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Critiques de Marta Hillers (89)
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Un livre choc dans lequel une jeune berlinoise témoigne (de façon anonyme) de la chute du troisième Reich et de la prise de la ville par les troupes alliées. Au delà du style incisif et d'une écriture qui va à l'essentiel, j'ai été frappée par la vitesse à laquelle se déroule l'action : la narratrice nous décrit 2 mois de son quotidien et j'ai eu l'impression d'avoir partagé 4 ans de sa vie : chaque journée apporte son lot de bouleversements auxquels il faut faire face pour tenter de survivre….. Un grand merci à Cécile pour m'avoir fait découvrir ce livre !
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Sans doute le meilleur témoignage de survie d'une jeune intellectuelle, en avance sur son époque, assez libérée, pour raconter sa survie dans le Berlin dévasté de la fin de la guerre. On peut comprendre que son auteur n'ait pas voulu être connue et reconnue. Viol, faim, froid, prostitution, elle nous fait part de sa méthode de survie dans le chaos de l'apocalypse des derniers mois de la guerre. Rencontre entre une population cultivée et il faut bien le dire, une armée russe de paysans incultes et en manque de femme qui va piller et violer, se payer sur l'ennemi, et malheureusement sur les femmes qui vont subir la vengeance d'un peuple qui aura payé un lourd tribus 23 000 000 de morts et toutes les infamies...
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Le journal intime véridique d’une Berlinoise qui raconte la prise de la ville par les soviétiques en 1945.

[...] Une femme à Berlin est un témoignage exceptionnel, dramatique et accablant. Chaque page est saisissante.

Dans l’immeuble de Marta Hillers, la jeune femme qui aurait écrit ce journal, on observe froidement comment les groupes d’individus se reconstituent en temps de guerre. On décèle les rapports de force, les instants précieux de solidarité, les stratégies de survie et le viol des femmes, vécu comme une expérience aussi individuelle que collective. L’absence de haine envers ceux qui les humilient est édifiante, car comme elle le souligne, c’est en parlant avec eux et en apprenant à les connaître qu’elle a pu leur rendre leur humanité.

[...] En temps de guerre, le viol comme humiliation et punition est perçu comme un dommage collatéral légitimé, à tort, par les frustrations de la guerre. De fait, on en parle un peu dans ce contexte si particulier. Mais en temps de paix, dans notre société fondamentalement patriarcale et misogyne, le viol vécu de manière individuelle est couvert d’une épaisse couche de tabou, et en plus beaucoup d’hommes sont des violeurs qui s’ignorent ou qui feignent l’ignorance, tant la domination masculine est accablante et l’impunité institutionnalisée. Pour moi, Une femme à Berlin parvient à montrer qu’une femme ne se résume pas à son vagin, et que le viol est une atteinte physique, mais pas toujours morale.

Bref, Une femme à Berlin compte parmi les lectures les plus marquantes de ma vie.

L'article entier sur Bibliolingus :

http://www.bibliolingus.fr/une-femme-a-berlin-anonyme-a126229582
Lien : http://www.bibliolingus.fr/u..
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..





Éprouvante, glaçante, voici une lecture qui m'aura marquée au fer rouge. Ce témoignage lève le voile sur un chapitre méconnu et longtemps resté tabou de la seconde guerre mondiale. Sous forme d’un journal rédigé au jour le jour par une jeune berlinoise durant la période du 20 avril au 22 juin 1945, il retrace la chute du régime hitlérien et la prise de la capitale allemande par l'armée Rouge. 



***



Printemps 1945



Berlin est encerclé. Le IIIème Reich vit ses derniers jours. 



“Oui, c’est bien la guerre qui déferle sur Berlin. Hier encore ce n’était qu’un grondement lointain, aujourd’hui c’est un roulement continu. On respire les détonations. L’oreille est assourdie, l'ouïe ne perçoit plus que le feu des gros calibres. Plus moyen de s'orienter. Nous vivons dans un cercle de canons d’armes braquées sur nous et il se resserre d’heure en heure.” 



