Citations de Mathieu Albaizeta (25)
Le mot de l'éditeur
Louise a existé. Sous un autre prénom, dans une autre ville.
Peut-être l'avez-vous croisée un jour lors de vos courses, peut-être était-elle en train d'attendre derrière vous chez le boulanger ou s'était-elle assise discrètement à vos côtés lors d'un trajet en train que vous avez passé à dormir. Peut-être était-ce votre voisine ou la petite brune frêle et discrète d'un peu plus loin, dans la rue d'à côté. Louise existe toujours. C'est cette femme qui sourit au monde alors que le sien est détruit. C'est celle qui a peur, c'est aussi celle qui espère. Ce livre est fait de chapitres courts, comme une urgence de vivre. Ils respectent la chronologie de la vie de Louise. Dans ce récit, vous trouverez tout ce qu'on peut faire par amour... ou par désamour. Comme tout ce qu'on peut ne pas faire pour absolument les mêmes raisons.
Ce livre n'a pas de fin, parce que Louise est éternelle et intemporelle. Elle est partout et nulle part à la fois. Chacun reste libre d'interpréter les dernières lignes comme il l'entend : car la liberté est un cadeau que tous n'ont pas reçu.
Le véritable bonheur grandit dans le silence d'un regard. Le malheur aussi.
On n'échappe jamais à soi-même.
Dans ces soubresauts incontrôlés et les larmes qui lui montent aux yeux se trouve la question que Louise n'osera pas lui poser. Alors René répond à cette interrogation muette en dénonçant un fils à l'image de sa mère, bien trop discrète et craintive. Louise lui a légué pour héritage un caractère lâche te peureux. Elle s'effondre en larmes.
« Tu as raison, mon fils chéri. Fais ce qui te rend heureux, si tu le peux » Ce à quoi Michel avait répondu qu’il le pouvait uniquement parce qu’il le voulait. »
Aimer a été son crime. Un crime dont on n'est jamais coupable mais seulement complice. Peut-être même un crime dont on n'est que victime.
Dans sa maison, ses sourires francs, il ne les offre plus qu'à ses enfants. Les baisers langoureux des débuts - qu'ils lui paraissent si lointains ! - sont devenus bisous discrets, sans caractère ni conviction, déposés furtivement sur sa joue. Ils laissent sur le visage de Louise une empreinte désagréable, emplie de courtoisie conjugale.
Epicure avait tout compris, lui qui définissait le plaisir comme une absence de douleur. Si je partage sa définition, il reste que la perversion des humains a fait que parfois le plaisir, pour certains, n'est atteint qu'avec la douleur.
Elle a besoin de lui malgré la douleur qu'il incarne.
L'automne naissant allait devenir un interminable hiver pour louise qui se retrouvait à nouveau seule. Enfin avec René.
Mais elle n'y voyait aucune différence.
"𝘼𝙞𝙢𝙚𝙧 𝙖 é𝙩é 𝙨𝙤𝙣 𝙘𝙧𝙞𝙢𝙚. 𝙐𝙣 𝙘𝙧𝙞𝙢𝙚 𝙙𝙤𝙣𝙩 𝙤𝙣 𝙣'𝙚𝙨𝙩 𝙟𝙖𝙢𝙖𝙞𝙨 𝙘𝙤𝙪𝙥𝙖𝙗𝙡𝙚 𝙢𝙖𝙞𝙨 𝙨𝙚𝙪𝙡𝙚𝙢𝙚𝙣𝙩 𝙘𝙤𝙢𝙥𝙡𝙞𝙘𝙚. 𝙋𝙚𝙪𝙩-ê𝙩𝙧𝙚 𝙢ê𝙢𝙚 𝙪𝙣 𝙘𝙧𝙞𝙢𝙚 𝙙𝙤𝙣𝙩 𝙤𝙣 𝙣'𝙚𝙨𝙩 𝙦𝙪𝙚 𝙫𝙞𝙘𝙩𝙞𝙢𝙚."
Avant de vous quitter, je vous livre le secret qui m'a tant pesé : Le véritable bonheur grandit dans le silence d'un regard. Le malheur aussi. Et il finit par nous enterrer, sans bruit. Je vous l'écris parce que je n'ai pas su le crier.
Mais l'espoir fait-il vivre ou mourir?
M'a-t-il fait payer mon amour pour lui, alors que son cœur était déjà froid de moi ?
Elle est marquée par des années de vie pénibles, qu'il serait plus approprié d'appeler des décennies de survie.
Et dans cette scène, celle d'une femme secouée de larmes dont aucun bruit, pas même celui d'un reniflement, ne sort et d'un homme endormi, imperturbable à ses côtés, transparaissait le définition même de Louise. L'effacement, la solitude, la volonté de ne jamais déranger.
Louise n'est plus que l'ombre d'elle-même. De trou béant, elle a le sentiment d'être passée à trou néant.
Un peu plus loin, dans ce même temps, Louise n'a pas attendu son homme pour manger avec les enfants. Elle a pris la triste habitude de s'attabler sans attendre son époux. Les espoirs deviennent des déceptions. À la manière des imperceptibles goutelettes d'une très fine pluie lorsqu'il fait froid, chaque désenchantement la brûle sans qu'elle puisse identifier quelle goutte a fait le plus mal.
L’hiver était passé, conforme aux prédictions moroses de Louise. Glacial. Des mois durant lesquels les pâles rayons de soleil, qui se manifestaient de plus en plus tard le matin et disparaissaient de plus en plus tôt le soir, ne suffisaient pas à rompre la nuit perpétuelle dans laquelle était plongée.
Si l’existence l’avait malmenée entre brimades et silences, insultes et fausses promesses, elle gardait jalousement un point d’ancrage, caché eu fond du tiroir où elle pliait ses culottes. C’était son rituel du matin: chercher son trésor, pour y coucher de son encre trémulante quelques vers. »