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Critiques de Martine Gasnier (23)
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Les Réprouvés

Un roman crépusculaire et lumineux à la fois.

Crépusculaire parce qu’il raconte l’histoire d’une cité du moyen-âge confrontée à une épidémie de peste. Une progression graduelle dans l’horreur. Ces gens claquemurés chez eux, cherchant sans y parvenir à fuir la promiscuité ; la faucheuse qui emporte, sans discernement, le vieil ami, le père ou la petite fille ; ces croix peintes sur les portes des maisons pour indiquer la présence de pestiférés ; les « ensevelisseurs » et leur monceau de cadavres transportés sur des charrettes ; la peste vécue comme un châtiment du ciel et cette recherche désespérée de la rédemption ; le long et terrible cortège des flagellants en quête de rachat des péchés ; le juif, l’étranger, ces « semeurs de peste », boucs-émissaires d’une foule qui cherche un coupable…

Lumineux parce que dans cette période épouvantable et incertaine, où la haine et la peur gouvernent les hommes, Matthieu le chrétien et Myriam la juive vont s’aimer et braver tous les interdits, toutes les rancœurs. Et ils le feront avec calme, sérénité, voire avec mansuétude. Protégés par Bertrand, leur Ange Gardien, ils continueront, vaille que vaille, leur existence radieuse en ignorant superbement la malveillance et l'hostilité ; jusqu’à ce que Myriam, qui a vu toute sa famille massacrée par une foule enragée par le ressentiment et la vengeance, ne décide de retrouver son destin de réprouvée.

Ce récit est une dénonciation implacable de toutes les haines et de tous les obscurantismes. Il nous montre par quels mécanismes tortueux et pervers une foule terrorisée par quelque chose qui la dépasse parvient à montrer du doigt un coupable.

Les premières pages m’ont surpris. Le style très académique de l’autrice ne collait pas à la violence de l’épidémie qui emportait tout avec elle, à la souffrance et à la peur des habitants de cette cité sans nom. Il manquait de l’extravagance, de la folie furieuse, me semblait-il… Finalement, en achevant la lecture de ce livre, j’ai trouvé que ce style calme et posé a valorisé l’amour de nos deux héros et leur volonté inébranlable.

Un beau roman, et mille remerciements à Babélio et aux éditons Zinedi (que je ne connaissais pas) pour m’avoir fait découvrir Martine Gasnier.

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L'affaire Julie Clain



L'auteure, Martine Gasnier, est une historienne d'un genre bien spécifique : l'histoire du droit. Une spécialité dans laquelle elle a obtenu un doctorat d'université. Elle dispose donc d'un avantage incontestable pour approfondir un vieux dossier juridique. Un autre solide atout réside dans le fait que l'auteure et son héroïne sont originaires de la même région, l'impénétrable Normandie. Martine Gasnier est née à Chambois, Julie Clain a vécu à Bazoche- sur-Hoëme, à 36 kilomètres d'Alençon ; deux endroits dans le département de l'Orne.



Ces 2 qualités compensent largement le fait que le roman de Julie Clain, fût, en 2018, son premier ouvrage. Son second "Itinéraire d'un révolté" vient par ailleurs de sortir chez les Éditions Zinédi le mois dernier (19-9-2019).



Sûrement que Henri Leclerc a dû se faire des considérations similaires, car c'est lui, ce grand avocat pénaliste et ancien président de la Ligue française des droits de l'homme (1995-2000), qui a fait l'honneur à l'auteure d'assurer la préface de son ouvrage. Il a écrit lui-même un ouvrage remarquable "La parole et l'action : Mémoires d'un avocat militant", paru il y a 2 ans.



Julie Clain, née en 1833, avait 26 ans en 1859, et était paysanne et "elle appartenait donc à une engeance capable de tout", y compris l'infanticide. C'est ainsi que les gens de bien, comme le juge d'instruction Louis Quesmot, considéraient ce crime, comme "le fait d'une sous-humanité dont la sensibilité n'égalait pas celle des primates".

Que la dénonciatrice, Euphrasie Lavigne, ayant le même âge que Julie, soit l'idiote du village de Bazoche n'y changeait strictement rien. Le brave homme n'avait-il pas toujours eu à l'égard du crime d'infanticide "une répugnance qui le privait d'objectivité" ?