La capitale est dévastée, éventrée par les bombardements successifs des Alliés. La population qui y réside encore, "tout le saint-frusquin dont ne veulent ni le front ni le Volkssturm”, tente désespérément de survivre. 



L’auteure décrit avec une minutie redoutable le quotidien des civils désormais entièrement livrés à eux-mêmes. Du plus déroutant au plus tragique, la jeune femme ne fait l'impasse sur aucun événement. Terrés le plus souvent dans l’obscurité des caves, femmes, enfants, personnes âgées ou invalides, forment ensemble un microcosme souterrain. Tenaillés par la faim, réduits à une existence misérable dans des abris insalubres menaçant de s'effondrer à chaque instant, tous redoutent autant qu'ils espèrent la fin de cette guerre. 



L'arrivée en fanfare des troupes soviétiques scelle le sort des femmes. Sans défense, traquées telles des proies dans les moindres recoins de la capitale déchue, elles servent à satisfaire l'appétit insatiable des soldats victorieux. Un climat de terreur règne sur le champ de ruines berlinois.



“... ce qui nous gagne en permanence, c'est le sentiment d’être entièrement délaissées et livrées en pâture. Dès que nous sommes seules, le moindre bruit, le moindre pas nous terrorise.”



Les “Ivan” se livrent en toute impunité à des viols massifs, multiples et collectifs. Les faits rapportés offrent une déclinaison de l’abject échappant à tout entendement. Personne n'ose s'interposer par crainte des représailles. Seul appui, la solidarité "de circonstance" qui se développe parmi les victimes. 



Selon les historiens, entre avril et septembre 1945,  plusieurs centaines de milliers de femmes allemandes furent violées par les soldats russes. Une arme de guerre redoutable, effroyable…



Dans ce récit autobiographique aux allures de reportage, vous ne trouverez ni apitoiement, ni larmoiement, ni étalage de ressentiments. L'auteure fait preuve d'une étonnante distanciation vis-à-vis des évènements. L' écriture est précise, tranchante comme une lame, terriblement évocatrice. Seules quelques bribes de son journal laissent entrevoir l'étendue et l'intensité des souffrances endurées ainsi que la force de vie incroyable qui l’anime.



“(...) je me sens avilie, offensée, rabaissée au niveau d’objet sexuel.”



"Je n'ai encore jamais été aussi loin de moi-même,  ni aussi aliénée à moi-même. Comme si tout sentiment était mort au-dedans. Seul survit l'instinct de survie. Ce n'est pas eux qui me détruiront." 



La jeune berlinoise porte un regard acéré sur les petites lâchetés et grands manquements auxquels chacun s'abandonne lorsque pris dans la tourmente. Ses écrits témoignent des "stratégies" qu'elle-même a dû mettre en place pour pallier à l'horreur, aux sévices infligées et à la famine. Mue par un instinct de survie hors du commun, elle cherchera à obtenir la “protection” d’un haut gradé, d“un loup qui tienne les loups à l’écart", afin de se prémunir contre les agressions sexuelles d’autres soldats.  



Publié anonymement pour la première fois en 1954 aux Etats-Unis puis édité cinq ans plus tard dans sa version allemande, Une femme à Berlin s’est heurté à une grande hostilité. Au regard des atrocités nazies commises, les mentalités n’étaient pas prêtes à entendre la souffrance du peuple vaincu. S’y pencher pouvait sans doute être assimilé à des signes de complaisance voire de révisionnisme. L'ignominie des faits relatés et ce que cette guerre avait révélé de chaque Homme sans distinction doivent également pouvoir expliquer l'accueil glacial reçu. Le temps apaisant les esprits, cet ouvrage a trouvé son public plusieurs décennies plus tard et notamment lors de sa réédition dans les années 2000. 



