Corto Maltese est un marin, avec un long passé d'aventurier. Et toute une vie en ballade sur la mer salée...
"Voyage (voyage). Et jamais ne revient
Au dessus des capitales. Des idées fatales
Regarde l'océan"
Anti-héros et poète, toujours à contre-courant des héros classiques, Corto revient. "Océan Noir"(la secte de fanatiques japonais) se situe au début du XXIème siècle, au moment des attentats du 11 septembre. (l'évènement est évoqué au cours du récit, mais sans lien avec l'histoire proprement dite).
Du Japon à l'Amérique du Sud, Corto va ainsi croiser un jeune pilleur de tombes, des narcos, Colin Powell et un agent de la CIA. Ainsi que Raspoutine son meilleur ami-ennemi, Raua, une jolie sorcière et Freya un "amour de jeunesse":
- "Pourquoi cherches tu toujours des choses qui n'existent pas? Tu vas me quitter, n'est ce pas? Soupire Freya la rousse.
"Voyage, voyage, plus loin que la nuit et le jour
Voyage voyage. Dans l'espace inouï de l'amour
Voyage, voyage, et jamais ne revient..." Desireless.
"...Une pierre extraordinaire, car elle était aussi grosse qu'une tête d'homme. de couleur blafarde et toute semée de trous grands et petits par où sortaient des pointes d'or. Les indiens l'appelaient HUACA,"
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Un héros bien ancien qui réapparaît une trentaine d'années après le dernier album.
J'aime beaucoup le visage de Corto et ses différentes expressions. Les traits des filles m'ont paru aussi très réussis, évocateurs d'action ou de nonchalance, souvent de réflexion.
Pour l'histoire, c'est du classique avec les pirates, la recherche d'un trésor au Pérou, en passant par le Japon. Beaucoup de planches sans légende ce que j'aime toujours, encore que quelques-unes auraient été nécessaires à la fin pour mieux la comprendre.
Dans l'ensemble, un petit divertissement sympa.
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C'était un sacré défi que de reprendre le personnage mythique de Corto Maltese dont les aventures ont bercé l'enfance de nos grand-pères. Il fallait le dépoussiérer pour le rendre crédible.
J'avoue que je n'ai pas trop aimé cette poésie forcée pour coller à l'ancienne version avec les silences de cases qui en disent long. Cela fait un peu pièce rapportée. Mais bon, dans l'ensemble, ce n'est pas trop mal. Il faut dire que le personnage commençait un peu à être oublié, la dernière aventure étant parue en 1992 soit il y a déjà près de 30 ans.
On savait que ce personnage évoluait dans un monde du début des années 1900 jusqu'en 1936 où il a disparu pendant la guerre d'Espagne. Le voilà plongé au beau milieu des années 2000 et plus précisément en 2001 avec les attentats du World Trade Center qui seront évoqués.
A noter qu'il a toujours sa boucle d'oreille ce qui est d'ailleurs revenu à la mode chez les garçons. Bref, il a traversé le temps, les révolutions et les guerres pour nous revenir plus aventurier que jamais à la recherche du trésor des Incas sur fonds de trafic nippon.
Ce titre renoue avec l'envie de voyager, du rêve et un peu de poésie. On retrouve avec un certain plaisir ce personnage si emblématique de la mer. On plongera avec lui dans cet océan noir (en tous les cas, pour ceux qui veulent).
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Un gendarme dauphinois, qui vient de perdre son père, va se prendre d’affection pour un peintre dont la femme a été tuée dans un attentat à Paris. Il a loué une maison avec sa fille pour plusieurs mois. Un graphisme en noir et blanc simple et efficace qui met à l’honneur les beautés de la région grenobloise. Le scénario n’est pas toujours facile à comprendre.
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Bastien Vivès reprend le personnage de Corto Maltese. J’avoue que j’étais assez sceptique, autant j’apprécie son style graphique, autant j’ai du mal avec son usage de la provocation, quand j’ai su qu’il avait placé l’histoire au début du XXIe siècle (La première aventure, “Balade en mer salée” se déroule pendant la première guerre mondiale), j’étais très méfiant. Martin Quenehen aussi dans la provocation, est un peu plus subtil (14 juillet). Mais devant les critiques élogieuses, j’ai voulu satisfaire ma curiosité.