Martine Gasnier analyse d'un oeil vif et sans pitié la mentalité primitive et également sans pitié qui ont conduit une simple fermière en taule. Un univers caractérisé par l'intolérance, l'arbitraire et une misogynie guère imaginable. L'infanticide, comme l'avortement, "relevait de la monstruosité féminine". Il est vrai qu'à Bazoche-sur-Hoëme il ne se passe pas grand-chose et les soirs sont longs, surtout en hiver. Au Café du Nord, tout comme dans les arrières-cuisines des exploitations agricoles, les langues vipérines se donnaient à coeur joie contre ces filles devenues criminelles pour échapper à l'opprobre jeté sur les filles-mères.



À part sa mère Françoise, une femme fort respectée pour sa façon exemplaire, comme veuve, de gérer seule sa ferme "La Motte", avec qui Julie bénéficiait d'un pacte solide face à l'hostilité du bourg et où le journaliste local, Clément Forestier, était un des très rares à aller à l'encontre des rumeurs destructrices.



Même l'honorable abbé Létard, curé paroissial presque caricatural, y mettait du sien en essayant de lui faire avouer le péché de la chair, qui aurait conduit notre Julie fatalement à l'autre abomination.



Mais qui était Julie Clain et qu'avait elle bien pu faire pour être punie de la sorte ?



Julie était avant tout une jeune femme qui trimait et bossait dur du matin à l'aube jusqu'au coucher du soleil dans la ferme. Ses rares moments de loisirs étaient consacrés à la lecture de romans populaires. C'est grâce au colporteur Julien qu'elle obtenait sa littérature, ce qui en faisait pour elle "une sorte de magicien qui l'arrachait à sa réalité paysanne". Et comme Julie n'était pas mal de sa personne, il y eut une "love story" de campagne normande. Mais comme elle n'était pas non plus une beauté irrésistible du genre Silvana Mangano dans le film néoréaliste italien "Riz amer" (de 1950) et que Julien était plutôt volage, Julie souffrait bientôt la désillusion sentimentale de sa vie.



Pour augmenter son inconfort, il était question qu'elle épouse l'horrible Edmond Blais, 35 et "un remède contre l'amour" comme on dit chez nous. L' Edmond était riche, mais pour le reste moche, bossu, chauve, aux "yeux porcins et lèvres quasi inexistantes". En plus, son esprit manquait de clarté et "lorsqu'il s'exprimait, un galimatias sortait de sa bouche, empiré par un bégaiement... "



D'abord "à voix basse et au conditionnel" les charmants villageois s'interrogèrent pourquoi il n'y eut pas de mariage (et de grosse fête, naturellement) et commencèrent à répandre des hypothèses. C'est ainsi que finalement le bruit circulait que, le 31 août 1860, Julie avait commis un infanticide.



Pour Julie Clain, qui n'avait péché que par amour, suivait le cycle infernal des perquisitions, interrogations, accusations, arrestation, prison et procès. Je n'en dirai pas plus pour ne pas gâcher votre plaisir de lecture, sauf que notre jeune victime avait un excellent avocat pour sa défense dans la personne de Maître Léon de la Sicotière (1812-1895).



Récemment cependant, une étude glaçante par l'IGAS - l'Inspection générale des affaires sociales - a révélé "qu'en France, un enfant est tué par l'un de ses parents tous les cinq jours en moyenne. Et les chiffres ne diminuent pas au fil des années". Source : France Inter du 26 avril dernier.



Malheureusement, le sujet de cet ouvrage reste donc d'actualité et j'estime que Martine Gasnier a réalisé du bon travail en approfondissant une cause célèbre avec verve et conviction.



Pour finir, je tiens à remercier explicitement Madame Fabienne Germain des Éditions Zinédi pour sa grande expertise et générosité.

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Les Réprouvés

Une ville au moyen âge.

La famille Lenain est une famille prospère mais quand la peste arrive dans la ville, le père, marchand d'épices respecté, fuit avec sa femme et ses deux enfants ne laissant, pour garder la boutique, que son fils, Matthieu, issu d'un premier lit ainsi qu'Abraham, l'ami, aimé comme un père.

