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Critiques de Mathilde Blézat (6)
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Notre corps, nous-mêmes

J'ai attendu ce livre pas mal d'années (j'ai participé au financement) et en commençant à le lire j'ai eu une grosse déception ce qui m'a fait le mettre de côté quelques temps. Finalement, je l'ai repris et une fois passé ce problème (je vais y revenir) le livre était réellement bien, bien conçu, bien construit, et bon dans l'ensemble. Un livre qui commence mal mais termine très très bien. Juste un faux pas qui m'a bloquée pendant un moment.



LE soucis c'est au début quand on parle anatomie, biologie. Je suis très exigeante avec cela et le livre contient des erreurs liées à l'idéologie associée. Cela me gêne terriblement (je n'ai aucune difficulté à distinguer ce que je pense moral de ce que je pense vrai, mais je vois que ça gêne la plupart des humains qui vont mamailler avec leur perception de la réalité pour que ça cadre avec ce qu'iels pensent).

"Ces variations témoignent d'un "continuum de sexes" plutôt que de deux catégories distinctes." C'est faux. Notre espèce a deux sexes. Il peut y avoir des maladies, des malformations, des variations, mais il ne s'agit absolument pas d'un continuum. La reproduction chez l'humain (chez les mammifères) est binaire avec des gamètes femelles (la femelle est la porteuse des gamètes les plus grosses) et mâles (le mâle a des gamètes plus petites et généralement plus motiles).

Notre espèce a quatre membres. Oui, il y a des personnes qui naissent avec des membres atrophiés ou inexistants, il y a des personnes amputées, etc. Donc il y a des personnes qui n'ont pas ou plus quatre membres. Mais on ne dit pas que notre espèce a un continuum entre 0 et 4 membres (pour les doigts c'est encore plus compliqués dans ce cas avec la polydactylie!).

Cette partie problématique est liée dans le discours avec la prise en compte des personnes intersexes et des personnes transgenres. Je le comprends, mais je n'approuve pas de tordre la biologie, qui effectivement, déjà impactée par nos biais de perception (cf mobilité de l'ovule largement sous-estimé et gamète présenté comme passif dans la fécondation alors que ce n'est pas le cas).



Pour la suite de très nombreux sujets sont abordés de manière décomplexée et bienveillante et présentant des témoignages et des paragraphes explicatifs.



On y retrouvera la masturbation et le plaisir; la grossesse et l'allaitement, les maladies, la santé, l'hygiène, les protections.



J'ai adoré la fin! À la fin, il y a énormément d'empowerment, d'empouvoirement avec des conseils de défense et de sororité. C'était beau et bon!

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Pour l'autodéfense féministe

Se défendre ne risque pas de causer plus de tort que de ne rien faire



En introduction, La brèche, Mathilde Blézat parle de son premier stage d’autodéfense féministe, des comportements d’hommes qu’elle connaissait bien, de cette inquiétude pesante tapie dans l’ombre, des corps qui se déplient et des gorges qui se dénouent, de la rupture avec l’interdit de la violence des femmes, du droit de faire mal pour s’en sortir, du corps comme arme, « Qu’on avait toutes des ressources variées, simples et efficaces à disposition, qui ne demandaient qu’à être mobilisées, travaillées, déployées, pour ensuite pouvoir bâtir, au gré des situations, nos stratégies d’autodéfense singulières », de la peur et de sa gestion, « Mais la peur n’est plus panique, paralysante, elle est gérable, et sous cette forme, elle est un bon carburant pour l’adrénaline qui rend si forte », des regards et des postures, des répliques et des gestes…



« Apprendre à se défendre ensemble, entre femmes, c’est ne plus maintenir la peur cousue dans la doublure de nos épidermes : c’est reprendre du pouvoir sur les violences passées et se donner le droit de riposter face aux agressions à venir ». L’autrice met en lumière l’histoire du mouvement d’autodéfense féministe avec une focale sur la pratique européenne francophone et les héritages nord-américains.



Une mise en pratique du féminisme, « elle avance sa main, paume relevée signifiant « stop », regard planté dans les yeux de l’autre, qui s’arrête ». L’autrice parle de ligne de justice franchie, « Cette ligne physique, mais aussi mentale, verbale, enfreinte tour à tour par celui qui nous colle au corps ou qui nous mate de loin, cet autre qui pose des questions intimes à table ou encore celui qui nous insulte sur Internet », des cours d’autodéfense, d’histoire et de pratiques, du récent essor de l’autodéfense en Belgique et en France, d’autrices et d’organisations, de l’indifférence des pouvoirs publics « pour la prévention primaire des agressions et des violences sexistes et sexuelles », de non écoute des victimes, de non-mixité et de mixité choisie, de condition commune…



L’autodéfense féministe n’est pas un sport de combat mais « une pratique de prévention primaire centrée sur l’autonomie et le choix des personnes ». Il s’agit de « se donner le droit, la légitimité à se défendre ». Mathilde Blézat discute de posture, regard, riposte verbale, fuite. Elle nous rappelle que « l’immense majorité des agressions faites aux femmes sont le fait de personnes que connait la victime », que l’autodéfense féministe « porte un regard profondément critique sur les politiques sécuritaires ». Elle souligne que les pratiques d’autodéfense féministe « cherchent à autonomiser les femmes et renforcer leur confiance en elles ».



