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Citations de Matthieu Simard (152)


D'un chapitre à l'autre, ce sera la palpitante énumération de mes relations postapocalyptiques.
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Si nous n'étions pas allés au Costco deux jours plus tôt, Julie et moi aurions vécu cet événement ensemble. Notre couple muni d'une seule mijoteuse aurait survécu au-moins deux jours de plus. Nous n'aurions pas été davantage heureux mais nous aurions eu l'autre pour rationaliser tout ça. Nous nous serions retrouvés dans notre petite baignoire, empilés l'un sur l'autre dans des positions inconfortables, pliés en huit, et je lui aurais susurré au genou que j'étais là, que tout irait bien, qu'il n'y avait rien à craindre tant que nous restions près l'un de l'autre. Et je n'aurais pas écrit ce livre.
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Après le WIFI, ç'a été l'électricité, elle ne reviendrait jamais. C'était impensable alors nous n'y pensions pas. Avoir su nous n'aurions peut-être pas passé autant de temps à chercher un réseau qui fonctionne, avoir su nous aurions admiré la poésie d'une barre de pourcentage de pile qui rétrécit pour la dernière fois, avoir su nous n'aurions pas joué offline à Bejeweled Blitz en attendant que ça revienne.
Puis, cinq, quinze minutes plus tard, étouffant la ville entière, comme Abdullah the Butcher s'écrasant sur un lutteur oeuvrant sous son vrai nom, une couverture de poussière s'est déposée sur nous, sur nos maisons, sur de nombreuses vies.
Par endroits, trente centimètres de lourdes particules noires et brunes, humides, ailleurs c'était encore plus, d'un seul coup, comme un filet qui nous emprisonnait, un grand fracas sourd - j'apprendrais des semaines plus tard que tous ceux qui étaient dehors à ce moment-là avaient été tués instantanément-, un grand fracas sourd, puis des craquements, des maisons qui s'effondraient sous le poids, des tours qui s'écroulaient, des châteaux de sable qui devenaient des tas de sable, poussière de plomb peut-être, des fissures partout.
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Les filles que j'ai connues entre le début de la fin du monde et la fin de la fin du monde n'ont pas toutes été comme Presqu'Yves. La plupart n'étaient même pas mortes. Certaines étaient moins décrépites, souvent plus complètes que moi. Il y en a eu une dizaine, j'aimerais m'en vanter mais je n'ai pas plus de mérite que de charisme. Elles ne s'amourachaient pas de moi, ce n'était pas comme ça que ça fonctionnait. Elles esquivaient la fin, cette fin qui en nous pourchassant nous incitait à nous rapprocher les uns des autres. Nous étions un tas difforme de solitudes amalgamées.
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Nous aurions pu, avant, être un tableau de chambre de motel. Assis côte à côte à contrejour comme si nous nous connaissions depuis toujours, sur la plage comme les couples d'autrefois qui venaient respirer l'océan devant un coucher de soleil, comme les fins de soirées chaudes qui se terminaient en orgasmes simultanés sur du Kenny G, comme la douceur du sable fin qui massait chaque pore, et l'odeur, et le chant des vagues, et le goût d'une lèvre trempée dans la coupe de champagne. Comme. Mais nous sommes les débris d'un effondrement.
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Elle avance lentement, pieds nus, les yeux crazy-glués à l'horreur bucolique des nuages gorgés de suie, fondus dans la mer. Sa démarche rappelle les plus formidables top-modèles, sans doute à cause de l'anémie, d'une fracture du bassin mal soudée, de son corps disloqué par l'humidité. Du sable sous ses pieds. Elle a de longs cils gris et le visage squelettique, belle comme une pierre précieuse qu'on aurait polie trop longtemps, aiguisée et sauvage, dix-sept ans peut-être, vingt avec un peu de chance, les orbites crevassées de sel, la colère dans chaque déhanchement, l'impression d'une gomme dans sa bouche mais je sais qu'elle ne fait que mordre sa langue pour ne pas avoir mal ailleurs.
Il n'y a plus beaucoup de bonheur ici.
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Les vagues de la marée montante s'agrippent aux algues mortes pour mieux nous envahir. Avec le jour qui s'est levé, les coyotes, les loups et les vautours ont disparu. Il ne reste qu'un chien, au loin, qui reniffle la carcasse d'une mouette. Chaque bruit fait sursauter ma top-model, chaque fracas de l'eau sur le sable attire son regard. Elle est horrible et magnifique, sale, difforme et séduisante, et je suis tout aussi sublime. Il y a longtemps que la beauté n'existe plus, ici.
Elle ne m'a pas encore vu.
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J'erre en silence (c'est le bonheur), j'observe les embruns s'emparer du ciel, mes joues fouettées par le poudrin malodorant, et je pense aux séduisantes des quatre dernières années, disparues depuis. Tout le monde meurt tout le temps, mais encore plus depuis la fin du monde.
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J’ai longtemps cru, enfant, que l’odeur de nos hivers était un privilège, je sortais en décembre, en janvier, dans le froid dehors, chez moi, j’emplissais mes narines et je me disais que les Brésiliens, les Espagnols, les Algériens ne connaissaient pas cette odeur, et que j’étais chanceuse. C’était avant la Russie. Depuis, cette odeur me rend malade. C’est encore pire depuis ton départ, depuis que par mois treize degrés en décembre tu as ouvert la porte. Chaque fois que je sors dehors et que j’aspire j’aimerais être en Algérie. (p. 118 )
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« -Mamie ? Est-ce que ça s’arrête de faire mal, un jour ?