La peste, ce fléau, n'engendrera que malheur et désolation.

Matthieu, Miriam sa compagne ne seront pas épargnés, bien au-delà de ce qui est, humainement, supportable.



J'ai énormément apprécié ce livre, cette histoire et la façon qu'a l'autrice de la raconter. J'ai été, entièrement happé tant et si bien qu'il m'a été impossible de lâcher le livre avant de l'avoir terminé.

Il a été lu d'une traite. Mme Gasnier écrit dans un tourbillon où le lecteur, moi, est entraîné, avec bonheur tant l'histoire et ses rebondissements sont percutants. Il se passe quelque chose à chaque chapitre et, si, ce n'est pas ou peu agréable il ne peut en être autrement.

La comédie humaine faite de repères, faux et lâches, menés par des dogmes transmis par des faux prophètes ne peut qu'ajouter du malheur au malheur et s'il faut un coupable au moindre écueil c'est toujours sur le faible que rebondit la faute et que l'on cherche un salut improbable.

La montée en puissance de (des) haine(s) est terriblement et efficacement ici décrite jusqu'à une fin que le lecteur n'espérait pas. Mais pouvez-il y en avoir une autre?

Mais cette histoire d'amour vécue par Matthieu le chrétien et Miriam la juive, tragique et si belle nous est contée de belle façon dans une langue irréprochable d'une prosodie aiguisée et aux mots choisis.

Je recommande cette lecture.

Merci à Babelio de m'avoir choisi pour cette Masse Critique et aux éditions Zinédi de m'avoir fait parvenir ce livre.


Lien : https://www.babelio.com/livr..
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L'affaire Julie Clain

Dans son premier roman, Martine Gasnier revient sur un fait divers datant de 1860 dans lequel Julie Clain est accusée d’infanticide. Elle aurait dissimulé sa grossesse et tué son bébé. Un seul rapport d’expertise d’un médecin local et quelques témoignages l’ont conduit devant une cour d’assises. Ce qui fait froid dans le dos à la lecture de ce livre, c’est de voir qu’une rumeur qui prend peu à peu de l’ampleur arrive à conduire une personne devant la justice. Il y a de quoi s’interroger sur celle-ci. Roman émouvant et captivant.
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Julien l'exhibé

Voilà un roman dont le sujet peut inquiéter : une personne atteinte de nanisme va, au début du XIX éme siècle, se lier avec un imprésario pour se lancer dans une tournée en France où il sera exhibé dans des foires ou des bars.



Je dis que le sujet peut inquiéter car on peut alors s'attendre à un roman misérabiliste et manichéen mais ce n'est pas du tout le cas ici.

La cruauté humaine transpire tout le long du roman à travers la fascination de beaucoup pour aller voir des personnes différentes, exposées comme des animaux. Mais ce sont aussi, et surtout, des histoires d'amitié, d'amour et de tolérance là où on ne les attend pas.

L'exploitation humaine est elle-même traitée de manière non binaire : le " plus petit conscrit de France "est d'accord pour être exposé et exploité car ça lui permet de voyager, de faire des rencontres alors que dans son village et aux yeux de sa famille, il n'est que le " nain " du village. Evidemment, pas besoin de pousser la réflexion, pour comprendre que la solution n'est pas l'exploitation mais le manque de tolérance et le regard que nous portons sur la différence ...



Un très bon et beau roman que j'ai dévoré. L'écriture est très fluide et travaillé. Je ne suis pas spécialiste pour parler du style littéraire, mais il me semble que l'auteure a fait le choix de l'écrire à la manière d'un conte, ce qui m'a beaucoup plu.



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L'affaire Julie Clain

Merci à Martine Gasnier d'avoir exhumé pour nous l'affaire Julie Clain!

Inspirée d'un fait divers réel, c'est avec une écriture envoûtante que l'on découvre l'histoire de Julie qui va être l'objet d'une terrible rumeur née de l'ennui, la jalousie ou la haine.

Malheureusement pour Julie, cette rumeur va trouver une oreille attentive auprès de ceux qui font de la malveillance leur raison d'exister.