L'identité de l'auteure ne fut révélée que posthume en 2003. Elle s'appelait Marta Hillers (1911 - 2001). 



***



Un autre versant de l'horreur de la guerre

Parce que l’Histoire ne peut effacer

Un témoignage  nécessaire 







(Lu en décembre 2021)

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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Retour à la normale, de manière totalement anormale. Un témoignage utile.
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Dans son journal, une Allemande raconte le combat quotidien mené par les Berlinoises pour assurer leur survie et celle de leurs proches au moment de la prise de la ville par l’Armée rouge (les hommes sont alors mobilisés ou cachés, par peur des représailles.) « Quand tout s’écroule, ce sont les femmes qui tiennent le coup », constate froidement la narratrice anonyme, qui n’hésite pas à détailler les humiliations, la violence et les viols de masse dont ses compatriotes sont l’objet.

Cela ne l’empêche pas de consigner les premiers témoignages de soldats russes faisant état des horreurs commises par l’armée allemande en URSS. Avec lucidité et beaucoup d’humour, elle narre aussi les petites et grandes lâchetés des vaincus (en particulier des hommes) et les accommodements auxquels tous sont contraints, témoin ces jeunes allemandes (dont elle fait partie) qui doivent se prostituer auprès des officiers russes pour obtenir une protection, ainsi qu’un peu de nourriture.

Mais au-delà de cette « guerre de bombes », ce que raconte ce livre c’est l’émergence de la parole des femmes, qui, pendant que les hommes restent terrés dans les caves, n’hésitent plus à s’emparer de sujets réputés masculins comme la sexualité ou la politique : "A la fin de cette guerre, prédit l’auteur, à côté des nombreuses défaites, il y aura la défaite des hommes en tant que sexe. "

Un témoignage poignant et une leçon de dignité. Un chef-d’œuvre !
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Une allemande raconte à travers son journal sur une courte période (20 avril jusqu'au 22 juin 1945)ce qu'elle vit quelques jours après la prise des russes de Berlin, à la fin de la seconde guerre mondiale. le rationnement, les bombardements quasi continus, la peur, et les agressions pour la plupart sexuelles des russes sur les femmes berlinoises.



Cette allemande a bien voulu faire publier ce journal mais à la condition de rester anonyme. La quatrième de couverture explique qu'on est censé comprendre pourquoi elle a voulu rester anonyme en lisant ce journal. J'avoue que cette phrase m'a laissé entendre que son rôle n'était pas tout blanc dans cette histoire. A moins que je me trompe, je trouve au contraire qu'elle a fait acte de courage, comme de nombreuses berlinoises de l'époque.



Il s'agit d'un fait qui a longtemps été tabou. Les allemands au sortir de la guerre ont voulu oublié ce qu'il s'est passé pendant cette guerre, en portant en eux comme un déni. Les dégâts qu'ils ont causés à travers le monde pouvaient difficilement faire passer le fait que les allemands ont aussi été en quelques sortes victimes de tout ça. Sortir de l'embrigadement du pouvoir en place a été comme un réveil brutal. Et la réalité était difficilement supportable.



Cette femme va donc nous raconter comment elle a dû s'enfermer dans une cave avec d'autres personnes pour éviter les bombes, mais aussi pour éviter les russes qui rapidement se sont cru tout permis, y compris violer de nombreuses femmes. Car il s'agit bien de ça qui est très lourd à vivre à travers ces lignes : les violences envers les femmes sont légion. Ils se servent d'elles, de manière si aléatoires en se rendant parfois bien compte du mal qu'il faisait. Certains parfois allaient jusqu'à « draguer » ces femmes pour se rendre moins coupables de leurs actes. A travers le chaos dehors, les queues interminables pour accéder à leurs rations alimentaires quotidiennes ou pour accéder seulement à l'eau, les bombes, les tirs, le manque d'hygiène, les femmes se retrouvent à subir ces agressions contre de la nourriture ou leur protection vis-à-vis des autres russes.



