Tu sais ce qu'on dit? Les nouvelles d'aujourd'hui servent à emballer le poisson de demain. Cette Histoire finira par s'estomper.
- Ce sont des grues en origami.
Au Japon, la grue est un animal sacré aux vertus mystiques, censée vivre mille ans. On dit souvent là-bas que les rêves d'une personne se réalisent quand on lui offre mille grues en papier plié.
Kitzi Malcolm fulminait. Quelle façon ridicule de passer le réveillon ! Seule, à feindre le mal de tête.
Elle se rappela le vieil adage : "Si on doit être malheureux, autant porter du vison." Elle l'était , malheureuse.
Et trois visons, un manteau de castor, deux de martre se trouvaient suspendus dans son placard. Elle ne les portait presque jamais, d'ailleurs, car elle avait trop peur de se faire asperger de peinture par un militant anti-fourrure en pleine Cinquième Avenue. Quel intérêt de les posséder, alors ?
J'ai vraiment essayé. Je sais au fond de moi que tu as raison, mais je sais aussi que je me sentirai mieux en accord avec moi même en prenant ce bain de jouvence qui me rendra plus belle. Je me dis parfois qu'être bien servie par la nature sur le plan physique rend plus difficile l'érosion de la beauté.
Quel sentiment complexe que l'ambition ! Elle vous propulsait en avant, vous stimulait, vous forçait à vous accomplir. Cependant, ses répercussions ne se révélaient pas toutes positives. Parfois, vous ne pouviez prévoir ce qu'elle risquait de causer autour de vous, en bien ou en mal.

"Qu'est-ce que je suis en train de faire ? ", se demanda Nancy en déposant dans chaque assiette un petit tas de pâtes au fromage. "Probablement la même chose que des millions de mères de famille américaines." Des mères de famille éreintées d'avoir travaillé toute la journée pour un salaire minable, au bureau, au restaurant, à l'hôpital ou au supermarché. Des mères de famille qui s'étaient jetées dans le trafic et avaient affronté la foule pour faire le shopping de Noël, et n'avaient plus, à la fin de leur journée, le courage de préparer de vrais repas. Elle en avaient déjà cuisiné un minimum de trois cent cinquante dans l'année, ce qui paraissait suffisant. Trop, c'est trop.
- Aaron, Brian, Lauren, le dîner est prêt !
Les enfants quittèrent la salle de jeu, déboulant dans les escaliers. Nancy s'apprêtait à encaisser la déception devant le "dîner".
- Super, des pâtes au fromage ! se réjouit Aaron, neuf ans.
Son frère Brian, six ans, attaqua sa ration sans attendre. La petite Lauren, quatre ans, suivit leur exemple.
Elle avait cru voir, l'autre nuit, un inconnu traverser les massifs au fond du jardin, un corps de femme sur l'épaule. (...) Roz ne cessait d'y penser.
L'homme avait-il soulevé amoureusement la femme, emporté par un élan romantique ? S'agissait-il d'un simple jeu ? La femme était-elle ivre ?
Ou bien alors pouvait-il s'agir d'un drame autrement plus inquiétant ?
East Harlem, Spanish Harlem, El Barrio, tous ces noms désignaient l'aire comprise entre la Cinquième Avenue et l'East River, délimitée au sud par la 96e rue et au nord par la 140e rue, et qui formait le berceau de la salsa. On s'affairait sans cesse dans ces artères animées d'une pulsation rythmée.
Le quartier était pauvre. Des magasins miteux bordaient le trottoir jonché d'ordures. Boîtes de boisson vides, bouteilles brisées, préservatifs et seringues usagés parsemaient le terrain vague jouxtant le centre social. Pas vraiment un cadre idéal pour les écoliers.
Ni l'un ni l'autre ne voulant être le premier à jouer les poules mouillées, ils grimpèrent donc dans le train des montagnes russe, prenant place à l'avant, côte à côte sur les sièges de bois. Leurs mains agrippèrent fermement la barre de métal devant eux. Leur cœur se mit à leur cogner dans la poitrine, au moment où le convoi quitta péniblement son quai de gare. Ils étaient tirés par une chaine dont l'étrange cliquètement, dans la nuit, les fit frissonner.
Avec une lenteur incroyable, ils entamèrent la montée, s'élevant bien au-dessus de Palisades Park. Quand le train eut rampé jusqu'au sommet, les lumières de New York s'étalèrent à leurs pieds.
Ce qui se passa exactement ensuite mit des décennies à être révélé. Mais quand son parcours prit fin, la voiture ne transportait plus qu'un seul enfant.
Elevé dans le strict respect de la foi amish, Levi avait toujours vécu dans un monde à part. à l’heure d’entrer dans l’âge adulte, on attendait de lui qu’il respecte la tradition. Il était censé tendre la joue gauche, mener une existence humble, frugale et paisible. Il aurait à jamais le devoir sacré de se plier à la volonté divine et de se soumettre à celle de la communauté à laquelle il appartenait. Le respect des règles et des interdits de cette communauté était la clé de la sagesse et de l’épanouissement, conformément aux enseignements du Christ.