-Quoi ?

-La vie.

-Non. Ça arrête jamais. Mais un jour tu vas trouver quelqu’un avec qui avoir mal, et tu vas comprendre que ça vaut la peine. » (p. 92 )
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Une quinzaine d’hivers ont passé, au cours desquelles nous réapprenions chaque jour à sourire. Nous étions incapables d’oublier mais nous réussissions, dans notre solitude à deux, à nous réchauffer la moelle. Pendant quinze ans nous sommes restés beaux malgré le passé qui nous avait défigurés. Suzor parlait souvent des montagne de l’Oural et je changeais souvent de sujet. La plupart du temps il s’en accommodait. Parfois il s’effondrait le temps d’une soirée, deux peut-être, prostré dans notre chambre, et je n’avais pas le droit d’y entrer. Ce soir-là je dormais dans le salon, devant le foyer. Quand il venait me rejoindre c’était comme s’il ne s’était rien passé. Il faisait une blague sur les voisins, je riais, nous faisions l’amour comme des adolescents maladroits.

Pendant toutes ces années, Suzor et moi avons été, je crois, la plus belle chose aux doigts entrelacés à déambuler sur les trottoirs montréalais. Une petite perfection bourrée de défauts et de fractures, de chicanes et de fissures. Chacun de notre côté nous étions laids et brisés mais ensemble nous étions notre propre trousse de premiers soins, capables de survivre à tous les hivers. Du moins, c’est ce que je pensais. (p. 30)
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Parfois de vieux murs nous enveloppent mieux que le vent du large.
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Les choses précieuses sont souvent les plus fragiles.
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Fourmi a l'adolescence cliché. (...) Elle sait tout mais ne sait pas quoi faire avec tout ça.
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J'ai abordé le vieil âge comme on épluche une clémentine, lentement et en espérant qu'il n'y aurait pas de pépins.
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À mon âge, il n'y a que les rêves échoués d'hier, qu'on cède aux autres en souhaitant qu'ils aient plus de chance ou de courage que nous.
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veni vidi selfi
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Mais j’ai vécu la mienne, ma fin du monde, et elle était pleine d’amour, au-delà des filles. Pleine de frôlements, de silences qui valaient plus que les mots. Pleine d’une vie parfaitement douloureuse. Pleine d’une beauté juste assez poussiéreuse.
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Le silence parfois suffit à nouer mille ficelles.
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J'ai regardé le décor de cet hôpital qui ne servait plus à rien, j'ai serré les poings.
Si tout n'était pas déjà cassé, j'aurais tout cassé.
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