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Citations de Marlen Haushofer (339)


[...] Ce qui importe c’est d’écrire et puisqu’il n’y a plus de conversation possible, je dois m’efforcer de continuer ce monologue sans fin. Ce sera le seul récit que je laisserai.
[...] Je n’écris pas pour le seul plaisir d’écrire. M’obliger à écrire me semble le seul moyen de ne pas perdre la raison. Je n’ai personne ici qui puisse réfléchir à ma place ou prendre soin de moi. Je suis seule et je dois essayer de survivre aux longs et sombres mois d’hiver. Il est peu probable que ces lignes soient un jour découvertes.
[...] Depuis quelques jours, il m’est apparu clairement que j’espère que quelqu’un lira ce récit. Je ne sais pas pourquoi je le souhaite, ça ne fera en effet aucune différence. Mais mon cœur bat plus vite quand je me représente que des yeux humains se poseront sur ces lignes et que des mains humaines tourneront ces pages. Il est plus probable que ce seront les souris qui dévoreront cette histoire.
[...] C’est un sentiment bizarre que celui d’écrire pour des souris. Parfois je dois faire semblant d’écrire pour des hommes, ça me devient alors plus facile.
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Je plains les animaux et les hommes parce qu’ils sont jetés dans la vie sans l’avoir voulu.
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Le passé et le futur baignaient la petite île de l'ici et du maintenant.
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Je toune la tête et je crois apercevoir le reflet brun-roux d'un pelage. Mais le chemin reste désert, des buissons dénudés et des roches humides. Je ne suis pas surprise d'entendre à tout moment craquer derrière moi des branches sous ses pattes légères. En quel autre lieu pourrait errer sa petite âme de chien si ce n'est sur mes traces ? C'est un fantôme aimable et je n'en ai pas peur. Lynx mon brave et beau chien, il est probable que c'est seulement dans ma pauvre tête qu'existe le bruit de tes pas, le reflet de ton pelage. Tant que je vivrai, tu suivras ma trace, affamé et consumé de désir comme moi-même.
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J'étais devenue très sage mais ma sagesse venait trop tard et d'ailleurs, même si j'étais née sage, je n'aurais rien pu faire dans un monde qui ne l'était pas.
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Mais, si violente qu'ait pu être la tempête, le lendemain le ciel était clair et le brouillard ne persistait qu'au-dessus de la vallée. C'était comme si les prairies de l'alpage flottaient sur les nuages, un bateau vert, brillant et humide voguant sur l'écume blanche d'un océan agité. Puis les vagues s'apaisaient lentement et les crimes fraîches et mouillées des pins en émergeaient.
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Ce n’est pas que je redoute de devenir un animal, cela ne serait pas si terrible. Ce qui est terrible, c’est qu’un homme ne peut jamais devenir un animal, il passe à côté de l’animalité pour sombrer dans l’abîme;
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Le temps avait seulement dû me paraître passer plus vite. Je crois que le temps est immobile et que je me meus en lui parfois lentement, parfois à une vitesse foudroyante.
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Les chats s'affolent vite ; un bout de papier bruissant, un mouvement un peu brusque, il ne leur en faut pas plus pour perdre la tête. Parce que ce sont des solitaires, ils doivent être sans cesse sur leurs gardes et prêts à la fuite. Derrière chaque buisson d'aspect inoffensif, derrière chaque coin de maison peut se cacher un ennemi. Il n'y a qu'une chose qui soit plus forte que leur méfiance et que leur prudence, c'est leur curiosité.
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La chatte était bien différente, un animal courageux, endurci, que je respectais et admirais, mais qui n'abdiquait jamais sa liberté. D'aucune manière elle n'était dépendante. Lynx au contraire n'avait pas le choix, il avait besoin d'un maître. Un chien sans maître est l'être le plus misérable du monde, et l'individu le plus abject est encore capable de plonger un chien dans le ravissement.
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Je me rappelle à quel point les hommes pour la plupart ont peu d'imagination. C'est probablement pour eux une chance. L'imagination rend vulnérable et vous met à la merci de tout. Peut être est-elle un signe de dégénérescence. Jamais je n'ai reproché à un être humain son manque d'imagination, je l'aurais plutôt envié d'en manquer. Il menait une vie plus facile et plus agréable que les autres.