On vit tout ça de l'intérieur et certaines scènes sont plus marquantes que d'autres : les viols (notamment des viols collectifs parfois ou des viols sur enfants), les pillages de caserne de police dans laquelle la nourriture avait été stockée, les inhumations de personnes décédées en pleine rue, les assauts de familles sur un cheval tout juste mort pour se nourrir, …



Et puis on a une vision de ce que pensaient les allemands à l'issue de cette guerre. La femme qui a écrit ce journal nous raconte sa nouvelle vision des choses, notamment à l'égard des hommes pendant la guerre. Les femmes ne pouvaient pas prendre les armes, parce que la violence ne pouvait être portée que par l'homme. Mais la narratrice nous raconte combien elle trouve que la femme aussi fait partie de l'effort de guerre, vu ce qu'elles subissent.



Et puis il y a aussi des scènes qui nous en apprend beaucoup aussi sur ce que pensait les allemands : par exemple, pour se chauffer, la propagande nazie était utilisée, les livres qui avaient fait l'objet de censure sous Hitler devenaient des livres que les allemands voudraient lire bientôt, ..



Et puis aussi, la phrase répétée tout au long de la période où Hitler a détenu le pouvoir : « C'est au Führer que nous devons ça ». Cette phrase était répétée aussi après la guerre, mais dans une version très péjorative.



Ce livre a été traduit dans plusieurs langues et diffusé à travers plusieurs pays. L'Allemagne a été l'un des derniers pays où ce livre est paru. Il est loin d'avoir eu un accueil chaleureux. Plus tard, en 1968, les jeunes allemands se sont soulevés à l'instar des français, pour plus de liberté. Ce livre a été comme un symbole des violences qu'ont dû subir les femmes. Il est devenu un symbole du féminisme. En France, cette histoire a été mise en scène en 2010 avec Isabelle Carré tenant le premier rôle.

En bref, ce livre est passionnant de bout en bout. Il faut souvent avoir le coeur bien accroché mais cette femme arrive à avoir de la hauteur sur ce qu'elle endure pour nous raconter sa vision des choses et c'est très intéressant. A lire quand on a le moral.


Lien : https://letempsdelalecture.w..
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

J'ai beaucoup aimé ce livre qui nous raconte les difficultés au lendemain de la tombée du nazisme à Berlin et à l'arrivée des forces russes. Nous y découvrons le quotidien d'une jeune femme, les viols ayant lieu quotidiennement dans la ville, la peur, le froid, le désir de s'en sortir, le fait d'être du "mauvais côté" et la quête désespérée de nourriture. J'ai trouvé ce livre touchant et très intéressant, ce sujet étant un peu moins connu en littérature touchant la deuxième guerre mondiale. De plus, la narratrice nous parle de choses qui ont peut-être été un peu trop passées sous silence, il y a en effet un côté beaucoup plus obscur et honteux à cette grande armée, ded choses beaucoup moins glorieuses qui vont ternir un peu la victoire.
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Ce n'est pas de hans Magnus Enzensberger mais d'une anonyme qui n'a jamais révélé son nom, car ce livre au moment de sa parution aurait fait scandale. Republié plus tard, et enfin connu du lectorat, il dévoile les conditions abominables de l'occupation russe de Berlin , pour une femme seule qui doit sa survie en se faisant "protéger " par des officiers russes.
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Une témoignage rare du côté des vaincus... Une voix de femme libérée grace à l'anonymat avec 80 années d'avance. A lire absolument pour les amateurs d'histoire, de droits des femmes ou tout simplement de l'Humain.....................................
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Ca faisait longtemps que je souhaitais lire ce journal intime.

Mais en toute bonne foi, j'avais une appréhension. Je craignais un texte un peu glauque sur les successions de viols subis par ces femmes allemandes lors de l'avancée russe en 1945.