L’autrice propose un certain nombre de témoignages, dont des vécus de stages, et discute, entre autres, de cadres d’échange, de collectif, de la notion de « vulnérabilité », de blocages mentaux, d’interdits sociaux, de confiance en soi, de ressources cachées, de visibilité, de femmes handicapées, de dépendance organisée, d’émotions, de gestuelle du corps, d’impact du racisme sur la santé mentale et le corps, de la diversité de l’« être femme », de domination masculine et de continuum de violence.



Avant et après. L’autodéfense féministe a comme effet, un « déclic mental », un sentiment « d’être à la fois en droit et capable de se défendre face aux agressions, d’être puissante et entourée », une brèche dans la peur inculquée dès la petite enfance aux filles, dans une socialisation dévalorisante (dont « de culpabilisation des victimes et de disculpation des agresseurs »), une fissure dans l’imaginaire de vulnérabilité, un pouvoir d’agir, une autre vision du corps (« son corps n’est pas seulement « un fardeau », mais aussi « une arme »), un rapport nouveau à la violence et à l’usage de celle-ci, « elle n’est pas une prise de pouvoir sur l’autre, elle est différente de la violence typiquement masculine »…



Contre le déni de riposte, reprendre du pouvoir sur les vécus. « A longueur de faits divers et dans la culture commune, les vécus des femmes sont le plus souvent racontés comme des échecs ou des coups de chance, et leurs actes d’autodéfense tout simplement invisibilisés ». Mathilde Blézat aborde des survivantes, l’unique coupable, « l’agresseur est le seul responsable des violences qu’il commet », la capacité, « Et ce n’est pas parce qu’on n’a pas pu se défendre une fois qu’on ne le pourra jamais », l’isolement à rompre, la reconstruction de soi, les traumas et leur réactivation, la diminution des agressions et des impacts de celles-ci, les dimensions préventives de l’autodéfense, les ressources mentales et verbales, la santé… et au delà les capacités à se défendre, la légitimité d’être et de se déplacer dans les espaces publics.



L’autrice insiste sur les dimensions collectives, la sororité, la création d’un nouvel imaginaire collectif qui brise l’isolement, les transmissions de savoirs, la présence dans le monde et l’agir au-delà de soi…



En conclusion, Autodéfense féministe pour toutes, tout de suite !, Mathilde Blézat souligne la volonté de ne plus compter nos mortes, « Pas une de moins ». Elle revient sur les chiliennes du collectif Las Tesis – « Le patriarcat est un juge, qui nous juge dès la naissance / Et notre punition / C’est cette violence que tu vois / C’est le féminicide / L’impunité pour mon assassin / C’est la disparition / C’est le viol » –, le simple fait d’être un·e enfant ou une femme. L’autrice propose de développer une culture d’autodéfense féministe, un mouvement populaire et autonome, la révolution féministe…
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Notre corps, nous-mêmes

C'est un livre que j'aurais aimé avoir en mains à 16 ans, quand j'étais adolescente, mal dans ma peau, et que ma mère n'était pas très à l'aise pour me parler du corps féminin (j'aurais d'ailleurs été peu à l'aise de parler de tout cela avec ma mère). Il peut servir à tout âge, par exemple lors de la préparation de sa grossesse et de l'accouchement. Parler du corps féminin est souvent tabou, alors qu'il est fondamental de bien le connaître pour nous comprendre.
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Pour l'autodéfense féministe

Après avoir participé à un stage d'autodéfense féministe, la journaliste Mathilde Blézat a voulu recueillir les témoignages d'autres participantes à cet outil de prévention primaire des violences sexistes et sexuelles, pour vérifier si «à elles aussi, ça a changé leur vie» .



Avant cela, elle commence par revenir sur l'histoire de cette pratique qui est apparue au début du XX ème siècle en Angleterre avec les Suffragettes, qui apprirent des techniques d'arts martiaux pour se défendre contre les violences policières et machistes qu'elles pouvaient subir durant leurs actions de revendication pour le droit de vote des femmes. Bousculant les normes de genre, ces pratiques d'autodéfense tombèrent peu à peu dans l'oubli pour ressurgir dans les années 1970 aux USA.



Différentes méthodes d'autodéfense vont se consolider dans ce pays (le wendo), pour transiter et se transformer au Canada (Fem do chi), avant d'être adaptées en Europe. Si dans les années 80 ces pratiques deviennent plus confidentielles à cause de la focalisation sur le sécuritaire et le punitif pour répondre aux violences de genre, il faudra attendre les années 2000 pour que des associations belges et françaises voient le jour et tentent de populariser l'autodéfense féministe. Les pouvoirs publics étant peu tournés vers la prévention primaire des violences, les structures associatives trouvent peu de subventions pour mener leurs actions, ce qui impacte sur leur fonctionnement, et engendre de la précarité pour les formatrices.