Le résultat est plutôt enthousiasmant. Le rythme est un peu lent, le personnage reste détaché et nonchalant, pourtant l’action est prenante, c’est de la grande aventure. Les auteurs ont réussi à s’attacher au style de Pratt, non pas en le copiant, mais en restituant l’ambiance et le ton, avec leur propre style, et là, je dis bravo. Ce n’est pas du Hugo Pratt, mais c’est bien Corto Maltese, romantique, bohême et aventurier, qui nous fait voyager à travers le monde, pas toujours très clair dans ses intentions, mais toujours fidèle à ses valeurs.
Pari risqué, pari réussi.
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Bon, je le reconnais, j'étais prêt à sortir la kalachnikov et le bazooka pour cette note, après avoir entendu une chronique-télé m'informant que cette nouvelle aventure de mon héros se déroulait en 2001 !?! (Hérésie !! moins 5* (je vous rappelle (mais sans doute l'ignoriez-vous) que Corto est né en Juillet 1887 (Corto n'est pas Spirou, pas plus qu'Astérix (que j'aime beaucoup par ailleurs), ni Blake ou Mortimer, ni les schtroumpfs ...)).
Et puis, j'ai craqué, j'ai acheté cet album Casterman (aujourd'hui ce sont les éditeurs-rois qui font leur business et leur marketing).
D'accord, je reconnais que le scénario « tient la route », qu'il respecte certains fondamentaux du roman d'Aventure. Qu'il rend Hommage à l'esprit d'Hugo Pratt et de Corto (Chasse au « Trésor » s'inscrivant dans le réel et l'Histoire, mais aussi la fiction et le rêve, la présence de femmes de caractère, l'amour illusoire mais romantique. L'ironie. le Voyage. Et Raspoutine (l'âme damnée mais si Don Quichottesque !) ... etc.).
Le dessin m'a laissé plus septique ; Qu'est-ce que je déteste lorsque B. Vivès ne dessine pas les yeux de ses personnages (il dessine à la tablette ou quoi !! moins 2*) ! Mais je reconnais qu'il a le sens de la narration dessinée et qu'il donne une vision plus actuelle (je ne dis pas moderne, je n'aime pas ce mot) à Corto. Si Casterman essaie de trouver de nouveaux lecteurs, plus jeunes, alors pourquoi pas ? Quant à moi, je leur conseille plutôt : La maison dorée de Samarkand, Corto en Sibérie ou n'importe quel autre album signé Hugo Pratt.
Voilà, cette histoire vaut pour moi 3* (suis-je trop gentil ?). Mais En Aucun Cas c'est une Aventure de Corto Maltese, d'ailleurs Casterman n'a pas osé la tomaison 16 (les tomes 13, 14 et 15 par Canales et Pellejero étaient passablement acceptables). C'est un hommage plutôt honorable, une interprétation convenable et personnelle, un clin d'oeil au maestro qu'était Hugo Pratt. le héros de cet album aurait dû s'appeler autrement ; Arto Balèse ou Malo Cortèse par exemple. Parce que là ça fait tâche.
Allez, salut.
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Je dois avouer que si on ne me l'avait pas offert, je n'aurais sans doute jamais lu, ni même ouvert "Océan Noir" pour tout un tas de raisons très subjectives telle que la douleur de voir d'autres noms que celui de Hugo Pratt sur la couverture d'un Corto Maltese ou la violence de voir mon marin préféré croqué par un autre.
Oui, j'ai tout d'une fanatique, je sais, mais j'assume cet intégrisme-là. Je suis de ces lectrices qui quand elles aiment une œuvre, un auteur, un personnage les aiment à la déraison et ont bien du mal avec les réappropriations, les résurrections.
Et Corto Maltese, c'est peu dire que je l'aime depuis notre rencontre. Lui et sa noblesse désinvolte, sa soif de liberté et de poésie, ses voyages et son romantisme tout littéraire. Corto Maltese rebelle et bohème, amoureux de la mer et des histoires, Corto Maltese arpenteur de légendes et chasseurs de chimères. Corto Maltese si peu fait pour ce monde qu'il parcourt inlassablement à la recherche d'on ne sait quoi et qui y trouve des aventures de brumes et de sel, de rencontres et de sang.
Corto Maltese qui m'a donné le gout des voyages et de la poésie, de la contemplation et des nuées, marin de mon cœur dont je suis sérieusement amourachée. Et Hugo Pratt. Aimer Hugo Pratt ainsi que me l'appris mon père qui l'adorait et qui m'a légué cet amour là, "La Ballade de la Mer Salé" et "Les Celtiques".