En fait le texte est passionnant. Certes des viols, il y en a, des violences également, la faim, les travaux forcés.... mais aussi les réflexions de l'auteure, ses remarques sarcastiques parfois, la description d'une maisonnée....



Ces viols ont touché la quasi totalité des berlinoises. Cette généralité a permis une forme de catharsis. Entre femmes elles en parlent car elles se savent toutes touchées (des plus jeunes, aux plus vieilles). Cette parole a du les aider.



Un texte fort, un joli style, des réflexions qui me hantent encore. Un texte sur les femmes et les hommes.

J'aurais pu le lire plus tôt.... et je l'ai conseillé à mon mari !



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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

C'est le Journal d'une femme dont on ne saura jamais le nom, ni même le prénom puisqu'elle a désiré rester anonyme, même au dela de sa mort . Elle le commence le 20 Avril 1945 "Le jour où Berlin vit pour la première fois la guerre dans les yeux" alors que l'arrivée des Russes dans un Berlin déjà très éprouvé par la guerre est imminente ; elle le terminera le 22 Juin de la même année quand les combats auront cessé, et que les alliés ayant effectué leur jonction s'apprêteront à se partager l'Allemagne et Berlin. Elle écrit tous les jours ou presque, dans son petit appartement en ruines ou dans la cave où elle se réfugie la nuit lors des bombardements. Elle écrit pour survivre, pour combattre sa peur, pour empêcher son esprit de basculer dans la folie. Elle note les événements noir sur blanc - même les plus horribles - . Elle les extériorise pour mieux prendre du recul, jusqu'à les banaliser. Comment continuer à vivre autrement ? Certains n'ont pas cette force de caractère et ce sont des familles entières que l'on retrouve mortes chez elles : victimes du poison ou pendues aux lustres de leur appartement....."Chez moi rien de semblable, sans doute parceque j'ai tout craché sur le papier" écrit l'auteure.



A travers cet écrit c'est un témoignage touchant et surtout direct sur la vie quotidienne des habitants de Berlin dans les derniers mois qui précédent sa capitulation : Les longues heures passées dans les caves durant les bombardements, où se cotoient les habitants d'un même quartier, toutes classes sociales confondues, l'arrivée des troupes russes, les viols, la faim omniprésente, la recherche de nourriture, les longues files d'attente devant les magasins -quelquefois pour rien , ou un morceau de beurre rance- et la pompe à eau, les cadavres des chevaux et des hommes....Les chevaux, on les dépèce à la hâte et chacun en emmène un morceau sous son manteau, les hommes on les enterre où on peut : dans les jardins, le long de la route, partout où on peut creuser. C'est une nouvelle manière de vivre - on pourrait dire de survivre - qui s'organise. Les rapports entre les gens changent, c'est souvent la peur qui commande mais il se crée aussi une vraie solidarité entre les femmes. Les viols sont devenus choses courantes : les femmes en parlent entre elles comme de choses banales et inévitables. Après les premières salutations d'usage lorsqu'elles se rencontrent, leurs premières paroles sont : "Et toi, combien de fois ?" . Pour éviter le pire, elles en viennent à marchander avec les soudards : elles donnent leur accord mais à condition qu'il n'y ait qu'un seul homme, ou se donnent à des officiers dans l'espoir d'être protégées d'autres agressions plus fréquentes et plus brutales. L'auteure s'interroge aussi sur le rôle des hommes en général : ceux qui ont précipité le pays dans cet enfer, ceux qui détournent les yeux lorsque leurs femmes se font violer, ceux qui se terrent et démissionnent, ceux qui se battent sur le front mais qui continuent de penser que tout va bien à l'arrière pour les leurs. Lorsque Gerd, le fiancé de l'auteure revient chez elle à la fin de la guerre, elle lui montre l'ébauche de son journal. Il lui demande :"Qu'est-ce que ça veut dire Schdg ?" Je dus rire : "Eh bien, mais Schandung évidemment : Viol" Il me regarda comme si j'étais folle et se tut.