Clin d'oeil au livre "Les femmes qui lisent sont dangereuses", Julie lit de la littérature populaire qu'elle se procure auprès du colporteur, ce qui n'est pas bien vu par les gens du village. Cela la porte au rêve, au romantisme amoureux et lui donne quelques talents de conteuse alimenté par sa propre imagination. Déjà un peu hors du commun, cette fille de ferme, jolie et solitaire va s'attirer la méfiance, feu dont la rumeur sera l'allumette, rumeur relayée par ce "on" maléfique et destructeur.



Des histoires comme celle-ci il a dû en exister plus d'une! Mais ces victimes sont tombées dans l'oubli; alors oui, merci à Michèle Gasnier d'avoir mis en lumière le cas Julie Clain qui dissèque le processus de destruction issu d'une rumeur fantaisiste.



Attention : Je vous conseille vivement de lire la préface à la fin car l'auteur dévoile l'intégralité de l'affaire!

C'est toujours ce que je fais depuis que j'ai lu "La foire aux vanités" de W.Thackeray sans aucun plaisir puisque la préface dévoilait tout ce qui allait se passer dans les 785 pages suivantes!!!

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Un prince mélancolique

Une nouvelle découverte grâce à Babelio et l'opération Masse Critique, que je ne remercierais jamais assez pour leur travail fabuleux. Je tiens également à remercier les éditions Zinédi pour leur confiance et leur participation à la Masse Critique.



J'ai reçu cet ouvrage assez rapidement et je l'ai lu tout aussi rapidement. En même temps, c'est un petit roman, de moins de 150 pages, avec une mise en page agréable, aérée et lisible. En plus de la mise en page, le style de l'auteure est très fluide et se lit aisément. Si on omet les petites recherches dans le dictionnaire pour s'assurer de la bonne compréhension de quelques mots (ça faisait longtemps que cela ne m'était pas arrivé et ça fait plaisir d'apprendre de nouveaux mots).



Ce roman m'a donné envie de découvrir davantage la vie Vespasien de Gonzague pour démêler ce qui est réel, ce qui est romancé car je suis vraiment curieuse d'en savoir plus. Finalement, n'est-ce pas l'objectif de l'auteure ? De nous faire découvrir ce personnage, de nous le faire apprécier, de nous pousser à nous renseigner sur lui ? Car tout est survolé, mais j'aime assez l'idée d'approfondir les choses.



Si l'objectif de l'auteure était bien celui-ci, alors c'est réussi ! Toutefois, j'ai trouvé ça trop court et j'en aurais voulu plus... Que vous dire, la gourmandise est un vilain défaut.
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L'affaire Julie Clain

Alors que l'histoire aurait pu être intéressante, je n'ai pas trop adhéré à la plume de l'auteure, je m'attendais plus à un véritable roman relatant l'histoire vraie de Julie Clain, jeune fille accusée par les villageois d'avoir mis au monde un enfant et de l'avoir ensuite tué.

Les sentiments des personnages ne sont pas du tout mis en avant, on ne sait pas trop ce que ressent les principaux intéressés, j'admets que dans les années 1860, on faisait peu état des ressentis des gens, mais en voulant romancer ce faits divers, je pense que l'auteure aurait dû nous livrer plus ce que chacun ressent.

Sinon, je ne regrette pas d'avoir ouvert ce livre, car celui-ci traduit bien l'évolution de l'homme au fil des siècles, car même si tout n'est pas tout rose, certaines moeurs ont évolué et c'est vraiment tant mieux pour nous.
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Julien l'exhibé