Alors non vraiment, un "Corto Maltese" estampillé Martin Quenehen et Bastien Vivès, malgré tout le respect et l'admiration que je porte à leur œuvre, ça ne me disait vraiment rien... Et Corto Maltese sur la couverture, si peu lui-même...
Oui mais voilà, "Océan Noir " est un cadeau offert par l'un des mes être humains préférés au monde… Alors, j'ai plongé, bien obligée. Au pire, je me noierai si le voyage est trop affreux et je ferai couler les auteurs avec moi.
Passé le choc d'apprendre que l'intrigue se déroule en 2001 (hérésie!) et mes envies d'autodafé, je me suis laissée emmener et… en terme d'intrigue, cela aurait pu être mieux, mais cela aurait aussi pu être pire… C'est classique et Corto vogue et vague du Japon au Pérou, dans un de ces contextes troubles qui lui vont si bien. Ne serait-ce la fin, le téléphone et la mention des attentats du 11 septembre (qui n'apporte pas grand chose, il faut bien en convenir!) on oublierait presque cette transposition temporelle. Quant aux dessins, s'ils n'ont pas la beauté hypnotique et envoutante de ceux de Hugo Pratt, ils sont plutôt jolis, voire beaux et j'ai apprécié qu'ils ne tâchent pas de copier bêtement le style du maître mais d'en restituer à leur manière, avec leur singularité, l'ambiance et le ton. De ce point de vue là, c'est un pari réussi et pas des moindres.
En revanche, il m'a cruellement manqué la poésie dans cet album. Cette grâce, cette poésie indissociable de Corto Maltese et de ses errances n'a de place nulle part dans "Océan Noir"... Rien que pour cela, j'ai failli succomber au chant des sirènes et de la noyade. Où sont la beauté fragile, le temps suspendu, l'envoutement des mots et des silences et des cases noires et blanches, muettes mais pourtant si volubiles?
A la poésie pure de Pratt se sont substituées des silences forcés, poussifs... Mélodies plaquées pour faire comme si.
Le pari était risqué, il n'est pas tout à fait raté. Moi je retourne en Mer Salée.
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Passé le choc initial, quand j'ai appris que l'histoire se déroulait en 2001, je me suis dit, pourquoi pas après tout ? Du moment que Corto peut s'épanouir dans un contexte trouble et jouer avec les frontières. J'ai lu quelque part que les auteurs souhaitaient ainsi interroger l'exotisme à l'ère des télécommunications ; chouette, un point intéressant. Sauf que cette BD n'interroge rien du tout. On se demande même à quoi sert le 11/09, si ce n'est permettre à Corto de s'esquiver.
Durant toute ma lecture, j'ai eu un sentiment de manque : manque de symboles, manque de bizarreries du genre 34 Décembre et papillon Aurelia, bref manque de mystère, et surtout... manque de dialogues ! (quand dans les vrais Corto, tant de choses se passent dans et par la parole). Et c'est dommage, car quand Corto parle, je le trouve convaincant, notamment dans le passage en cellule avec Caracol. Un des points forts de cette BD c'est la justesse du personnage, avec son flegme, son ironie et sa curiosité de gosse.
Pour le reste, je ne suis pas convaincue. Trop d'action, pas assez de creux à investir. C'est curieux car les silences ne manquent pourtant pas, mais au lieu de ralentir le rythme, ils l'accélèrent, les dessins n'invitant pas spécialement à la contemplation (même si le style de Vivès ne me déplait pas).
Bref, comme les autres reprises de Corto, le principal mérite d'Océan noir est de faire ressortir les qualités de l'oeuvre originale.
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Bon soyons clair ! Si j’ai lu ce bouquin c’est pour me faire une opinion sur l’association de ses deux auteurs, car j’ai appris qu’ils vont dessiner et scénariser la prochaine aventure de Corto Maltese qui sortira le 1er septembre 2021.