Une femme à Berlin est un livre terrible mais l'auteure ne s'apitoye jamais sur elle même ni sur ses compagnons d'infortune : on sent que dans de tels moments, l'important c'est de garder la tête froide, de ne pas éparpiller son énergie car la survie en dépend. Elle ne juge pas, elle décrit, elle raconte sans pathos, avec même quelquefois une pointe d'humour et d'autodérision .Elle reste lucide sur ses propres attitudes, sur ses propres actes et à travers ses lignes on sent que ce Journal, comme un miroir, lui permet de prendre du recul sur tous ces événements.

Ce livre a été un véritable choc pour moi et un gros coup de coeur. A recommander à tous ceux qui s'interessent à cette période historique ou qui simplement aiment les témoignages.


Lien : http://lecturesdebrigt.canal..
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Aimant cette époque j'ai apprécié le point de vu d'une berlinoise en cette fin de guerre . Ce livre s'avère dérangeant moralement : l'horreur engendre l'horreur . On se trouve face a une inversion totale de point de vue et on voit qu'en temps de guerre la nature de lêtre humain , quelque soient ses convictions , ses croyances ... n'est pas aussi belle que l'on peut le croire . Livre vraiment touchant , même un de ceux qui ma le plus retourné sur cette époque .
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Un livre boulversant, d'une réalité crue.
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Une femme à Berlin. La jeune Berlinoise qui a rédigé ce journal, du 20 avril 1945- les soviétiques sont aux portes-jusqu'au 22 juin, à voulu rester anonyme, lors de la 1ère publication du livre en 1954, et après.

⏹J'ai vraiment aimé l'aspect journal intime, cet effort de retracer les événements de la journée. On plonge dans la chute du 3ème Reich, l'univers c'est Berlin sous les décombres avec les allés retour des russes dans les habitations, les viols des femmes. Certaines jeunes filles étaient cachées dans ses conditions très difficiles pour qu'elles ne soient approchées.

⏹Un récit immersif, les relations entre les femmes Berlinoises et les soldats soviétiques est au cœur de la lecture. Il y a eu viols, meurtres, pillages, mais aussi liaisons et amourettes. Parmi eux : des rustres, des barbares mais aussi des hommes protecteurs et empathiques. Il fallait parfois se dépatouiller, savoir dire non si c'était possible et acquiescer pour éviter le pire où être nourrie où protégée (si c'était possible) en échange. Cela a durer un temps, ensuite les soldats n'étaient plus autorisés à entrer dans les demeures allemandes comme bon leur semble.

⏹J'ai été fortement agacée par le comportement récurrent de la veuve amie de l'auteur, ayant eut un rapport avec un soldat de l'armée Rouge, qui ne cessait de vanter les propos du jeune homme, qui, après l'acte sexuel lui dit :" Femme ukrainienne (fait avec sa main le signe de zéro), toi comme ça:👌".

Je ne juge pas, mais mon agacement m'a fait grincer des dents à le lire autant de fois que cette femme l'a raconté à qui voulait l'entendre (et pas toujours), en riant...

Les femmes étaient livrées à elles mêmes et leur regard sur les hommes allemands à changé :" Ils nous font pitié, nous apparaissent faibles, misérables. Le monde nazi dominé par les hommes, glorifiant  l'homme fort, vacille-et avec lui le mythe de" l'Homme".
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

TW : Viols



Une femme à Berlin n'est pas une fiction. C'est le journal intime d'une journaliste berlinoise, tenu pendant l'occupation soviétique de la capitale allemande vers la fin de la guerre.



C'est le récit de la normalisation des viols quotidiens sur des dizaines de milliers de femmes. C'est une plume puissante qui réussit à être étrangement magnifique malgré les horreurs qu'elle raconte.