J'ai choisi ce livre, lors de la masse critique Babelio de septembre, pour la sobriété de sa couverture, son titre, le résumé à fait le reste. Je suis sorti de mes lectures habituelles et après le mot fin je n'ai aucun regret. Quel magnifique moment avec Julien. Nous avons fait un petit bout de chemin ensemble et partagé des moments d'émotions et d'humanité : le rire, car il a de l'humour le p'tit bonhomme, de la colère quand les autres se servent de lui pour gagner de l'argent, de la douceur par sa rencontre avec Annie et de la tristesse. Nous sommes à la fin du 19ème siècle lorsque né Julien. Très rapidement il est diagnostiqué avec un retard de croissance sévère, mais à cette époque on dit de lui, en des termes déshumanisants et réducteurs, qu'il sera un nain, un lilliputien. de sa maladie il en fera un atout maniant l'humour et la dérision. Page après page on va vivre avec Julien enfant, puis ado et jeune adulte jusqu'au jour où il va rencontrer Oscar, un jeune homme, qui va devenir son « imprésario », car à cette époque on exhibe les « monstres » les « pas comme les autres ». J'ai adoré cette lecture, un peu courte à mon goût. C'est un hymne à la tolérance, à l'acceptation de l'autre quelque soit sa différence, au refus de la maltraitance physique ou psychique sous le prétexte que l'être « normal » est supérieur. C'est le premier roman de cette auteure que je découvre, et j'avoue avoir été emporté par son écriture ; réellement une belle surprise. Un bon moment de lecture que je conseille vivement.

Saviez-vous qu'il a fallu attendre 1995 pour que le conseil d'état interdise le lancer de « nain » en France !!!


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Un prince mélancolique

@Martine Gasnier nous fait voyager dans l'Italie du fin XVI ème siècle, elle distille avec efficacité une ambiance de fête, de bal, de séduction, de désir mais surtout de jalousie. On découvre d'abord Vespasien de Gonzague à travers ses goûts artistiques et sa passion pour l'architecture puis on entre doucement à l'intérieur de l'homme, on s'attache à cet ombrageux personnage torturé par ses démons.

Ici on ne peut dévoiler plus, le roman est court mais bien équilibré entre fait historique et romanesque, l'un l'autre se complétant efficacement empêchant les lourdeurs, au contraire le rythme est doux et agréable.

J'ai particulièrement aimé les regards du peintre Anthonis Mor et du sculpteur Leone Leoni qui tentent de comprendre et représenter l'âme du duc de Sabbioneta qui résiste avec un masque fermé.

Diane de Cardona nous est esquissée de façon délicieuse en tragique héroïne entre déesse mythologique et époque Italienne avec ses fastes.

Bref joli petit roman historique avec, cerise sur le gâteau, une jolie couverture " marbrée" , merci à la maison d'édition Zinédi et à masse critique pour ce joli moment de lecture.
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L'affaire Julie Clain

Septembre 1860 dans le Perche, la gendarmerie du paisible bourg de Bazoches-sur-Hoesne s'émeut : la rumeur accuse Julie Clain, demeurant à la ferme de La Motte, d'être coupable d'infanticide. Une affaire reposant sur le seul rapport d'expertise d'un médecin local et quelques témoignages à charge qui conduiront l'accusée devant la Cour d'Assises de l'Orne. Son avocat, Maître Léon de la Sicotière, personnalité ornaise dont le souvenir est encore très vivace, sera son défenseur...

Martine Gasnier a eu accès aux différentes pièces de la procédure, notamment le rapport d’expertise médicale et la pléthore de témoignages, à charge et à décharge et elle se rend compte que l’accusation tient seulement sur la base de rumeurs, et décide de s’emparer du sujet en faisant de l’accusée, Julie Clain, son héroïne. Beaucoup d'éléments sont vrais (les noms, les faits) et ce roman met en lumière la justice et ses failles.

Il est pas mal mais trop polar pour moi....
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Julien l'exhibé

Le 28 mars 1909, le journal Le Perche consacre un long article à celui qu’il nomme « le plus petit conscrit ». Le phénomène en question s’appelle Julien Touchard et habite à Mauves-sur-Huisne dans l’Orne. Il est nain. La presse nationale se fera l’écho de cette information sensationnelle. C’est alors que, comme nombre de ses semblables, ce Tom-Pouce connaîtra le destin de l’objet de foire abandonné au voyeurisme du public venu se divertir à ses dépens. Car, parmi ceux que l’on désigne sous le vocable de monstres, les nains tiennent une place particulière. Dans sa préface, Patrick Vincelet souligne leur pré-sence dans la littérature à travers les siècles. C’est que la petite taille a toujours intrigué et fait fantasmer. Exhiber des lilliputiens comme on l’a fait des sauva¬ges au Jardin d’Acclimatation ou dans les expositions universelles, n’a longtemps dérangé personne. Bien au contraire. Il a fallu du temps avant que des voix ne s’élèvent contre ces odieuses pratiques.

