n'est pas habitué à la solitude, c'est accueillir un hôte qui volerait mon temps, peut-il y en avoir de plus indésirables ? (173)
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L'hiver a enfin commencé pour de vrai. Après des semaines d'un temps humide et sombre de fin d'automne, avec un vent à vous enlever la jugeote de la tête et à en faire une coquille d’œuf vidée pour la soulever ensuite et la fracasser contre la pierre angulaire de la première maison venue, finalement, le vent du Nord avait nettoyé le ciel des nuages lourds et la lumière du soleil ruisselait. (157)
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Des poissons du néolithique se sont conservés dans les gravures rupestres de Biessov Nos : la célèbre figure de la Grosse Lotte (qui est à droite de Biessikha), également un saumon empalé sur une sorte de harpon archaïque. Cet ornement caractéristique avec lequel les potiers primitifs du Nord décoraient leur œuvres en pressant dans de l'argile fraîche des arrêtes dorsales de poisson a permis aux archéologues de distinguer ce qu'on nomme la culture des sperrings (Ve-IVe millénaires avant notre ère). (148)
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L'écrivain français Georges Perec disait que vivre, c'est passer constamment d'un espace à un autre en essayant le plus possible de ne pas se cogner. (237)
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GLOUBINKA : le fin fond du pays, la Russie profonde. Le train n'y arrive pas, les avions n'y atterrissent pas, les correspondants de presse, russes ou étrangers, n'y vont pas. Si l'on considère l'immensité du territoire de la Russie, on peut dire que la gloubinka couvre quatre-vingt-cinq pour cent du pays. La méconnaissance de ce qui s'y passe a donné lieu à de nombreuses erreurs dans les pronostics politiques des soviétologues de Harvard ou de Varsovie, qu'on aurait pu croire très bien informés sur la Russie. Et même les Russes de Moscou n'ont aucune idée de la manière dont vivent leurs frères de Choïna, Maïda ou Taïvenga.
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Du reste, les Européens qui parlent aujourd'hui de la Russie s'écartent rarement des clichés formulés dans la première moitié du XVIe siècle. Aussi n'est-il pas inutile de lire les traités anciens pour voir la manière dont se sont formés les stéréotypes concernant la Russie en Europe, tel celui de la Russie vue comme une prison, par exemple. Campensis écrivait en 1522 :
"Tout ce pays, outre son immensité, est si hermétiquement clos et gardé que non seulement les esclaves mais aussi les hommes libres ne peuvent ni en sortir ni y entrer sans une hramota, un sauf-conduit du tsar."
On parlait déjà à l'époque de la déportation de peuples entiers sur un caprice du tsar, de l'incroyable ivrognerie des Russes, de leur paresse, de leur sournoiserie et de leur suspicion, sans oublier les mœurs légères de leurs épouses (chacune étant susceptible d'être possédée contre une modeste rémunération), la saleté, la boue... "Aucun autre peuple ne jouit d'une aussi mauvaise réputation que les Russes", observait-on. Car aucun autre peuple ne ressemblait autant à des Européens sans en être.
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L'archipel des Solovki n'est pas très grand, rien n'est à plus d'un jour de marche, comme si l'ensemble avait été conçu pour un homme qui ne veut pas utiliser d'autre moyen de locomotion que ses pieds. C'est comme les gens ; il en vit ici juste assez pour qu'on puisse les connaître tous en l'espace de quelques hivers. C'est un endroit formidable pour contempler la nature, l'histoire, les hommes et les événements. On peut y embrasser d'un regard des phénomènes qui, en Russie, se déroulent sur des territoires immenses et sont, de ce fait, difficiles à percevoir. À Solovki, on voit la Russie en miniature, avec une netteté parfaite...
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D'après Rozanov, il a existé de tout temps deux Russie : la Russie des apparences (dans l'original, vidimost', à la fois le visible et l'apparence) – soit l'Empire, qui s'est moulé sur des formes extérieures et dont l'histoire a été écrite par des événements pourvus d'un début et d'une fin ; et la Sainte Russie, soit la Matiouchka, la "Petite Mère", aux lois incompréhensibles, aux formes floues, aux tendances incertaines – la Rous, la Russie kiévienne, au sang ardent et à la foi sans tache. Sur l'Empire on peut lire Karamzine, nous dit l'auteur de "Feuilles Tombées" ; quant à la Sainte Russie, on peut en entendre parler dans les skit, les ermitages des vieux-croyants. On parle haut et fort de l'Empire à Moscou et à Saint-Pétersbourg ; on parle de la Matiouchka dans les profondeurs du pays, dans un murmure.
