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Citations de Maud Robaglia (15)


Pour parler de son envie de se foutre en l'air au type qui vous caresse les cheveux tous les soirs, il faut être un monstre. Ce n'est pas rien de caresser les cheveux de quelqu'un.
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Son patron dit toujours Les femmes salissent parce qu’elles font plusieurs choses à la fois. Les hommes salissent parce qu’ils sont pressés. Tout le monde salit, mais différemment. Le business du nettoyage marche fort. On vient de fêter l’ouverture du troisième Parfait Nettoyeur. Son patron souhaite lui en confier la direction. Il n’était pas obligé de lui donner sa chance. Elle débutait dans la vente, avait deux fois son âge, mais son nom lui rappelait quelqu’un ou quelque chose. Pour lui c’était suffisant. Elle connaît son argumentaire sur le bout des doigts. Ses statistiques sont excellentes. Une personne sur trois qui entre au Parfait nettoyeur en sort avec un ou plusieurs articles grâce à elle. Vendre ne demande pas beaucoup de compétences ni un attachement à la vie très prononcé. Voir les tâches disparaître est très gratifiant.
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Elle ne l’avait pas élevée comme ça, en bonne petite ménagère, en vitrine parfaite de téléachat, mais elle voulait plaire à son mari qui, disait-elle, la rendait plus heureuse que jamais. Gus dispose les serviettes en tissu à côté des assiettes. Présent, docile, consensuel, et ne jurant que par le compromis, il était comme une certaine idée du bonheur quand on n’y a jamais goûté. L’homme parfait, s’extasiait Hélène. Pour Jérémiade qui
tentait depuis toujours d’échapper au même destin, à la même tromperie sur la marchandise, à cette vie faite de la lente décomposition d’un idéal et de la multiplication des clafoutis, sa fille était une curiosité.
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Jérémiade s'était réveillée comme une héroïne de série télé, ravie de fairesociété . Avec des choses à faire, des cheveux bien coiffés, un plan de carrière extraordinaire. même son legging en Lycra respire l'envie d'en découdre. Finies les migraines et la mélancolie poisseuse, finis les pied sur le linoléum, terminée la télécommande imprimée sur le cul à force de s'asseoir dessus. Elle marche d'un pas alerte et sûr.
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Elle loupe la dernière marche, croise une dame qui agrippe violemment ses deux enfants comme si elle avait vu un fantôme. Elle marche vite. De l’air dans les narines, du crachin dans les cheveux. Elle a soudain très soif, entre dans une brasserie, réclame un verre d’eau, puis deux. Puis un troisième, s’il vous plaît. Rien n’étanche sa soif. Il faut qu’elle se remplisse, qu’elle déborde, qu’elle se noie. Le barman la prie de sortir, surtout si elle ne compte pas consommer. Elle demande où sont les toilettes. Il marmonne Prenez un jeton. Elle baigne sa nuque dans le petit lavabo dégueulasse. Devant l’urinoir, des hommes défilent. Pas besoin de jeton. Salissent différemment. Sont pressés. Pissent sans crainte d’être observés. Bruits de braguette que l’on baisse et que l’on remonte. Ceintures que l’on desserre. Boucles en métal que l’on ajuste. Encore des pas dans l’escalier. C’est le barman qui descend un balai à la main. Il dit Vous êtes en bas depuis longtemps, c’est bizarre. Il sent le pastis et la graisse de friteuse. Il pointe son doigt en direction du miroir et veut qu’elle constate par elle-même les dégâts. Elle commence à comprendre. Il n’est pas énervé, il a peur. Elle doit remonter tout de suite. Il a déjà ramassé une Fragile il y a deux jours, il ne veut pas de ça dans son bar. Les femmes salissent parce qu’elles pensent à plein de choses.
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Elle cherche à comprendre encore et toujours ce qui ne tourne pas rond chez sa mère. Elle côtoyait l'araignée au plafond de maman depuis qu'elle était petite. Ce sont des souvenirs puissants, les souvenirs d'enfance malheureux, ils ne vous lâchent pas. Les pas lourds, les toilettes fermées a double tour, la démarche lestée d'angoisse.
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Maud Robaglia
Elle voulait de la compagnie puis ne la supportait plus. Elle contemplait joyeusement son reflet puis se détestait à s'en crever les yeux. Sur terre c'étaient les montagnes russes. Ici, le calme plat. Le "pourquoi vivre" auquel elle était habituée a été remplacé par le "comment survivre ".

Les fragiles, page 178
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Tous les matins elle se glisse confortablement dans la banalité de sa vie comme dans un chausson sur mesure. Jérémiade pousse la porte. L'endroit est bruyant. Le bruit dans les cafés, la lumière trop blanche, les ascenseurs, les câlins trop longs, les petites tapes amicales, les reproches faciles, les fins de soirées, les "je te le dis sincèrement" et les pleurs des enfants.
Elle ne supporte rien. Tout est trop près ou trop loin, elle ne trouve jamais la bonne distance. Combien de fois avait elle du se terrer sous les draps, écouteurs vissés sur le crâne, boules Quies dans les oreilles ? Elle voulait que les bruits de la vie cessent de la torturer, mais le monde était un vieux dragon avachi qui cracherait ses flammes jusqu'à la fin.
Hélène traversa la rue de son petit pas caractéristique, tout en souplesse et en délicatesse, comme une mésange.
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Au pavillon on lui demandait souvent de visualiser son malaise, d'interpréter les tout premiers signe de détresse, juste avant le passage a l'acte. Son thérapeute appelait ça le semorphe de la pulsion suicidaire. Jeremiade peut facilement décrire ce moment où tout déraille. Elle l'a tant vécue Elle voit une chambre plongée dans le noir, comme pendant un orage qui oblige a allumer les lumières en plein après midi.
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Elle occupe ses journées à faire des mots fléchés. ou rien du tout. Elle a fini par cultiver une amnésie de confort qui la coupe peu a peu du monde et d'elle même. Elle se comporte comme une enfant sous Ritaline, qui sait jouer rire et danser mais n'en a plus envie. Il lui semble que la fragilité est toujours là, tapie dans chaque plateau-repas, calfeutrée dans les tiroirs qu'elle ouvre le matin, cachée dans chaque comprimé qu'elle avale.
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On imagine pas a quel point ça manque le contact physique, la béance dans le cœur de ceux qui n'y ont plus droit. Les nouveaux nés se laissent mourir s'ils ne sont pas bercés caressés touches tendrement par leurs parents. A l'âge adulte si on n'est pas caressé bercé et cajolé, ce qui reste du nouveau né en soi meurt aussi.
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L'exercice est ardu, l faut distinguer les tentatives des intentions, les intentions du désir, et le désir du simple soulagement à l'idée d'y penser. La tâche accomplie elle se rassied au fond du couloir et patiente.
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Maud Robaglia
L'exercice est ardu, il faut distinguer les tentatives des intentions, les intentions du désir, et le désir du simple soulagement à l'idée d'y penser. p54
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Maud Robaglia
C'est peut-être ça la compassion, l'envie de sauter à la gorge de ceux qu'on aime quand ils se font du mal.
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Le soir, ils s'installent à 18h chacun devant leur plateau, dessus, leur couvert aux bouts arrondis, suicideproof. p88

Elle avalait des cachets, mais les cachets n'avalaient pas les idées noires. p80
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