Descente dans les bas-fonds de l’exploitation hu-maine, ce roman nous ramène à l’humanité des per-sonnages, celle de Julien, bien sûr, mais aussi celle de ses parents aimants, désemparés, écartelés entre le désir de protéger leur enfant et son souhait de deve¬nir artiste. L’amitié, aussi, est là où on ne l’attendait pas, celle qui se tisse entre ces deux hommes dont le destin sera lié, Julien et son imprésario, où chacun protègera l’autre. Et la bienveillance des uns – le doc¬teur, l’institutrice, le maire – viendra contrebalancer la cruauté des autres.
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Julien l'exhibé

Nous sommes en Normandie, dans le Perche, à la fin du XIX siècle, dans un monde rural et pauvre. Un enfant est attendu dans le foyer d’Eugénie et Joseph. Cet enfant semble se développer normalement , après sa première année, le médecin a remarqué que l’enfant n’avait pas grandi .

Julien souffrait d’une maladie qui atteignait les os. Aucun traitement n’était connu.

Eugénie fut affectée par ce diagnostic. Il appartenait à la catégorie des nains. Son aspect était tout à fait harmonieux. L’explication de ce défaut de croissance fut associée à maintes raisons. Julien continua son chemin de vie, alla à l’école. Il fut le souffre-douleur de bon nombre d’enfants. Ils l’avaient baptisé « le nain« . Seule la maîtresse fut bienveillante, elle lui apprenait les lettres de l’alphabet. Elle prenait soin de lui. Ce temps fut pour Julien une période heureuse. Puis la maitresse fut emportée par une maladie.

Dès lors pour lui rester fidèle, il décida de ne plus aller à l’école .

Peu à peu il s’installa dans l’oisiveté, puis les année passèrent. Il fut appelé comme les autres pour effectuer ses classes.

Quelques semaines plus tard circulait une carte postale qui titrait » le plus petit conscrit de France ». Julien avait évincé tous ces camarades à son profit, ils n’étaient plus que des figurants.

A partir de ce jour-là , la vie de Julien changea, il avait été remarqué par Oscar Mauclair, imprésario. Vie heureuse ou malheureuse ? Le récit évoque les souffrances et les joies d'être "montré " au public.

’ai aimé suivre l’histoire de Julien, aussi cruelle soit-elle. L’auteur exploite bien ce genre, et montre bien la cruauté des individus, face à un être « différent ».
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Un prince mélancolique

Reçu grâce à la Masse critique et je n'en suis pas déçue !



"Un prince mélancolique" est un très joli récit rétrospectif sur la vie d'un duc mourant dans l'Italie du XVIe siècle. Le style de l'auteure, sans dialogues, est très intéressant ! Il n'empêche pas de comprendre les personnalités et relations des personnages, ni à rendre Vespasien très touchant. Quand il est heureux, nous le sommes, quand il sombre, nous n'en sommes que tristes de le voir comme ça.



Une très jolie plume, un très joli récit, que j'aurais même aimé plus long ! ;)
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Un prince mélancolique

Le commentaire de Martine :



Dans son roman, Martine Gasnier nous fait retourner dans le temps, en Italie, elle met dans sa fiction le duc Vespasien de Gonzague, au sein du XVIe siècle. Cet homme était général dans l’armée de Philippe II d’Espagne, et il décède en 1591.

Mort en ne voulant pas oublier sa partenaire fidèle, la mélancolie, cet homme sur le point de mourir va refaire le parcours de sa vie. Cet homme était un combattant, un visionnaire, mais c’est l’infidélité qui lui enlèvera ce qu’il aimait le plus.

Un bon roman, un récit historique intéressant qui m’a permis d’en apprendre un peu sur cet homme. Et de susciter le désir de poursuivre mes propres recherches sur le duc Vespasien de Gonzague.