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Chaque fois que je trouve des traces de l'homme dans le Nord, des amoncellements d'ordures, les forêts presque chauves, les puits d'uranium, une idée me tourmente, toujours la même, mais en somme pas neuve toutefois : l'homme est le cancer de la nature, une tumeur maligne, un tissu malade.
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Si tu te réveilles tous les matins au même endroit et que tous les jours tu observes l’aube depuis la même fenêtre, tu finiras par saisir cet instant où l’Onega est en efflorescence et tu te rendras compte de la richesse infinie du rythme monotone .
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Je préfère vadrouiller tranquillement sur les chemins de mes souvenirs, en suivant la trace de mes lectures ou même dans mes rêves, tout en respirant avec les yeux le monde qui m’entoure. Le monde que j’ai choisi moi-même et que je crée dans une certaine mesure, aussi bien en fauchant l’herbe qu’en écrivant sur lui.
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Pérégriner est un dur labeur ! Comme l’écrivait Nicolas Bouvier, on ne voyage pas pour se garnir d’exotisme et d’anecdotes comme un sapin de Noël. Le chemin doit nous dépouiller de tout (et donc aussi de notre propre idée du chemin) pour que nous en sortions grands ouverts. Faire le chemin, c’est pratiquer le dénuement.
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Au loin, à l’horizon, le ciel et la terre se rejoignent en silence. Dans une telle quiétude, on entend chaque mot. Par la fenêtre, je regarde le trait violacé de l’horizon de l’autre côté de la Grande Baie. Évagre le Pontique écrit que le silence est un art qui consiste à attendre, à veiller et à tendre l’oreille à ce qui se passe en nous et autour de nous. Le silence est la voie qui mène vers notre propre intérieur, qui apprend à s’arrêter et à atteindre l’essentiel. Le silence est le liant qui conscience de la présence. C’est peut-être la raison pour laquelle je peux seulement écrire lorsque j’ai l’horizon devant les yeux.
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En un clin d’œil, les broussailles se sont couvertes d’une poussière vert pâle – de loin, on dirait de la rosée ou de la brume –, matin, les pousses de bouleau percent si vite que j’arrive à peine à les couper. À peine les bourgeons des bouleaux se mettent à embaumer, déjà les feuilles luisent au soleil, les écailles visqueuses des peupliers collent aux pieds, la livèche, la rhubarbe, l’ortie et l’oseille sont prêtes à être mangées. Mmm… les crudités de printemps au petit déjeuner. Comme si on mâchait de la lumière de soleil dans des fibres vertes.
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Hier encore, je contemplais une nature morte dans le cadre de ma fenêtre ; pendant la nuit, les table – sur laquelle j’écris – comme si je voguais sur l’eau. Et avec moi tanguent les murs, le poêle, la malle, l’armoire et les livres sur les étagères ; dans le lac, les méduses reflètent la lumière qui vient courir sur le plafond de ma chambre et, se mirant à la surface du thé vert, le soleil étincelle dans la tasse chinoise en argile gris-rose.
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Surtout du temps qu’il fait, et de la glace elle-même. Celle-ci fond différemment au soleil et sous l’averse ; le vent l’entasse, le brouillard la gobe, la vague la grumelle. Parfois, pfuitt, elle disparaît en un clin d’œil, le temps de vous retourner ; une autre fois elle expire en plaques noires, monte en vapeur ou forme du frasil à la surface du lac ; d’autres fois encore,elle luit sur les rochers comme nappés de sucre glace, même si elle a disparu de la surface de l’eau… Tout cela s’accompagne de sons : un grondement, des éclats, divers crissements et bourdonnements, claquements, grincements et craquements.
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J’ai observé maintes et maintes fois la fonte des glaces sur l’Onega depuis la fenêtre de mon bureau et le spectacle est à chaque fois différent. Le mystère de la transfiguration de la nature morte en élément liquide. Imaginez un espace vide devant vous, un champ blanc pris dans les glaces et enseveli sous la neige jusqu’à l’horizon, muet et immobile pendant de longs mois, aucune trace de vie, aucun mouvement, rien. Rien que le vent qui tresse parfois des panaches de poussière blanche, les pourchasse un temps puis les envoie balader. Même le soleil est incapable de ranimer ce paysage pétrifié vu que lui-même n’en mène pas large l’hiver et, pointant sa tête au-dessus de l’horizon comme noircit. C’est le signe que le mystérieux spectacle de l’Onega va bientôt commencer.
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