De Bastien Vivès je n’ai lu que Le Goût du Chlore, bonne petite B.D. dont les 2 principales qualités (si je me souviens bien, car il y a quelques années que je l’ai lu) était l’aspect elliptique du scénario (genre Éric Rohmer) et les couleurs ; genres 50 nuances de bleu-vert. Dans celui-ci, le scénario est assez lapidaire aussi (Le portrait d’un jeune gendarme ambitieux pendant une période anxiogène de risque terroriste) et la tonalité d’un monochrome gris (à part la couverture que je trouve passablement moche). Alors, comment extrapoler ce travail sur une aventure de Corto ? Le dessin ne m’a pas convaincu ; Des personnages sans yeux notamment ! Mais je reconnais que B. Vivès a le sens de la narration dessinée, les enchaînements et le rythme, les cadrages également. Son travail sur les ombres et la lumière est aussi intéressant. Et surtout j’ai lu quelque-part qu’il comptait « hausser son niveau » pour s’adapter à celui d’Hugo Pratt. Quant au scénario ; difficile d’imaginer, étant donné les époques différentes des histoires. Par contre le portrait psychologique, fin et nuancé, complexe, du gendarme, laisse augurer le même travail sur le personnage déjà bien ancré (et bien encré ;-) de Corto.
Avec plus ou moins de réussite à mon sens*, Casterman avait relancé en 2015 la série des aventures de Corto avec le dessinateur Rubén Pellejero et le scénariste Juan Diaz Canales. J’espère que ce nouveau duo réussira à m’étonner et à m’enthousiasmer, mais je sais que la tâche ne sera pas facile. Je patiente donc jusqu’au mois de septembre pour en savoir plus. En attendant, bonnes vacances à tous. Allez, salut.
N.B. : *
https://www.babelio.com/livres/Diaz-Canales-Corto-Maltese-tome-13--Sous-le-soleil-de-minuit/778319/critiques/893034
https://www.babelio.com/livres/Diaz-Canales-Corto-Maltese-tome-14--Equatoria/969175/critiques/1434311
https://www.babelio.com/livres/Diaz-Canales-Corto-Maltese-tome-15--Le-Jour-de-Tarowean/1184682/critiques/2064212
P.S. : Si je publie cette note le 14 juillet c’est juste que j’aime les heureuses coïncidences et que je suis joueur ☺.
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La silhouette de Corto Maltese fait partie des images de ma jeunesse et pourtant je ne connais pas vraiment le héros de Hugo Pratt.
Avec "Corto Maltese Océan noir" j'ai pu lire une aventure du beau pirate dans une version récente adaptée par Martin Quenehen et dessinée par Bastien Vivès.
On connait vite son CV : Corto né à la Valette, résidant à Antigua, ex-officier de la Marine marchande. Comme il n'aime pas les uniformes, il a préféré être pirate mais son grand cœur l'empêche de cautionner des meurtres, pour de l'argent précise-t-il. Il va donc sauver le Docteur Fukuda qui ne vivra pas longtemps mais qui détient un livre sur un trésor, une tête d'or qui se trouve au Pérou. Oui mais voilà, le vieil homme faisait partie d'une secte ultranationaliste appelée Océan noir d'où le titre de la bande dessinée.
Le marin va se rendre sur place alors qu'il est traqué en ce mois de septembre 2001 où l'actualité est tournée vers les Etats-Unis. Au Pérou, il croisera le chemin du jeune Gerson le pilleur de tombes, de Raua l'indienne descendante de la princesse Capac Mallquima, de Raspoutine le trafiquant de coke mais aussi des Cosmic systers les féministes psychédéliques, sans compter Freya la belle reporter avec qui il vit de beaux moments d'amour, quand il est là. Car il a la bougeotte cet aventurier romantique.
J'aime surtout les dessins car si le personnage de Corto Maltese est attachant, l'intrigue n'a rien de surprenant ni d'originale.
