La femme, si c’était bien une femme et non une créature hermaphrodite venue d’un autre univers, montait pesamment les marches branlantes. Son odeur corporelle, un mélange étourdissant de bière, de café et d’une douzaine de repas avalés gloutonnement, flottait derrière elle, se mélangeant, pensa Brian, avec la puanteur presque suffocante de la cage d’escalier. Immondices, urines et Dieu sait quoi encore ; tout cela se confondait pour créer dans l’ombre d’un doute, une ambiance très particulière.
Et puis, il y avait aussi ceux qui n’avaient plus de jambes, qui allaient en chaise roulante. Will ne s’était jamais demandé comment ils avaient pu perdre leurs jambes. Il ne voulait pas savoir. C’était peut-être contagieux…
Les livres étaient énormes, lourds et intimidants.
Je suis trop habitué à mon ordinateur, pensa Josh. Il suffisait de taper quelques mots et deux mégas de mémoire faisaient tout ce que vous lui demandiez. Mais ces vieux livres s’attendaient à ce que vous les consultiez, muni d’un certain savoir, d’un plan d’attaque.
Tout ça n’est pas réel, songea Will. Ça n’existe pas, merde. Je suis en train de débloquer…
Mais non. On dirait un scénario. Le titre, c’est La Réunion, et j’ai un rôle dans ce putain de film. Que je le veuille ou non.
- "Nous venons de l'océan. Tous les animaux terrestres ont évolué à partir des premiers animaux marins. En chemin, nous nous sommes débarrassées de certaines caractéristiques qui n'étaient plus utiles à notre survie.
Nous sommes constitués de soixante-dix pour cent d'eau, nous portons en nous un océan salin. Toutefois, des dizaines de millions d'années de sélection naturelle avaient modifié cet océan, transformé ce que nous véhiculions dans nos veines."
- "Tout le monde aimait voir les dauphins jongler avec un ballon avant de quémander des poissons. On appelait ça une preuve d'intelligence alors que ce n'était qu'un stupide numéro de cirque..."
- "Il avait toujours été choqué - dans les films d'horreur - de voir les gens se séparer. Toi, tu visites la cave tandis quoi moi je monte au grenier.
Pour une fois, la vie ne singeait pas l'art."
- "La nuit, certains cinglés regardaient par les trous des planches pour voir d'autres cinglés se livrer à toutes leurs manigances. La baise, sans aucune prétention. Et le crack."
- "Il n'y a pas de preuve empirique. Non, pas la moindre preuve. Tout ce qu'on a ici-bas, c'est une planète et pas mal de souffrances."