Certaines entrées du journal y sont inscrites quelques heures à peine après des événements traumatiques. Le journal devient, au fil de l'écriture, un mécanisme de défense. C'est aussi les réflexions et les dilemmes de l'autrice.



Comme les jours passent, elle cherche la protection des hauts gradés Russes qui défilent dans la ville. Parce que, se dit-elle, mieux vaut être violée à répétition, doucement, par un seul homme, que de l'être brutalement par tous les soldats qui passent. Et puis, se dit-elle, si elle sélectionne, parmi ses agresseurs, ceux qui la nourriront, devient-elle malgré elle une "vulgaire" prostituée? Ou serait-ce que, finalement, il n'y a rien de vulgaire à la prostitution, et que toutes les prostituées mériteraient d'être respectées et protégées?



Elle nous plonge aussi dans des réflexions qui sembleraient contemporaines sur l'état de la masculinité. La masculinité a-t-elle causé, ou est-elle causée par le fascisme? La masculinité peut-elle survivre à la chute du nazisme? Sera-t-elle irrémédiablement changée ou se chargera-t-elle, dans quelques décennies, de ramener Hitler comme elle l'a fait pour Napoléon?



Aoutch.



Une lecture bouleversante.
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Voici un récit terriblement réaliste de ce que fut la situation des survivants de Berlin dans les derniers jours de la guerre, juste avant et après la capitulation.



Le journal d'une jeune femme cultivée, prise au piège des pilonnages russes incessants, écrivant au jour le jour et comme elle peut sur divers supports ce qui lui arrive, à elle comme à la petite communauté qui tente de s'accrocher à la vie entre le 20 avril et le 22 juin 1945.



Bien entendu, j'ai déjà lu bien des ouvrages de fiction (les romans d'Harald Gilbers et Cay Rademacher entre autres) qui ont pour cadre les grandes villes allemandes sous l'apocalypse. Mais pas dans le détail ce qui arrivait aux femmes sous la férule de l‘Armée Rouge. C'est glaçant, objectif, presque détaché. On finit par comprendre que l'écriture de ces exactions constitue pour la narratrice une sorte de catharsis, une auto-psychothérapie. Un moyen de ne pas sombrer dans la folie, ou de se suicider, comme nombre de familles en ce temps d'écroulement de toutes les certitudes.



Publié pour la première fois en 1954 en anglais et sous forme anonyme, l'héroïne n'accepta que son témoignage ne fut réédité sous son nom qu'après sa mort. Ce livre fut un bestseller en 2003. Nous connaissons depuis son identité : Martha Hiller (1911 – 2001), journaliste polyglotte qui a étudié à la Sorbonne et parle russe, a voyagé dans le monde entier … mais nous ne savons rien de ses engagements politiques avant la défaite allemande et elle ne fait aucune allusion à la Shoah …



C'est une chronique de la survie quotidienne, dans le dénuement le plus total, avec la faim omniprésente, la terreur des bombardements soviétiques permanents, le travail de déblaiement à mains nues des décombres, la ville dénuée de tout : eau, énergie, immeubles éventrés, l'absence de toute information.



Mais le pire est à venir avec l'invasion des « Ivan », la soldatesque soviétique qui s'enivre, pille, fracasse, se venge de l'invasion allemande et surtout viole les femmes.



Jeunes ou vieilles, belles ou moches, toutes ou presque y passent, plusieurs fois. La description de ces assauts est affreuse. Et cependant, l'héroïne y survit et même se débrouille pour se trouver un officier russe qui la protège et apporte de quoi manger. On comprend que ces viols répétés constituent pour les milliers de victimes une expérience collective, tellement redoutée d'avance et qui, d'une certaine façon, finit par faire partie d'un contexte.



Ce qui n'empêche pas certaines femmes – apparemment pas la narratrice – d'en demeurer brisées à jamais et d'en garder des séquelles à vie.