Challenge Riquiqui 2022
Challenge ABC 2021-2022
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Un trait précis et brut à la fois, comme une prise de note minimaliste, avec des aplats de gris, cela crée une ambiance assez glaçante et s’accorde avec cette histoire. Le récit est très ambigu, c’en est d’ailleurs tout l’attrait. On suit la vie d’un gendarme du Vercors, Jimmy, une histoire assez ordinaire, jusqu’au jours où il rencontre un veuf accompagné de sa fille et qui a perdu sa femme dans un attentat islamiste. Il va vouloir s’ingérer dans l’histoire de cette famille. Toute la psychologie des personnages se base sur les apparences, le gendarme essaye de bien faire son travail, les réactions des uns et des autres paraissent logiques, mais le résultat, les interprétations sont faussées et la machine se lance malgré eux. Il ne faudrait pas y voir une apologie d’extrême droite, ce n’est pas le sujet, l’histoire ne fait que dérouler les faits, et c’est justement les faits et surtout pas les idées qui déclenchent ces évènements. C’est avant tout une histoire qui suit une logique dans laquelle les protagonistes n’y peuvent pas grand chose, d’où la froideur du ton et la lourdeur de l’atmosphère. Le sujet, c’est le poids des actes et l’impossibilité de maîtriser leurs conséquences. L’écho qu’ils provoquent dans les médias sont faux et n’ont rien à voir avec la réalité et la notion de héros n’est qu’une image destinée à un public. Alors, Jimmy est-il un héros ou pas ? Cela reste à la libre interprétation du lecteur. On est toujours un peu mal à l’aise, les auteurs ne ménagent pas le lecteur et l’impression finale est forte, La démonstration est réussie.
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Une histoire de Corto Maltese qui se déroule en 2001 ?! Bah, passée la surprise initiale, pourquoi pas après tout... je ne vais jouer les intégristes, je ne suis pas non plus un fan inconditionnel du plus célèbre pirate de la BD...
Voici un album qui se lit sans déplaisir, avec ce qu'il faut d'aventures et de rebondissements. Pour autant, pas de quoi sauter au plafond non plus... une chose m'a gênée dans le dessin, les personnages sans yeux. Cela arrive à plusieurs reprises, et c'est bizarre, voire gênant... quant à Corto Maltese, on en découvre ici une version rajeunie, imberbe. Bon, là non plus, je ne suis pas trop convaincu...
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Corto Maltese réinventé par Quenehen et Vives.
C'est la mode des réécritures de héros anciens et les auteurs placent notre marin dans un contexte actuel, 2001 pour être précise. Corto Maltese se lance dans une chasse au trésor en Amerique du sud dans que l'Amérique subit son plus terrible attentat.
On retrouve dans cette BD les voyages et l'aventure. On est embarqué sur les mers jusqu'aux montagnes, du Japon au Perou en finissant par l'Espagne. En cela, cette BD est plaisante à lire et tissent des liens avec les récits d'Hugo Pratt.
Le rythme est soutenu et, si le début et la fin sont bien amenées, le milieu de l'histoire est plus haché. Ca manque souvent d'approfondissement et les ellipses laissent souvent un goût d'inachevé dommageable.
Le style épuré de Vives ne deparaille pas dans l'univers de Corto Maltese et le héros est facilement reconnaissable malgré don style vestimentaire plus actuel. Mais il y a toujours certains points de son graphisme qui me chiffonne, affaire de goût sûrement... Mais des fois à trop épurer perd en expressivité. Je n'aime pas ces visages sans yeux ou bouche... Niveau colorisation je ne l'ai pas trouvé très réussie. Il n'y a pas de jeu d'ombre dans le noir et blanc, les personnages sont quasiment tous en aplats gris foncé, peu d'arrières plans.
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Notre héros est un jeune policier qui met des amendes et qui croit qu'il peut y avoir des attentats islamiste sur des petits marchés au beau milieu d'un village de montagne. Certes, les terroristes peuvent frapper partout mais bon, ce n'est pas franchement un lieu privilégié pour ce genre d'acte.
Il va être au cœur d'une histoire assez insolite pour empêcher un attentat par un vieil homme qui a perdu son épouse lors d'un tragique attentat dans un magasin de bricolage. C'est vrai qu'on frise un peu la paranoïa dans un climat de suspicion et de haine. Mais soit, acceptons le postulat.
Rien n'est véritablement crédible dans toutes ces déambulations mais on arrive quand même à suivre ce récit jusqu'au bout. La conclusion m'a paru un peu étrange et pas très abouti. C'est presque un non-sens.
Pour le reste, nul doute qu'il y a un belle mise en scène signée par Bastien Vivès qui ne signera pas là son plus beau succès. La lecture demeure agréable mais c'est tout.
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Vives nous a habitué à des œuvres dérangeantes, mais si jusque là c'est plutôt son rapport à la sexualité qui posait question (Une Soeur ou le Chemisier) c'est cette fois ses opinions politiques.