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Puis venaient les jeux matinaux de Tigre [un chaton] : une sorte de jeu de cache-cache qui consistait à l'attraper en courant tout autour de la cabane. Je devais parfois m'y forcer mais cela me faisait du bien. Ce jeu avait des règles strictes qui avaient toutes été inventées et fixées par le chat. Il fallait toujours courir dans la même direction et les cachettes étaient toujours les mêmes. Le coin de la cabane, un vieux tonneau à eau, un tas de bois mort, une grosse pierre, l'autre coin de la cabane et un vieux billot. Tigre disparaissait au coin de la cabane et je devais faire l'idiote et le chercher, affolée, en me lamentant. Il était entendu que je ne le voyais pas en train de me guetter au coin de la maison, jusqu'à ce qu'il se précipite sur mes jambes, d'un bond sauvage. Ensuite c'était le tonneau à eau à côté duquel il fallait passer à tâtons et pousser un cri après avoir été mordue fort mais sans douleur, cependant que Tigre, la queue en l'air, disparaissait derrière le tas de bois que je contournais plusieurs fois, car comment aurais-je pu y distinguer le petit chat qui avait la même couleur, jusqu'à ce qu'il s'avance d'amble, sur la pointe des pattes, comme un cheval, en faisant un énorme gros dos. Tout se résumait au fait que lui, un animal sauvage, fier et intelligent, était capable de faire peur à un homme, bête et ridicule. mais comme ce stupide être humain était aussi une personne agréable et aimée, il n'était pas dévoré, mais, après le jeu tendrement léché.
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C'est depuis que j'ai ralenti mes mouvements que la forêt pour moi est devenue vivante. Je ne veux pas dire que ce soit la seule façon de vivre, mais c'est certainement celle qui me va le mieux. Et que n'a-t-il pas fallu qu'il se passe avant que je ne parvienne à la trouver. Auparavant j'allais toujours quelque part, j'étais toujours pressée et exaspérée car partout où j'arrivais je devais attendre mon tour. J'aurai tout aussi bien pu flâner en route. Il m'arrivait de prendre conscience de mon état et aussi de celui du monde, mais je n'étais pas capable de me démarquer de cette vie stupide.
p 258
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Mais je comprends pourquoi ce sont les autres qui ont toujours eu le dessus. Aimer et prendre soin d'un être est une tâche très pénible et beaucoup plus difficile que tuer ou détruire. Élever un enfant représente vingt ans de travail, le tuer ne prend que dix secondes.
p 188
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Pour la première fois de ma vie je me sentais apaisée, non pas contente ou heureuse, mais apaisée. Cela avait un rapport avec les étoiles et c'était en définitive parce qu'elles existaient vraiment. Pourquoi il en était ainsi, je n'en savais rien. Mais c'était ainsi.
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Il y a des moments où je pense avec plaisir au temps où il n'existera plus rien à quoi je puisse m'attacher. J'en ai assez de savoir d'avance que tout me sera enlevé. Mais n'arrivera pas, car aussi longtemps, qu'il y aura dans la forêt un seul être à aimer, je l'aimerai et si un jour il n'y en a plus, alors je cesserai de vivre.
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C'est peut-être le chien qui est responsable de la folie de grandeur de l'homme. Même à moi, il m'est arrivé de penser que je devais avoir quelque chose de particulier, quand je vois Lynx défaillir de joie en me regardant.
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Je me demande où est passée l’heure exacte, depuis qu’il n’y a plus d’hommes. Parfois me revient à l’esprit l’importance jadis de ne pas arriver cinq minutes en retard. La plupart des gens que je connaissais faisaient de leur montre une sorte de divinité et même moi je trouvais cela tout à fait raisonnable. Quand on est tombé en esclavage, il est bon de s’en tenir aux prescriptions et de ne pas mécontenter le maître.
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Je fais ma toilette tous les jours, me brosse les dents, lave mon linge et nettoie la maison.
Je ne sais pas pourquoi je le fais. J'obéis à une sorte d'exigence intérieure. Si j'agissais autrement, j'aurais sans doute peur de cesser peu à peu d'appartenir au genre humain et je craindrais de me mettre à ramper sur le sol, sale et puante, en poussant des cris incompréhensibles. Ce n'est pas que je redoute de devenir un animal, cela ne serait pas si terrible, ce qui est terrible, c'est qu'un homme ne puisse jamais devenir un animal, il passe à côté de l'animalité pour sombrer dans l'abîme. Je ne veux pas que cela m'arrive.
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Ce genre de pensée n'a aucun sens. Louise, Hugo et le garde sont morts et au fond je n’aimerais pas qu'ils soient là. Je ne suis plus celle que j'étais il y a deux ans. Si à présent j'avais envie d'avoir quelqu'un auprès de moi, j'aimerais que ce soit une femme âgée, intelligente et spirituelle avec qui je pourrais parfois rire. Car le rire me manque toujours autant. Mais elle mourrait probablement avant moi, et je serais de nouveau seule. Ce serait pire que de ne l'avoir jamais connue. Ce serait payer trop cher le rire. Car je ne pourrais pas éviter de me souvenir de cette femme et cela dépasserait mes forces. Déjà, je ne suis plus qu'une fine pellicule recouvrant un amoncellement de souvenirs. Je n'en peux plus. Qu'adviendrait-il de moi si cette peau venait à se rompre. (p. 77)
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