On estime à deux millions les femmes violées par l'Armée Rouge en Allemagne dans les derniers jours de la guerre. Et nous savons que ce fléau constitue toujours une arme de terreur massive des armées dans les conflits actuels.



Cette jeune femme était de la génération de mes parents. Son récit fit scandale lors de sa première parution : il fut accusé de porter atteinte à la dignité des femmes allemandes.



Retravaillé ou pas, excellemment traduit, le texte se lit comme un thriller … Les horreurs de la guerre font toujours partie de la panoplie des belligérants. L'humanité n'a pas de quoi s'en vanter.
Lien : http://bigmammy.canalblog.co..
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Dans un immeuble de Berlin ravagé par les bombardements russes, une jeune femme tient son journal entre le 20 avril et le 22 juin 1945.

.Les bombes qui tombent aveuglement, les longues nuits dans les abris, l'arrivée des Russes, les viols, les pillages, les tickets de rationnement, la recherche de nourriture, l'ordinaire d'une ville bombardée puis occupée où les hommes détournent la tête quand leur femme ou leurs filles sont violées. L'auteure avance coûte que coûte et tourne la page quand elle veut oublier, elle cherche surtout à vivre et à manger, elle parle russe et parfois en profite, pas toujours. C'est une question de survie et qui lui jetterait la pierres. Qu'aurions nous fait dans la même situation ? Elle affiche un mélange de dignité, de cynisme et d'humour. Les Allemands n'étaient pas prêts à lire ce genre de témoignages. Les contemporains de l'auteure ont préféré oublier jusqu'à ce que leurs enfants leur demandent des comptes. "Elle observe froidement le comportement de ses compatriotes avant et après la chute du régime et inflige un cinglant camouflet à l'auto compassion et à l'amnésie de l'après-guerre. Il n'est donc pas étonnant que le livre n'ait rencontré que silence et hostilité. Ce n'est que dans les années 70' que les copies du texte ont recommencé à circuler".
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Le 20 avril 1945, l’auteur dont nous ignorons l’identité débute l’écriture d’un journal. Elle cessera d’écrire le 22 juin de la même année.

Le 20 avril, Berlin connaissait le summum de la guerre ; bombardements aériens américains et terrestres des orgues de Staline russes. Les troupes russes allaient envahir et prendre la ville détruite.

La plupart des hommes allemands étaient soit encore soldats, soit prisonniers, soit morts. Restaient dans la ville des gosses et des vieux déguisés en militaires et dans les caves des bâtiments en ruine des femmes, des enfants et des vieillards apeurés et affamés.

Et dès l’arrivée des troupes soviétiques, ce furent pillages et viols.

L’auteur sera violée, plusieurs fois, ainsi que toute femme allemande, les soldats s’installèrent dans leurs appartements qui leur servaient de « repos du guerrier ». Elle écrit pour elle-même, pour ne pas devenir folle, pour rester en vie et ne pas se suicider comme beaucoup. Pour se prémunir, elle banalisera ce qu’elle subit, aucune haine n’apparaît dans ce récit, elle raconte et rend témoignage du vécu.

Le 22 juin, le récit s’arrête, les combats cessent, la vie reprend lentement. Les survivants ont de vraies préoccupations : trouver de l’eau, de la nourriture, rechercher des connaissances, oublier.

Un document effroyable, d’autant plus effroyable que, face à ce qu’elle vit, à ce que toutes vivent, l’auteur reste calme, aucun débordement dans l’écriture, aucun cri, elle subit en silence.

Ces mots, elle les a écrits pour elle.

Ce livre ne parut en Allemand et selon sa volonté qu’à son décès, quarante ans plus tard.

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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

malheureusement je n'ai pas du tout accroché au livre. Thème vu et revu et encore revu. C'est clairement dommage. Une vraie déception pour moi. Je pense lire de moins en moins de livres sur ce thème car presque à chaque fois je suis vraiment déçue. Dommage.
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