Un moment de lecture très enrichissant. Je vous le recommande, il se lit très bien.
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Les Réprouvés

Nous sommes au Moyen Age. Lenain, riche négociant, décide de quitter sa ville quand la peste commence à décimer la population. Son fils, Matthieu, décide de rester et de poursuivre le travail de son père. Il tombe amoureux d'une jeune juive, Myriam. Elle est aussi la nièce d'un ami de son père, Abraham. L'époque n'est pas réjouissante pour les Juifs, qu'on soupçonne d'être la cause de la peste. La terreur se répand et la persécution des Juifs en même temps. La famille de Myriam n'y échappe pas et Matthieu la prend donc sous son aile. Ils doivent un moment fuir la ville mais il y a toujours chez eux l'espoir de revenir et de pouvoir s'aimer. A leur retour, c'est finalement la lèpre qui s'étend et leur jeune serviteur, qui protégeait Myriam dans les rues, est touché. Myriam ne se sent plus en sécurité.

L'obscurantisme et la haine est omniprésente dans ce roman. Très belle histoire, courte et facile à lire.
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L'affaire Julie Clain

Un roman témoignage qui reprend les événements marquants de la vie rurale de Julie Clain et particulièrement en 1860, la rumeur d'infanticide qui enfle à son sujet. Rumeur née de la bouche d'une «simple d'esprit», nourrie de l'archarnement de policiers, médecins et magistrats zélés, n'ayant pour but que la condamnation d'une jeune femme au comportement singulier et à la vie austère et «non conforme». Elle devra son salut à la performance d'un avocat convaincu.

Les faits sont transcrits avec concision et s'enchaînent, laissant la trace de la vie rude de la campagne et de l'influence avérée des hommes d'Église à cette époque.



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Sur les ruines des barricades

Avec "Sur les ruines des barricades" aux éditions Zinédi, Martine Gasnier signe une vibrante fresque romanesque sur la Commune de Paris. En 1872, Henri Lagarde est déporté en Nouvelle-Calédonie tandis que sa bien-aimée Lucie Darmon est emprisonnée à Saint-Lazare, tous deux condamnés pour leur engagement aux côtés des insurgés. Séparés de force, les amants maudits luttent pour survivre à l'implacable machine répressive des versaillais. L'intrigue captive par sa dimension humaine, le souffle de son écriture et la fidélité de sa reconstitution historique. On salue le talent de narratrice de Martine Gasnier, qui insuffle âme et sensibilité à cette tragédie sanglante. Un roman poignant, à la trame haletante, qui magnifie les heures sombres et héroïques de la Commune de Paris.
Lien : https://marenostrum.pm/marti..
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Julien l'exhibé

Ce n'est un secret pour personne que l'humain peut se montrer cruel, pourtant, dans cette cruauté, nous avons parfois aussi la chance de trouver une personne qui peut se montrer bienveillante.



C'est ce que va vivre Julien. Julien, il est différent, il est celui que les gens de son village nommeront « plus petit conscrit de France », il est celui qui mettra vos émotions en ébullition à travers son histoire.



Vous l'avez compris, nous rencontrons Julien qui, au départ évolue tout à fait normalement et fait la fierté de ses parents. Mais au fil des mois qui passent, ils vont se rendre compte que quelque chose n'est pas normal, et le verdict est qu'il est atteint de nanisme. Je n'ai personnellement pas de soucis avec les personnes différentes, car finalement, ne le suis-je pas moi-même pour eux ? Qui est le normal ? Qui est le différent ? Pour une personne de couleur, vous êtes différent de lui. Pour une personne atteinte de malformation, peu importe laquelle, vous êtes différent vous aussi. Pour les personnes de petites tailles, eh bien vous êtes également une personne différente. Alors, qui donc est la personne normale ?



Ne sommes-nous d'ailleurs pas tous différents ? Ne dit-on pas que chaque personne est unique ? Je repose donc ma question, qui est normal, et qui ne l'est pas ?



Mais, nous ne sommes pas ici en ce moment afin de commencer un débat qui est éternel. Nous ne sommes pas là pour ce qui au final restera toujours une question sans réponse. Si vous êtes en train de me lire en ce moment, c'est que vous avez envie de savoir pourquoi vous devriez vous aussi découvrir l'histoire de Julien, en quoi celle-ci peut vous apporter satisfaction en tant que lecteur. Alors, c'est parti mon kiki, je vais vous dire pourquoi je vous recommande de rencontrer Julien.