Pourtant l'autodéfense féministe devrait être centrale dans toute politique de prévention des violences sexistes et sexuelles. Elle permet de mettre en œuvre de manière concrète des discours féministes, de favoriser «la prise de conscience d'une condition commune – celle de la classe des femmes en système patriarcal – et par là, la recherche de pistes d'émancipation et la création de liens de solidarité».



Les exercices physiques représentent la moitié du temps de stage. La méthode est construite à partir du quotidien et «centrée sur l'autonomie et le choix des personnes», pour que celles-ci se sentent légitimes pour se défendre. Ce qui est à l'extrême opposé d'un cours de self-défense ou de développement personnel, qui peuvent par ailleurs renforcer les stéréotypes sur les auteurs des agressions et dépolitiser la lutte contre les violences en écartant la grille d'analyse féministe.



Si les femmes participent aux stages en non-mixité, c'est-à-dire sans la présence d'hommes cisgenres (qui se reconnaissent dans le genre qui leur a été assigné à la naissance), des mixités additionnelles peuvent s'ajouter pour analyser et traiter des discriminations, des dominations spécifiques ou plurielles que les participantes pourraient subir.



Ainsi des stages sont proposés à des publics précis, comme à des enfants, des adolescentes, des femmes âgées, handicapées, sourdes, racisées. Pour ces dernières, cela reste très mal perçu par les pouvoirs publics d'organiser des événements en non-mixité, la crainte étant d'alimenter un «communautarisme» qui contreviendrait au mythe de l'universalisme républicain... Les associations d'autodéfense féministe rencontrent aussi des difficultés d'organisation pour répondre aux besoins spécifiques des LGBTQI, notamment des hommes gays.



Pensés comme une démarche de co-construction, les stages sont vécus comme une «expérience puissamment transformatrice» par les participantes. Les formatrices enseignent des techniques verbales, émotionnelles, psychologiques et physiques simples, facilement reproductibles par les femmes, ce qui va leur permettre de se sentir armées pour affronter d'éventuelles situations de violence et y mettre un terme. En apprenant à se défendre, elles acquièrent une nouvelle estime d'elles-mêmes, et brisent l'idée sexiste, intégrée depuis la petite enfance, que les filles sont des êtres fragiles, doux, qu'il faut protéger.

Enfin, l'autodéfense féministe permet aux participantes de prendre en compte et de valoriser leurs expériences passées de survivantes de violences de genre. Ce sont aussi des moments de dialogues, d'échanges, qui peuvent être le départ d'une reconstruction, notamment lorsque des femmes témoignent pour la première fois des violences subies.



A travers la parole des participantes et des formatrices qu'elle a recueillie, Mathilde Blézat a le grand mérite de mettre en lumière l'autodéfense féministe, outil de prévention indispensable des violences de genre, dont il est urgent de diffuser la pratique dans le milieu scolaire, les collectivités, le monde du travail et nos espaces militants, car «la déployer partout, à destination de toutes, constitue une arme pour la révolution féministe».

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Notre corps, nous-mêmes

C’est un livre, non une encyclopédie Écrite par de Femmes, pour les Femmes sur le corp des Femmes.

Vous m’avez perdu? Qu’à ce là ne tienne, ce livre est écrit en 5 grand chapitres et pleins de grands sous chapitres! Il traite du corps de la femme et de l’anatomie féminine dans le premier chapitre « Corps et Genre ». De la sexualité féminine et la découverte de son corps dans le deuxième chapitre « sexualités ». De la liberté d’avoir des enfants et de ce qui ce passe quand on en a dans le troisième chapitre « Produire et se reproduire ».

De la santé et de comment aller mieux dans le quatrième chapitre « santé et médcine ».

Et il termine sur les violences sexuelles, s’en défendre se reconstruire dans le cinquième chapitre « violences et autodéfense ».

En somme il parle de toute la vie d’une femme, toutes les femmes et je pense sincèrement qu’il serait utile en classe d’éducation sexuelle pour les adolescentes et adolescents qui ce cherchent mais aussi pour les femmes qui elle aussi ont perdu le contact avec leur corps, ne le comprennent plus, ne l’aime plus.

C’est un livre pédagogique, engagé, féministe et tellement vrais saupoudrés de beaucoup de témoignages de femmes tout aux long des chapitres et c’est si beau de voir que toute les femmes ce posentdes questions, les mêmes en général.

Magnifique livre à livre à avoir à comprendre.
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Notre corps, nous-mêmes

Le résumé complet de l'éditeur est simplement parfait et vous dira tout. Cette réédition actualisée date de 2020, et elle est indispensable. Pour vous, vos amies, vos sœurs et même vos mères ! Ainsi que pour les hommes qui veulent se sortir les doigts et apprendre sur leurs compagnes de vie. Je l'ai survolé, curieuse, mais je le lis vraiment seulement quand je me pose (ou qu'on me pose !) une question spécifique. Je le sors et je le feuillette. C'est un guide précieux et je vous le recommande chaudement.
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