Suivre et heroïser un flic, pourquoi pas, un flic paranoïaque dégoulinant de préjugés, ça reste raccord, mais un flic qui pour combattre le terrorisme islamique encourage en sous texte le terrorisme de représailles? Qui agit perpétuellement en dehors du cadre légal? Qui se balade armé d'un fusil qui n'est pas une arme de service?
Une œuvre à la gloire de forces de l'ordre en roues libres, qui veut nous faire admirer des comportements irresponsables. Cette BD m'a profondément énervé, en ça c'est sans doute une réussite.
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Bastien Vivès est un dessinateur talentueux capable selon les albums de finesse, de bouillonnants crayonnages au pastel gras ou de grands aplats noirs, sombres ou colorés dans des teintes froides ou avec de larges dégradés de gris - c'est le cas ici – ce qui confère à son dessin un énorme potentiel évocateur.
Les points forts se situent dans les attitudes des personnages, cette capacité à montrer leurs émotions et les tensions sous-tendues et à savoir user de la suggestion ou de la dissimulation pour mieux dévoiler.
L'action se passe et dans les environs de Grenoble. On reconnait ici la Chartreuse, là le Vercors, avec en toile de fond le Mont-Aiguille et la grande chaîne de Belledonne. On retrouve quelques bourgades locales et certains quartiers de la Villeneuve qui, pour les non-initiés, sont les quartiers Est de Grenoble.
Jimmy Girard est un jeune gendarme performant et ambitieux terrassé par le décès de son père récemment disparu. Il se sent responsable de sa mort et se dit que s'il avait été plus présent, peut-être aurait-il pu… Mais maintenant, il aimerait prendre sa revanche, montrer de quoi il est capable...
Stéphanie est une jeune gendarmette efficace et équilibrée, possédant une bonne psychologie et d'excellents réflexes… mais elle n'a d'yeux que pour le beau Jimmy bien trop perturbé pour s'en rendre compte. Tant pis pour lui !
Deux autres personnages majeurs hantent les environs ; Vincent Louyot, artiste peintre paumé et déséquilibré, qui fut reconnu en son temps avant de retomber dans un certain oubli. Il est accablé et surtout émotionnellement dérangé par la mort de sa femme décédée dans un attentat à Paris. Sous son air de chien battu, une haine féroce couve en lui.
Et puis, il y Lisa Louyot, sa fille encore mineure qui cherche à se faire remarquer par tous les moyens au point de faire surgir le tonnerre en plein été.
Quelques mauvaises pistes, de bonnes psychologies de personnages, des thèmes clivant autour de la délinquance des mineurs, de la pérégrination des gens du voyage, de l'extrémisme politique ou religieux, des haines vivaces ou la violence dans les quartiers défavorisés pour au final un excellent polar graphique à la sauce Dauphinoise.
QUATORZE JUILLET est donc un album étonnant.
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L'efficacité du dessin de Bastien Vivès au service d'une histoire ambigüe, dérangeante à l'atmosphère poisseuse comme une journée d'été avant l'orage.
Jimmy est un jeune gendarme chevronné. Il vient de perdre son père et travaille tous les soirs à son concours pour devenir officier. C'est l'été dans le Vercors qui voit arriver les touristes parisiens venus se mettre au vert. Lors d'un contrôle autoroutier le jeune gendarme rencontre Vincent, peintre, et sa fille Lisa, belle adolescente à la moue bêcheuse. La tension monte, les sentiments sont confus. La recherche d'une filiation, le désir, la perte, le courage et cette envie d'être un héros en plein risque attentat, Jimmy glisse sur la pente de ses valeurs et ses décisions s'en ressentent. Le lecteur nage en plein trouble et passe de cases en cases dans les nuances lavis de ce roman graphique.
Une lecture addictive, très fluide avec une belle claque à la fin.
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Vivès nous a habitué à des BD très border line, d'habitude davantage sur la thématique de la sexualité, cette fois sur le terrorisme. En s'inspirant d'un thème marquant et anxiogène pour la société contemporaine, il nous livre ici un thriller avec, dans le premier rôle, un jeune policier. J'ai apprécié le dessin, simple et reconnaissable de l'auteur... Mais je n'ai pas du tout été réceptive à l'histoire elle-même. Les messages véhiculés posent question (incitation au port d'arme, à la vengeance, à la stigmatisation) et m'ont profondément dérangés. La fin, très ouverte, interroge également. Je ne sais que retenir de cette lecture et reste très dubitative...
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