Julien est donc ce que l'on appelle une personne "différente", même si je ne supporte pas ce terme, c'est celui qui doit être utilisé ici. Mais sa différence fera de lui une personne aimée, pas de la manière que nous recherchons tous, mais aimée du public qui se rendra dans les spectacles. Vous savez, ce genre de spectacles qui exposent des personnes différentes, des personnes que l'on appelle des monstres, des spectacles appelés Freak Show. Mais il aura la chance de rencontrer celui qui deviendra son impresario, lui, il est gentil avec lui, même si au départ c'est le profit qui l'a attiré vers Julien. Lui, il va le protéger, il va même l'aimer à sa manière différente elle aussi.



Nous suivons donc Julien dans son évolution de jeune garçon différent des autres, à celle de personne aimée du public à travers des représentations. La vie de bohème ne sera pas simple, ils rencontreront des personnes qui les aideront, comme d'autres qui les dénigreront. Ils connaîtront des hauts et des bas, comme tout le monde, mais le lien qui les unit qui au départ n'est pas franchement sain, va petit à petit se renforcer, ils vont être présents l'un pour l'autre. Et finalement, n'est-ce pas ce qu'il faut retenir ?



Julien est un personnage de fiction, mais combien y a-t-il eu de véritables Julien ? Combien de personnes ont ainsi été exposées parce que dites "différentes", combien ont rempli les poches de personnes peu scrupuleuses ? Ce livre est, on est d'accord, un roman, mais il reflète pourtant la réalité, celle de toutes ces personnes que nous disons si facilement différentes de nous qui serions apparemment les personnes "normales". Un récit poignant qui ne fera certainement pas changer les mentalités, qui ne fera clairement pas changer les personnes qui se disent normales, mais un roman qui pourrait malgré tout ouvrir les yeux sur certains termes utilisés un peu n'importe comment. Un roman que je vous recommande d'ailleurs sans hésiter.
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Un prince mélancolique

Splendeur et décadence de Vespasien de Gonzague, prince bâtisseur, épris d’absolu, qui sacrifia la femme aimée sur l’autel de la jalousie. Martine Gasnier, entremêlant histoire et fiction, nous livre un texte poétique et poignant.

Sabbioneta (Italie) 26 février 1591, le duc Vespasien de Gonzague se meurt. Avant de recevoir les derniers sacrements, il songe à ce que fut sa vie. Il se revoit, enfant solitaire, oublié par une mère indifférente. Il se souvient d'avoir puisé dans sa tristesse la force de se bâtir un destin hors du commun pour léguer à la postérité un héritage impérissable. Il fut le prince bâtisseur d'une ville utopique dédiée à Diane de Cardona, la femme aimée puis sacrifiée sur l'autel de la jalousie. Épris de l'Antiquité, il fut collectionneur, mécène, se faisant à l'occasion professeur pour les enfants pauvres. Esprit brillant mais tourmenté, oscillant entre l'ivresse de la puissance et la rage de la destruction, on n'a souvent retenu de Vespasien que sa cruauté pour qui avait le malheur d'entraver son rêve. Il mérite mieux. Sa vie fut une épopée tragique qu'il traversa jusqu'à la mort en refusant d'abdiquer devant sa quête d'absolu. La mélancolie fut sa compagne fidèle, il lui abandonna tout jusqu'à sa raison.

Martine Gasnier, une fois de plus, relève le défi de faire revivre un personnage historique, dont on sait bien peu de choses. Aux éléments historiques, elle mêle des épisodes romanesques qui, selon les mots d’Éliane Deschamps dans sa préface « charpentent son récit comme les saisons d'une épopée tragique ». Ce livre se lit comme on regarde un film, tant les mots de l’auteure ont cette capacité à nous transporter dans une autre époque, un autre lieu, aux côtés de personnages flamboyants ou médiocres. La mélancolie omniprésente imprègne le texte et envoûte le lecteur.
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